Les Indiens, portrait d'un peuple est un ouvrage utile à qui veut mieux connaître l'Inde d'aujourd'hui et surtout sa population. Ses deux auteurs, Sudhir Kakar et Katharina Kakar ( mari et femme) sont, l'un psychanalyste et professeur à l'université de Chicago, et l'autre, spécialiste d'histoire comparée des religions. Il faut noter que Sudhir Kakar est également l'auteur d'une version commentée du Kâmasûtra.
Dans Les Indiens portrait d'un peuple, ses auteurs nous font découvrir la société indienne actuelle à travers de courts chapitres traitant aussi bien de la question des castes, que de celle des relations entre hindous et musulmans, de la place de la femme dans la société indienne, de la religion et de la spiritualité, de la sexualité ou de la psyché indienne.
Un ouvrage très intéressant donc, pour aborder la façon de penser de cette société qui prend de plus en plus de place dans le monde d'aujourd'hui.
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L'importance accordée au spirituel, qui fonde la pratique des différentes écoles de "développement personnel" (le yoga par exemple), colore la charge émotionnelle du regard que les Indiens portent sur la vie. Pour la plupart d'entre eux, la vie est à la fois tragique et romantique. Elle est tragique, car c'est une aventure traversée de doutes et d'incertitudes, où l'homme n'a d'autre choix que d'endurer le poids des questions sans réponses, des conflits inévitables, des coups du sort inexplicables. [...] Le voyage est aussi une recherche, et celui qui l'entreprend, s'il vainc les périls de la route, se verra récompensé par une exaltation qui transcende les limites humaines.
En réalité, le terme "caste" renvoie à l'une ou l'autre des deux échelles hiérarchiques, imbriquées l'une dans l'autre, du varma et de la jati.
L'antique division hindoue en quatre varna ("couleurs", ici "classes") comporte, de haut en bas, les prêtres (brahmanes), les guerriers (kshatriya), les commerçants (vaisha) et les serviteurs (shudra), telle qu'on la rencontre dans les Veda et autres textes fondateurs de l'hindouisme. Cette classification sert encore à appréhender la situation d"un individu dans un espace social élargi, comme celui d'un "réservoir" de votes dans une élection.
[...] Mais, de nos jours, la caste réfère presque exclusivement à la jati, caste au sens immédiat des relations sociales, quotidiennes et de la spécialisation professionnelle. Le système des jati, qui définit la société indienne contemporaine, est constitué de plus de trois mille castes dont la place dans l'ordre hiérarchique fluctue d'un village à l'autre, bien que l'échelon supérieur soit presque invariablement occupé par une caste de brahmanes.
La valeur d'un homme et, de fait, la reconnaissance de son identité sont indissociables de la réputation de sa famille dans l'esprit de la plupart des Indiens. La façon dont il vit et ce qu'il accomplit sont rarement appréciés comme le produit de ses efforts ou la concrétisation de ses aspirations, mais interprétés selon la situation et la réputation de sa famille, du point de vue de la société. La réussite, l'échec individuels, ne font sens que dans le contexte familial.