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sur 502 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Divorce à l'américaine.
Dès qu'un évènement survient aux states depuis quinze ans, il y a toujours un journal français pour inviter Douglas Kennedy à s'exprimer sur la politique et la société de son pays. C'est un peu comme Line Renaud à chaque décès de célébrités. Il a un forfait illimité pour donner son avis éclairé. L'avantage avec Douglas, c'est que nous l'avons toujours sous la main puisque ses romans ne se vendent pas dans son pays et qu'il parle français pour critiquer le yankee et flatter nos égos.
Alors Oui, j'ai lu un roman de Douglas Kennedy. Je l'ai même acheté. Je pourrai mentir et dire que je l'ai trouvé sur la table de nuit de ma moitié, mais non, elle ne supporte plus ces histoires de ruptures amoureuses et de mariages ratés entre gens bien élevés. Je n'ai pas d'alibi. Je ne vous ferai pas croire davantage qu'un ami me l'a offert pour ma collection de clichés littéraires ou que souffrant de vertige, j'ai fait une cure de littérature plate.
C'est la trame du roman qui m'a permis de botter les fesses de mes idées immobiles (un peu borné l'ODP parait-il !) et de vraiment apprécier cette dystopie autour d'une nouvelle guerre de sécession qui opposerait en 2045 les états puritains nostalgiques du Mayflower et les états progressistes, wokistes biocoopisés des côtes américaines à la liberté plus que surveillée. Un futur hélas plausible.
Dans la confédération théocratique, team Jesus, impossible de sécher le catéchisme, d'avorter, de divorcer, de copuler avant le mariage, de blasphémer (même quand on se coince un doigt dans une porte, nom de D… !), de darwiniser, de dire amen à la science, de permettre à Monsieur de s'appeler Madame et vices versa. C'est pas Ibiza ! Tenues correctes exigées, rien de visible au-dessus des genoux, pulls enroulés sur les épaules et socquettes blanches obligatoires, avec une soumission aveugle aux 12 apôtres qui détiennent le pouvoir de la secte. Deux principes chrétiens y sont un peu négligés : la tolérance et le pardon. C'est le problème des conditions de vente avec les mentions en petits caractères que personne ne lit jamais. Même dans la Bible. Au menu, barbecues à l'orléanaise pour les mécréants, rebelles tatoués écorchés comme des crevettes, athées hâtés de transhumer à l'étranger.
Dans l'autre camps, une république de façade qui affiche une totale liberté de moeurs, un libéralisme décomplexé mais qui impose une surveillance généralisée même au sein du foyer pour prévenir tout comportement rétrograde ou violent. Les individus sont pucés, la vie privée surveillée, souriez, vous êtes filmés, l'histoire jugée et le présent dans les mains d'un président milliardaire, sorte de clone d'Elon Musk et de Jeff Bezos à l'intelligence trop artificielle. Ne me gardez pas les petits s'ils en font.
Au centre de cette Amérique qui n'a pas attendu le grand tremblement de terre pour se séparer, la ville de Minneapolis se retrouve coupée en deux, murée comme Berlin durant la guerre froide. Ces états désunis qui se déchirent comme un couple se surveillent par le biais de services secrets chargés des basses besognes et d'entretenir la haine réciproque.
Peste ou choléra, n'exagérons pas. On va dire, chtouille ou crise de foi. Derrière cette toile de fond, le pamphlet politique laisse la priorité (à droite !) à un roman d'espionnage efficace truffé de rebondissements. Samantha Stengel, la narratrice, espionne au service de la République est chargée de s'infiltrer en territoire ennemi pour assassiner une tueuse redoutable. Surprise à la Kennedy : la cible concernée n'est autre que sa demi-soeur, qui exerce le même métier pour l'autre camps. Les coïncidences, tout de même.
Les doutes existentiels du personnage de Samantha Stengel apportent la nuance nécessaire à une histoire volontairement binaire mais qui ne manque pas de justesse au regard du jusqu'au boutisme ambiant.
Il est vrai que dans le concours de crétinisme, difficile de départager ceux qui déboulonnent les statues, réécrivent l'histoire et les romans d'Agatha Christie ou de Roald Dahl de ceux qui paradent dans le Capitole avec une tête de bison ou multiplient les autodafés dans les bibliothèques scolaires de Floride pour empêcher l'enseignement de l'évolution naturelle et du changement climatique.
J'ai vu que Douglas Kennedy s'était déjà attaqué au fondamentalisme chrétien dans « Au Pays de Dieu (2004) ». Il faudra que je me le procure maintenant que j'ai dépassé mes préjugés concernant cet auteur.
Futur conditionnel.
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Il suffit de quelques années pour qu'un monde en crise évolue vers le cauchemar que les plus avertis pressentaient : Les Etats-Unis, dans l'univers que dépeint Douglas Kennedy, sont devenus la caricature d'eux-mêmes. Séparés en deux communautés ennemies, les frontières qui les séparent sont hermétiques. Sam Stengel, dont les talents ont été repérés (et comment ne pas sélectionner les meilleurs sujets quand le moindre cycle de leur respiration, les calories ingurgitées ou dépensées et les déplacements les plus minimes sont immédiatement récupérés par les banques de données alimentées par des puces implantées sous la peau, rejetant au statut d'antiquités les montres ou smartphones du passé) a rejoint le réseau d'agents spéciaux chargés de lutter contre la confédération, un conglomérat d'états républicains. Elle est chargée d'une mission bien précise, éliminer une femme activiste et dangereuse. Elle découvrira rapidement que cette femme n'est pas une étrangère pour elle …

