Né à Mexico,
Juan Ruiz de Alarcon y Mendoza fait ses études à Salamanque, puis à Mexico. Il s'établit définitivement en Espagne en 1613, venu dans la suite du vice-roi. Il n'arrive pas à obtenir un emploi de fonctionnaire, et écrit pour le théâtre pour essayer de gagner sa vie. Même s'il connaît un certain succès, il est férocement attaqué par certains de ses confrères,
Lope de Vega en tête. Ces derniers s'acharnent en particulier sur son physique disgracié, certaines de ses représentations ont été très chahutées. Il n'a pas été en reste pour dénigrer ses ennemis dans certaines de ses oeuvres. En 1626 il obtient la charge de rapporteur au Conseil des Indes et abandonne le théâtre, se contentant de superviser l'impression de ses pièces. Sa production dramatique est donc relativement modeste, puisque elle comprend 23 pièces, certaines peuvent avoir été perdues. Il est surtout cité pour avoir écrit La vérité suspecte, dont s'est fortement inspiré
Corneille pour écrire
le menteur.
Les murs ont des oreilles, sans doute créée en 1617, est un peu dans la veine de la vérité suspecte, celle de la comedia morale. Ici il s'agit de dénoncer la médisance. Doňa Ana est aimée par deux hommes, don Mendo, qu'elle aime également, et don Juan qu'elle fuit, entre autres à cause de son physique nettement moins avantageux. Mais don Mendo a un défaut : il est facilement médisant. Et c'est ainsi que pour éviter que le duc Urbino ne rencontre la jeune femme dont il risque de tomber amoureux, il dit le plus grand mal d'elle. Or elle entend ses propos. Elle découvre par ailleurs, qu'il a courtisé sa cousine, doňa Lucrecia. Poussée dans la bonne direction, Ana finira par abandonner don Mendo et choisir don Juan, qui tient toujours des propos bienveillants sur tout le monde, qui se montre empressé et modeste.
C'est une pièce assez efficace, sans trop d'intrigues enchevêtrées. Certains commentateur y voient un aspect personnel : don Juan, dont l'apparence laisse quelque peu à désirer, évoque le physique disgracié de l'auteur. Peut être un peu trop démonstrative et prévisible avec un message somme toute assez moral, la pièce manque d'un côté virevoltant. Les personnages sont tout d'une pièce, le méchant est puni à la fin, et il donne la sensation de n'avoir pas forcément suffisamment bien retenu la leçon.