AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369743156
143 pages
Akata (27/09/2018)
4.2/5   33 notes
Résumé :
Mariko est aujourd'hui autrice de mangas. Mais sa vie n'a pas été facile : élevée dans un foyer peu aimant, entre un père alcoolique et une mère embrigadée dans une secte, elle a dû grandir trop tôt… Découvrez dans son autobiographie comment, de la petite enfance jusqu'à sa vie d’adulte, elle a lutté quotidiennement pour trouver sa place dans ce monde.

Mariko Kikuchi raconte donc sa vie, son quotidien, de la petite enfance jusqu'à aujourd'hui. Au déto... >Voir plus
Que lire après Mon père alcoolique et moiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
4,2

sur 33 notes
5
7 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quand la mangaka Mariko Kikuchi remonte le fil de ses souvenirs, tout est obscurci par l'ombre de celui qui lui a donné la vie, son père alcoolique. Elle se souvient de ses retours à la maison tapageurs, de ses parties de cartes bruyantes alors que, petite fille, elle essayait de trouver le sommeil au fond de son lit. Ivre et volubile, il faisait régner la fureur, la violence dans un foyer déjà mis à mal par la foi exacerbée de sa mère qui passait son temps à prier et psalmodier plutôt que d'affronter le problème. Quand elle choisit de partir, Mariko se retrouve seule avec sa soeur et ce père incapable de veiller au bien-être de ses filles. Mariko a grandi partagée entre une violente haine contre lui et son devoir de fille. Quand, terrassé par un cancer, il sera en fin de vie, elle restera près de lui, dévouée malgré tout.

Grosse claque que ce manga autobiographique qui raconte sans fioritures les ravages de l'alcoolisme dans une famille et la difficile construction de l'auteure après une enfance mise à mal par ce fléau. Mariko raconte sa souffrance et sa solitude face à ce mal, socialement accepté. Autour d'elle, les adultes ne comprennent pas sa douleur et excusent ce père qui certes boit mais organise des soirées entre amis si conviviales. Enfant silencieuse, elle se rebelle en grandissant et reproduit la violence qu'elle a toujours connue en maltraitant son père. Lui reste stoïque et continue à boire sans jamais chercher à se remettre en question ou à se soigner. Mariko en vient à ne plus savoir ce qui est normal, acceptable ou ce qui relève de l'inadmissible. Et quand elle rencontre un garçon, c'est tout naturellement qu'elle le laisse boire et la maltraiter, seule vision du couple qu'elle connaisse. Il lui a fallu beaucoup de courage et de volonté pour devenir la femme qu'elle est aujourd'hui, une mangaka reconnue et engagée, tant grandir dans un tel foyer avait sapé sa confiance en elle.
Un témoignage poignant et très dur. Si les dessins, tout en rondeurs, pouvaient a priori laisser penser à une histoire triste mais douce, il n'en est rien et Mariko Kikuchi prend clairement le parti de la vérité sordide, du réalisme cru. Un manga à lire, vraiment. Que l'on soit concerné ou non par cette terrible maladie qu'est l'alcoolisme, on ne peut qu'être touché par l'histoire de Mariko qui raconte les dommages collatéraux de ce fléau qui n'affecte pas seulement celui qui boit mais aussi tous ceux qui l'entourent.
Commenter  J’apprécie          390
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un manga, trouvé sans le faire exprès dans ma bande-dessinerie* préférée, intitulé Mon père alcoolique et moi, signé Mariko Kikuchi.

-Ca craint, ton bouquin.

-Déjà ? J'ai encore rien dit !

-Pas besoin, avec ce bandeau. C'est racoleur, quand même ! *Voix dramatique* « Combien de familles encore seront détruites par l'alcool ? Découvrez le récit de vie hélas trop ordinaire d'une autrice de mangas », on dirait une bande-annonce d'émission de faits divers. « Aujourd'hui, dans C'est la faute à la société, découvrez nos pires histoires d'enfants élevés par des alcooliques… ». Ca me donne pas du tout envie de le lire ! le sordide, non merci. Et en plus, t'as remis ça !

-J'ai remis ça quoi ? Ah, mon pull ? Il est très bien, ce pull, quel rapport avec la choucroute ?

-Mais non, pas ton pull, bécasse ! La couverture !

-Le plaid ? J'ai froid, je me couvre, où est le problème ?

-C'est pas vrai, tu le fais exprès ! L'ornement de l'extérieur du livre, patate !

-Ah oui. La couv'.

-Voilà ! Elle est rose, encore une fois ! C'est quoi, ce choix graphique ? le glauque, ça passe mieux avec du rose, c'est ça ?

-Hé bien… oui.

La mangaka a fait un choix similaire à celui de Hideo Azuma dans son Journal d'une disparition : elle adopte un trait rond, doux, mignon qui aide considérablement à la lecture d'une histoire triste et dure. le style d'Azuma s'oriente davantage vers un registre comique, toutefois.

