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4,11

sur 897 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais va perdre la vie dans des circonstances absolument abominables. Mais, si cette journée si particulière a conduit Laëtitia à sa mort, c'est peut être tout simplement sa vie qui l'a mené à cette funeste rencontre.
A travers l'histoire de Laëtitia, on plonge dans la douleur inaudible des enfants maltraités.
Lumière est faite sur la victime, qui est sublimée par cet auteur. Le criminel passe au second plan.
J'ai été cueillie par ce livre dès les premières lignes. Il est poignant, et il change le regard sur la vie.
Lu en janvier 2017.
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J'ai écouté un jour à la radio une émission. Yvan Jablonka y exposait son livre. La minutie de ses propos, la passion de ce fait divers m'a donné envie d'en savoir plus. J'ai donc lu le livre.
Jackette noire, titre en rouge sang, d'emblée le lecteur sait de quoi il en retourne. Cependant, ce livre est un véritable documentaire, le fruit de recherches pointues. Surtout Yvan Jablonka, dépeint le personnage de Laëtitia avec beaucoup de tendresse et d'humanité , ainsi que sa soeur jumelle Jessica , restée, elle, parmi les vivants.
Ce livre est l'histoire d'un destin, d'une petite fille, que son père, alcoolique et brutal, suspend dans le vide alors qu'elle n'a que trois ans, négligée par une maman dépressive, trop fragile par ce qu'elle aura endurée. Elevée ensuite par sa grand mère paternelle, puis par son père , puis par l'ASE, elle sera éduquée et heureuse chez les Patron, jusqu'à ce que l'on apprenne l'envers du décors, monsieur Patron, autoritaire, fait faire des choses aux enfants dont il a la charge , madame est dans le déni.
C'est dur. En lisant ce livre , on se dit que certaines histoires, qui débutent mal, finissent mal. En filigrane, Yvan Jablonka essaie de savoir pourquoi. Pourquoi, cette jolie jeune fille, pimpante, féminine et pleine de vie, généreuse, accepte de suivre un homme patibulaire, alcoolisé, drogué, avec un dossier judiciaire lourd comme un jour sans pain.
Dans ce livre , il est décrit, en la personne de Meilhon , l'assassin reconnu de laëtitia, figure emblématique dans ce livre des pervers, des sans remords , ceux qui s'amusent avec la police, qui dénigrent leur victime, essaient de rejeter la faute de leur meurtre affreux sur des complices imaginaires.
Ce livre est l'histoire de la vie , faite de belles ou de ( très ) dangereuses rencontres.
A lire.
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Je ne sais pas ce que je pourrais ajouter sur ce livre qui n' ai déjà été dit...Mais il me semblait toutefois impossible de le refermer et de ne pas partager ce moment de lecture intense. Situé entre le récit, le documentaire, l'étude sociologique et le roman, il est difficile de définir précisément à quel genre appartient ce livre. C'est peut-être d'ailleurs une des raisons de son succès: il s'adresse à chaque type de lecteur.
Laëtitia, je ne l'avais pas oublié. Peut-être parce que cette sombre histoire s'était passée non loin de chez moi et peut-être aussi parce qu'étant travailleuse sociale, j'avais été offusquée de cette opprobre qui retombait sur les éducateurs, les magistrats...La réalité de terrain je la connais et ,par conséquent, son manque de moyen aussi. Bref, me plonger dans ce livre, c'était se replonger dans quelques souvenirs. Je l'ai fait aussi parce que d'emblée, j'ai aimé la démarche d'Ivan Jablonka. Redonner de l'humanité à cette jeune femme, ne plus uniquement apposé son nom à celui de son bourreau, faire que l'on se souvienne d'elle pour ce qu'elle était et non pour ce qu'elle a subi, tel me semble être sa volonté.
