Livre assez court et donc facilement accessible.
L'auteur y développe des idées intéressant tout citoyen susceptible de s'intéresser à la vie politique et plus encore ceux osant revendiquer le droit d'avoir voix au chapitre...
Les éditions "la découverte" continuent donc de nous proposer des thématiques enrichissantes.
Loin des plateau TV et de leur démagogie ou de leur propagande, nous prenons le temps ici de réfléchir à l'évolution d'un système judiciaire qui paraît de plus en plus éloigné de l'image d'Épinal que s'en font les citoyens qui s'en tiennent éloignés.
Le tribunal devrait être un lieu de parole et de débat, où s'échangent dans le respect de chacun des arguments sur lesquels des magistrats indépendants se prononcent sereinement. La justice n'est hélas pas rendue dans ces conditions, et les décisions ne sont hélas pas prises au seul nom du droit mais résultent de plus en plus de choix de politique pénale, dont le parquet est la courroie de transmission.
Beaucoup d'exemples sont cités, que les citoyens lambdas ne verront jamais aux grandes messes de vingt heures ou au divertissement de 13h des chaînes mainstream, et ils font froid dans le dos.
Une présidente de tribunal qui refuse de visionner des vidéos produites par la défense, une foi indéfectible dans les propos tenus par les policiers...
C'est tout un corpus de pratiques indignes d'un état de droit que l'auteur qualifie de "
violences judiciaires".
En quatre grandes déclinaisons, l'auteur s'intéresse à la criminalisation des manifestants, à la justice dite "antiterroriste" qui devient peu à peu une justice politique, à une justice qui conforte la police quand celle-ci se conduit mal, et enfin qui bride de plus en plus la liberté d'expression .
Après une brillante analyse digne de l'avocat qu'est l'auteur, celui-ci fixe un horizon à atteindre pour une société qui tiendrait réellement à se doter d'une justice de pays démocratique : abrogation des lois antiterroristes, suppression des cours d'assises spéciales sans jurés, fin des comparutions immédiates, abrogation du délit d'outrage et garantie que tous les délits de parole soient poursuivis selon les règles de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.
Enfin séparation des procureurs du siège afin de les priver du pouvoir très étendu dont ils disposent de manière arbitraire sans avoir besoin de se justifier...
Un gros travail que je soupçonne nos dirigeants privilégiés de ne pas avoir envie d'entamer....