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Je vais être clair, j'ai adoré cette lecture ! Moi qui me plaint souvent que certains titres sont trop souvent déjà-vus, qu'ils se ressemblent tous, qu'il n'y a pas de prises de risques, j'ai été comblé avec ces deux premiers tomes.

Plusieurs choses m'ont accrochées dès le départ, à commencer par le style graphique. J'adore l'effet crayonné, parfois un peu brouillon, cela rend le tout assez fantastique. de plus, la force première de la mangaka réside dans les expressions faciales de ses personnages et dans la gestuelle de leur corps. On sait immédiatement ce que ressentent les personnages et plus particulièrement Legoshi (le loup), s'il a peur, s'il ne veut pas se faire remarquer, ou si au contraire, il sort les crocs. Visuellement, ce titre est vraiment superbe.

L'histoire est intéressante car l'on a deux camps qui s'opposent (Carni vs Herbi) mais jamais la mangaka ne tombe dans un discours écolo ou moralisateur. Il est logique que dans l'univers de Beastars, le fait de manger de la viande soit interdit, car cela reviendrait à manger ses voisins ^^ Cela fait donc, de base, des clivages, mais l'institut essaie au mieux de guider tous ses élèves sans qu'ils renient pour autant leur nature.

Et on voit clairement que c'est difficile pour les deux camps. Les Herbi ont souvent un peu peur quand un Carni s'énerve, et de fait, les Carni doivent être toujours sur le qui-vive pour prouver qu'ils sont des gens biens. Legoshi et Louis représentent d'ailleurs très bien les deux faces de la société, et pour Louis, le fait de vouloir être le Beastar semble être un but ultime afin de se hisser au dessus de tous.

D'ailleurs, on peut dresser un parallèle supplémentaire avec notre société car on peut assimiler le Beastar à ce qui se fait déjà dans les Universités Américaines avec leur vaste réseaux d'influences qui font qu'on retrouve souvent des présidents ou des personnages puissants qui sont issus de prestigieuses fraternités (ou sororités) universitaires.

Beastars est donc un vrai coup de coeur, qui bouscule les codes des genres et qui propose un récit adulte dans un milieu pourtant scolaire, avec des meurtres, des réputations, des ragots, des sournoiseries, et plus que jamais, des personnages qui essaient de trouver leur place dans la société et de s'accepter tels qu'ils sont.
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Dans les dortoirs, les carnivores sont séparés des herbivores. Mais ils se retrouvent tous ensemble dans différents lieux comme la cantine, les extérieurs mais aussi le club de théâtre.

Legoshi, est un loup. Mais il refuse pour autant d'écouter sa nature profonde et vie une existence tranquille voire effacée. Technicien, il évite toujours le regard et l'attention des autres.

Mais parès le meurtre de son ami l'alpaga, il fait parti des suspects...

Un manga original par l'ambiance de thriller psychologique qu'il développe. Il est vraiment difficile de saisir les contours de l'identité des personnages qui se révèlent souvent particulièrement complexes.

J'ai beaucoup aimé Legoshi qui cherche toujours à rester invisible et paraît en empathie avec chacun mais qui doit en même temps lutter contre ses instincts.

La trame du meurtre n'a pas réellement avancé et il n'est même pas certain que cela soit vraiment au centre de l'histoire.

Le second volume se penche sur la figure de Louis, charismatique et lumineux mais qui lui aussi va révéler sa part de doute et de ténèbres.

Reste le personnage étonnant du lapin nain femelle qui fait tourner la tête de toutes les autres bêtes.

A suivre !
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Une école où herbivores et carnivores se côtoient dans une ambiance vegan. Idée utopique et potentiellement pousse au crime ; c'est d'ailleurs la douloureuse expérience que fait un alpaga à l'ouverture de l'ouvrage. Quand au coupable... il ne le crie pas sur tous les toits mais ne semble pas non plus décider à faire son mea culpa.

