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France-Marie Watkins (Traducteur)
EAN : 9782245000557
Le Livre de Paris-Hachette (30/11/-1)
4.03/5   69 notes
Résumé :
Il a fallu que sa voiture se déporte et se jette contre un camion pour qu'Eddy Anderson, meurtri mais indemne, prenne le temps de s'interroger sur sa façon de vivre. Cet accident n'a-t-il pas été, au fond, une tentative de suicide ? Mais quelles raisons aurait-il de se tuer?
Aucune apparemment, puisqu'il est nanti d'une belle situation (dans une agence de publicité), marié à une femme charmante (Florence) et possesseur d'une maison avec piscine et p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Curieux, ce bouquin, sa trajectoire propre, et sa trajectoire dans ma vie. En cours d'anglais, au lycée, on avait étudié ce passage (plutôt vers la fin du livre) "Et puis il y avait cette photo". Dans la chambre du père en Amérique, une seule photo, le seul "être" cher qu'il avait voulu regarder chaque jour pendant des décennies : son bout de montagne en Anatolie.
Ce texte m'avait marquée, et quand j'ai pu, j'ai lu ce bouquin, vers 16 ans.
Eddie Evans Ev Evangeleh Edward a une vie qui peut faire rêver son monde : dieu vivant dans sa boite de pub à Los Angeles, apprécié par son patron (est-ce que ça a inspiré les scénaristes de Mad Men ? Bien possible), dans sa maison de rêve, une femme intelligente, tendre, drôle, et leur fille. Il a la quarantaine, quelques maîtresses, rien d'important, des amis épatés par ce "golden" couple si uni…
Et paf, Gwen.
Sur la couverture du bouquin, j'avais la photo de Kirk Douglas et de la troublante Faye Dunaway, alors d'accord, Gwen sera Faye Dunaway, ça lui va bien, fragile et intense, un corps mouvant émouvant, et ce visage unique, tout sauf rassurant.
Et ce gros macho de Eddie, pas compliqué, assez ronflant dans l'opulence, brillant, assis dans un confort éblouissant, soudain face à Gwen, l'abandon de Gwen, les mystères de Gwen, se fissure.
Et il se regarde tomber. Ne ratant aucun épisode de sa descente, contemplant sa glissade le long d'un toboggan qui n'en finit pas, s'amusant de la destruction qu'il est en train d'opérer, et tant pis s'il fait un peu de mal à des gens aimés - son épouse par exemple, ou même Gwen elle-même. Il n'y peut pas grand chose, il veut tout casser, pas par sadisme, juste parce qu'il étouffe, et veut devenir nu, et vrai. Et il y va à bras le corps, jamais victime, étonné comme un gosse par le pouvoir de son égoïsme benoitement exprimé, même si ça ne marche pas à tous les coups. Pas dupe de lui-même non plus, curieux des autres, si possible non agressif, mais il y va.
Il se voit faire avec sa femme, son patron, les toubibs. Il se voit agir avec Gwen, les amoureux de Gwen. Il se constate démuni face à son père pourtant mourant, il reste fidèle aux côtés de sa mère, il décompose le reste de la famille, finissant par errer dans sa demeure d'enfance, délabrée, revisitant sa chambre, les chambres des autres, et celle de son père dans laquelle "il y avait cette photo".
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J'avais été sonnée par ce qu'on peut aussi appeler une intense histoire d'amour. Pas facile, comme Gwen n'est pas facile, comme la famille n'est pas facile, comme la vie ne l'est pas non plus. Mais faisable.
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Je retombe sur le livre quarante ans après. Gwen Faye Dunaway est toujours sur la couverture avec Kirk Douglas. Voyons si je retrouverai l'enchantement de mes jeunes années.
Oui, elle est toujours belle cette histoire d'amour, et passionnante cette descente qui se regarde faire. Mon expérience de 40 ans de vie par-dessus, pour l'enrichir. Maintenant je me dis que l'histoire de la photo, du seul amour de son père, son pays qu'il a quitté, est peut-être le tournant (politique ?) du livre : et si, parmi tous les migrants ayant galopé vers le rêve américain, vers une vie meilleure, avec de belles réussites possibles, et si parmi eux, certains se seraient brisé le coeur en quittant leur monde, pour quelque chose qui n'en valait pas la peine… Combien de ces migrants, même en ayant réussi, ont gâché leur vie ? Cette question jamais posée. Pourtant, c'est bien tout le rêve américain qu'il démonte détail par détail, sans haine mais consciencieusement. Tout comme la fille du Suédois dans "Pastorale américaine". Comme pour venger son père qui a perdu son âme dans ce pays. Comme si tout le monde perdait son âme dans cette construction artificielle qu'est l'Amérique, et y étouffait, alors qu'ils ont souvent fui une misère qui les aurait fait crever de faim, ou le nazisme qui les aurait fait crever tout court, ainsi que toute autre dictature. Echapper à ça ne fait pas une vie. L'Amérique brille, mais eux ternissent. Leurs enfants devraient pouvoir s'y épanouir, ils ont tellement bossé pour ça, les migrants. Mais les enfants implosent, devenus américains, ils ont ces envies douloureuses de tout casser parce qu'il y a quelque chose qui ne colle pas dans tout ça, un hic, du toc, comme un étau…
J'ai englouti avidement les 700 pages, heureuse de les retrouver, mes deux héros. Je rêve de savoir ce que Kazan a vraiment ressenti dans sa vie à lui, ce gars a une destinée surprenante. Des films mythiques, des Marlon Brando portés au pinacle, et puis sa trahison, incompréhensible, tâche noire à jamais sur son parcours de vie. C'était au début des années 50, le livre, lui, (ainsi que le film du même nom), sort quelques quinze ans après. Et c'est un sacré pavé, bien détaillé sur chaque étape du curieux voyage intérieur du héros, ça doit être étrange d'écrire ça, de revivre ces délires, en ayant pris un peu de distance, dans une vie si compliquée.
Sacrée Amérique, sacrée Gwen, sacré bonhomme.
Sacré bouquin.
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Eddie Anderson, la quarantaine bien installée, est un homme à femmes. Bon père de famille, bon mari, propriétaire d'une belle villa qui cumule deux emplois (l'un en tant que publicitaire pour une marque de cigarettes et l'autre en tant que critique particulièrement redouté dans un journal) est notre héros. Mais il est aussi un Don Juan insatiable dont la vie commence à prendre le large lorsqu'il fait la connaissance de Gwen, jeune femme impertinente qui au départ le rejette.

