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EAN : 9791021033795
377 pages
Tallandier (06/09/2018)
4.07/5   7 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Très belle synthèse où la notion kurde s'aborde comme une identité, une revendication de "kurdité", dont la construction est motivée par un territoire (les montagnes), des langues (kurmandji, sorani), une religion (sunnisme), une origine plus ou moins mythique (les Mèdes), une existence politique (la zone conflictuelle entre l'Iran et la Turquie), une figure historique (Saladin), un nombre d'individus (25 à 35 millions), etc.

La formation de principautés plus ou moins autonomes de l'Empire ottoman et de l'Iran mène à des prises d'initiative audacieuses au début du XXème siècle (génocide des arméniens et des Assyro-chaldéens avec les Ottomans).

Ce sont les trois accords de 1916, 1920 et 1923 (Sykes-Picot, Sèvres et Lausanne) qui évoquent diplomatiquement la notion d'une indépendance kurde, comme une résolution des conflits économiques (administration du pétrole par les Britanniques) et politiques (construction de l'État turc, stabilité iranienne) et qui mènent finalement à une décision de la SDN en 1925 de placer le Kurdistan irakien sous l'ensemble piloté par les Britanniques (préférant garder le contrôle d'une zone à proximité de leurs intérêts économiques) - déboutant la demande turque (de son intégration pour éviter la formation d'une zone turbulente à ses frontières.

Ensuite, le Kurdistan (autour d'Erbil et de Souleimaniye) fait l'objet d'une instrumentalisation par les États-Unis, le Royaume-Uni, la Turquie, les Russes, etc. selon que l'on veut affaiblir Bagdad et Téhéran ou renforcer Istanbul. Pour régler la question simplement, Saddam, recyclant les stocks fournis à l'occasion de la guerre Iran-Irak et malheureusement laissés sans usage, gaze les populations.

C'est finalement à nouveau la réponse diplomatique qui donne un second élan à la réalité d'une zone indépendante du Kurdistan. Après une provocation kurde, l'armée irakienne remonte et provoque un exode kurde (se souvenant du traitement bagdadi quelques années plus tôt) : la Résolution 699 de l'Onu interdit le survol de la zone au-dessus du 36ème parallèle, sécurise la région et décrète la région autonome d'un pouvoir central dénommé fédéral. Bagdad proteste en suspendant la rémunération des fonctionnaires et imposant un embargo : le Kurdistan irakien doit s'administrer. C'était en 1992. C'est ainsi qu'il naît, de fait, ou, du moins, prend une réalité plus consistante. La Turquie accepte d'en acheter le pétrole pour générer des revenus. Mais on s'en dispute la répartition interne - et c'est la guerre civile jusqu'en 1997.

Depuis, la lutte contre Daesh a de nouveau resserré l'existence de l'indépendance du Kurdistan, surtout depuis qu'Obama est intervenu pour en repousser l'approche d'Erbil. Les Émirats, l'Iran et la Turquie investissent dans la zone, en particulier pour le tourisme. Dans une perspective d'ouverture, on promeut la diversité linguistique et religieuse, la littérature et la communication. Si tout va bien, la zone est en voie de pérennisation.

Reste cette impression que tout n'est bien qu'identité puisque c'est le fait d'associer un mot à une grande complexité géographique, historique, politique, culturelle, religieuse, etc. qui mène à l'unicité de l'ensemble social. Reste à ce mot à trouver sa place dans des histoires plus larges pour assurer la sérénité de ceux qui prétendent en relever.
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La "question kurde" est à la fois simple et complexe. Simple lorsqu'il s'agit de raconter L Histoire des Kurdes que l'on présente comme étant le plus grand peuple sans État et qui subit, par la faute de régimes autoritaires et dictatoriaux (Turquie, Iran, Irak, Syrie), un racisme chevronné. Complexe lorsqu'il s'agit de penser leurs libérations car ici, pour comprendre leur impasse, il faut étudier et analyser les paramètres locaux, nationaux, régionaux et internationaux qui s'imbriquent ... tant et si bien que le noeud est parfois difficile à démêler. Une réflexion intelligente sur la "Question kurde" suppose donc une vue d'ensemble et une connaissance fine des territoires kurdes morcelés à la suite de la Première guerre mondiale.

Il convient dès lors de procéder à la manière des auteurs: connaître les origines du peuple kurde et organiser les questions par territoires car l'histoire des Kurdes de Turquie n'est pas celle des Kurdes d'Iran, de Syrie ou d'Irak. Ils ont la répression et un mouvement de libération nationale pour point commun mais ils n'avancent pas sur le même terrain. Leur lutte et leur stratégie peuvent donc différer.

