Le retour du Cabotin, la troisième enquête du lieutenant-détective Henri Patenaude du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM) est un polar de procédures avec pour thème ce qui est convenu d'appeler une « fraude de Ponzi ».
Maurice Jean nous livre une intrigue complexe, très bien ficelée et réussit à attiser l'intérêt du lecteur en entretenant l'intrigue et le suspense tout au long des 41 courts chapitres du roman.
Dès le départ, l'auteur met la table en nous présentant les premiers principaux personnages impliqués directement ou indirectement dans ce qu'il qualifie d'une des plus importantes arnaques au pays. L'action ne tarde pas à s'enclencher avec des aller-retour entre les années 1950 et 1979. L'enquête difficile à élucider s'étire.
Qui est ce mystérieux Cabotin ? Où se terre-t-il, où sont cachés les millions de dollars volés à des centaines d'investisseurs ? Impossible d'identifier celui qui a profité de cette fraude avant la véritable finale qu'on anticipe. En effet, personnellement, en couverture de quatrième, j'aurais éliminé la dernière phrase du synopsis (« Son enquête se termine par un coup de théâtre qui surprend le coupable et le lecteur au moment où ceux-ci croyaient que l'enquête était terminée ») pour surprendre davantage le lecteur.
Ce roman m'a amené à faire quelques recherches sur le Web à propos des fraudes de Ponzi aussi appelées « chaîne de Ponzi » ou « pyramide de Ponzi » :
« …montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte auparavant, la fraude apparaît au grand jour au moment où le système s'écroule, c'est-à-dire quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients. »
Ce système « propose un investissement à un taux très attractif. le taux promis lui permet d'attirer toujours plus de clients, au fur et à mesure que sa réputation s'accroît. La croissance du nombre d'investisseurs lui permet effectivement de rémunérer les premiers investisseurs et de rembourser les quelques clients qui souhaitent retirer leurs fonds, aussi longtemps que ceux-ci ne sont pas trop nombreux. Lorsque les nouveaux arrivants deviennent plus rares, le fonds commence à perdre de l'argent. L'instigateur peut alors s'enfuir avec l'argent restant et les investisseurs qui n'ont pas retiré leur argent perdent leur mise. »
Maurice Jean a très bien intégré dans son récit le concept de ce type d'arnaque qui rappelle que
Charles Ponzi est devenu célèbre après avoir mis en place une opération fondée sur ce principe à Boston dans les années 1920. Et ce sans nous perdre dans le jargon financier. J'ai bien aimé le parallèle entre l'évolution de la partie d'échec par correspondance entre le sympathique enquêteur et « un vieil ami [habitant] au fin fond de la Provence » jusqu'au dénouement de l'investigation et de la partie avec un incontournable « Échec et mat ! ».
L'allusion glissée par l'auteur à propos de la bureaucratie documentaire m'a fait sourire :
« Tout le dossier était au centre de rétention des documents de la police et on lui expliqua qu'il devait venir remplir une demande pour sortir le dossier des archives. Cette demande devait être autorisée par un lieutenant-détective, puis par un directeur. Par la suite, il devait envoyer la demande par courrier interne au service de l'archivage longue durée qui, après entente avec le service de livraison, lui livrerait l'ensemble des documents. »
Et ce clin d'oeil au personnage fétiche de
Louise Penny quand Henri Patenaude suggère à son adjoint, le sergent-détective Alain Hamelin, de demander de l'aide à la police nationale :
« Appelle Armand Gamache de la Sûreté du Québec. Il pourra sûrement mettre quelqu'un sur ce dossier. »
On se saura jamais si le célèbre résident du village fictif de Three Pines, en Estrie, a contribué à démasquer le coupable.
Originaire de Bedford dans les Cantons-de-l'Est,
Maurice Jean possède une maîtrise en chimie analytique et a travaillé plus de trente ans comme spécialiste en enquêtes techniques dans le domaine de l'aéronautique. Il habite maintenant à Morin-Heights, dans les Laurentides. Il se lance dans l'écriture de la série Une enquête d'Henri Patenaude au début des années 2010, avec le défi de produire des romans accessibles à tous dans la pure tradition du roman policier britannique du début du siècle; défi qu'il a relevé avec la parution de
Portefeuilles en série en 2017 réédité en 2023 sous le titre Tuer une vieille dame. Il récidive avec
Mes Amis Facebook (2019),
Mort à huis clos (2023) et Meurtre au presbytère (2024).
Merci à
Maurice Jean pour le service de presse.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : ***
Intrigue : *****
Psychologie des personnages : *****
Intérêt/Émotion ressentie : *****
Appréciation générale : ****
Lien :
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