Car Eddie, qui jusque-là camouflait au mieux ses aventures extra conjugales, prend de l'assurance et ne se gêne presque plus à mener une double vie. Une banale histoire d'adultère vous allez me dire? Eh bien non car c'est bien plus vers le cheminement intérieur de notre narrateur qui se perd, écartelé que nous nous dirigeons. Et c'est un accident de la route qui va accélérer la déchéance de cet homme qui entraine dans sa descente les deux femmes de sa vie. Lui qui n'arrivait pas à choisir, lui qui jonglait avec les sentiments et le sexe, le voilà qui sombre peu à peu dans l'indifférence. Neutre en toute situation, tout à fait distancié de la vie réelle il a de quoi agacer car il se laisse porter. Et au fil du récit c'est ce que l'on rêverait de lui asséner : "mais bouge-toi un peu, prends ta vie en main, sois une fois dans ta vie responsable !"

Je crois que le plus rageant est de voir tous les gens autour qui se montrent conciliants, compréhensifs et qui par leur entente tacite encouragent notre narrateur à rester dans sa torpeur. Tous les personnages finissent par devenir foncièrement antipathiques, foncièrement égoïstes car, en épargnant celui qui semble sombrer dans la folie, ils gardent leur petite vie sûre et confortable.

Que dire de ce livre? Je dirais qu'il m'a assez secoué dans le sens où c'est bien la première fois que j'ai détesté à tour de rôle chaque personnage. Tous me semblaient faux, ancrés dans les préjugés et les convenances. J'ai bien envie de voir le film pour voir le contraste avec le livre. Mais je crois que ce sentiment de rejet a eu finalement du bon car je crois que c'est le genre d'histoires qui peut me marquer. Déjà car des gens "immoraux", des gens qui se complaisent dans l'adultère, je crois que tout le monde en connais au moins une poignée dans sa vie. Et plonger dans les tréfonds de cette psychologie qui frôle la pathologie est un bon moyen d'évoluer et de se faire sa propre opinion sur le sujet. J'ai aimé l'ambivalence des états du narrateur qui jongle entre pleine conscience des événements et total sentiment d'indifférence vers la fin du récit.
Je crois avoir nettement plus compris et trouvé d'excuses à Eddie lorsqu'il gérait son trio dans la vie active. Puis lorsqu'il tombe dans une sorte de complaisance, dans une tentative de grandeur d'âme, je l'ai trouvé tout bonnement désagréable et irritant. Heureusement que les histoires restent en partie de l'ordre de l'imaginaire car en tant que femme cocufiée et baladée, je l'aurais juste trainé dans la poussière jusqu'à ce qu'il demande pardon (ouf, on l'a échappé bel).
Mais on sent tout de même la forte empreinte cinématographique avec beaucoup de dialogues qui rendent le récit plus dynamique. Beaucoup de scènes paraissent d'ailleurs être un instantané de la réalité plutôt que l'oeuvre d'une imagination quelconque.
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Un publicitaire talentueux, la quarantaine, séducteur, remet ses valeurs en question après avoir provoqué un accident de voiture. Il traversera une grave crise qui l'amènera aux portes de la folie et trouvera son chemin personnel grâce à l'amour d'une femme libre.
« Laissez-moi vous présenter les choses une dernière fois, dans les termes les plus simples. Personne ne peut vivre absolument comme il le désire. Nous payons tous quelque chose, en temps perdu et en dégout de soi-même, pour payer le loyer et l'épicerie. C'est un compromis que nous faisons avec la société… je renonce à une portion de mon âme, vous me donnez du pain. » Voilà quel est l'arrangement.
Une réflexion sur le mythe américain de la réussite sociale.
Parfois classé parmi les oeuvres mineures de Kazan, l'arrangement est probablement son livre le plus personnel. Il y développe sans concession sa vision des travers du rêve américain, mais laisse à son héros une porte de sortie…
Autant le dire : de tels romans ne seraient plus écrits ainsi de nos jours, cependant écrit il y a presque quarante ans, L'arrangement garde aujourd'hui encore une modernité incroyable.
Un classique.
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Evan Arness, publicitaire dans une grosse compagnie de Californie, mène une vie tranquille avec sa femme aimante. Un jour il rencontre Gwen, une fille qui travaille à on-ne-sait-quoi dans l'entreprise, et décide d'en faire sa maitresse. A partir de ce moment-là sa vie va connaître un tournant. Il va se décider de vivre comme il le souhaite et cela n'est pas au goût de tout le monde.

