AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
(01/01/1900)
3/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les murs ont des oreilles (Las Paredes oyen)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La médisance est le sujet de cette pièce. Et en cela, l'humain étant ce qu'il est et ce qu'il a toujours été, son actualité ne saurait se démentir et ce, tout pendant que l'homme sera homme. Que cela nous plaise ou non, c'est ainsi.

J'imagine que tous ceux qui sont obligés de côtoyer des collègues toxiques ou des parents (au sens des gens de la famille) vénéneux voient très bien de quoi l'on parle ici. Quelqu'un qui en votre présence habille pour l'hiver tout le monde et dont on imagine facilement qu'à peine nous aurons le dos tourné que ce sera à notre tour de nous faire vêtir chaudement et d'avoir les oreilles qui sifflent…

Ce que nous dit Juan Ruiz de Alarcón (qui d'ailleurs n'avait sans doute pas l'air plus con qu'un autre), c'est toute la douleur que peuvent créer de telles paroles aux oreilles de celles ou ceux auxquelles elles reviennent par ricochet ou tout simplement, de façon directe, lorsque l'on surprend une conversation dont on est, bien involontairement, le sujet de raillerie.

Lui-même, en raison d'un physique ingrat et d'une naissance au Mexique (jugée dégradante à l'époque) a beaucoup eu à subir la médisance de son vivant. Et cela me fait d'autant plus de peine qu'elle était générée, transmise ou véhiculée (notamment) par d'autres auteurs célèbres du Siècle d'Or espagnol, au premier rang desquels on peut probablement citer Lope de Vega. C'est triste mais c'est comme ça. On aimerait que les grands auteurs — et Lope de Vega est un grand auteur — soient aussi des hommes admirables mais tel n'est pas toujours le cas. (Louis-Ferdinand, si tu m'entends, je te passe bien le bonjour.)

Nous voici donc en présence d'un certain Don Juan, (rien à voir avec l'autre car celui-ci est à la fois laid et peu fortuné, véritable sosie littéraire de son auteur). Don Juan est amoureux fou d'une certaine Doña Ana, jeune veuve fraîche et désirable.

Certes Doña Ana est pleine de vertu et d'esprit, mais son petit cœur palpite pour le riche et bel hidalgo Don Mendo. Ce faisant, les empressements de Don Juan auprès de Doña Ana ne suscitent que son agacement et son mépris. Mais Don Juan n'est pas du genre à dire du mal ni à lui en vouloir.

L'affaire est quasiment conclue entre Don Mendo et Doña Ana ; ne reste qu'une menue formalité à accomplir pour la jeune veuve. Don Mendo, quant à lui, collectionne les conquêtes en tablant sur ses beaux atours et sur ses prestations physiques ; mais il n'en est pas moins un goujat de première espèce, qui flirte avec Doña Ana alors même qu'il fréquente assidûment la cousine de cette dernière, qui, on la comprend, se consume de jalousie.

Don Mendo badigeonne tout le monde de la poix infecte de sa médisance en fonction de ses intérêts et de la personne avec laquelle il se trouve. Toutefois, alors qu'il se trouve avec Don Juan dont il prétend être l'ami, l'arrivée inopinée d'un duc de province vient quelque peu contrarier ses plans.

Le duc, ayant entendu parler de la beauté quasi légendaire de Doña Ana désire à tout prix la rencontrer. Don Mendo, craignant que la fortune et le titre de noblesse supérieurs du duc n'infléchissent le cœur de sa belle convoitée, prend le parti de faire un portrait bien peu flatteur de celle qu'il prétend épouser. Je vous laisse bien sûr découvrir la suite mais vous rappelle cependant que les murs ont des oreilles…

C'est donc une pièce solide et convaincante de ce fameux Siècle d'Or espagnol, pas ma préférée assurément, mais qui révèle un auteur intéressant qui inspirera suffisamment Pierre Corneille pour l'inciter à transcrire l'une de ses pièces. Cela sera le Menteur. Mais ceci est une autre histoire et d'ailleurs, tout ce baratin n'est que mon avis jeté contre un mur, c'est-à-dire, pas grand-chose, à moins qu'il n'ait des oreilles…
Commenter  J’apprécie          740
Né à Mexico, Juan Ruiz de Alarcon y Mendoza fait ses études à Salamanque, puis à Mexico. Il s'établit définitivement en Espagne en 1613, venu dans la suite du vice-roi. Il n'arrive pas à obtenir un emploi de fonctionnaire, et écrit pour le théâtre pour essayer de gagner sa vie. Même s'il connaît un certain succès, il est férocement attaqué par certains de ses confrères, Lope de Vega en tête. Ces derniers s'acharnent en particulier sur son physique disgracié, certaines de ses représentations ont été très chahutées. Il n'a pas été en reste pour dénigrer ses ennemis dans certaines de ses oeuvres. En 1626 il obtient la charge de rapporteur au Conseil des Indes et abandonne le théâtre, se contentant de superviser l'impression de ses pièces. Sa production dramatique est donc relativement modeste, puisque elle comprend 23 pièces, certaines peuvent avoir été perdues. Il est surtout cité pour avoir écrit La vérité suspecte, dont s'est fortement inspiré Corneille pour écrire le menteur.