La famille de la narratrice est constituée d'un couple et de ses deux enfants. La mère fait partie d'une secte, le père boit. Trop. Mari va raconter comment la consommation d'alcool de son père et la négligence de sa mère a affecté sa vie.

-Et donc comme c'est kawaï**, ça passe crème, c'est ça ?

-Non. Ca passe, mais pas crème. Oui, le dessin est choupi, et, s'il rend la représentation supportable, il n'en laisse pas moins passer les émotions de façon poignante. L'ambivalence, la colère, la tristesse, le désarroi, le soulagement… le trait les exprime bellement. Quant à la violence, elle n'est en rien amoindrie par le style. Certaines pages m'ont glacée.

J'ai beaucoup aimé les métaphores qu'elle utilise en début de BD pour traduire son mal-être.

-Moi, je l'ai trouvée bête, Mari. Elle accumule les ennuis…

-Je comprends ce que tu veux dire, mais non, elle ne montre pas de bêtise. J'ai été étonnée d'ailleurs de trouver quelque chose que je connaissais, sans pour autant le voir de façon aussi évidente.

-Quoi donc ?

-Notre perception peut être en grande partie façonnée par des habitudes prises dès l'enfance. Mari n'a aucune idée de ce qui est normal ou non d'accepter. Bien sûr, elle se révolte, mais sa solitude, sa souffrance l'empêchent ne serait-ce que d'imaginer des relations saines et respectueuses, sauf avec sa soeur. Elle finit par croire que c'est elle, l'anormale, la ratée qui ne mérite aucun intérêt.

Ce que j'ai également apprécié, c'est de lire à quel point sa détresse est niée par les adultes qui l'entourent. J'entends souvent dire que l'alcool est une drogue socialement acceptable, j'ignorais à quel point.

-Elle est peut-être victime, mais elle se montre méchante aussi ! Quand les autres parlent d'eux-mêmes, elle les méprise aussitôt !

-C'est vrai, mais elle reconnaît qu'elle se trompe. Penser les gens fondamentalement bêtes ou inintéressants devient un mauvais réflexe.

-Y a quand même rien sur la façon de se sortir de l'alcoolisme… c'est dommage.

-Ce n'est pas le propos. Ce n'est pas le témoignage de quelqu'un qui guérit son addiction, mais celui de quelqu'un qui a vécu avec un addict. Les dernières pages m'ont consternée, d'ailleurs. Fonder une famille et gâcher toutes ces vies…

Cependant, la conclusion offre de l'espoir. Mari lutte vaillamment contre ses démons. J'espère de tout mon coeur qu'elle trouvera l'apaisement.

*Librairie pour bandes-dessinées.

** « Mignon, charmant » en japonais.
Commenter  J’apprécie          210
Mariko revient sur son enfance, et sa vie de femme, passés auprès d'un père alcoolique. Elle relate les horribles moments qui ont émaillé son chemin et ses états d'âme vis à vis de ses rapports avec son père, sa mère, sa soeur et ses autres proches.
Toute l'histoire, terrifiante à mon sens, est empreinte de spontanéité, d'honnêté et ne s'encombre pas de fausse pudeur. Au contraire, le personnage principal est même, limite, un peu 'tête à claque'. Ce caractère, hyper culpabilisé et terriblement peu confiant en lui, est un grand standard des mangas et je me demande si il reflète une réalité culturelle ou non.
Toutefois, certaines dynamiques de reproduction de schémas familiaux sont, malheureusement des réalités tragiquement réelles.
Un livre intéressant et très déprimant.
Commenter  J’apprécie          130
Mon père alcoolique et moi est le genre de titre que je ne suis pas surprise de trouver chez un éditeur militant comme Akata. Malgré la difficulté du sujet et les dessins pas forcément racoleurs pour les fans de manga, ce titre est définitivement à lire tant l'autrice parle bien de l'alcoolisme et des ravages que ça peut faire dans une famille. Côtoyant moi-même des enfants qui pourraient être l'autrice dans quelques années, je me suis d'emblée sentie touchée.

Ici, Mariko Kikuchi nous livre crument l'autobiographie de ce qu'elle a vécu de sa petite enfance jusqu'à l'âge adulte avec son père alcoolique. C'est dur, c'est sans concession, mais c'est le but. du coup, les dessins sont très simples et ne sont pas forcément ce qu'on retiendra de l'oeuvre. Je le regrette parce que j'aime beaucoup quand il y a un vrai travail graphique. C'est pour ça que je lis des mangas. Mais ici, j'ai su en faire abstraction parce que c'est le texte qui compte vraiment, ça aurait aussi bien pu être un roman, je pense.

Nous suivons donc la mangaka depuis ses plus jeunes années auprès de son père alcoolique. Les émotions qu'elle ressent à son contact et au début à celui de mère également, sont très bien retranscrites. Personnellement, sans avoir vécu cela, j'ai parfaitement retrouvé certaines émotions que j'ai aussi pu ressentir au contact de mes parents que ce soit la honte, la colère, la négation, l'acception, puis la culpabilité, le déni, etc. C'est fort, ça prend vraiment à la gorge et on plaint cette enfant de vivre cela. On est en colère face aux adultes de lui faire vivre cela. le panel des émotions que nous ressentons nous lecteurs est assez incroyable pour ce genre de titre pourtant très sobre dans sa forme et sa narration.

