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EAN : 9782369350859
160 pages
Le Passager Clandestin (28/06/2019)
3.79/5   17 notes
Résumé :
En 1954 Damon Knight imagine une société qui pense et agit avec la nature.
2063. Le monde moderne a bien failli disparaître. Seules 22 mégacités sont parvenues à préserver leur mode de vie. Face à elles, les Pieds-Terreux, une civilisation rurale et tribale qui vit en coproduction avec la nature. Lorsque Grand New York vient à manquer de métaux, ses dirigeants envoient un émissaire troquer ses gadgets sophistiqués contre des matières premières.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
2064, États-Unis. New York est hyper modernisée, tandis que les autres villes à côté sont redevenues paysannes. Les consommateurs versus les "Bourbeux". Seulement, les matériaux commencent à se faire rare - ou plutôt : la consommation devient trop énorme, il faut donc importer beaucoup. Et surtout, convertir les "sauvages", avant de risquer de se faire complètement assiéger. Voilà la mission d'Alvah, qui doit aller dans les contrées lointaines dans son aérobarge pour jouer les publicitaires.

Un roman court, de 143 pages, qui arrive pourtant à installer un monde riche, une histoire bien pensée, un bon retournement de situation et surtout une réflexion intense. Commençons par ce que découvre Alvah : une civilisation sensée être retardée, et qui pourtant fleurit de manière autonome, sans rien importer ni exporter, sans sur-exploiter ses propres ressources, sans se tuer au travail. Des îlots d'utopie tranquille derrière les buildings. Là où la science-fiction commence, outre le fait que le récit se passe dans le futur, réside dans les matières premières utilisées par les Bourbeux, complètement fantaisistes.

On pourrait difficilement accéder à ce type d'utopie, mais le message derrière n'en reste pas moins pertinent. le récit a été publié en 1954, soit juste après guerre. le rapport à la terre et à l'agriculture devient de plus en plus exigent et le recours aux produits chimiques et à l'agriculture intensive commence à se propager, tandis que les besoins urbains font que la civilisation s'agglutine de plus en plus sur des terres infertiles où ne poussent que les bâtiments, immenses et coûteux en matériaux et énergie. Tandis qu'ici, les Bourbeux sont entièrement versés dans l'utilité, la modération, et ce qu'on imagine être une vision de l'agriculture raisonnée et biologique, rotative. Damon Knight dénonce aussi le rapport au progrès, à la croissance, à la technique, et la course effrénée au toujours-plus. Les Bourbeux ont eux-mêmes leurs propres techniques qui semblent paradoxalement bien plus avancées que celles de la civilisation, il n'est donc pas question d'un retour en arrière, mais plus d'un besoin vital et urgent de repenser le rapport à la consommation, au travail, à l'exploitation humaine et matérielle. Vous retrouverez toutes ces thématiques abordées en fin d'ouvrage - les éditions du passager clandestin remettant toujours les textes dans leur contextes (et c'est très intéressant) !

J'étais un peu dubitative en début de récit car j'avais peur d'une mauvaise réflexion sur les rapports du classisme, mais Damon Knight retourne la situation d'une façon magistrale et ce qui paraît au début être du mépris pour les civilisations apparemment moins évoluées ou moins riches se trouve en fait être une satyre des sociétés qui se prennent de haut. L'histoire se trouve en fait être vraiment drôle, pleine de richesses inattendues, et se trouve être bienveillante et très intelligente. Une poussée de retour à l'état de nature, une invitation à se rapprocher de son environnement et à optimiser ses techniques afin que personne ne manque de rien, à ne pas gaspiller, à ne pas s'essouffler dans une course aussi ridicule qu'inutile et dangereuse. Bref, un texte plus que jamais d'actualité.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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A l'état de nature paraît dans un premier temps sous le nom de « Natural State » en 1954 et est revue et augmentée par son auteur en 1959 qui la renomme « Master of Évolution ».

En une centaine de pages nous voilà projeté dans un monde où les grandes villes sont à bout de souffle, les grands dirigeants y voient une fin certaine, à moins de se rendre chez les villageois, ceux qui ont quittés la ville. le plan : vendre des produits automatisés, mécanisés dits évolués, à ces primitifs, contre leur matières premières. Sauf que notre émissaire envoyé, est très loin de se douter de ce qui l'attend.

Cette nouvelle est une ode à la Nature, à sa puissance, aux cadeaux qu'elle peut offrir si on l'a respecte. Tout est fait pour que la Nature l'emporte à chaque fois. du dialecte évolué des primitifs à leur moyen de défenses et de transports, les rayons lasers et autres véhicules ultrafuturistes font pales figures devant ces outils de la première heure.

A l'état de nature nous renvoie à nos propres démons en quelques centaines de pages. Les grands Buildings, l'agriculture respectueuse et la faillite de l'industrie métallurgique, trois composantes qui, dans les années 60 préoccupaient déjà. Knight n'offre aucun échappatoire rationnel, tant la situation dans laquelle nos personnages évoluent ne l'est pas.

Tout au long de la nouvelle on se retrouve face à notre propre conscience. Elle est questionnée, remise en doute, trifouillée. Il ne s'agit pas forcément de morale ou de choix juste, mais de réflexions bien plus profondes sur le futur d'une espèce. Quelle voie de l'évolution choisit-on de suivre pour sa survie ?
Des questionnements qui trouvent un écho aujourd'hui.
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Avec "A l'état de nature" de Damon Knight, la collection Dyschroniques revient avec un texte terrifiant d'actualité.