Cela reste un tome d'introduction, donc il se passe peu de choses finalement, la mangaka nous présente surtout ses personnages et le contexte dans lequel ils évoluent et les enjeux qui les animent.
L'originalité graphique de cette série, c'est les traits de Paru Itagaki qui s'apparentent bien plus à de la bande dessinée occidentale qu'à du manga - certes, Jirô Taniguchi l'a fait avant, mais cet élément mérite d'être signalé.

Derrière le scénario un peu simple, plusieurs questions pourront amener les jeunes à réfléchir ; l' "excuse" de l'anthopomorphisme ne tiendra pas longtemps, après un bon entrainement à coups de fablesDe La Fontaine personne ne s'y tromperait !

Une série originale qui trouvera sans doute son public d'amateurs.
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Encore un manga que je souhaitais lire.... L'image de couverture et le titre envoyent des signaux à mon cerveau. Pourtant, j'ai été déçué des dessins qui ne correspondaient pas à mes attentes. Face au meurtre d'un herbivore, Tem, un alpaga, le loup Legoshi semble plus que désinvolte. Mais petit à petit, on comprend le caractère de cet élève-loup. On découvre dans ce premier tome, le profil de quelques étudiants, herbivores comme carnivores. Seulement l'auteur du crime reste tout de même inconnu... mais il reste quelques tomes à découvrir. Après ma répulsion initiale, j'ai fini par apprécier ce manga même s'il reste des zones assez troubles.
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• « Beastars, tome 1 » de Paru Itagaki, publié chez les Editions Ki-oon.

• J'ai commencer cette lecture à la suite du défi lecture de BD de Babelio d'Avril, cherchant une BD dans laquelle le personnage principal est un animal anthropomorphe, dans le but d'étendre ma "culture" BD.

• Je dois l'avouer, j'ai étonnement apprécié cette lecture, sans toutefois aller jusqu'à la qualifier d'exceptionnelle. C'est clairement le genre de manga que je n'aurais jamais été consulter de par moi-même, tant ce qui semblait en transparaître, paraissait être à l'antipode de ce qui pourrait me plaire. Je dois encore une fois l'avouer, je pensais me confronter à un récit totalement différent de celui-ci.. j'y voyais un manga surfant sur la vague étrange (à mon sens, mais sans toutefois vouloir y porter un jugement !) de ce fanatisme pour les oeuvres avec pour personnages des animaux anthropomorphes, sans réel intérêt, sans surprise, tournant autour de romance "cucul la praline" qui dépassée un certain point me rebute facilement. Pour l'instant, je semble m'être tromper.. Encore une fois, je découvre ce manga par le biais de mon ami, fan de ce genre animal prononcé et bronies, que je remercie. Sans ce genre d'ami, je ne connaîtrais jamais ses univers.

• Comme je le précisais auparavant, je m'attendais à une romance à l'eau de rose beaucoup trop soporifique, qui m'aurait provoqué un sentiment de malaise en conséquence de son côté animal. En vérité, c'est une oeuvre bien plus portée par le genre seinen (intrigue généralement destinée pour un public mature et averti), avec une dimension plus sombre et réfléchie que je ne l'aurais cru.

• Dès le départ, les bases sont mises en place, à savoir, que dans cet univers il n'y a aucun êtres humains (même si cela n'est nullement précisé, on le comprend rapidement), et il existe deux groupes principaux des animaux présents dans ce manga : les Carnivores et les Herbivores. La mise en opposition de ces deux camps est plutôt intéressante et amène à des situations et des comportements proches du racisme dû à la peur (Sa ne vous rappel pas une réalité bien proche de la notre ?..), mais aussi un personnage principal nuancé et très bien choisi pour appuyer cette différence. Les apparences sont trompeuses, même si l'instinct de certains de ces animaux prédominent rapidement leur conscience, les herbivores ne seront clairement pas tous des innocents et les carnivores pas tous des coupables.

• Un autre sujet centrale de ce manga semble porté sur le rejet des autres et de soi-même. L'intrigue se passant dans un milieu scolaire, cela n'est pas si étonnant, la période de jeunesse étant celle la plus difficile dans l'acceptation de soi et des changements physiques qui en découlent. Une mise en avant de la sensibilité que j'apprécie beaucoup, ayant moi aussi été dans ce cas de figure à une certaine époque, et dont j'ai garder quelques cicatrices.

