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Et c'est ainsi que nous vivrons" est un roman dystopique d'espionnage et contre-espionnage sur fond de clivage entre deux formes de totalitarisme qui ont conduit à la scission des État-Unis en 2035. Une série d'Etats ont consacré un régime néoconservateur; les autres guidés par un despote éclairé à la
Elon Musk sont sous l'emprise d'un système où les technologies et la cybersurveillance sont omniprésentes.
Leur point commun réside dans le contrôle des moeurs poussé à l'extrême et dans la réduction à néant des libertés individuelles.
L'effet miroir des deux mondes se retrouve à travers les deux protagonistes féminines, chacune incarnant l'ordre de son système politique et les convictions (pas inébranlables) de leurs concitoyens respectifs.
"Et c'est ainsi..." est le produit d'une combinaison entre Fahrenheit 351 de
Ray Bradbury, la Servante Écarlate de
Margaret Atwood et du Maître du Haut Château de
Philip K Dick, cocktail agrémenté d'un soupçon du mythe de la caverne de
Platon.
Bien que l'intrigue se déroule dans une 20aine d'années, la nostalgie dans les deux régimes pour l'urbanisme, le cinéma et la musique des années 1920-1960 est explicite. Les références à des oeuvres ou artistes imaginaires entre aujourd'hui et le moment où se déroule l'histoire sont par contraste rares.
Un élément secondaire concernant le futur qui prend forme sous la plume de
Douglas Kennedy est qu'il esquisse aussi le devenir des pays européens, de la Chine et de la Russie dans une vingtaine d'années et cela rend la perspective plus savoureuse.
Étonnamment, bien que tourné vers le futur,
Douglas Kennedy fait peu de cas des impacts des dérèglements climatiques qu'il effleure superficiellement alors qu'il s'agit d'une des grandes contraintes qui vont dessiner le monde de demain.
"Et c'est ainsi..." est un roman plaisant, divertissant où l'intérêt tient dans la "futurologie politique" de
Douglas Kennedy qui nourrit l'imagination des lecteurs, plutôt que dans l'histoire d'espionnage/contre-espionnage.