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EAN : 9782330047245
368 pages
Actes Sud (05/04/2017)
3.33/5   6 notes
Résumé :
La singularité de Vivant Denon (1747-1825) est d'être pluriel en toute chose. Multiples talents, métiers divers, incessants voyages ont façonné non pas une vie mais des vies . Aussi, les biographies qui lui ont été consacrées n'ont pas manqué jusqu'aux années 1990. Or, depuis, deux sources archivistiques majeures ont paru et éclairent de façon nouvelle la vie de Denon : les Lettres à Bettine (Actes Sud, 1999) dévoilent le secret bien gardé d'un amour durablement par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un bourguignon façonné par l'esprit des Lumières qui à peine débarqué à Paris se détourne du chemin prévu, le droit, pour l'étude du dessin et de la gravure dont il maîtrise rapidement l'art et les techniques traditionnelles comme les plus nouvelles (il se forme à la litho à ses tous débuts) : Vivant de Non (1747-1825) lâche ensuite sa particule à la révolution pour être Denon. Un court « purgatoire » diplomatique le fait voyager de Suède à Saint-Pétersbourg et jusqu'à Naples. Il sera admis en 1783 à l'Academia del disegno de Florence puis en 1787 à l'Académie royale de peinture et sculpture à Paris, comme graveur. Ami de Quatremère de Quincy et protégé de David, « L'honnête homme » et l'homme de goût se révèle un peu écrivain (si on oublie son premier four « Julie et le bon père », on retient « Point de lendemain » en 1777 ; suivront des écrits de voyages dont celui en Sicile et surtout « le voyage dans la basse et haute Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte », grand succès éditorial de 1802, rapidement réédité puis traduit dans plusieurs langues). Son courage sur le champ de bataille en Egypte (il se lie d'amitié avec les généraux Desaix et Menou) et plus tard la diffusion des centaines de croquis ou dessins ramenés du pays des pharaons font sa réputation et le bonheur de l'égyptomanie naissante. Denon a traversé au galop sans trop se retourner le dernier quart du XVIIIe siècle et chevauchera avec autant d'aisance le premier du siècle suivant ; de la fin du règne de Louis XV à l'avènement de Louis XVI, en passant par les chamboulements de la révolution, les soubresauts du Directoire, du Consulat, l'installation de l'Empire, sa chute et la Restauration (on peut lire encore avec beaucoup de plaisir « le Cavalier du Louvre », P. Sollers) ! Mondain il fréquente les salons mais aussi Voltaire, Goethe, Ennio Quirino Visconti, Humboldt, Jacob Grimm, Stendhal, Volney… Comme il s'était immiscé à Versailles il sera plus tard dans les grâces de Joséphine à la Malmaison ou dans celles de grands princes des cours européennes qui sollicitent ses conseils artistiques. Il multiplie les rencontres, séduit par son art de la conversation ou suscite la méfiance. Installé en 1788 à Venise il est soupçonné par la Sérénissime d'être un agent de la Révolution en 1793 puis d'être un émigré lors de son retour en France ! Sa prédilection pour l'Italie et les arts ne faiblira jamais. Son goût prononcé pour l'histoire et l'Antiquité y trouve un grand musée à ciel ouvert où il dessine à l'envi et enrichit ses propres collections.