• L'univers intrigue également beaucoup, tant il semble avoir réellement avoir très réfléchis par la mangaka, que cela soit dans ses décors et ses installations adaptés à chaque type d'animal, dans ses détails qui ajoute du réalisme (avec par exemple des affiches utilisant le mot "ébrouer" pour la façon de se sécher sous les douches..) mais également dans leur alimentation. Car oui, la consommation de viande est catégoriquement prohibée, devant en conséquence offrir un moyen équivalent de subvenir aux besoins nutritionnels de nos carnivores. À ce sujet, un point m'a tout de même interpeller.. la présence d'oeufs dans le menu des carnivores qui me semble bien étrange étant donner que des volatiles font partie intégrante de ce monde.. Cela m'a légèrement perturber.

• le dessin est très beau, et l'ont reconnait bien chez l'artiste un héritage du dessin féminin du manga, avec néanmoins un petit je ne sais quoi qui lui apporte sa touche d'unicité. Les traits sont très précis, un soin particulier semblant y avoir été fait. le style graphique apporte un réel cachet à certaines scènes.

• Un premier tome en très bonne voie et qui je l'espère, ne tombera pas dans la facilité que je craignais au départ. Pour le coup, je continuerais certainement l'aventure..
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Les personnages sont des animaux. L'idée est originale et l'univers super bien pensé. C'est un manga de qualité avec une trame bien recherchée. Même si les personnages sont des animaux, l'auteure le dépeint comme un récit sur l'humanité.
C'est divertissant. C'est génial.
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J'ai tellement entendu parler de ce manga depuis sa sortie. Les avis sont unanimes, c'est un manga à lire! Mes copinettes Nephtys (L'antre de Nephtys) et Wonderbooks (Une lectrice à Wonderland) m'ont convaincu de me lancer à mon tour et dès que j'ai vu le tome 1 disponible dans les nouveautés à la médiathèque, je n'ai pas réfléchi et je m'en suis emparée!

Les animaux ont évolué. Herbivores (les Herbi) et Carnivores (les Carni) vivent en harmonie. Et il y a une règle d'or: les Carni n'ont pas le droit de s'en prendre aux Herbi et de manger de la viande. Mais il reste encore quelques tensions entre les deux factions. Tensions qui vont s'exacerber lorsqu'un meurtre va survenir à l'école: un Herbi du club de théâtre va être retrouvé massacré! Les factions se séparent peu à peu, le doute règne, les Herbi se regroupent. Et les soupçons se portent sur Legoshi, le grand loup gris qui travaille dans les coulisses du théâtre. Pourtant, la vie continue. Au club de théâtre, les intrigues se mettent en place, les jalousies se font sentir, la chasse pour les meilleurs postes est en cours et notamment pour celle du Beastar, l'individu qui deviendra le leader de l'école et qui ramènera la paix.

Je trouve l'idée originale de mettre en avant des personnages qui sont des animaux. Des animaux très humains, très évolués et qui vivent comme nous. On ne peut que faire le parallèle avec nous, c'est le reflet de notre société. Il y a pas mal de messages importants, réels, ce qui fait de ce manga un manga très actuel.

Forcément, le manga m'a fait pensé au film d'animation Zootopie (que j'aime beaucoup, au passage). On retrouve des similitudes: des animaux parlants, des animaux qui vivent comme les humains, les carnivores et les herbivores qui vivent en harmonie, des tensions entre les deux factions... Mais Beastars garde sa propre identité, ce qui est très bien!

Pour les personnages, on retrouve énormément d'animaux différents: loup, chien, tigre, cerf, chèvre, lapin, éléphant, lémurien, guépard... bref, il y a de tout! Les personnages que l'on retrouvera souvent, je pense, sont Louis le cerf rouge que j'ai du mal à cerner pour le moment, Haru la lapine et Legoshi le loup gris pour lequel je me suis déjà beaucoup attachée. Ce n'est pas parce qu'il est carnivore, un loup qui plus est et grand de taille, qu'il est forcément méchant et cruel. Legoshi est très gentil, attentionné, assez effacé et maladroit. Il m'a beaucoup touché. Oui, ses instincts de carnivore se réveillent parfois mais il fait tout pour les réfréner.

