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EAN : 9782330023652
217 pages
Actes Sud (21/08/2013)
2.56/5   9 notes
Résumé :
Dans les dernières années d’un xxe siècle frappé par une terrible pandémie qui rend les voyages d’un continent à l’autre périlleux, les amours fiévreuses – à New York, puis à Paris – d’un artiste majeur du rock indépendant et d’une émigrée vénéneuse. Un premier roman tourmenté, audacieux, dont l’écriture habitée épouse le rythme des palpitations des coeurs et du fracas du monde.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mathilde Janin a grandi à Lyon où elle est née en 1983, et vit désormais à Montreuil. Journaliste, elle a été responsable éditoriale du magazine Modzik avant de devenir chroniqueuse littéraire pour la radio. Riviera son premier roman vient de paraître.
Philippe Arnaud est un artiste majeur de la scène rock indépendante, Nadia Batashvili son épouse est une émigrée à la tête d'un label de disques, Frédérique, la soeur d'Arnaud, est aussi chanteuse. New York, Paris, Berlin est leur territoire. L'exil, la passion et la mort vont lier le trio. L'exil, quand Philippe et Frédérique quitteront New York pour Paris en 1990 afin de fuir l'épidémie mortelle du virus Ebola qui ravage le continent américain. Exil aussi pour Nadia qui profitera de la chute du mur de Berlin pour retourner sur l'île de son enfance, au milieu de la mer Noire. La mort, qui réunit Nadia et Dominique à Berlin en 1992 devant le corps de Philippe retrouvé noyé dans un lac de la ville.
Je ne sais pas s'il s'agit d'un roman rock, car déjà il faudrait s'entendre sur la dénomination, mais le rock sert de toile de fond sonore au bouquin. Rock new wave et punk qui connurent leurs années de gloire entre 1970 et 1980 avant d'évoluer vers l'alternatif. Ce pourrait n'être que des détails, et d'une certaine façon ils en sont dans le roman puisque le propos de Mathilde Janin n'est pas de nous raconter l'histoire d'un mouvement musical, mais ils caractérisent bien une époque et une certaine jeunesse d'alors. le No Futur des uns résumant bien la situation des autres, à savoir notre trio qui fuit devant la pandémie.
Disons le tout de suite, le roman n'est pas vraiment facile à lire. le narrateur n'est pas toujours identifié, la chronologie n'est pas respectée, des situations ne sont précisées que plus loin dans le texte, des passages entre guillemets ou en italiques tirés de coupures de presse ou d'un journal intime donnent un éclairage intrigant à l'ensemble, « comme si à travers d'une multiplicité d'agencements, la même histoire se racontait à l'infini. »
Bien entendu, les rapports entre ces Jules et Jim modernes sont tout, sauf simples. Si les histoires d'amour finissent mal en général, elles savent aussi être douloureuses pendant. Philippe et Nadia, Nadia et Frédérique, Nadia et son oncle Pavel, les liens, troubles, se tissent dans un désordre de lecture affolant la logique traditionnelle. Mais de cet imbroglio dont Philippe semble de prime abord la vedette, parce qu'il est l'Artiste central et l'objet de toutes les convoitises, c'est in fine le personnage de Nadia qui s'avère être le sujet central du roman. Peut-être par sa proximité relative avec l'écrivain ?
Mathilde Janin vient d'écrire un premier roman ambitieux, à l'écriture complexe, parfois d'une froideur intellectuelle qui tient un peu, hélas, le lecteur à distance. Néanmoins, il faudra suivre son prochain effort avec attention car il y a là le matériau digne d'un écrivain naissant.
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Il est des livres qui vous marquent, vous accrochent, jusqu'à devenir une partie de vous. Il est des livres que l'on n'oublie jamais, et dont on se rappelle plus tard, tel un vieux souvenir. Des livres qui vous remuent les tripes, et d'autres qui vous donnent la nausée, ou qui du moins, vous ennuient. L'ennui, peut-être le pire des défauts d'un livre, quand c'est plat, quand c'est lisse et enlisé dans l'inaction, le tout brodé dans les grosseurs d'un style flegmatique. Riviera ne donne pas la nausée, mais est terriblement ennuyeux, lisse, et plat. Et flegmatique. Riviera représente parfaitement cette tranche de la littérature dite « contemporaine » qui ingère les codes sans les digérer, et qui laisse penser que la littérature souffre aujourd'hui d'une certaine forme de boulimie.

