Claire Keegan est pour moi la
Marie-Hélène Lafon irlandaise.
Le texte commence par la présentation de Bill Furlong, propriétaire du dépôt de bois et de charbon de la petite ville de New Ross, en Irlande.
L'autrice, par de nombreux tableaux évocateurs balaie la vie de cet homme qui le devine t'on doit être dans la quarantaine. Marié, père de 5 filles, il est travailleur, sobre, fidèle, et attentionné envers ses femmes, ses employés.
Un type bien.
Ce texte est une longue réflexion sur la vie d'un honnête homme. La plupart du temps, au hasard de situations banales du quotidien, il prend la peine de s'interroger, d'observer la vie au sein de sa cellule familiale mais aussi à l'extérieur.
Page 27 : « Toujours, c'était la même histoire, pensa Furlong, l'observant (son épouse): toujours ils continuaient mécaniquement, entreprenaient le travail suivant, sans une seconde de répit. Comment serait-ce, s'interrogea-t-il, s'ils avaient le temps de réfléchir et de faire une pause? Leurs vies seraient-elles différentes ou presque identiques - ou alors vogueraient-ils à la dérive ? »
Et puis, un jour, survient un évènement important dans sa simple vie. Et là il doit prendre une décision, rapidement : « Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?
… à quoi bon être en vie si l'on ne s'entraidait pas »
Je n'en dirais pas plus pour ne rien dévoiler, mais sachez que si, comme moi, vous êtes amateurs de textes « au cordeau », pas un mot de trop et pourtant une foultitude de réflexion sur le sens de la vie, si comme moi vous adorez les textes dans lesquels il ne se passe rien (mais qui pourtant nous inonde de tout), alors penchez-vous sur ce livre, et sur les autres de cette autrice.