Les dessins sont particuliers, le style sort de l'ordinaire. Les dessins paraissent simples, parfois un peu brouillons ou très crayonnés mais c'est dans le sens positif. En fait, le graphisme a énormément de charme, j'aime beaucoup!

En bref, ce fut une bien belle découverte, une bonne mise en bouche. Ce n'est peut-être pas un coup de coeur mais c'est une très bonne lecture tout de même. J'ai déjà le tome 2 sous la main donc il ne devrait pas faire long feu car je suis très curieuse de découvrir la suite!
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Beastars est le dernier gros hit annoncé par Ki-Oon. le titre est connu au Japon pour avoir remporté le prix Manga Taishô qui a révélé de grands titres comme Chihayafuru, Thermae Romae, March comes in like a lion, Kamakura Diary, ou encore Bride Stories (liste non exhaustive). du coup, je l'attendais forcément avec impatience.

La qualité est belle est bien au-rendez vous. L'histoire est bien écrite, prenante et plein de belles idées. Les dessins sont originaux, entre le crayonné et l'aquarelle, avec tout plein de petits détails par endroits. L'univers est prometteur et le ton marquant. Cependant, il m'a manqué le petit truc en plus pour en faire un coup de coeur.

Beastars se déroule dans un univers où les animaux remplacent les hommes. On suit donc leur quotidien au sein du lycée dans lequel ils évoluent comme le ferait les hommes. Mais un jour, l'un d'eux, un herbivore, se fait agresser et tuer dans l'enceinte de l'école et l'on soupçonne de suite un carnivore d'en être à l'origine.

Cela vous rappelle quelque chose ? C'est normal, on dirait presque le point de départ de Zootopie, l'un des derniers films de Disney que j'avais adoré à l'époque. L'histoire s'ouvre donc comme un polar par un meurtre irrésolu qui va mettre en péril la coexistence pacifique qui existait entre nos amis carnivores et herbivores, révélant les plus bas instincts de chacun. On assiste alors à des soupçons à tout va, des accusations, du racisme "anti-carnivores", etc... L'ambiance est sombre, délétère et pesante et les dessins la rendent très bien.

Mais Beastars n'est pas une simple copie de Zootopie, elle apporte aussi sa propre originalité. Nous allons en effet y suivre le jeune Legoshi, un loup gris que tout le monde pourrait soupçonner de par sa nature. Mais c'est en fait un être calme, pacifiste, qui aime vivre sa petite vie tranquille (même si on sent qu'il cache quelque chose). On va d'ailleurs assister à celle-ci entre vie au dortoir des carni, repas au réfectoire, activités après les cours au club de théâtre où il est technicien. J'ai beaucoup aimé cet aspect tranche de vie qui s'ajoute à l'ambiance sombre due au meurtre de son ami. Grâce à cela, on découvre aussi des aspects plus léger de la vie des animaux lycéens. On voit comment ils doivent faire pour coexister. On les suit lors de leurs activités communes. On découvre leurs passions, leurs ambitions, leurs amours...

On fait également des rencontres. Legoshi n'est pas le seul qu'on va suivre, il y a tous les garçons de sa chambre, mais aussi l'énigmatique et charismatique cerf Louis, la mélancolique lapine Haru, et bien d'autres. L'auteur a vraiment pris soin de donner à chacun une partie des caractéristiques de son espèce mais il essaie aussi de tordre ces préjugés pour rendre les personnages moins lisses et j'ai beaucoup aimé cela, notamment lors du chapitre consacré à Haru.

On sent vraiment plein de bonnes idées en germe dans ce premier tome, qui se contente pour l'instant de poser les bases, mais quelles belles bases. On commence à peine à effleurer ce qui pourrait faire toute la complexité du récit : discours sur la différence et la tolérance, travail autour de l'instinct, duels pour la domination, etc. On découvre ici un univers original, porté par des dessins singuliers avec des personnages marquants et attachants. le titre a vraiment toutes les cartes en main pour devenir une lecture prenante et addictive, et s'il m'a manqué le petit truc en plus ici, j'espère le trouver prochainement dans la suite.