A Venise il a rencontré à quarante et un ans son grand amour, celle qu'il appelle « Bettine », elle en a vingt-huit. Les lettres qu'il lui adresse dont l'essai produit moult extraits colorent d'une manière très personnelle cette ascension peu ordinaire aux accents amoureux. Mais l'amoureux transi ne résiste pas en 1798 à ce que David, régicide et jacobin de la première heure, refusa d'emblée : partir vers des horizons inconnus et partager, avec cent-cinquante autres volontaires artistes, « antiquaires » ou scientifiques, les conditions précaires d'une campagne militaire hasardeuse conduite par un jeune général ambitieux. Le voyage sera décisif pour sa future carrière. Création de l'Institut d'Egypte, découvertes, premières fouilles et recensement des nombreux sites archéologiques passés à la postérité font partie de cette trajectoire (d)étonnante qui trouve son aboutissement par sa nomination en 1802 comme premier directeur général du Museum central des Arts, rebaptisé Musée Napoléon, ancêtre du Louvre que nous connaissons. Pendant douze ans Vivant Denon, se consacre à la refondation, l'administration, la rénovation d'une vieille bâtisse royale décrépite, ouverte au public en 1793, qu'il s'agit de transformer en grand musée encyclopédique à vocation universelle, idée que l'empereur exploita avantageusement à son compte. Denon effectue des missions en Autriche, en Allemagne, en Espagne… Il assiste et prend part aux opérations de « sélections », visant les saisies patrimoniales désignées pudiquement sous le vocable de « conquêtes artistiques impériales ». le vétéran d'Egypte, « Oeil de Napoléon » et devenu « l'âme du Louvre », a conquis la confiance de l'instigateur impérial de ce projet « pharaonique ». Après la mise en valeur et plus tard l'inventaire en dix-sept volumes des oeuvres puis l'élaboration du catalogue raisonné de toutes les collections du muséum, son directeur se fera tirer l'oreille quand toute l'Europe liguée contre l'empereur viendra, après Waterloo, lui demander de restituer le fabuleux butin qu'il avait « emprunté ». Dieu merci il restait à Vivant Denon quelques reliques à étudier au sein de ses très riches collections particulières : des poils de barbe d'Henri IV et le masque mortuaire de Robespierre. Il démissionne de ses fonctions du muséum à la Restauration pour une retraite bien méritée.

Je ne jurerais ni de l'extrême nouveauté du portrait, ni de l'urgence à prendre connaissance de cet "essai biographique" dont la lecture reste cependant possible, sans plus. Les sources croisées dans ces pages et sur lesquelles l'auteur s'appuie essentiellement sont connues depuis 1999 (« Vivant Denon, directeur des musées nationaux sous le Consulat et l'Empire, correspondance 1802-1815 » publiée par la Rmn, et les « Lettres à Bettine », parues chez Actes Sud). Vivant Denon à été déjà largement étudié sous l'angle biographique. Il suscite depuis toujours l'intérêt de la recherche en vertu de ses liens privilégiés avec le projet d'origine du Louvre. De nombreuses et récentes études ou essais permettent de recadrer son oeuvre et son action sous des angles critiques variés. L'originalité de cet essai résiderait alors dans le parti adopté par Jean Marchioni de laisser parler son « sujet », Vivant Denon, directement grâce à l'abondance des extraits cités, issus de sa correspondance professionnelle comme directeur du Museum central des Arts et de leur mise en regard avec des fragments plus intimes, tout aussi nombreux, venant de ses écrits adressés à Bettine, son amour italien rencontré à Venise (Isabella Teotochi Albrizzi, avec laquelle il poursuivit une longue relation épistolaire de cinq ans). Très bien, mais dans ces conditions une hiérarchisation des thèmes aurait permis de faire vivre plus clairement cet ensemble touffu, de manière cohérente et opportune pour le lecteur, en apportant des éléments de réflexion susceptibles d'éclairer les débats politiques et esthétiques de l'époque (celui soulevé par Quatremère de Quincy, trop brièvement évoqué, sur la légitimité des "prélèvements artistiques" opérés dans les territoires conquis, sous le Consulat et l'Empire, n'étant pas le moindre puisqu'il est encore très actuel). La lecture donne l'impression d'un fouillis sans organisation précise et cette compilation d'extraits juxtaposés – sans date ni destinataire (sauf pour les lettres qu'on sait adressées à Bettine) devient étouffante. Le résultat est surtout biographique et son seul mérite serait de donner furieusement envie de se tourner vers les originaux non tronqués. La nature tout à fait romanesque et audacieuse du personnage de Vivant Denon qui transparaît cependant aux détours des pages fait un peu oublier, disons, le côté inabouti, voire inexistant de l'essai.


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L'exposition « Toutânkhamon, » va mettre en lumière le court règne du célèbre pharaon et tout un pan de l'histoire égyptienne, qui fascine les Français depuis longtemps.
Combien seront-ils parmi les 200 000 visiteurs à savoir que notre passion pour l'Égypte, nous la devons à un personnage dont le nom est aussi surprenant que ses multiples talents, incessant voyageur, son nom Denon, c'est lui qui a immortalisé le Louvre, il a pour prénom Vivant.