Ce roman d'anticipation glaçant, prend vite des allures de thriller, dont Douglas Kennedy maîtrise très bien les codes. On en arrive vite à tourner les pages à toute allure, ce que l'auteur déclare souhaiter : nous faire passer une nuit blanche sur ce livre !

C'est d'autant plus efficace que chacun a pu constater ces dernières décennies la vitesse à la quelle évolue en parallèle la technologie et la surveillance des individus. Rien de plus plausible que l'univers clos qu'il décrit.

Quand aux dérives obscurantistes évoquées, elle n'ont rien non plus d'un délire: on ne peut que constater la régression des droits acquis dans nos nations modernes.


Un excellent moment de lecture.

338 pages Belfond 1er juin 2023
Traduction (Anglais) : Chloé Royer
#DouglasKennedy #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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J'ai lu un Kennedy. de son vivant. Pourquoi?
Parce que quelques amis "bien sous tous les rapports" en ont entendus parler abondamment, ont fait de même avec moi et donc...
Il est vrai que cela se laisse lire, c'est fluide comme tout bon accrolivre. En fait je dois l'avouer, c'était en plus un test personnel. Je connaissais en gros la dystopie proposée par l'auteur : les états-désunis d'Amérique qui réalisent physiquement la rupture perceptible aujourd'hui dans la tête des habitants de l'Empire. Et moi dans tout ça ? Je voulais tester ma préférence. Ma préférence à moi...
Pas besoin d'être grand Clerc pour comprendre que le résultat est un peu biaisé puisque le narrateur et l'héroïne de trouvent d'un côté. Suggestion : une double narration aurait été une idée certes plus chronophage mais porteuse d'une dimension supplémentaire intéressante.
Nous avons donc, là-bas, deux états qui se sont constitués autour des fractures économiques et morales contemporaines.
D'un côté le modèle libéral sociétal woke LGBText.
De l'autre le modèle puritain, retour aux textes religieux.
D'un côté, un gourou transhumaniste, un must...
De l'autre une confrérie qui fait appliquer les règles du bon vieux livre sacré des chrétiens ; pas de déviance sexuelle, de relations avant et hors mariage, de blasphème, d'évolution etc...
Je note cependant que l'auteur s'est débarrassé du problème économico-social dans les deux camps, ce qui est certes habile mais consiste à ce niveau en une manipulation dommageable.
Pour les libéraux, plus de chômage, niveau élevé de prise en charge sociale complètement à rebrousse-poil de la tendance actuelle...
Pour les puritains, moins d'informations mais cela à l'air de rouler pour l'emploi revenu à des choses apparemment simples et entraînant un moindre développement technologique. le modèle ex-soviétique continue de laisser son empreinte mentale dans les représentations des systèmes collectivistes. La Chine n'a pas encore implémenté cette grille de lecture.
Donc une fois évacués les problèmes de l'emploi, du logement, de la santé, de l'éducation, l'auteur focalise sur les moeurs. Les règles de vie personnelle choisies par les deux sociétés.
Il greffe sur ce fond diffus dystopique une histoire d'espionnage à Minneapolis, sorte de Berlin futur, entre ces entités par l'intermédiaire de deux personnages qui ne devraient pas s'affronter.
Je n'irais pas plus loin pour ne pas divulgâcher mais ce petit roman se laisse lire et met le doigt sur une question qui se pose réellement : jusqu'où pouvons-nous faire société ensemble ?
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Dans quel monde voulons nous vivre dans vingt ans ?