Au passage, je salue le travail sans faille de Ki-Oon, qui propose encore une édition de qualité, avec un papier épais (tome + jaquette), des bonus conservés (historiettes sous la jaquette et pages supplémentaires à la fin), avec une traduction fluide et agréable. Je n'ai trouvé aucun défaut ici. Je vais donc rapidement me jeter sur le tome 2.
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(Cette critique concerne les deux premiers tomes)

Il était difficile cette semaine de passer à côté de la sortie des deux premiers volumes de Beastars, aux éditions Ki-oon. En effet, l'éditeur a mis le paquet pour faire de cette sortie un événement à la hauteur du manga en question, premier de son auteure Paru Itagaki, auréolé d'un beau succès puisque son onzième tome arrive prochainement au Japon et qu'il a déjà décroché de nombreuses récompenses. Et pour fêter comme il se doit l'arrivée de ce petit phénomène en France, Ki-oon a eu la bonne idée de nous proposer les deux premiers volumes le même jour. Qu'en est-il donc de cette histoire d'animaux aux comportements humains ?

À l'institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… Mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l'alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !

Nous suivons donc le loup Legoshi, élève de première à l'institut, et éclairagiste du club de théâtre, fortement soupçonné par ses camarades d'être l'auteur du meurtre. En effet, malgré sa timidité et son air réservé, il n'en reste pas moins un loup et certains pensent que ses instincts de prédateur pourraient avoir pris le dessus. Dans ce climat assez pesant, nous suivons principalement dans ces deux premiers tomes les membres du club de théâtre, dont Louis, un cerf et la véritable vedette du club, se préparant pour le rôle de sa vie.

L'auteure qualifie elle-même son manga de « récit sur l'humanité, et tous les personnages sont des animaux ». La quatrième de couverture nous rappelle également que nous sommes là face à une allégorie de notre société, ce qui a très clairement guidé ma lecture de ces deux premiers tomes. En effet, je cherchais dans les différents développements le moindre détail qui me permettrait d'établir une correspondance avec notre monde et avec les comportements humains. Et de ce point de vue, ces deux premiers tomes se révèlent déjà très riches.

L'univers se dévoile très rapidement, et permet d'appréhender l'organisation sociale de l'institut ainsi que les règles qui le régissent. Car comme précisé plus haut, la consommation de viande est interdite dans cet univers afin que les « carni » et les « herbi » puissent vivre ensemble, ce qui ne va pas sans quelques problèmes qui sont déjà évoqués à plusieurs reprises puisque certains animaux doivent taire leur instinct pour respecter ces règles., à l'image de Legoshi, le personnage principal sur lequel je reviendrai par la suite.

On voit durant ces premiers tomes la façon dont s'organise la vie quotidienne des élèves, la façon dont les repas sont élaborés pour répondre aux besoins à la fois des carni et des herbis. On nous présente également le principe de l'éco-journée. Deux fois par semaine, tous les animaux, en fonction de leur espèce doivent passer une heure dans une pièce adaptée à leur biologie afin de les aider à supporter le quotidien. Ainsi, ce simple détail est lourd de sens puisqu'il met bien en avant le fait que les animaux doivent lutter contre leur nature, ce qui est selon moi la thématique principale du récit pour le moment. La notion de Beastar est également abordée (et risque d'être un élément clé de l'histoire). le titre de Beastar permet de commander à tous les élèves, quel que soit son espèce, et les Beastars deviennent les leaders de la société par la suite. On voit ici clairement l'équivalent dans nos sociétés humaines…

Tous ces éléments permettent également de crédibiliser l'univers. En expliquant le quotidien au sein de l'institut, on est enclin à croire au monde développé ici, renforçant le sentiment d'immersion et donnant envie d'en voir davantage. C'est un des points qui frappe dans ces deux premiers tomes : l'auteure fait preuve d'une aisance étonnante pour à la fois développer un début d'intrigue, poser très naturellement les bases de son univers, et caractériser ses personnages.