J'ai un avis partagé sur ce roman.

Tout d'abord ce long récit d'un changement de vie est vraiment long. J'ai éprouvé l'impression de ne pas avancer.

Mais d'un autre côté c'est la chronique d'un Amérique névrosée : Florence, la femme d'Evan, ne l'affronte jamais directement, elle va toujours demander conseil à son psy et ce qu'elle fait partir des conseils ne marche pas du tout. Une fois que le psy se trouve au contact d'Evan il semble comme inutile, incapable de prodiguer ses conseils.

C'est aussi le récit de l'individu qui n'arrive pas s'assumer . Sa vie l'ennuie, il a une sensation de vide mais il ne décide jamais de la quitter franchement. Il se rabiboche temporairement avec sa femme, tente de se suicider puis joue au fou pour pouvoir faire ce qu'il veut sans reproche.

Evan finit par trouver la voie qui lui correspond mais les dernières lignes du roman le font s'interroger sur cet aboutissement : est-ce qu'il a bien choisi ? N'a-t-il pas fait tout ce chemin pour rien ?
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Ce livre raconte l'histoire d'un homme accompli dans tout ce que la société américaine des années cinquante promeut. Sa route croise celle d'une jeune femme et c'est le déclenchement d'un séisme dans sa vie. Ce n'est pas une liaison comme les autres, c'est sa vie qu'il remet en question. Il s'est "arrangé" de tout jusqu'à cette rencontre et il ne peut plus continuer ainsi. Il décide d'être lui-même. Il va le payer cher et finira par être en sécurité, en paix.

Il y a des passages qui me rappellent "L'attrape-coeur" de Salinger, autre grand livre de la littérature américaine. Elia Kazan aura tiré son livre un film avec Kirk Douglas.

Attention, chef-d'oeuvre ! La preuve en est que j'ai relu ce livre avec vingt ans de distance, l'intérêt et le plaisir de lecture sont restés intacts. Je ne relis presqu'aucun de mes livres mais je ne sais pas si je ne succomberai pas encore à l'expérience.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce fut vers ce moment-là que je commençai à avoir de l’amitié pour moi-même, pour la première fois de ma vie. C’était nouveau. Je m’aperçus d’abord que je voulais réussir ma tentative, quelle qu’elle fût. Je pouvais contempler maintenant mon passé d’en haut, comme lorsqu’on est perdu après une longue promenade à pied dans un pays boisé et qu’on arrive dans une clairière au sommet d’une colline, on regarde derrière soi et l’on s’aperçoit du chemin qu’on a parcouru, en sachant qu’on n’y retournera pas. On est peut-être encore perdu mais on n’est plus au même endroit.

J’étais à présent mon ami, et tout en sachant que je passais par une crise réelle, que j’étais en fait à une croisée de chemins, je me plaisais parce que j’étais arrivé jusque là. Je m’encourageais à profiter de la pause et du petit sommet pour mettre les choses au point avant de repartir dans les fourrés
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- Tu ne peux pas le supporter. Lui, oui. Tu ne peux pas affronter la réalité.
- Essaie voir. Qui encore?
- Un Noir que je connaissais au lycée et qui était amoureux de moi dans le temps [...]
- Qui encore?
- Son meilleur ami.
- Un Noir, aussi?
- Tu as quelque chose contre les Noirs?
- Oui. Je ne veux pas qu'ils baisent ma femme. Ni les Blancs, d'ailleurs, ni les Chinetoques, ni les Espingouins, ni les Ritals, ni les Grenouillards !
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C’était leur unique ressemblance.Florence,à cette époque,n’avait qu’un seul but dans la vie,me faire adopter sa theorie(en réalité celle du docteur Liebman) des objectifs limités.Elle disait qu’être adulte consiste à accepter dans la vie les objectifs limités.Elle disait qu’être adulte consiste à accepter dans la vie les objectifs limités,que si un enfant,on rêve de devenir un grand homme,si on persiste dans cette idée cette attitude devient un refus de la réalité et conduit inévitablement à de sévères déceptions et à la perte de l’estime de soi,puis à la honte et au dégoût et finalement au suicide.Florence me disait:
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Nous vivons par la grâce d'une entente tacite, celle de ne jamais nous dire la vérité les uns aux autres.
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