Vingt ans , c'est demain et la vision que nous propose Douglas Kennedy dans son nouveau roman sorti en avant première en France fait plutôt froid dans le dos .
Ici, il n'est pas vraiment question de changement climatique, c'est le glissement de nos rapports sociaux, de nos politiques, de notre catégorisation de plus en plus intolérante aux différences .
Et cela aboutit à la scission des États Unis en deux pays irréconciliables : une théocratie , Confédération du Centre caractérisée par une reprise en main religieuse à base de valeurs chrétiennes intégristes et une démocratie , la république des 2 côtes où tout le monde est surveillé faisant penser bien sûr au roman de Georges Orwell , 1984 : Big Brother is watching you ..."

Samantha Stengel est un agent secret de la République, elle est chargée d'aller éliminer dans le territoire confédéré une femme qui est à l'origine de l'arrestation et de la mise à mort d'indics , et Sam va l'apprendre au tout début de sa mission, sa cible est en fait sa demi-soeur .
L'intrigue est assez simple , sans véritable enjeu et ne représente pas , à mon avis, l'essentiel de ce roman .

L'écrivain a beaucoup cogité sur ce que pourrait être cette sécession, visiblement marqué par le passage de Trump à la Maison Blanche .
La description de cette partie de l'Amérique est assez courte puisque son héroïne n'y fait qu'un court séjour avec quelques surprises comme la persistance de bibliothèques et de librairies .
Il est à remarquer que la culture résiste bien de chaque coté , en particulier le cinéma avec de nombreuses références de films.

Il s'étend plus sur la République unie, avec une liberté très limitée puisque chacun est muni d'une micro-puce et d'une montre connectée ne permettant pas d'écart.
Mais les rapports humains ne concernent principalement que le milieu particulier des agents secrets ce qui est tout de même limité , on connait peu la vie et l'opinion des gens ordinaires ...

Pas d'échappatoire si ce n'est d'être seul , plus aucune trace de fraternité , la confrontation entre les demi-soeurs est à ce titre caractéristique : une envie de se connaitre à travers un même père mais une réconciliation impossible entre deux camps opposés et le lecteur ne se pose pas la question de savoir où il voudrait vivre car aucun camp n'est enviable... Chacun reste seul : constat amer ...

Un futur pour notre monde qui fait frémir et même si Douglas Kennedy est francophile , sa vision reste pour moi celle d'un américain . Peut-être est-ce ma défense pour ne pas imaginer qu'un tel avenir est possible ?
Avec mes remerciements à NetGalley et aux Éditions Belfond
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Après « Les hommes ont peur de la lumière » très bon livre avec un regard perçant sur l'Amérique d'aujourd'hui , Douglas Kennedy promène à nouveau son oeil critique et acéré sur une Amérique totalement explosée et déchirée . Nous sommes en 2045 dans une société dystopique où les USA sont constitués de deux parties adverses qui s'affrontent après une nouvelle guerre de Sécession. Mais quel est le clan le plus liberticide? Un roman traité comme un thriller à suspens, terrible et froid, effrayant et quelque peu angoissant… Une vraie réussite.
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Bienvenue aux USA en 2045 avec cette dystopie fascinante ! le livre s'ouvre sur l'exécution moyenâgeuse d'une femme condamnée au bûcher pour moeurs inappropriées tintées d'espionite aigüe et Samantha Stengel qui travaille aux services secrets de la République Unie assiste sur écran à cette exécution en présence de ses chefs. Elle n'a pas pu maîtriser totalement ses émotions ce qui lui vaut une mission sous contrôle dans le camp adverse pour éliminer un agent responsable de l'interrogatoire et la condamnation de celle qu'elle considérait comme une amie.

