Publié aux USA en 1991 et traduit en français 10 ans plus tard, "Je me tiens nue devant toi" est un recueil de courtes scènes destinées au théâtre et signé de la plume de l'américaine
Joyce Carol Oates.
12 voix de femmes. 12 monologues désespérés et autant d'existences cabossées par la vie, et surtout par les hommes.
12 femmes mises à nu, dévoilant leur intimité au lecteur, tantôt pris à témoin tantôt assimilé à c
eux-là mêmes qui leur ont fait du mal.
Une institutrice sur le point de dépuceler l'un de ses élèves dans un motel. Une bonne chrétienne attendant la libération de son mari condamné pour les viols et les meurtres de plusieurs femmes.
Une gogo-danceuse violentée revenue d'entre les morts. Une anorexique en prise avec le sentiment de sécurité et de contrôle que lui procure sa maladie. Une malade mentale priant pour un Holocauste nucléaire.
Une future mère célibataire dialoguant avec son bébé à naître. Un choeur de femmes scandant la solitude, le besoin de reconnaissance, la soif d'amour comme seul salut tandis que Norma Jeane pose pour le calendrier "Golden Dreams" sous l'oeil averti de...
Marilyn Monroe.
Jusqu'à présent, je ne connaissais Oates qu'au travers de quelques-uns de ses romans et lorsque j'ai eu vent de l'existence de ce recueil, j'y ai vu l'occasion de découvrir l'auteure dans un autre registre.
En lisant le résumé, j'ai pensé à une sorte de "Monologues du vagin" mais en beaucoup plus torturé. du Oates quoi.
De romans en romans, l'auteure a toujours réussi à me plonger dans des spirales infernales dont je ressortais en m'interrogeant à chaque fois sur ma propre santé mentale. Pourquoi suis-je attirée par ses récits malsains, foncièrement amers et dangereusement réalistes ? Je dois juste être complètement maso, je ne vois que ça. Mais à en juger par la taille de son lectorat, il semblerait que je sois loin d'être la seule.
Fidèle à ses thèmes de prédilection, l'auteure nous propulse cette fois encore (ou plutôt 12 fois dans ce cas-ci) dans une Amérique simple d'esprit et bien souvent aveuglée par de ferventes croyances religieuses auxquelles on se raccroche vaille que vaille.
Autant dire que les hommes y sont comme toujours pervers et violents et que Dieu ne changera rien à l'affaire (j'ai oublié de mentionner qu'à chaque fois que je finissais un texte de Oates, il me venait une envie subite de castration chimique et de brûlage de crucifix, raison pour laquelle je lis l'auteure avec parcimonie. Hum...bref...je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet).
Qu'elles soient issues d'un milieu aisé ou livrées à elles-mêmes, les femmes dont il est question ici évoluent dans des univers oscillant entre cauchemar et réalité.
Certaines continuent d'entretenir une illusion autour de Dieu, d'un homme ou d'un fantasme inassouvi, tandis que pour d'autres il est tout simplement trop tard que pour retrouver le court normal de leur vie.
Je n'ai pas été surprise par le fond mais plutôt par la forme de ces textes à l'écriture brute, familière (parfois vulgaire mais sans être crue), exaltée, parfois tellement délirante que je n'arrivais plus à suivre.
Il n'est pas rare que l'on trouve ce type de monologues dans les romans de l'auteure, mais dans ce cas-ci, décontextualisés, concentrés sur
eux-mêmes, certains m'ont fait l'effet d'énigmes impossibles à résoudre.
Ceci dit, rien que pour le dernier texte - Miss Golden Dreams - hommage aussi amer qu'émouvant à Norma Jeane/
Marilyn Monroe, je ne regrette finalement pas cette lecture.
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