Un essai instructif et sérieux rédigé par
Paul Rocher, économiste et diplômé en sciences politiques de Sciences Po Paris.
En six chapitres, l'auteur nous dévoile la politique de l'arme non létale : après un rappel historique où l'émergence des armes non létales est lié à l'essor des sciences au cours du XIXe siècle ; l'éclatement de la première guerre mondiale conduit à un usage militaire du gaz lacrymogène et bien que prohibé par le Protocole de Genève de 1925, ce gaz fait des ravages dans les pays colonisés. Après la première guerre mondiale, les fabricants d'armes ont fait du lobbying auprès des Etats afin qu'ils achètent leurs productions.
Mais c'est avec l'intensification des tensions sociales nées de la crise de 1929 que le déploiement massif du gaz lacrymogène à des fins de maintien de l'ordre débute véritablement avec un nouveau cap lors des mobilisations populaires dès la fin des années 1960.
Taser, balles en caoutchouc sont crées en réponse.
Ces armes constituent la boîte à outils du policier afin d'élargir leur périmètre et leur liberté d'action. Depuis les années 1990, les forces de l'ordre sont de plus en plus lourdement armées et les armes non létales leur permettent de neutraliser des foules à grande distance. La politique en France repose sur le maintien à distance pour la diminution du risque chez les policiers.
La prétendue "non-létalité" des armes en usage dans la police n'est valable que sous des conditions d'utilisation très particulières dont les conditions sont irréalistes. de plus, le critère premier déterminant l'intervention d'un policier est son appréciation d'une situation , et les lois et règles n'ont d'alors qu'une importance secondaire. La mémoire policière et la vengeance contre certains manifestants sont présents aussi.
Tout cela révèle un étatisme autoritaire néolibéral qu'il faut combattre et remettre la police à une place subordonnée.
Mais aucune issue définitive à la violence n'est possible tant que persistent les conditions qui lui ont donné naissance.
Un essai brillant.