Quelle frustration que la lente parution de cette série qui pourtant se bonifie au fur et à mesure qu'elle devient plus politique et mélange mieux les éléments romantiques et complotistes. Frustrant, frustrant.
A l'heure où la Romantasy est tellement à la mode, Called Game en serait un très bel échanson. Avec son histoire s'appuyant sur une Histoire d'Angleterre revisitée et déplacée dans un autre univers, elle nous régale. Cependant 8 tomes en près de 4 ans, c'est fort peu pour du manga et cela s'en ressent aussi bien dans la narration que dans la lecture. Il y a des tomes passionnants comme celui-ci et d'autres qui sont clairement dans le creux de la vague, rendant la finalité un peu plus floue. C'est dommage de ne pas avoir un rythme plus élevé et une tension plus forte.
Je n'ai cependant pas boudé mon plaisir ici malgré un scénario des plus classiques. J'ai trouvé que l'autrice dosait bien romance, action, politique et humour. Elle fait bien monter la tension et la pression autour du jeune roi et donne un beau rôle progressivement à Violette, tout en incluant Ed dans le jeu comme troisième côté de ce triangle amoureux et politique. Les jeux d'influence se dessinent bien et elle nous questionne joliment à la fois sur la solitude du pouvoir et l'envie de rester dans les mémoires quel que soit son rôle.
La mangaka met joliment en danger Ed et Violette dans ce tome, créant une tension qui va bien nourrir l'ensemble du tome, s'appuyant sur les dynamiques passées pour les amener sur un nouveau terrain et leur donner une autre dimension. J'ai beaucoup aimé leur rapprochement, leur complicité, la présence que cela offre à Violette et ses interrogations sur son devenir de femme et même juste d'être humain. Nous ne sommes pas juste dans un récit romantique où l'héroïne se demande avec qui elle va finir, non. Nous sommes dans une quête identitaire d'une femme qui a laissé son nom pour en prendre un autre et qui ne peut être avec celui qu'elle aime, et donc qui a peur d'être oubliée, effacée. C'est poignant et c'est un thème rarement mis en avant.
Le travail de l'autrice sur la dimension politique de l'oeuvre et d'ailleurs fort intéressante, a fortiori dans ce tome. Elle montre bien toute la fébrilité d'un souverain monté sur le trône sans légitimité assise suffisamment. Pas de soutien égal beaucoup de problème, et égal aussi tout à construire. C'est ce à quoi on assiste. J'ai aimé voir Arthur se chercher un bras droit et trouver une réponse originale, construite de toute part par lui, qui vient battre en brèche certaines idées préconçues. C'est vraiment un souvenir original et cela offre un récit différent des autres sur ce créneau peut-être plus mature, malgré l'humour jamais bien loin de l'autrice pour dédramatiser tout ça.
Triangle amoureux assumé, mise en danger complexe, recherche de soi et de sécurité, royaume fragilisé par le manque de soutien du souverain, voici les ingrédients de cette lecture palpitante qui souffre juste d'un rythme de parution beaucoup trop lent. J'ai adoré les questions autour de la mémoire et de la trace qu'on laisse ici. J'aime que l'autrice bouscule les codes de la romance pour offrir un titre plus politique que bien d'autre avec un vrai travail émancipateur autour des figurines féminine et souverainiste. C'est original et percutant, avec une réelle dimension psychologique bien plus profonde que chez les autres.
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