Ce livre est-il à conseiller? Je dirais que oui car les néophytes vont apprendre sur les Kurdes. Mais voyez-vous, je ne suis pas en mesure de dire comment ils vont l'accueillir. J'ai lu ce livre avec des connaissances déjà établies. Je ne peux donc m'exprimer sur son efficacité du point de vue de celui qui ne sait pas. Celui qui ne sait rien aura-t-il l'impression d'avoir été suffisamment informée ? Les questions sont elles, pour lui, pertinentes? J'espère qu'ici vous me le direz. J'espère qu'ici vous aurez la curiosité nécessaire pour aller à la rencontre de ce peuple. J'espère que vous en ferez la critique pour que d'autres peut-être aient un jour l'envie de s'y intéresser à leur tour.

Plus les Kurdes sont connus, moins ailleurs ils auront les mains libres pour briser leurs espoirs.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Depuis la création du Parlement régional du Kurdistan, les principales forces politiques kurdes tiennent un discours de tolérance et de respect de la diversité ethnique et religieuse. Sur le plan politique, la minorité chrétienne a vu comment sa présence au Parlement était assurée. Chaque parti a son journal, sa radio, voire sa télévision locale. Sur le plan éducatif et culturel, les minorités assyro-chaldéenne, turcomane et arabe disposent d'écoles publiques enseignant dans leurs langues respectives. Des Yézidis aux Turcomans et aux Assyro-Chaldéens, chaque minorité possède des revues, des associations et des centres culturels, ainsi que des émissions à la radio et à la télévision. Les différentes dénominations chrétiennes ont pu ériger leurs lieux de culte dans les principales villes du Kurdistan.
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Susurluk [...] est aussi connue pour avoir été le théâtre d'un accident de la route assez banal qui révéla cependant au grand jour la collusion entre les différents pans de ce que l'on appelle désormais en Turquie "l'État profond".

Une Mercedes noire percuta de plein fouet un poids lourd. La plupart des passagers qui avaient une certaine notoriété périrent dans l'accident et on s'étonna de les voir associés dans de telles circonstances. Parmi eux se trouvaient [...] un criminel proche de l'extrême droite turque [...], l'adjoint du chef du bureau de la police stambouliote [...] et [...] un homme politique [...] chef d'une puissance milice kurde [...] Le coffre de la voiture retrouvée sur place contenait des armes (pistolets et mitrailleuses), plusieurs milliers de dollars et un passeport vert réservé au agents de l'État au nom d'Abdullah Catli, alors qu'il était officiellement recherché par la police turque et Interpol, pour meurtre, trafic de drogue et évasion d'une prison suisse. Que faisaient-ils ensemble ?
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[Qui a vendu les armes chimiques à Saddam Hussein ?]
La France, qui a vendu des bombardiers Mirage et des hélicoptères à l'Irak, lui prête même des avions Super-Étendards. L'Allemagne, quant à elle, aurait livré à Bagdad une grande partie de la technologie des armes chimiques. [...] Depuis, des procédures ont été lancées en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse et en Espagne. Au total, près de 55 tonnes de produits destinés à la fabrication d'armes chimiques auraient été vendues à l'Irak entre 1981 et 1991 par des entreprises étrangères, dont certaines seraient françaises.
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En Irak la Grande-Bretagne vise à contrôler le Golfe persique et la route des Indes, puis, après leur découverte, les gisements pétroliers. Toutefois, les formes anciennes de colonialisme ne sont plus légitimes auprès de l'opinion publique dans l'entre-deux-guerres. Ainsi, les Britanniques doivent justifier leur présence au Moyen-Orient en avançant de nouveaux arguments. La protection des "minorités" offre en ce sens un atout pour se placer du côté de la "civilisation" et du "droit international".
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L'argument de la théorie de la langue-soleil peut se résumer ainsi : une lange naturelle, primitive, serait née des onomatopées des premiers hommes ; parmi eux, ceux qui ressentirent la nécessité d'un langage furent les Turcs qui auraient formé leur premier mot pour désigner le soleil. Afin, toutes les langues proviendraient de cette langue mère grâce aux migrations des premiers Turcs d'Asie centrale vers le reste du monde [...] Malgré le caractère ascientifique de ce discours, la théorie de la langue-soleil est adoptée officiellement et enseignée à l'université d'Ankara au lendemain du troisième congrès sur la langue turque de 1936.
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