Damon Knight, donneur d'alerte? Oui!

"Les grandes Villes ont englouti les petites, comme les insectes mangent leur propre corps quand la nourriture vient à manquer. Maintenant, les choses sont allées trop loin et toi, tu crois qu'il ne s'agit que d'une nouvelle crise, mais tu te trompes. C'est la fin."

La force de cette oeuvre réside dans sa clairvoyance, dans l'intuition de l'auteur envers les problèmes globaux et monstrueux qu'allaient engendrer le progrès technique incontrôlé, le désintéressement de la nature, la perte de communication et de relation avec le monde vivant qui nous entoure.

"Tu vas bien devoir l'admettre, tôt ou tard. Sous tous rapports, nos plantes et nos animaux sont plus performants et efficaces que vos machines."

Un texte qui démarre pourtant assez lentement, peut-être que certains abandonneront: ce serait bien dommage, tant ce livre instruit et nous fait ouvrir les yeux.

Pour que dorénavant nous entendions et écoutions les donneurs d'alerte(s), dénoncions les silences coupables et meurtriers, que nous pensions par nous même pour pouvoir panser les décennies d'injures faite aux êtres vivants et à notre planète Terre.

Si Damon Knight m'avait surpris avec "Le Royaume de Dieu" et la force de ses idées, il me conquit avec "A l'état de nature" et la puissance de ses convictions.
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Le titre "à l'état de nature" a bien joué son rôle d'accroche et pour le coup, je n'ai pas été déçu de l'histoire. Cette nouvelle est prenante du début jusqu'à la fin. Une belle façon de critiquer la folie du capitalisme. J'aime bien aussi le paradoxe glissé par l'auteur derrière la vie des Bourbeux.
Une belle découverte !

Très bonne idée aussi de la part de l'édition de présenter les autres livres du même genre. Que de perspectives...

[Livre acheté en librairie indépendante - stop Amaz***]
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j'ai adoré! un "volontaire" new-yorkais est envoyé chez les Bourbeux pour essayer de leur échanger des trucs "modernes" contre des minéraux. Il tombe en panne et est obligé de s'adapter à cette nouvelle vie au contact de la nature. Une opposition ville/nature; technologie/nature; aliments déshydratés/légumes frais.... Qui de la ville ou de la campagne va remporter le combat. Ce livre écrit en 1954 est précurseur de beaucoup de choses : végétalisme entre autre. de quoi se poser des tas de questions sur notre mode de vie.
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critiques presse (1)
Liberation
05 août 2019
Dans cette novella de 1951, le critique et écrivain de SF Damon Knight réalise par le truchement d’un personnage un peu benêt et comique un renversement de paradigme : ce ne sont pas ceux qu’on croit qui sont les plus civilisés.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un être humain peut apprendre à aimer n'importe quoi si ça lui ai nécessaire. Nous sommes adaptables...et on ne peut pas, à moins de nous détruire, nous conditionner pour nous empêcher d'être adaptables.
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La curiosité humaine, se persuada-t-il, finirait bien par attirer un Bourbeux ou deux. Et si ce n'était pas la curiosité, ça serait peut-être le dérangement qu'il représentait. Combien de temps peut-on rester indifférent à un objet étrange posé à quelques centaines de mètres de chez soi, qui hurle, agite des drapeaux, clignote de mille feux colorés et crache des bouffées de fumée rose et verte ?
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La brune choisit une des plus grandes et la déplia précautionneusement... Elle renfermait une masse informe brun rouge.

« C'est une pousse de maison », dit-elle, avant de la replirer.

La rousse lui montra une fiole pleine de microscopiques sphères blanches. « Ce sont des oeufs de tisserand. Il y en a deux cents. C'est beaucoup, mais c'est parce que j'adore les tentures et les rideaux. »

« Attends un peu », dit Alvah, confus. « Ça sert à quoi, une pousse de maison ? »

« Bah, à faire pousser une maison, bien sûr », répondit la brune. Elle lui tendit une autre fiole d'oeufs. « Des coprophrages. »

La rousse avait un sac translucide rempli de billes noires. « Des arbres utilitaires ».

« Un convertisseur d'ordures ».
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« Le commerce ! La croissance du marché ! La croissance des industries. Réfléchissez. De l'océan Arctique au golfe du Mexique vivent près de cent cinquante millions de personnes qui ne possèdent pas le moindre briquet, pas le moindre télébracelet, pas même un poste de cinéréel. Alvah, nous allons civiliser les Bourbeux. Nous avons réuni des objets représentatifs de notre science moderne, mais néanmoins accessibles pour leurs esprits primitifs. Et vous allez leur vendre ces objets ! Alors, qu'est-ce que vous dites de ça ? »
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« On en est là », reprit Wytak. « Rome est tombée. Babylone est tombée. La même chose peut arriver à New York. Ces sauvages illettrés vont continuer à se multiplier, d'année en année, de génération en génération, toujours plus ignorants et avilis... et dans un siècle, ils représenteront la race humaine. Alors que New York... » Wytak se tourna pour regarder la carte derrière lui. Sa main effleura un bouton et la myriade de petites lumières s'éteignit brusquement.
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