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Paul Lequesne (Traducteur)
EAN : 9791034908509
336 pages
Liana Lévi (04/01/2024)
3.47/5   123 notes
Résumé :
Kiev, 1919. La ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir s'y met en place tant bien que mal alors que la guerre civile fait rage : la région est en proie à des combats opposant les troupes de l'indépendantiste ukrainien Petlioura, l'armée blanche de Denikine, les anarchistes de Makhno...
Samson, jeune étudiant, se retrouve du jour au lendemain à devoir se débrouiller seul après qu'un cosaque a tué son père sous ses yeux et lu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Dans Les abeilles grises, que j'avais beaucoup apprécié, Andreï Kourkov nous emmenait dans la zone grise du Donbass, peu avant l'invasion russe. Avec L'oreille de Kiev, c'est dans la capitale ukrainienne, en 1919, en pleine révolution qu'il nous transporte.
Dès la première page, nous voici plongés dans un drame définissant bien la situation de l'Ukraine, et de Kiev en particulier, en ce début mars 1919 quand Samson Koletchko perd son père et son oreille droite sous le sabre d'un cosaque.
En effet, la ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir est contesté par les Russes blancs du général tsariste Denikine, par les partisans de Symon Petlioura, l'un des personnages les plus importants du mouvement national et par les anarchistes. Cela donne lieu à une véritable cacophonie révolutionnaire !
Réquisitionné presque par hasard par la milice bolchevique, et tandis que deux soldats de l'Armée rouge s'imposent en colocataires à son domicile, notre jeune étudiant, Samson, afin de rétablir de l'ordre dans les rues, de mettre fin aux pillages va se lancer dans une enquête sur les trafics en tout genre. En échange, il recevra des coupons pour la cantine soviétique. Il pourra compter sur le soutien moral de la belle Nadedja, employée au bureau des statistiques, conquis déjà par son prénom signifiant espérance en russe. Il sera aidé surtout par son oreille droite, oreille droite tranchée certes, mais qu'il a pris soin de récupérer et de déposer précautionneusement dans une boîte à bonbons ! Il s'était aperçu, alors qu'il tapotait la boite du bout du doigt « que cette oreille détachée de lui n'avait rien perdu de son étonnant pouvoir : celui de tout entendre et de transmettre ce qu'elle entendait à son oreille interne »…
Avec L'oreille de Kiev, Andreï Kourkov nous entraîne dans la capitale de l'Ukraine en guerre, non pas aujourd'hui, mais en 1919 !
Et dans cette ville de Kiev où la vie quotidienne est rude, la pénurie étant quasiment généralisée, chacun essaie de trouver à manger et de survivre à sa manière. On échange, on vole, on tue…
On retrouve dans ce roman policier historique tout le talent de Kourkov : nous présenter avec humour la folie des hommes dans toute son absurdité. Et on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'actualité et l'invasion de l'Ukraine par les Russes.
L'écriture de Kourkov est absolument savoureuse et le roman ne se lit pas, il se dévore !
L'auteur ukrainien y déploie une palette de personnages, tous plus fabuleux et déjantés les uns que les autres mais sur lesquels il pose toujours un regard grave et tendre.
Comme vous l'avez compris, j'ai pris grand plaisir à lire cette enquête policière qui m'a permis de découvrir cette époque incroyable et fantasmagorique comme la décrit l'écrivain lui-même.
Le roman, comme le stipule Andreï Kourkov en avant-propos, lui aurait été inspiré par d'authentiques documents de la Tchéka, la police secrète bolchevique, datés de 1919, documents qui lui auraient été remis par une amie d'amis.
Grâce à son talent, son regard acéré et son imagination débordante, mariant à merveille le réel et l'imaginaire, il réussit à mettre en scène et faire revivre cette époque de façon quasiment surréaliste.
Cerise sur le gâteau, une suite est annoncée…
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Prêter l'oreille, tendre l'oreille, ce sont deux choses que Samson, jeune étudiant ne pourra plus faire avec l'oreille droite, tranchée d'un coup de sabre.
En revanche, l'expression les murs ont des oreilles (en fait plus précisément ici le tiroir du bureau de son père) prendra tout son sens. C'est l'élément de ce livre que j'ai trouvé le plus savoureux et le plus étonnant. Et, j'ai regretté que cette oreille ne joue pas un plus grand rôle.