Pour corser la mission, il s'avère que la cible est la demi-soeur de Sam. Il va donc falloir modifier son apparence physique : on lui refait le nez, on lui colore les iris et les cheveux. Pour la mission, elle devient critique de cinéma pour une maison en zone neutre et se rend au cinéma du coin pour visionner des films anciens et rendre sa copie ensuite…

Voilà, c'est arrivé, la sécession a bien eu lieu aux USA avec d'un côté la Confédération Unie, (GU) théocratie pure et dure où règne la bible dans son interprétation la plus opprimante : exit avortement, adultère, homosexualité, LGBTQ, théorie de l'évolution ; le blasphème a été remis au goût du jour, les femmes à la maison avec les enfants. On brûle les nouvelles sorcières (et sorciers) ; le créationnisme a le vent en poupe (Dieu n'aurait peut-être pas dû se reposer le septième jour quand on voit les humains actuels…

De l'autre, la République Unie (RU) où est censée régner la liberté, mais tout est relatif : le président Chadwick, mixte d'Elon Musk et Jeff Bezos, a mis au point une puce à côté desquelles les nôtres sont largement obsolètes, implantée derrière l'oreille, combinée à l'Intelligence Artificielle avec montre connectée (en fait tout est connecté) qui permet de suivre les gens à la trace (Big Brother s'est incarné)

Ce roman se lit comme un thriller, on n'a qu'une seule envie tourner la page pour continuer à suivre les héros, avec au passage des morts violentes, des trahisons, la gâchette est toujours facile dans ce pays, des rebondissements.

J'ai beaucoup aimé l'intrigue, et surtout la vision apocalyptique de Douglas Kennedy, car son raisonnement est très étayé, il explique le pourquoi du comment de cette évolution des USA, amorcée déjà sous l'ère Reagan mais nettement amplifiée avec G.W, pour atteindre une ampleur phénoménale sous l'ère Trump et ses théories conspirationnistes, l'assaut du Capitole, la victoire qu'il estime qu'on lui a volé en 2020, mais ici, les Républicains qui ont suivi ont continué dans le même schéma. Ce qui m'a beaucoup plu c'est le choix réduit : ou la théocratie ou Big Brother, on en vient à choisir le moins pire (comme dans les élections de nos jours) et je suis aussi pessimiste que lui sur la nature humaine.

Je retiens aussi la description du mur entre la GU et la RU, qui se veut plus « gai » du côté « libre », digne du mur de Berlin, l'auteur n'ayant pas hésité à nommer le point de passage Check-point Charlie, les descriptions sont tellement réalistes qu'on se croirait de retour à la guerre froide.

J'ai retrouvé dans ce livre le brio dans premiers opus de Douglas Kennedy et j'ai vraiment passé un bon moment. Ce livre m'a tentée dès le début, et le passage de l'auteur à La Grande Librairie a fini de me convaincre. Je me suis rendue compte qu'il avait déjà écrit un ouvrage sur le fondamentalisme chrétien « Au pays de Dieu » que j'ai bien envie de lire…

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ce dernier roman de Douglas KENNEDY est un véritable coup de poing. Les Etats-Unis sont coupés en deux : d'un côté une confédération théocratique où règne « 12 apôtres », et de l'autre, une République démocratique, où les individus sont sous surveillance, ultra-connectée, puisque tout le monde a une puce dans le corps, sous couvert de sécurité, et où la paranoïa règne.

Le roman commence par une décapitation publique. C'était une connaissance de Samantha Stengel, agente des Services Secrets de la République.

Après cet évènement, elle va être chargée d'une mission qui la conduira dans l'autre camp, celui des extrémistes. Elle va devoir tuée sa demi-soeur – elle croyait ne plus avoir de famille – qui est pour l'autre camp.

Le monde décrit par Douglas KENNEDY est vraiment redoutable. Redoutable parce que l'on n'est pas loin d'en être là vu les évènements mondiaux actuels, la montée de l'extrême droite dans tous les pays, celui de l'ultra-connecté comme en Chine et qui a tendance à s'étendre, les jeunes couples qui réfléchissent à deux fois avant d'avoir des enfants vu le contexte, la prise d'antidépresseurs chez de plus en plus de personne pour supporter de vivre… L'avenir ne semble pas rose. En tout cas, c'est mon avis.