Les murs ont des oreilles, sans doute créée en 1617, est un peu dans la veine de la vérité suspecte, celle de la comedia morale. Ici il s'agit de dénoncer la médisance. Doňa Ana est aimée par deux hommes, don Mendo, qu'elle aime également, et don Juan qu'elle fuit, entre autres à cause de son physique nettement moins avantageux. Mais don Mendo a un défaut : il est facilement médisant. Et c'est ainsi que pour éviter que le duc Urbino ne rencontre la jeune femme dont il risque de tomber amoureux, il dit le plus grand mal d'elle. Or elle entend ses propos. Elle découvre par ailleurs, qu'il a courtisé sa cousine, doňa Lucrecia. Poussée dans la bonne direction, Ana finira par abandonner don Mendo et choisir don Juan, qui tient toujours des propos bienveillants sur tout le monde, qui se montre empressé et modeste.

C'est une pièce assez efficace, sans trop d'intrigues enchevêtrées. Certains commentateur y voient un aspect personnel : don Juan, dont l'apparence laisse quelque peu à désirer, évoque le physique disgracié de l'auteur. Peut être un peu trop démonstrative et prévisible avec un message somme toute assez moral, la pièce manque d'un côté virevoltant. Les personnages sont tout d'une pièce, le méchant est puni à la fin, et il donne la sensation de n'avoir pas forcément suffisamment bien retenu la leçon.
Commenter  J’apprécie          230

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
DON JUAN : Celui qui gagne aux dés peut amener un coup perdant.
BELTRÁN : Veux-tu dire que le point perdant c'est tomber sur une femme quémandeuse ? Si telle est ton appréhension, tu ne vivras de ta vie dans un lieu habité, car où trouveras-tu un homme ou une femme qui ne demande rien ? Quand tu entendras crier : « De la toile ! » à un colporteur, cela veut dire : « Donne-moi de l'argent, si tu veux ma toile. » Le marchand dit clairement sans parler : « Donne-moi de l'argent et tu pourras emporter ce qui te plaira. » Tout le monde, à ce que j'imagine, demande quelque chose, car pour vivre on est forcé de donner et de demander, chacun à sa façon : la sacristain avec sa croix, le curé avec ses répons, le monstre de foire avec sa dégaine, avec sa force physique le travailleur manuel ; l'alguazil avec son bâton de justice, avec sa plume le notaire, l'artisan avec sa main, et la femme avec son minois. Et celle-ci, qui demande plus que tous les autres, le fait d'autant plus justement qu'elle donne plus que quiconque et que c'est elle qui peut le moins.

Acte I.
Commenter  J’apprécie          230
BELTRÁN : Lorsque quelqu'un a dit du mal, en retire-t-il quelque bien ? Ce sont ceux qui l'écoutent le mieux qui lui veulent le plus de mal ; chacun se dit en effet, en entendant le médisant : « Cet individu en dira autant de moi dès que j'aurai le dos tourné. » Si donc celui dont il médit vient à l'apprendre, chose facile, à quelle table s'assied-il avec plaisir, quel lit pour lui est-il sûr ? Il y a toutes sortes de vicieux que les gens ne détestent pas, mais tout le monde fuit soigneusement le médisant. L'infortune du méchant le plus endurci inspire de la pitié ; mais le médisant peut aller à tous les diables à la grande joie de tous.

Acte III.
Commenter  J’apprécie          320
BELTRÁN : Mais même si elle n'en connaissait aucun d'aussi parfait, avoir mauvaise langue est-ce un défaut négligeable ?
DON JUAN : Toi-même, en ce moment, ne médis-tu pas de lui .
BELTRÁN : Non, je dis ce que je pense.
DON JUAN : On ne doit pas dire toujours ce que l'on pense.

(BELTRÁN : Y cuando no conociera
otro en perfección igual,
aquesto de decir mal
¿ es defecto corno quiera ?
DON JUAN : ¿ Y no es eso murmurar ?
BELTRÁN : Esto es decir lo que siento.
DON JUAN : Lo que siente el pensamiento
no siempre se ha de explicar.)

Acte I.
Commenter  J’apprécie          360
DOÑA ANA : Celia, si don Juan était mieux tourné et avait un visage plus avenant !
CELIA : Comment ! Une femme aussi sage que toi s'attache à ces choses ? Ne vois pas chez l'homme la beauté ou la prestance. […] Ce qui est sensible à la vue est un trésor pour les jeunes filles de peu de cervelle, et c'est la raison pour laquelle elles tombent le plus souvent sur un âne d'or. […] Il est évident que bien qu'au début les yeux remarquent la beauté ou la laideur, avec l'habitude ils n'éprouvent plus ni plaisir ni ennui à se poser sur un visage agréable ou vilain.

Acte II.
Commenter  J’apprécie          210
BELTRÁN : Bien que ton plan soit ingénieux, je doute fort de son succès ; car le duc est très puissant, il te soufflera doña Ana.
DON JUAN : S'il remporte la victoire, ce sera du moins un soulagement pour moi, car ce sera à cause d'un duc que je la perdrai ; sinon je me consolerai de voir qu'un duc a été aussi impuissant que moi.
BELTRÁN : Sur l'assurance de cette consolation, tu as donné le coup de grâce à ton amour ; ton malheur était incertain et tu as voulu le rendre inévitable. Tu veux que le duc souffle doña Ana à don Mendo, et tu choisis pour remédier à ton mal le mal même.

Acte II.
Commenter  J’apprécie          180

autres livres classés : littérature espagnoleVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}