Étrange Vivant Denon, qui à l'ombre du Louvre, est celui qui aujourd'hui encore, en est l'âme. C'est à cause de ce personnage que Jean Marchioni médecin né en 1933 à Alger, consacra une grande partie de sa vie à écumer, éplucher toutes les archives de notre période napoléonienne.


Cette biographie a été rendue possible grâce à ses correspondances administratives qui ont permis de suivre au jour le jour le labeur prodigieux du protecteur des arts, Vivant Denon qui avant, puis pendant le règne de Napoléon Ier et après son exil a poursuivi un travail incessant pour rassembler un patrimoine culturel inimaginable dans sa diversité, dans son universalité et par sa qualité.


Je sais qu'il y a beaucoup d'ombres qui planent encore sur la capacité des hommes de science et des lettrés à s'approprier des oeuvres qu'ils ont acquises dans des conditions jugées bien trop avantageuses.


Ce qui est admirable, mais aussi hallucinant, c'est le soin avec lequel ce serviteur de l'État qui fut ambassadeur, reconnu aujourd'hui comme le fondateur de l'égyptologie, a tenu à élaborer et conserver toutes les archives de son Labeur.
Il apparaît déconcertant de suivre chaque acquisition, comme pour une plante dans un herbier, où chaque objet, chaque oeuvre culturelle, chaque pierre est décrite comme si Denon avait voulu consigner le maximum d'éléments prouvant le lieu, la qualité, les auteurs de l'oeuvre d'art, la date précise de son acquisition.


Nous ne sommes pas dans un cabinet d'artistes, nous voici à travers ses travaux devant un inventaire prodigieux de toutes les acquisitions faites par la France et conservées dans ce musée unique au monde le Louvre.


C'est par un travail infatigable que le jeune Vivant Denon a acquis les techniques picturales, sa capacité de dessiner un paysage, de tracer un plan des données architecturales, de restituer grâce à la gravure des témoignages d'une qualité époustouflante pour convaincre et préciser chaque pièce rapportée et notamment d'Égypte, il sera l'oeil de Napoléon..


Sa vie amoureuse, se résume surtout à Bettine avec laquelle il aura des relations amoureuses, passionnées et épistolaires, autant pour sa beauté que pour la beauté des peintures qu'ils dénichent ensemble.

Alors chers visiteurs ne faites pas l'économie de ce livre de plus de 300 pages illustrées par un autoportrait de Vivant Denon. Ces quelques heures passées en sa compagnie vous conduirons vers de multiples surprises. Jean Marchioni a su, avec une grande lisibilité d'écriture vous faire oublier la complexité de son travail et surtout vous faire toucher du doigt la diversité des qualités de ce Vivant.

Cultivé, il est capable de parler plusieurs langues, mais surtout sa vivacité d'esprit, son sens de la diplomatie, sa fidélité à la France, me laissent sans voix. Espiègle, ironique, comédien il aime jouer de tous ses talents pour devenir auprès des femmes un brillant compagnon, et un homme séduisant dans la société italienne ou française.
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Jean Marchioni nous offre ici une bon "essai biographique" sur Vivant Denon. Il ne s'agit pas d'un roman historique mais bien d'une biographie. Celle ci se lit néanmoins facilement. Vivant Denon, l'homme surprend. Il s'adapte à toutes les situations, sert sous la royauté et sous l'empire, voyagea en Italie et en Égypte - mais aussi et surtout - amoureux des arts (il se présente lui même comme artiste), il est à l'origine du Louvre tel que nous le connaissons aujourd'hui.