Pourtant, Riviera en mains, on part avec de bons a priori : un road-book « composé comme un album rock » si l'on en croit la quatrième de couverture. Hélas, premier hic, on ne voit pas très bien où se situe l'esthétique « rock » de ce roman, qui s'apparente davantage à un best-of de Nicole Croisille qu'à un album des Pink Floyd. Parce qu'il ne suffit pas de parler musique, labels et concerts, d'enfiler les titres comme des perles insignifiantes et de bombarder son récit de drogues diverses ou d'anxiolytiques, pour que ce soit qualifiable de « rock » ; ne faut-il pas, avant tout, que ce soit « rock » dans le verbe ? Ou du moins, que ce soit un peu osé dans les choix stylistiques ? Là est le principal problème de ce roman, il erre dans une narration simpliste et rigide, trop bien organisée et pas assez déjantée pour que l'on puisse la qualifier un tant soit peu de « rock ».

Le pitch : Philippe, ex-star de musique indépendante, vient de mourir. Lentement, très lentement, trop lentement, son portrait se construit à travers les souvenirs de Nadia, son impresario et ancien amour, et Frédérique, sa soeur, qui viennent à Berlin afin de rapatrier son corps. Des souvenirs qui sont autant de prétextes pour revenir sur des faits marquants et déjà connus et reconnus, et dont on a déjà parlé et reparlé : Mathilde Janin nous recrache par exemple une description wikipédiesque du virus Ebola, ou nous évoque la guerre froide à la manière d'un documentaire pour collégiens (on croirait même entendre la voix-off), le tout tissé dans un récit quasiment dépourvu de dialogues (qui auraient peut-être pu apporter de l'épaisseur et du rythme à un roman qui en manque), et quand ils apparaissent, c'est avec gaucherie et dans une certaine homophonie, ils sonnent faux, comme si les personnages avaient tous la même voix, le même ton, et la même façon de s'exprimer.

Bien sûr, on n'attend pas toujours d'un roman qu'il nous marque, nous accroche, jusqu'à devenir une partie de nous. On n'attend pas le chef d'oeuvre dès qu'on ouvre un livre. Certes. On peut lire pour se divertir, pour « passer un bon moment ». Mais quand cette notion même du divertissement fait défaut, la dimension du plaisir disparaît en dépit de l'ennui. Riviera ne donne pas la nausée, mais on l'aurait presque souhaité, pour éprouver au moins quelque chose à sa lecture.
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Très beau premier roman. L'art rock, la quête de la reconnaissance, la mort qui rôde.

Premier roman de la critique rock Mathilde Janin, l'un des deux ouvrages de "débutants" proposés par Actes Sud en cette rentrée littéraire 2013, "Riviera" constitue d'emblée une réussite bien attachante.

Passant rapidement sur de mineures faiblesses (une préciosité peut-être un peu excessive, surtout dans les 100 premières pages, la forte récurrence de la "porosité" en témoignant), on retiendra de cette lecture un roman ambitieux, qui a su se détacher de la tentation, à laquelle n'échappent pas tous les journalistes musicaux, de "faire rock", pour se concentrer sur une fine et belle histoire où le talent artistique d'un musicien d'exception tient la place centrale, questionné sans relâche, jusqu'au-delà de la mort, par un environnement potentiellement fatal, où les proches, familles ou producteurs, jouent aussi bien leur rôle d'agents du succès (d'estime et commercial) que de fournisseurs de jalousies qui se refusent à dire leur nom ou de relations se voulant fortes et vénéneuses à souhait.

Comme un Marc Spitz dans son - beaucoup moins "léger" qu'il n'y paraît - deuxième roman de 2006, "Too Much, Too Late" (non traduit en français), mais sans doute ici avec une visée plus universelle, Mathilde Janin montre avec intelligence et émotion comment la recherche nécessaire du "hype" peut finir par tenir lieu de vie en soi, lorsque le talent doit devenir génie reconnu, et comment cette vie, minée ici de lourds secrets de famille caucasiens et de contraintes nées de la terrifiante épidémie d'Ebola mutant qui ravage les États-Unis, les économies, les sociétés, les carrières et les rêves, peut si vite perdre son sens intime, au nom de l'art, peut-être.