On est à Kiev, en 1919. la ville est tombée aux mains des bolcheviques en Février, et la guerre civile et le désordre règnent. Samson, encore vivant, grâce au dernier geste de son père qui l'a poussé quasiment hors de la trajectoire du sabre d'un cosaque (sauf l'oreille), va être embauché dans la milice et y enquêtera sur des vols et les meurtres qui y seront liés.

J'avais adoré Les abeilles grises. J'ai été déçue par celui-ci. Cela arrive quand le livre qui vous a fait découvrir un auteur vous a vraiment marqué. J'y ai retrouvé avec bonheur les petites touches d'humour éparpillées çà et là, le sentiment d'absurdité éprouvé devant ces situations où la guerre annihile le raisonnement humain. J'ai guetté en vain la poésie qui m'avait charmée malgré le contexte dans le livre précédent.

Peut-être est-ce le fait d'être en 1919, peut-etre est-ce l'enquête que j'ai trouvée peu passionnante, les personnages qui ne m'ont pas touchée, mais je suis restée en dehors. Reste et cela explique que je l'ai lu jusqu'au bout, l'écriture d'Andreï Kourkov, magistrale, étonnante, très visuelle quand elle décrit les rues de Kiev , pleine de trouvailles réjouissantes.

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Il s'en passe des choses à Kiev, c'est un endroit bien agité, plutôt dangereux, peu recommandable, - je n'ose pas évoquer le bruit et la fureur pour décrire l'ambiance, dans cette capitale ukrainienne que nous évoque Andreï Kourkov, je parle bien sûr du Kiev de 1919...
Cela vous dirait de venir faire un petit tour là-bas par le truchement de son dernier roman, L'oreille de Kiev ?
Alors, approchez un peu et venez tendre l'oreille...
Kiev en 1919 est la capitale d'une toute jeune et fragile République. Elle est alors occupée par l'Armée rouge. Cette jeune République populaire, qui est la première République indépendante d'Ukraine, vacille sous les assauts du régime bolchévique qui devra s'y reprendre à quatre fois pour la faire tomber dans sa besace. On connaît la suite...
Pour l'heure, c'est la guerre civile. Des combats insurrectionnels d'une rare violence opposent blancs et rouges, anarchistes et nationalistes...
Il est d'ailleurs dangereux de traverser la rue pour rejoindre son tailleur qui vous a préparé un vêtement sur-mesure, on peut se faire fendre le crâne en deux à coup de sabre par un Cosaque, ou bien trancher l'oreille, comme ça d'un seul coup d'un seul.
C'est ce qui arrive au père de Samson Koletchko.
Le jeune homme, étudiant, qui accompagne ce jour-là son père, aura plus de chance...
Le récit démarre par cette agression sidérante et nous happe totalement dès les premières pages, j'ai trouvé cette immersion saisissante...
« En ce mardi 11 mars 1919, sa vie passée venait d'être rayée d'un trait. »
Orphelin déjà de sa mère, c'est un peu comme s'il se retrouvait désormais seul au monde dans le très grand appartement familial, très vite réquisitionné par des soldats de l'Armée rouge qui s'incrustent et établissent leur campement comme s'ils étaient chez eux...
Et puis il y a cette fameuse oreille détachée d'un coup de sabre, celle du jeune homme que celui-ci a eu la présence d'esprit de ramasser au sol comme on ramasse un objet précieux, - il l'est du reste, objet perdu comme s'il était tombé de sa poche, qu'il garde désormais secrètement dans une boîte à bonbons...
On avance dans le récit et on est immédiatement plongé dans un réel palpable. On découvre un monde gouverné par la suspicion, la corruption, les pillages, la menace et la peur, la répression... Un monde sans foi ni loi dans lequel le jeune Samson Koletchko se retrouve enrôlé dans la police bolchévique...
C'est alors une enquête policière qui prend le pas sur le fracas de la rue et les bouleversements de l'Histoire...
L'oreille de Kiev est un étrange roman qui nous invite à entrer dans le vertige d'un récit historique par cette petite touche absurde comme sait le faire Andreï Kourkov, ici c'est une oreille... Il suffirait de pas grand-chose pour que cette oreille prenne la main sur le récit et c'est un peu dommage qu'il n'en est pas été ainsi... J'aurais tant aimé qu'elle devienne le personnage principal du récit.
