Les voyages d'Ulysse : D'après l'oeuvre originale d'Homère

Quelques temps plus tard, le roi d'Ithaque apparait. Lavé, parfumé, il a revêtu ses plus beaux habits et Athéna lui a rendu toute se jeunesse et sa beauté enfuies. Pénélope, prise de vertige en le voyant ainsi, se force à rester impassible et s'adresse à Euryclée :
-"Ulysse doit être épuisé. Demain sera plus propice aux retrouvailles. Fais dresser son lit hors de sa chambre et apporte les draps les plus fins et les plus douces couvertures.
Son époux s'avance, visiblement ébranlé par les paroles de sa femme.
-Comment mon lit pourrait-il sortir de ma chambre ? C'est moi même qui l'ai taillé dans la masse d'un olivier qui poussait là. Si l'on parvient à le sortir, c'est que quelqu'un l'a scié pendant mon absence...
A ces mots, Pénélope se jette dans ses bras.
-Ne juge pas sévèrement ma froideur. Il me fallait être sûre que tu étais bien mon mari, avant d'oser goûter à nouveau au bonheur de ta présence.
Ulysse et Pénélope, d'un même pas, passent alors la porte de leur chambre dont ils referment les battants. Athéna, émue par tant d'amour, retient la course du soleil pour leur offrir la plus longue des nuits."

- Que se passe-t-il, Polyphème ? Quelqu'un en veut-il à ta vie ou à tes biens ?
- C'est Personne qui s'en prend à ma vie ! Personne, je vous dis !
- Eh bien, si personne ne te fait hurler de la sorte, c'est que te voilà afligé d'une bien curieuse douleur. Il ne te reste plus qu'à adresser tes prières aux dieux de l'Olympe...

- Calypso, tu crois me donner le bonheur en m'offrant l'immortalité. Tu ne comprends pas que ce qui me manque le plus ici est précisément ce qui fait le prix de la vie des mortels, sa fragilité et sa joie, si étroitement liées à la peine.

- Celui que l'on retient malgré lui est toujours un absent.