Car s'il y a bien une qualité que je mets au-dessus des autres dans ces premiers tomes, c'est la caractérisation des personnage, et en particulier de Legoshi. Étant le personnage principal, c'est à travers ses yeux que l'on voit le monde, et ses pensées sont celles que l'on partage le plus (même si on a également droit à de bribes concernant les autres). Or, Legoshi est passionnant. C'est un loup, mais également un adolescent (il a 17 ans). Il se retrouve dans cette période où l'on se cherche, où l'on peut avoir du mal à assumer ce qu'on est et où on peut se mettre facilement en retrait. Et c'est en l'occurrence ce qu'il vit, sa condition de loup fait qu'il effraie les autres. Il peut même en agacer certains (notamment le cerf Louis, qui ne supporte pas qu'un de ses prédateurs naturels s'écrase comme il le fait). On pourrait résumer le personnage en disant que c'est quelqu'un de visiblement gentil et sensible, mais qui a peur de sa nature profonde de violent prédateur.

Et cette nature est mise en avant d'une façon absolument brillante dans le premier tome, lorsqu'il se retrouve de nuit à surveiller l'entrée du gymnase alors que des camarades à lui y sont pour répéter. Il se met à sentir l'odeur d'un autre animal (une lapine) et n'arrive pas à s'empêcher de se jeter dessus. À ce moment-là, il se retrouve en lutte avec une petite voix matérialisée à l'image sous la forme d'un petit bonhomme, qui prend de plus en plus d'ampleur jusqu'à devenir un immense loup. Il s'agit bien évidemment de l'illustration de son instinct qui prend le dessus. Il sera fort heureusement interrompu et ramené à la raison avant d'avoir pu commettre l'irréparable, mais il aura quand même blessé le bras de la lapine.

Cette scène est clairement celle qui m'a le plus marqué car elle développe un sous-texte passionnant selon moi. J'ai expliqué au début de l'article que je lisais en recherchant des correspondances avec les comportements humains et notre société, et en l'occurrence je n'ai pas pu m'empêcher de voir cette scène comme une agression sexuelle. Comme si Legoshi était l'incarnation d'un prédateur sexuel sur le point de commettre un viol. Il n'est pas allé au bout fort heureusement, mais sa réaction ensuite montre qu'il se dégoutte d'avoir failli céder à ses pulsions sexuelles. La différence de gabarit entre les deux personnages et la façon dont Legoshi tient sa proie me donne même l'impression qu'il pourrait être question de pédophilie (ce qui concorde d'autant plus que certains pédophiles expliquent être dégoûtés d'eux-mêmes et de leurs pulsions qu'ils n'arrivent pas à contrôler). Ceci rend la scène vraiment puissante émotionnellement et marquante.

Mais Legoshi n'est pas le seul personnage à bénéficier d'un traitement de premier choix, je dirai même qu'aucun personnage important n'est mis de côté pour le moment. Louis est par exemple très intéressant et va surement bénéficier de développements conséquents par la suite. On sent le personnage qui souffre de la trop grande attention qu'il attire et de la pression que ça engendre chez lui (au point de le rendre un peu fou ?). Et enfin, la fameuse petite lapine agressée par Legoshi, qui se nomme Haru, est également un personnage qui m'a beaucoup touché.

Le chapitre 4 est un petit flash-back qui revient sur elle alors qu'elle est entre les griffes de Legoshi (je le précise car le situer ici n'est pas anodin, vous verrez). Elle est une lapine de race totalement banale, contrairement aux lapins arlequin qui ont tendance à la martyriser. Au-delà du discours sur le mépris de classe, elle se fait également malmener car elle a tendance à coucher avec beaucoup de garçons, et a une mauvaise réputation à cause de ça. Ainsi, montrer cet élément en même temps que la séquence d'agression, où elle se laisse faire en espérant qu'il la mange vite, met en avant la culpabilité que l'on cherche injustement à faire ressentir aux personnes victimes d'agression sexuelle. Et le comportement de Haru lors de sa première rencontre de jour avec Legoshi développe encore davantage les problèmes de la lapine.

