Pas de kaddish pour Sylberstein

Il y a longtemps que je ne m ‘étais pas autant marrée en lisant un Série Noire dont le sujet ne prête pourtant pas à la rigolade.
L'inspecteur Benamou, flic ombrageux de Belleville, se voit un jour confier une affaire peu banale. Simon Sylberstein, vieil homme sans histoire, brocanteur de son état, se constitue prisonnier. Il a reconnu un dénommé Stoltz, ancien Waffen SS responsable de la mort des habitants de son shtetl, et l'a abattu dans sa boutique. Sylberstein décède peu après d'un oedème pulmonaire. Benamou, ému par sa mort et cette histoire de vengeance commise par un homme qui n'a plus de famille, décide de se pencher sur le passé de Stoltz. Il est loin de se douter de la portée de cette affaire qui va le conduire jusqu'à Berlin, sur les traces d'anciens nazis.
J'ai mis du temps à faire la relation entre ce polar mené tambour battant et le film K d'Alexandre Arcadi, (avec Bruel), qui en est l'adaptation. le film beaucoup plus dramatique, a gommé l'humour et l'ironie délicieuse de Pas de Kaddish pour Sylberstein, qui nous mène sur les traces d'anciens nazis travaillant pour les services de la R.D.A. pays qui se revendiquait antifasciste tout en recrutant comme informateurs d'anciens SS via la Stasi -le roman date de 1994, la chute du Mur était encore « fraîche »-.
En plus d'une intrigue qui prend racine en Ukraine pendant la seconde guerre mondiale, et se poursuit derrière le Rideau de Fer, le roman a un autre atout, l'inspecteur soupe au lait Benamou qui est doté d'un solide sens de l'humour. Séfarade plongé dans des histoires d'ashkénazes, il nous livre un florilèges de vannes couscous versus Gefilte fish qui sont très drôles: « Les histoires d'ashkénazes , c'est pas pour nous… Faut toujours qu'ils compliquent tout! Tu as déjà regardé les frontières d'Israël sur une carte? C'est exactement leur esprit. Et tu sais que les femmes ashkénazes peuvent passer des journées à la cuisine pour faire des boulettes de carpes qui n'ont aucun goût. Alors laisse tomber! »
Dans son roman, Konop mêle tragique et cocasse. Je retiendrai la scène délirante dans laquelle Benamou , joueur d'accordéon au faux air d'Enrico Macias , se retrouve teint en blond et en infiltration pour animer une soirée d'anciens SS et de néo-nazis, un vendredi soir , en interprétant Ich hat ein kamerad et autre Nach Frankreich Sogen zwei Grenadieren.
Le petit lexique en fin de volume est très drôle lui aussi, et je n'ai qu'une hâte de lire d'autres polars signés Konop alias Guy Konopnicki dont j'apprends via la page wiki qu'il est le scénariste de Rouge baiser, un de mes films préférés.

Tellement decu par ce livre dont je n ai pas lu bcp de pages
Et tellement emballé par le film (film "k" avec bruel)

Bon livre mais il faudrait l'avoir lu avant de voir " K" d'A.Arcady , car le livre a inspiré le réalisateur et on n'est guère surpris lors de lecture si on a vu le film.