Il eut une vie assez étonnante, riche d'aventures, de femmes et d'art. On découvre un homme qui s'est passionné par la tache que lui a confié Napoléon: faire du Louvre le plus beau musée du Monde. Il s'attaque à l'institution et aux oeuvres. Il constitue grâce aux conquête de l'empereur une collection sans équivalent et dessine le musée tel que l'on peut le découvrir aujourd'hui. Grâce à sa correspondance qui est abondamment citée on peut découvrir les différentes étapes de la réhabilitation du musée ainsi que ses priorités. On remercie l'auteur de ce travail de recherche qui nous permet de nous plonger dans une autre époque et un monde si différent avec tellement plus de souffle que l'actuel.
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Cette biographie très documentée se lit comme un livre d'histoire et non comme un roman. J'ai été un peu gênée par le nombre de citations. Belle pagination ( merci aux éditions acte sud ).Le personnage de Vivant DENON est passionnant , d'abord pour son parcours et ensuite pour les nombreux changements de régimes qui ont jalonné sa carrière professionnelle.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
A la nation a été dévolu son véritable héritage moral et artistique. Sans lui, nous n'aurions ni le Louvre actuel, ni la primeur de la recherche égyptologique, ni la colonne Vendôme, et le musée de Versailles n'abriterait pas l'iconographie picturale du Premier Empire dont il avait su inspirer les commandes. De nos jours, l'exposition de ses dessins au Louvre en 1999-2000, le comité Vivant-Denon, le musée Denon de Chalon sur Saône perpétuent de façon heureuse le souvenir de l'homme et de l'artiste qui, par le choix des oeuvres et leur présentation muséographique, a légué son état d'esprit à ses brillants successeurs et offert son âme au Louvre devenu le plus beau musée du monde. (p. 299)
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"Vieux fou, s'exclame Madame Monge à l'adresse de son mari, n'es-tu pas las de courir le monde ?" et à Bonaparte : "Vous voulez donc le tuer !" Figure célèbre des mathématiques, l'illustre Gaspard Monge a en effet cinquante-deux ans. Son inséparable ami, le grand chimiste Berthollet en a cinquante. Denon vient d'avoir cinquante et un ans. Ils auraient pu en cette année 1798, faire communément figure de vieillards si leur allant, leur enthousiasme, leur fougue n'avaient éclipsé aux yeux de tous le fardeau apparent des années.
Par quel sortilège psychologique, par quelle fascination, par quel envoûtement, ces hommes mûrs, jouissant d'une notoriété bien établie et de situation supérieure, sont-ils tombés sous le charme d'un tout jeune général de vingt-neuf ans ? (Chapitre V, p. 115)
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A quoi ressemble maintenant l'ancien palais des rois de France après plus de dix ans de laisser-aller? Au mieux à un campement de romanichels, au pire à une cour des Miracles!
Depuis Henri IV, plus de trois cents artistes, célèbres ou médiocres, y habitent en permanence, font leur cuisine, étendent leur linge, l'été recherchent la fraîcheur maintenue par les murs épais, l'hiver la chaleur ronronnante des grands poêles ; des vagabonds malpropres sont affalé sur les bancs. L'absence de ramassage des ordures crée des émanations pestilentielles et il n'est pas rare d'apercevoir quelques rats trottiner le long des couloirs. Escaliers, couloirs dérobés ou renfoncements servent de lattrines. Si on se hisse au niveau élevé des grandes fenêtres, que voit-on à l'extérieur? Un amas de constructions hétéroclites de cahutes, cabanons et bicoque dans la Cour carrée ou sur le parvis, hantées par des bandes de truands, tire-laine et vide-goussets, mendiants, prostituées qui tournoient et assaillent le badaud autour des tripots, friperies, cabarets, gargotes et rôtisseries en plein air. (Chapitre VI, p. 180-181)
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[...] Je me regarde quelquefois depuis quelques jours au miroir, je me trouve laid et vieux. Ajoute à cela que j'ai perdu mes dents et je n'en ai plus en devant. Je n'oserai plus te sourire, il n'y aura plus que mes lèvres qui te baiseront, les expressions de mon coeur jeune encore deviendront ridicules en passant par ma vieille bouche et mes regards qu'enflammeront le désir ne s'échapperont plus qu'à travers les rides qui les cernent. Quel triste tableau, qui est pourtant mon portrait fidèle ! (p. 105)
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Denon a hérité d'un vieux théâtre décrépit à rénover de fond en comble, d'artistes hors pair, il lui revient à présent le rôle prestigieux de composer l'œuvre de sa vie, une pièce grandiose faite de multiples scènes où le faste jouera avec la splendeur, l'éclat avec le magnifique, cet ensemble inégalé devant constituer dans un esprit "une collection telle qu'on n'en verra probablement jamais de semblable dans aucun temps ni aucun pays.
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