J'ai bien aimé le côté psychologique des personnages et l'atmosphère du livre. La solitude dans les deux camps est prégnante. On se demande comment les humains pourront vivre de manière si « déshumanisée ». Il est certain que cela va développer des névroses.

Une anticipation plus que crédible. L'humanité est au bord du précipice. Mais qui sait ce que l'avenir nous réserve ? Faut-il est pessimiste ou optimiste ? Seul l'avenir nous le dira. Mais ai-je envie de le savoir vu le contexte mondial actuel ?

Et vous, dans quel camp serez-vous ? Vaste question !
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Douglas Kennedy nous avait habitué à décortiquer les failles de ses personnages tout en explorant les contradictions de la société Amérique, notamment en visant son côté puritain et bien-pensant.

Et il continue effectivement d‘explorer ces thèmes dans son dernier roman. Mais c'est une nouvelle facette de son talent (oui, je ne suis pas objective, Kennedy est un auteur que j'affectionne particulièrement) que l'on découvre dans Et c'est ainsi que nous vivrons, car ce roman est à la fois une dystopie et un roman d'espionnage.

Côté dystopie, j'ai beaucoup aimé sa vision du futur proche, une possibilité pas si délirante finalement, découlant directement de événements actuels ou récents : crise du Covid, élection de Trump, wokisme … qui finissent par fracturer les Etats-Unis et entrainer une partition, façon guerre de Sécession à la sauce mur de Berlin, entre les Etats plus traditionnalistes, qui souhaitent instaurer une théocratie stricte, et les états dits progressistes qui en profitent pour mettre en place une forme de dictature douce où l'individu est sous surveillance permanent pour son « bien ».
Le raisonnement qui amène l'auteur à cette hypothèse pour notre futur à moyen terme ne semble malheureusement pas invraisemblable et j'ai beaucoup apprécié le côté crédible de son propos.

En revanche, concernant l'aspect roman d'espionnage, je reste un peu plus mitigée, notamment sur l'aspect intrigue et suspens. J'ai trouvé cela un peu simpliste, et finalement assez convenu et prévisible. Pas désagréable à lire certes mais pas le meilleur suspens que j'ai connu. La fin était se voyait venir de loin, et clairement ce n'est pas le point fort du livre à mon sens.

Cela faisait quelques temps que j'avais un peu délaissé Douglas Kennedy mais c'était un réel plaisir de le retrouver et cela m'a donné très envie de me plonger dans ces derniers romans que j'avais un peu délaissés.
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Pour son nouveau roman, Douglas Kennedy propose avec Et c'est ainsi que nous vivrons une dystopie doublée d'une enquête policière aux accents de drame familial. En sortant de son cadre habituel d'écriture, l'écrivain américain se confie sur l'avenir et ses inquiétudes, le temps qui passe, ses ressentis d'écrivain et malgré tout ça, garde espoir dans la capacité humaine à se réinventer.

L'Amérique dans plus de trente ans
Les Etats-Unis ne sont plus unis ! le fédéralisme a éclaté, laissant deux entités politiques complètement opposées, irrémédiablement irréconciliables. Seule la ville de Minéapolis est partagée et comporte une zone neutre (ZN) aux lois particulières.

Au sein de l'Amérique de 2045, la République Unifiéee (RU) est une démocratie autoritariste avec à son sommet Morgan Chalwick à la doctrine sociale directement inspirée du principe de prévention. Il régit tout, harmonieusement et sereinement, au prix de l'omniprésence d'un système de surveillance. Notre société occidentale n'a pas encore franchi ce cap, puisque nous en sommes encore qu'au principe de précaution. Ce nouveau pays regroupe en partie tous les états actuels de l'Est et l'Ouest.

Les autres états (notamment du Sud) se sont regroupés dans une Confédération Unie (CU) dont le dogme est dicté par les Douze Apôtres. L'avortement, le travail des mères jusqu'à ce que leurs enfants atteignent seize ans, le divorce, l'adultère, etc. y sont interdits et le culte religieux y est obligatoire.