Un roman que l'on se hâtera donc de découvrir dès la fin de ce mois d'août, et que l'on rangera ensuite avec soin parmi ceux qui, en matière de sens même de la vie rock'n'roll, comptent.
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Je dois bien avouer que cette lecture a été aussi déroutante que plaisante.
Nadia, Philippe et sa soeur Frédérique, un couple et une soeur, trio auquel vient se greffer Pavel, l'homme de l'ombre, l'oncle mystérieux de Nadia qui au fil du récit va prendre une place aussi grandissante, qu'atroce.
Le chaos s'est installé sur le terre des années 80, à la suite d'une épidémie de virus Ebola aux USA. Evoluant dans un univers rock and roll à New York City, un peu underground, ils vont se retrouver réfugiés à Paris. A NYC, ils ont professionnelemnt mûri ensemble, Nadia a seduit Philippe, tout en étant amie avec Frédérique. Lui est artiste musicien, comme sa soeur, elle, est un label producteur. La rencontre est inévitable, l'association comme programmée. Nadia et Philippe sont electrisé l'un par l'autre, ils vont jouer ensemble des scénes d'amour poussées à l'extrême, pas l'Amour au sens sentiment mais l'amour au sens acte (bien qu'une sorte d'Amour semble les unir). Pourquoi une telle violence dans les sentiments et dans les actes?
La fuite vers l'Europe n'a été rendue possible que grâce aux transactions illicites de Pavel, et ses connaissances en haut lieu, mais cette fuite va redistribuer les cartes.
Un jour Philippe disparait, il est retrouvé mort, et le lecteur va découvrir l'univers du trio en se rapprochant de la vérité sur cette mort étrange.
Le vraie visage de Nadia est passé au crible sous la plume de l'auteur, manipulatrice, cruelle, perverse ou victime?
Au final, Philippe s'est perdu en tentant d'assembler l'histoire de Nadia et y a laissé sa vie.
Le lecteur dévore les pages pour tenter comme Philippe de comprendre et se plait à se perdre dans l'univers spécial de Nadia et de son histoire
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critiques presse (2)
Lhumanite
25 novembre 2013
On y trouvera beaucoup d’engagement dans l’écriture, et une maîtrise confondante d’un sujet et d’une structure très risqués. Passée inaperçue dans le tumulte de la rentrée littéraire, Mathilde Janin fait en littérature une entrée fracassante.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Culturebox
28 août 2013
La signature de Mathilde Janin est associée comme journaliste à la presse mode et rock. Elle livre avec « Riviera » (aux Editions Actes Sud) un beau récit, sorte de manifeste pour la musique rock.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Face au type de l'accueil, elle avait adopté une attitude humble et hésitante, s'était excusée d'importuner, avait tenté d'attirer la sympathie, cherchant un prétexte pour justifier l'urgence de son voyage - un malade au chevet duquel elle devait se rendre ; son père, tiens ; un père allemand qu'elle composait pour l'occasion, bientôt mort d'une terrible maladie, un mal intransmissible : un cancer du pancréas, ou encore un lymphome...
Jaillissant comme ça, le mensonge, qui habitait sa bouche et qui peu à peu s'affinait, emplissait l'air de son écrasante absurdité puisque les mourants ne font pas décoller les avions, ça se saurait. Elle aurait tout aussi bien pu raconter l'histoire telle qu'elle était - Frédérique en route pour Berlin, le cadavre de Philippe qu'il fallait rapatrier. Son invention l'amusait. Son père imaginaire la détournait de Philippe et la rendait presque joyeuse. Pleurer devenait une distraction ; supplier, un plaisir. Il en était ainsi - et ce, depuis l'enfance - de Nadia Batashvili : le mensonge l'étoffait, l'artifice lui seyait à merveille.
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D’un tarmac à l’autre, nulle variation ; avec l’asphalte tout est stable. À mesure des voyages, les gestes se confondent. La seule possibilité d’aventure réside là, dans cette latence rythmée de rituels – l’enregistrement des bagages, la récupération des bagages, la lecture des consignes de sécurité, le ballet du personnel aérien. Par le hublot, c’est toujours la même vue, dans la carlingue les mêmes sensations. Les mains moites contre le plastique des accoudoirs, leurs traces qui mettent un peu de temps à sécher. L’estomac trop bas, l’air qui ne satisfait pas totalement les bronchioles. Les tempes qui crépitent alors que la tête ne pèse plus rien. Une adrénaline circonscrite, un ersatz de crainte. Il n’a rien d’une extraction, ce morne départ. Le voilà noyé dans une série de gestes apathiques, même si l’on dénombre au grand complet les symptômes de la peur. Le plus impressionnant, c’est le silence derrière le vrombissement des moteurs : inquiet, hostile.
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Philippe laissait Nadia cloisonner leurs vies. Elle s’appropriait les mondanités et gardait jalousement ses rares amitiés. Elle clamait être de ces célibataires endurcis pour qui l’amour est une nécessité qu’ils cultivent et la relation un fardeau qui ne pèse jamais longtemps. Elle érotisait chacun de ses rapports, sans discrimination de sexe, plaçant Philippe dans une position qui tenait aussi bien du rival que de l’inféodé. Elle n’hésitait pas à railler subtilement, c’est-à-dire sans agressivité, avec un amusement qui trahissait sa tendresse, l’apparence ou les capacités intellectuelles de son compagnon. Ainsi pouvait-elle se figurer avec un pied en dehors du couple et un recul effroyable – bien que ces deux traits, indépendance et capacité d’abstraction, lui manquassent cruellement.
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