Ce livre retrace avec beaucoup de pudeur et de respect l'histoire de Laëtitia de sa naissance à sa mort. On découvre une vie faite d'abandons successifs, une vie faite d'insécurité affective où les hommes sont violents et potentiellement des abuseurs. Mais on voit aussi se profiler une vie faite d'espoirs et de rêves, de force aussi. Laëtitia avançait cahin -caha dans sa vie mais elle avançait...C'est en tout cas ce que je retiendrai d'elle.
J'ai également beaucoup apprécié la justesse de l'analyse sociologique et politique que nous livre l'auteur. Entre instrumentalisation et déterminisme, et parfois voyeurisme, notre époque et notre façon d'agir interroge tant au niveau du citoyen que du politique. L'auteur nous amène à réfléchir, regarder les choses sous un nouvel angle en étayant tantôt son propos de références juridiques , tantôt de témoignages et d'archives.
Pour résumer, vous l'aurez compris, on ne sort pas indemne de cette lecture. On en sort peut-être un peu plus instruit et empreint d'une vision moins manichéenne. Il est certes parfois réconfortant de scinder notre monde avec d'un côté les bons et de l'autre les méchants, mais la réalité ne saurait être aussi tranchante et décisive. La nuance a toujours sa place et c'est ce qu'Ivan Jablonka nous montre habilement. Il faut un ensemble d'éléments pour provoquer le chaos et peut-être avons nous tous chacun notre responsabilité, sociologiquement parlant.
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sors de ce livre groggy, révoltée, abasourdie.
Livre magnifiquement écrit qui rend hommage à Laetitia et Jessica.
Certains parleraient de malchance ou bien de névrose de destinée. Quelle erreur !
Car la malchance n'existe pas, c'est juste sa "mémoire traumatique" qui l'accompagne depuis l'enfance, depuis peut être même in utero, qui la guide tout naturellement vers Meilhon. Elle est allée vers son destin comme une bête à l'abattoir.
Tout était écrit finalement.
Et que dire de Mr Patron (ça ne s'invente pas !) qui viole régulièrement Jessica alors qu'il a joué au père d'accueil éploré. Dégueu.
C'est la seconde partie du titre qui est intéressante : ou la fin des hommes. Car oui, cette inhumanité, cette folie, cette fulgurante violence de Meilhon l'a éloigné à jamais des Hommes.
Alors oui, j'avoue j'ai pleuré. J'ai pleuré sur ces vies massacrées, sur ce déterminisme atroce et abject qui vous tient quand on a trop souffert enfant. Aucune issue, à part la mort. Ou bien une mauvaise rencontre.. La double peine en somme...
Et que dire des chansons obsènes que chante Meilhon à tue tête au Palais de justice ?
Ce crime, comme le dit l'auteur, est un féminicide : Meilhon haïssait les femmes, il en a massacré une, lui refusant même une mort digne.
A lire absolument, mais attention aux âmes sensibles, car rien, et je dis bien rien ne vous sera épargné.
Même une fois refermé, ce livre me hante.
On ne sort pas de cette lectue indemne.
Merci Monsieur Jablonka. Merci pour Laetitia et pour Jessica.
Une pensée émue pour la mère de Laetitia, Madame Larcher, qui ne se relèvera jamais de tout ÇA.

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Si c'était une fiction, on dirait que le scénario ne brille pas par son originalité. Hélas la mort de Laëtitia Perrais en janvier 2011 est bien réelle et si le responsable de cette mort a été incarcéré, c'est une maigre consolation pour tous ceux qui ont aimé cette jeune fille brutalement enlevée à la communauté des vivants. Et Ivan Jablonka, justement, nous la fait aimer, cette jeune fille, et nous fait aimer sa soeur jumelle Jessica qui, elle, est plus qu'un souvenir.