L'Europe a sombré d'elle-même. La Russie est devenue le vassal de la Chine, celle-ci étant devenue prépondérante avec son totalitarisme capitaliste.

Le monde est cadenassé par une absence de liberté de mouvements. Ainsi, le terrorisme international a disparu. Ne subsiste qu'un terrorisme dit domestique que chaque gouvernement tente d'enrayer avec plus ou moins de succès.
Brins d'histoire

L'agente Samantha Stengel qui vit en RU assiste en ZN à l'exécution d'une collègue et amie, Maxime, ce qui lui rappelle ses doutes et aussi ses vulnérabilités ressenties depuis le décès de son père. Déstabilisée, elle ne laisse pourtant rien paraître de sa fragilité car le Système la rétrograderait obligatoirement. Car Stengel est un agent de haut niveau à qui on confie des missions secrètes de la plus grande importance.

D'ailleurs, son prochain mandat est de torturer, pour obtenir suffisamment d'informations puis de tuer une certaine Caitlin Stengel, âgée de 32 ans, soit onze ans de moins qu'elle. Cette cible est aussi sa demi-soeur, elle-même agente de la CU, dont elle ignorait quelques minutes plus tôt son existence.

Pour ce travail de la plus haute importance, son chef lui ajoute l'agent Sean Sauvage, une sorte de géant, et elle insiste pour s'entourer aussi de l'agent LaPrelle, gratte-papier pragmatique.

Pour accomplir sa mission, Samantha, la narratrice, devient Edna Mulgrew, journaliste à la National Republic Radio en CU, spécialiste de cinéma. Jusqu'à la fin, évidemment, en maître incontesté du suspense, Douglas Kennedy garde captif son lecteur dans un puissant thriller dont il maîtrise tous les codes.

Pessimiste, Douglas Kenney ?
Douglas Kennedy projette ses inquiétudes en imaginant la fin du fédéralisme américain comme solution à l'opposition entre les deux pôles, complètement irréconciliables, dont on vit les déchirements actuellement. Cédant aux prophéties d'un Elon Musk, l'écrivain imagine tous ses concitoyens “pucés” et en explore toutes les conséquences jusqu'à la fin de l'intimité de chacun. En abandonnant son unité, les Etats – désunis perdent de leur puissance au profit d'une Chine devenant de plus en plus tentaculaire.

En donnant à sa narratrice, un père, même décédé, particulièrement présent dans son récit, Douglas Kennedy se donne l'occasion de parler d'un double de lui-même, certes volage et ayant entretenu une double vie, mais surtout écrivain, grand amateur de tous types de culture. L'écrivain en profite pour parler de son métier et aussi de ses peurs de la sénilité, possible dans l'avenir !

Mais, comme Edna est spécialiste de cinéma, Douglas Kennedy transmet tous ses coups de coeur et sa connaissance d'un art qui a fait la grandeur des Etats encore unis.

Concernant la mission, tuer sa demi-soeur, Douglas Kennnedy place haut le débat moral dont son héroïne va devoir s'acquitter et qui fait le sel de son polar…

En conclusion,
Mais, le message de cet étonnant connaisseur de l'âme humaine, et surtout de la plus noire qui existe, est que toute technologie, si performante soit-elle, ne peut mettre en boîte le facteur humain. Douglas Kennedy le démontre magistralement. Malgré la vision pessimiste qu'il nous offre dans Et c'est ainsi que nous vivrons, il insiste sur la nature humaine avec ses doutes et ses questions qui est l'avenir de notre monde robotisé ! Un thriller étonnant et particulièrement réussi !

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J'aime beaucoup les dystopies. J'apprécie le fait de prévoir l'avenir, parfois avec vérité et sagesse, d'autres fois avec un peu plus de folie mais qui pourtant paraît probable. Et là, nous avons de la chance car Douglas Kennedy nous en propose une aux allures de thriller. L'intrigue révèle son lot de surprises. Personnellement, je n'y ai pas cherché d'idées politiques de l'auteur. Je l'ai pris pour ce qu'il est, un récit plein de rebondissements, un société hors du commun. Un bon divertissement.
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