L'autrice nous brosse un portrait assez sombre de la société. Cette société où des adultes osent reprocher à une enfant de ne pas accepter son père alcoolique et tout ce que ça implique avec le sourire. Cette société qui oblige à cacher son mal être. Cette société qui nous force à nier ce que l'on est, ce que l'on ressent, pour entrer dans un moule qu'elle a conçu : le respect des parents, le soutient des parents, le mariage, les enfants, etc. Ça m'a donné une sensation d'étouffement et de colère écrasante !

J'ai vraiment ressentie du coup beaucoup d'empathie pour le personnage, c'est-à-dire la mangaka. Elle passe d'une relation toxique à une autre et a une image tellement dévalorisée d'elle-même. du coup, les toutes toutes dernières pages sont une vraie bouffée d'oxygène et d'espoir pour elle.

Je regrette juste qu'elle ait passé si vite sur son enfance, mais j'en comprends les raisons, elle se rappelle mieux de ce qui s'est passé une fois qu'elle était adulte. Je regrette aussi qu'elle se soit tant appesantie sur elle et que sa soeur soit restée autant en marge, mais là aussi, ça doit tenir de leur relation. On ne peut pas inventer ce qu'on ne connait pas dans des récits comme celui-ci.

Ce titre est vraiment à mettre entre toutes les mains. Il fait réfléchir sur notre société, sur les relations entre adultes et enfants, entre parents et enfants, mais aussi sur les attentes qu'on place/impose à chacun, en plus bien sûr du thème central de l'alcoolisme et des relations toxiques. C'est un titre fort auquel certes, on ne prend pas forcément un plaisir de lecture incroyable, mais qui est nécessaire.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          70
Il y a des familles aimantes où tout se passe bien dans le meilleur des mondes. Il y en a d'autres où l'on ne peut pas en dire autant. L'alcool est souvent responsable de cette souffrance infligée aux membres de la famille que l'on soit une épouse ou une enfant.

J'ai trouvé ce témoignage de la mangaka assez bouleversant. Mariko est aujourd'hui autrice de mangas. Mais elle revient de très loin. Elle a été élevée par un père alcoolique et une mère embrigadée dans une secte qui a terminé brusquement sa vie laissant seules ses deux petites filles.

L'alcoolisme ne sera pas abordée sous l'angle de la maladie mais des douleurs causées à l'entourage qui essaye tant bien que mal à avoir une vie normale. Ce récit autobiographique sera très dur sur le fond mais il est compensé par un graphisme assez enfantin pour en atténuer les effets.

J'admire ce genre de personne qui s'en sort malgré tout. C'est un coup de coeur pour un manga qui passera vraisemblablement inaperçu car personne n'a envie d'évoquer ce sujet triste, complexe et tabou.
Commenter  J’apprécie          80


critiques presse (2)
BDZoom
05 novembre 2018
Une descente aux enfers qui ne peut laisser qu’un goût amer. Un livre, heureusement, plein d’espoirs dans son chapitre final. Mais tout ceci au prix d’années de souffrances et de non-dits.
Lire la critique sur le site : BDZoom
BoDoi
01 octobre 2018
Cette bande dessinée est un témoignage familial douloureux, mais aussi le portrait déchirant d’une femme meurtrie. On ne dira jamais assez combien les addictions parentales peuvent faire souffrir la famille et les marquer à vie. Ce livre est aussi là pour le rappeler.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je peux devenir meilleure en m'inspirant des amis qui m'entourent et me soutiennent.
Commenter  J’apprécie          120
Les personnes qui m'épaulent aujourd'hui sont plus nombreuses que celles que j'ai perdues, et avec leur aide... je dois commencer à vivre ma vie, sans traîner derrière moi l'ombre de mon père.
Commenter  J’apprécie          10
L'alcool ne procure pas la gaieté mais la cirrhose.
Commenter  J’apprécie          60
Je suis plus accoutumée à la brutalité et à la cruauté qu'à la gentillesse ou la douceur.
Commenter  J’apprécie          20
Quand le monstre est aux commandes... nos paroles, nos émotions, nos actes... tout se heurte à un mur impénétrable.
Commenter  J’apprécie          10

Lire un extrait
Video de Mariko Kikuchi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mariko Kikuchi
Table ronde autour du manga autobiographique à la librairie Le Renard Doré
autres livres classés : alcoolismeVoir plus
Les plus populaires : Manga Voir plus


Lecteurs (85) Voir plus



Quiz Voir plus

Prix BD 3e-2nd (3e5) : Mon père alcoolique et moi

Quelle est la particularité de la mère ?

Elle est alcoolique
Mariko n'a pas de mère
Elle fait partie d'une secte
Elle fait partie d'une association contre le cancer

3 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Mon père alcoolique et moi de Mariko KikuchiCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..