Ce livre en contient plusieurs : le récit circonstancié des faits, d'un "fait divers" qui a défrayé la chronique en raison, entre autres, de l'intervention pas uniquement compassionnelle du président de la République en exercice, récit entremêlé avec les biographies de Laëtitia et des principaux protagonistes, y compris le meurtrier. En historien, l'auteur a consulté toutes les sources disponibles et, puisqu'il s'agit ici d'"histoire immédiate", interrogé les témoins directs qui voulaient bien répondre à ses questions. En sociologue, il replace les événements dans leur contexte à la fois géographique (le pays de Retz et sa ruralité profonde, les grands ensembles de la banlieue nantaise, les stations balnéaires un peu étriquées de la côte atlantique) et social évidemment. En particulier, nombreux sont les personnages qui ont connu la prison : le meurtrier, pour des délits à répétition moins graves que l'homicide, le père biologique de Laëtitia et, contre toute attente, son père d'accueil, après l'affaire, ardent zélateur du combat contre la délinquance sexuelle et lui-même condamné pour des actes qu'il jugeait sans doute mineurs. Mais derrière l'historien et le sociologue, donc, ou au-dessus, il y a l'homme et une immense empathie qu'il nous communique avec talent.
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Roman, documentaire, étude historique, essai sociologique, « Laetitia » est un peu tout cela et bien autre chose aussi, un instantané de notre époque, un hommage à cette jeune fille massacrée, une envie de lui redonner sa dignité et une identité de femme en devenir et surtout ne pas la figer dans un statut de victime.
Janvier 2011, Laetitia, 18 ans, est enlevée à quelques mètres du domicile de ses parents d'accueil. Elle sera battue, étranglée puis poignardée. Sa dépouille dépecée ne sera retrouvée que de longues semaines après l'arrestation de son meurtrier Tony Meilhon. Instrumentalisé par la Président de la république d'alors, ce fait divers devient affaire d'Etat et entre dans l'Histoire lorsque de 8 000 magistrats battent le pavé dans une gigantesque et inédite manifestation muette mais ô combien bruyante.
Ivan Jablonka reprend à la fois la dramaturgie et les codes stylistiques du polar (tension, alternance des chapitres entre hier et aujourd'hui) pour les associer aux outils de recherche communs aux enquêteurs de police, aux journalistes et à l'historien qui y rajoute une dose d'analyse sociologique.
Le résultat est bluffant. le lecteur est accroché par la facette thriller, respecté par les apports documentaires. A chacun de se faire son opinion, son propre chemin, même si Jablonka indique clairement son point de vue.
Analysée comme un objet d'histoire, la vie et la mort de Laetitia illustre dramatiquement mais justement la violence faite aux femmes. le regard affuté de l'auteur s'attache également à éclairer des champs peu investis par la fiction et les médias : la vie dans une province moyenne, son prolétariat, sa culture populaire et les modes d'expression contemporaines où le journal intime est remplacé par Facebook.
A la manière d'un Emmanuel Carrère ou d'un Truman Capote, Jablonka prend fait et cause dans le récit, y apporte ses connaissances d'historien sans mettre de côté pour autant sa sensibilité et son engagement d'homme. Si on peut être choqué par la violence et la brutalité des faits et des êtres, on reste cependant admiratif du travail de la police et de la justice sur le terrain. Ivan Jablonka s'attache à dresser avec force et justesse les portraits de toutes les parties prenantes : les parents, la famille d'accueil, Jessica sa soeur jumelle et même Tony Meilhon. Curieusement, surgit au centre de cette galerie de personnages l'absente. Laetitia, bien que morte, reprend alors toute sa place. Ainsi Jablonka la restitue en tant que personne vivante, vibrante, une adulte en devenir. En cela, l'exercice d'hommage est réussi.
Il est également important de dire, que la finesse et la clarté de son analyse s'appuie sur une écriture précise et nerveuse. On est saisi tant par le fond que par la forme.
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Nul n'a oublié la mort violente de Laetitia Perrais, tant pour l'épouvante découverte de son corps démembré que pour l'ampleur médiatico-politique qui a accompagné l'affaire . Ivan Jablonka, écrivain et historien a étudié le fait divers comme un objet d'histoire et la vie de Laetitia comme un fait social . Il a rencontré les proches de la jeune filles et les enquêteurs, il a assisté aux procès. le récit est terriblement bien construit, avec objectivité, détermination et pudeur, sans voyeurisme . Un livre excellent .
