Qui a tué le Minotaure ?

Claude Izner, Qui a tué le Minotaure ?, fini le 31 mars 2023, Prix 10/18

Livre lu dans le cadre du Prix Polar 10/18.

Un médecin, déguisé en Minotaure, mécène d'une troupe de théâtre est assassiné. Que s'est-il passé ? Est-ce lui qui était visé ou son neveu à qui il avait emprunté le déguisement ? L'enquête bat son plein et fait jouer tour à tour tous les personnages autour des années folles, 1926 exactement.

Nous avons là tous les canons du polar historique, même si le fond historique (politique, social) aurait pu être plus présent. On rencontre quand même de ci de là les artistes de l'époque, Cocteau en tête. Bon, Erik Satie aussi, alors qu'il est mort en 1925…de même que l'un de nos héros entreprend des considérations sur les artistes morts trop jeunes et citent dans son énumération Camille Claudel, pourtant morte en 1943…quelques incohérences temporelles donc…

Pour le reste, Claude Izner (rappelons qu'il s'agit là d'un pseudonyme de deux femmes, dont l'une d'ailleurs est décédée – deux dates différentes figurent dans le livre mais passons) « joue » avec les personnages, un peu trop à notre goût en faisant intervenir l'ensemble des protagonistes de la troupe de Théâtre, parmi lesquels le musicien mène l'enquête, ainsi que le commissaire reconverti en libraire Victor Legris et toute sa famille ; sans même évoquer la « vraie » police, qui mène l'enquête…tout cela fait beaucoup beaucoup de personnages et on s'y perd largement, d'autant que la plupart sont inutiles à l'avancée de l'histoire.

Au total, un polar bien mené, qu'on aurait bien expurgé de quelques personnages…ah au passage, la couverture du livre est trompeuse, laissant penser que nous sommes au pays des mille et une nuits, alors que pas du tout…

En ouvrant ce livre, nous voilà replongés dans « Les enquêtes de Victor Legris », une délicieuse série de romans d'enquêtes policières pondues par Claude Izner (or, derrière ce nom de plume, se dissimulent en réalité deux soeurs) qui se passent dans les années folles, et plus précisément le 11 mars 1926, où Paris est en pleine effervescence carnavalesque. Tous les éléments du polar s'en trouvent, ici, fort bien déguisés et, sous les oripeaux d'un minotaure, un homme est assassiné. Bonne chance pour trouver, sous les masques et derrière les déguisements, le diable d'assassin. C'est justement tout le charme de ce récit un brin vintage. En tournant les pages, on croise les stars de l'époque, on savoure le bagout en usage, on se perd à travers la galerie de personnages rendant ainsi au mystère sa part d'ombres et à l'intrigue, sa pétillance. Lecture ludique, écriture festive, énigme burlesque. Tout dans ce roman est abracadabrant et fantasque. le nom même du meurtrier est un secret de polichinelle.