Ayant déjà lu avec un certain plaisir l'ensemble des titres de l'autrice disponibles en France (La fleur millénaire, Seiho Men's School et 100% Doubt!!), je pouvais qu'être attirée par le nouveau shojo signé
Kaneyoshi Izumi surtout quand il fleure bon le roman de chevalerie revisité.
La mangaka a un style bien à elle que l'on reconnait d'emblée aussi bien dans sa narration légère et sérieuse à la fois que dans son trait très lisse, rond et un peu froid, où les personnages aiment bien prendre la pose. La narration coule de source et les pages s'enchainent sans qu'on y prête attention nous prenant petit à petit au piège, tout comme son héroïne.
Kaneyoshi Izumi a déjà su montrer qu'elle aimait les héroïnes fortes. Dans son précédent titre chez nous, La fleur millénaire, nous étions déjà dans un univers d'inspiration médiéval, mais asiatique, où l'héroïne devait se battre pour survivre. Il en est de même ici avec peut-être un cran de plus, même. Alna est une jeune princesse, la 10e de sa famille, qui a été promise à une petite famille noble. Sauf que du jour au lendemain, le mystérieux nouveau roi du royaume voisin qui menace le sien la réclame pour femme. Elle n'a d'autre choix que d'y aller. Mais elle ne compte pas se laisser faire et échange sa place avec sa dame de compagnie, se faisant passer pour la chevaleresse de celle-ci.
J'ai beaucoup aimé le décor de cette nouvelle saga tout droit inspiré de l'histoire des Tudors et de leur roi
Henry VIII avec ses femmes successives. Notre héroïne se retrouve plongé dans un monde de vipères où les complots en sous-main sont légions pour éliminer les reines qui ont été sélectionnées par le roi mais pas encore validée par l'Eglise qui a la main mise sur tout dans ce royaume. Alna, rebaptisée très vite Violette, doit donc tracer son chemin au milieu de ses intrigues en apprenant à connaître ses adversaires et en défendant la position de sa suivante qui a pris sa place. Nous assistons à un beau jeu de dupes, astucieux et rusé qui met en lumière toute l'intelligence de l'héroïne.
Cependant pour l'instant, le reste est bien flou. Nous commençons à peine à comprendre les rouages de ce royaume plus gouverné par l'Eglise que par son roi que l'on entraperçoit à peine. Au passage, je trouve ça nul de la part de l'autrice de ne pas donner de vrai nom aux différents États, ça ne fait pas très sérieux. Bref, revenons à l'Eglise qui fait des ravages, faisant vivre un vrai enfer à la population par sa pudibonderie extrême et au roi qui semble laisser faire. J'espère qu'on en apprendra plus sur lui par la suite et qu'on le verra se rebeller un peu parce que c'est assez fade et convenu de ce côté-là et hormis l'introduction qui promet une sorte d'histoire à la
Henry VIII/Barbe Bleu, c'est un peu léger.
Heureusement, l'autrice sait meubler. En attendant de développer sur univers et son décor, elle commence déjà à mettre en scène les différents personnages. Ainsi le duo Princesse-Suivante se lie vite avec l'une des candidates qui leur apprend les rouages de la Cour, elles sont également épaulés par les rejetons d'une famille de nobliaux assez amusants dans le contrepied qu'ils offrent. Alna/Violette, elle, trouve sa nemesis dans le jeune chevalier qui semble être l'ami du roi et qui fait ressortir le pire d'elle. Cela donne des échanges vifs et dynamiques qui font défiler les pages à toute vitesse, sur un ton mélangeant humour, légèreté et sérieux tout de même car on sent que ce n'est qu'un artifice pour cacher une réalité plus sombre, réalité qui finit par nous rattraper.
Les dessins de l'autrice me plaisent toujours autant. Ils sont reconnaissables entre mille, ce que j'apprécie toujours chez une autrice. Je pourrais juste lui reprocher de faire toujours les mêmes figures. Ainsi Eddy ressemble comme deux gouttes d'eau à l'un des héros de Seiho Men's School et le chevalier à la langue de vipère est presque la copie de l'amoureux de l'héroïne de la fleur millénaire... Mais surtout mon problème est que pour le moment le roi et son ami semble quasi identique hormis leur tenue quand je les vois ensemble... Alors certes, c'est chouette de voir de beaux paysages, des costumes soignés et variés et de beaux personnages mais ça manque un peu de prise de risque. Tout est beau et lisse.
Called Game propose de vivre une nouvelle aventure, différente de celle des précédents titres de la mangaka mais un peu dans le prolongement de la fleur millénaire tout de même. J'ai aimé cette introduction qui fut sympathique et riche en promesses avec une inspiration historique qui me plait parce que j'aime cet épisode de l'Histoire anglaise. Je reste cependant sur ma faim, l'ensemble étant lisse et convenu. Je manque d'émotions fortes pour le moment. Pour la suite, il va falloir s'armer de patience, au Japon il n'y a que 4 tomes pour le moment...
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