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Un grand merci à Ivan Jablonka pour ce livre. Il nous raconte ce qui s'est passé le 18 janvier 2011. Laetitia a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être tuée. Elle avait 18 ans. Ce livre éclaire sa fin tragique et notre société toute entière: un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer.
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Et dire je j'ai faillit ne pas le prendre !
La bibliothécaire : t'nez celui-là vient de rentrer. Il est prix machin-chose 2016 !
Mwa : j'aime pas les prix machin-chose (un peu sur le ton de j'aime pas la tarte au concombre).
Mais lorsque j'ai voulu le reposer sur le présentoir, ma main ne l'a pas quitté. Comme ci l'âme de ce livre avait engagé un dialogue avec mon subconscient.
Un fait divers dans la région nantaise au début de l'année 2011. Laëtitia et sa soeur jumelle sont placées chez monsieur et madame Patron, famille d'accueil. Elles viennent d'un milieu défavorisé et violent. Ici elles tentent de se reconstruire espérant trouver un foyer aimant et reconnaissant. Elles viennent juste d'être majeures et suivent des cours, l'une pour être serveuse, l'autre cuisinière. Laëtitia sera enlevée, torturée, rouée de coup, poignardée, étranglée et pour finir démembrée et jetée à l'eau. Son bourreau, un ferrailleur du coin en mal d'amour, lui aussi venant d'un milieu violent.
L'affaire fait grand bruit, c'est le calme plat côté médiatique et le président de l'époque et ses acolytes ajoutent de l'huile sur le feu en pointant du doigt le dysfonctionnement de l'appareil judiciaire qui descendra dans la rue en colère pour réclamer plus de moyen. de la à dire qu'il y a un avant et un après l'affaire Laëtitia il n'y a qu'un pas.
Un livre que j'ai pris comme un coup de poing. On se croit à l'abri dans nos habitations confortables et proche de chez vous se passe des scènes dont nous ne sommes même pas conscient. La misère guette les plus faibles de nos congénères, dans ce livre ce sont les femmes qui sont les victimes. Victime de l'égo surdimensionné des hommes de tous poils et de leur taux de testostérone.
Ivan Jablonka a enquêté, interrogeant les uns et les autres : familles et amis de la victime, mais aussi de l'agresseur, avocats, magistrats, enquêteurs pour nous éclairer sur tous les dessous de cette affaire. Il nous livre un bouquin d'un travail remarquable, livre qui se veut factuel, sans parti pris. Pourtant difficile de na pas être emporter pas ses émotions devant un tel déchainement de haine et de violence.
Arrive ce chapitre 54 "fait divers, fait démocratique", une merveille sur l'analyse et le traitement de l'information.
Un livre qui me restera.
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Ce livre est tout simplement magnifique et bouleversant. C'est un peu la chronique d'une mort annoncée. L'auteur nous démontre combien ce n'était pas un hasard, hélas, si Laetitia est devenue une proie, la proie d'un homme, ce mardi 18 janvier 2011. Laetitia était une victime non pas désignée mais latente car son système de protection était désactivé depuis l'enfance. "La manière dont Laetitia se jette dans la gueule du loup a quelque chose de suicidaire, sa mise en danger volontaire a une résonance tragique qui est l'écho de son enfance... Soumission à la loi des hommes... Laetitia en est l'héritière."
"Comprendre comment un fait divers en tant qu'objet d'histoire, c'est se tourner vers la société, la famille, l'enfant, la condition de la femme, la culture des masses, les formes de la violence, les médias, la justice, la politique... faute de quoi le fait divers reste un arrêt du destin."
Avec ce livre, Ivan Jablonka parvient à ne pas réduire Laetitia Perrais à sa mort et à une victime d'un fait divers. Il lui redonne la vie qu'elle méritait. A lire absolument
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