Legoshi va la voir pour demander des roses pour le club de théâtre (elle fait partie du club de jardinage). Et alors qu'il lui donne un coup de main pour jardiner, il s'aperçoit tout d'abord qu'elle a totalement oublié son agression, comme s'il s'agissait d'un événement tellement traumatisant que son esprit a préféré l'éluder. Mais il va également se retrouver dans une position très délicate puisqu'elle va vouloir le remercier en lui proposant du sexe. Elle va se dévêtir devant lui et il s'enfuira alors qu'elle tentera de lui enlever son pantalon. Ainsi, il semblerait que Haru souffre de problèmes liés à la sexualité, ce qui rend d'autant plus pertinente la métaphore du viol lors de son agression par Legoshi.

Ces thématiques et ces développements de personnages m'ont particulièrement étonné et ont grandement contribué à l'impact de ces deux premiers tomes. J'ai d'ailleurs passé sous silence plusieurs autres éléments et thématiques car j'ai peur de vous perdre en route. le mieux serait de lire à votre tour ces deux premiers tomes de grande qualité.

Avant de conclure, un petit mot sur le travail d'édition de Ki-oon, qui est comme à l'accoutumée d'excellente qualité. Les jaquettes bénéficient de magnifiques illustrations mises en valeur par un effet de relief sur les personnages que je trouve très plaisant. Et surtout, la traduction d'Anne-Sophie Thevenon est absolument brillante, remplie de jeux de mots et d'expressions qui utilisent le champ lexical animalier. Je vous laisse les découvrir, c'est un régal !

En résumé, c'est lorsque l'on a les plus grosses attentes que la déception risque le plus d'être au rendez-vous. Mais dans le cas de Beastars, nulle déception puisque le récit, bien que très différent de ce à quoi je m'attendais, dévoile dès ces deux premiers tomes une grande richesse. Les thématiques sont déjà très variées, des plus attendues aux plus originales. C'est d'ailleurs sur ces dernières que j'ai souhaité me focaliser, car elles m'ont particulièrement touché. Ainsi, l'attente avant le troisième tome sera dure, mais heureusement, on pourra se replonger avec plaisir dans les deux premiers pour mieux en extraire toute la richesse et la profondeur. On a en tout cas les premières graines d'une future grande oeuvre !
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Paru Itagaki a créé son univers à travers son manga "Beastars". Déjà, cela peut dérouter ceux qui sont habitués à lire "Naruto", "One piece" ou "Samourai 8". Ici vous ne trouverez pas de dessins très lisses et léchés. On voit les traits de crayons plus ou moins denses. Puis, la mangaka fait le choix de l'anthropomorphisme avec des clans marqués avec d'un côté les herbivores et de l'autre les carnivores. le premier tome débute avec le meurtre d'un alpaga. Tous les soupçons se tournent vers les carnivores car ils ont soif de viande. On nous présente quelques élèves de l'Institut Cherryton où il y a un club de théâtre ouvert à tous. Un personnage ressort avec Legoshi, un loup. Est-ce lui le coupable? On ne sait pas trop, le doute règne. En tout cas, une petite voix commence à le titiller en lui disant qu'il faut laisser son instinct parler. Et à 17 ans, il s'en passe des choses dans le corps et dans l'esprit. Petit à petit, on apprend à le connaître et on se demande aussi s'il pourrait être coupable malgré lui. Un évènement se déroule dans l'école et qui donne le nom à la série. Bientôt le Beastar va être désigné et ce titre lui permettra d'intégrer la caste supérieur de la société. Tous pensent que c'est Louis le cerf, star du club de théâtre qui va choisi. le côté psychologique n'est pas laissé de côté. Comme tous les adolescents, on sait qu'il y a ce qui apparaît et la réalité des sentiments. Sans oublier d'aborder les aspects relationnels et sociétaux avec la volonté de conformisme, la cruauté envers les autres pour s'affirmer, l'ignorance qui amène aux clichés et au rejet... Tout est réuni pour donner envie d'aller plus loin surtout avec la scène de fin avec le franchissement d'un interdit. Toutefois, l'engouement qui semble assez important dans la communauté de lecteur manga ne m'a pas touché.
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