Le second tome de la saga Conquête supervisé par l'éditeur
Jean-Luc Istin est dans la même lignée que le premier tome. Cette fois-ci on laisse tomber nos germains nordistes pour des latins biens du Sud. Notre Terre est toujours dans cet état de délabrement qui ne lui permet plus d'héberger la race humaine et nous retrouvons donc une seconde armada de vaisseaux spatiaux qui se dirigent vers une exoplanète océan répondant au doux nom de Deluvenn.
On est bien loin de la rigueur toute teutonne du tome 1 pour retrouver la fantaisie sud européenne. Les vaisseaux de cet opus sont faits de bric et de broc. Les pièces lâchent les unes après les autres. Même les caissons cryogéniques qui ont été achetés en solde à nos amis chinois, se sont arrêtés de fonctionner avant leur arrivée à destination, provoquant ainsi la mort de milliers de colons et ne laissant à peine 50 000 survivants.
« C'était à espérer qu'on trouve bientôt un endroit où se poser, sinon ces rafiots finiraient en pièces détachées, comme tout le reste de cette armada construite à la va-vite, des morceaux de ferraille rouillée avec de vieux propulseurs chinois au cul…A moins que tout le bordel n'explose pour de bon, noyant dans un dernier feu d'artifice de plasma incandescent tout ce qui restait du vieil empire méditerranéen. »
Idris fait partie de ces rescapés qui ont survécu au voyage. C'est un technicien de génie, capable de réparer tout le matériel qui peut tomber en panne. Mais c'est aussi une force de la nature qui n'en fait qu'à sa tête. Il est divorcé et père de deux enfants : Cham l'ado rebelle et Haykel sa petite soeur espiègle. On est loin du super héros de BD mais c'est cela qui fait son charme…
« Moi, j'enfilais les heures de garde comme on enfile les perles, dans une sorte d'épuisement brumeux. Je bossais avec de jeunes gars qui connaissaient pas grand-chose au boulot mais qui avaient la foi. C'est le privilège de la jeunesse, on pense qu'on a une infinité de cartouches à tirer. Je les regardais courir dans tous les sens comme si leur vie en dépendait, ce qui était sans doute le cas. Ça m'occupait l'esprit, ça m'empêchait de trop cogiter. Mes gosses me manquaient, Emzara avait dû faire barrage. Difficile de lui en vouloir. Je quittais quasiment plus le ventre du Léviathan. Je tenais littéralement ce navire à bout de bras… »
Deluvenn, la planète océan promise, va vite devenir un véritable enfer. Sans vouloir trop dévoiler l'histoire, nos amis terriens vont tomber sur une race endogène aquatique qui ne voit pas l'arrivée des colons d'un bon oeil. C'est
Nicolas Jarry qui se colle au scénario aidé par
Bertrand Benoit et
Olivier Héban respectivement aux dessins et à la couleur. Les auteurs sont différents mais apportent un plus dans la saga. Ce sont des habitués de la collection Soleil/Delcourt et surtout des valeurs sûres pour continuer ce second tome. On a enfin une vraie conclusion malgré un stand-alone qui doit tendre à l'efficacité pour une histoire qui comme les autres, reste isolée et indépendante.
Après deux tomes, Conquêtes est une saga qui sait captiver son public. On va pouvoir signer sans aucune hésitation pour le tome 3.
« Nous étions moins de deux mille survivants, éparpillés sur une trentaine d'atolls. Que resterait-il de notre histoire et de notre société dans dix ans, dans cent ans, dans mille ans ? Sans doute rien. Ou alors de simples légendes…Des dieux, venant de l'autre bout de l'univers, descendants du ciel dans des machines de feu et s'établissant sur Deluvenn après avoir terrassé les titans... »