Le personnage principal du récit, parlons-en, c'est la ville de Kiev avant toute chose, c'est la rue qui bouge, qui vit, qui se convulse dans le changement qui est en train de s'accomplir et ce, dans une violence omniprésente comme celle que l'on rencontre dans tous les soubresauts de l'Histoire, l'histoire avec une grande hache, ou parfois à coup de sabre.
Il y a cette rue qui crépite dans les pages du roman, on l'entend presque venir jusqu'à nos oreilles bien collées et c'est la force de la narration de savoir nous planter un décor et une atmosphère, celui d'un quotidien en temps de guerre. J'ai eu l'impression de saisir un vieil album un peu poussiéreux de photos sépia, de l'ouvrir et d'entrer dans la vie quotidienne de Kiev en 1919, ses rues dont certaines n'ont peut-être pas changé, un tramway passe au milieu des calèches et des passants, il y a toute une vie grouillante faite d'artisans, de bourgeois, d'ouvriers, de policiers, de soldats, de concierges entremetteuses, les témoins de cet ancien régime, qui vont devenir peu à peu, malgré eux ou parce qu'ils en ont envie, acteurs de ce destin grandiose.
Le jeune Samson Koletchko est ainsi entraîné dans ce mouvement irrémédiable pour lequel il n'était sans doute pas préparé... Mais l'Histoire est faite aussi de gens ordinaires qui deviennent des héros en cherchant simplement à survivre, sauver leur peau...
Et puis ce régime bolchévique qui emporte tout sur son passage, n'est peut-être pas pire qu'autre chose, n'est-ce pas un monde nouveau qui tend les bras comme une belle utopie avec des valeurs de partage et de de solidarité, qui sait... ?
J'ai aimé les personnages du roman, comme celui de Samson et de la douce et énigmatique Nadejda Trofimovna...
La force de ce roman, c'est aussi de dépeindre ces personnages principaux ou secondaires avec beaucoup de nuances dans les traits, ce ne sont pas ici les blancs contre les rouges, les changements de société qui s'accomplissent se font toujours dans l'entrelacement et le bousculement de relations complexes...
Samson ressemble au roman, il ressemble à L Histoire en train de se faire, il tâtonne, il grandit. Il est en devenir, lui petit étudiant bourgeois menant une vie ordinaire, qui traverse la rue un jour pour changer de paysage à sa vie...
C'est un roman d'émancipation.
Et puis contre toute attente, ce jeune Samson m'a entraîné dans une enquête policière un peu obscure et ennuyeuse à mon goût. Il m'a arraché aux bruits de la rue où je commençais à me plaire.
Bon, si je reste sur ma faim, c'est peut-être qu'à la toute fin du roman une suite est déjà annoncée. L'oreille de Kiev nous invite peut-être déjà aux magnifiques prémices d'une trilogie où nous n'avons pas fini de retrouver Samson et Nadejda, leur histoire qui naît dans le fracas du monde...
11 mars 1919... Et puis il y eut un certain 24 février 2022... La guerre qui fait rage aujourd'hui en Ukraine depuis bientôt un an, forcément me fait penser aux convulsions de l'Histoire ukrainienne. Comparaison ne serait pas raison, car Andreï Kourkov ne s'en saisit à aucun moment pour en faire un récit partisan... Cependant le trait absurde qui se promène dans le roman pourrait être le miroir en contrepoint de deux tragiques périodes où ce sont souvent les gens de la rue, les gens ordinaires, ceux qui n'ont rien demandé, qui paient le plus lourd tribut...
Gardons une oreille attentive pour la suite...

Je remercie mes compagnes de route pour cette lecture commune qui fut une très belle aventure avec des regards croisés très inspirants : Delphine (@Mouche307) et Gwénaëlle (@Gwen21).
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Après la perte d'un même coup de sabre cosaque de son oreille droite et de son père, Samson, un jeune étudiant, se retrouve à intégrer la milice de Kiev. Plutôt une bonne chose pour lui par les temps qui courent. En effet la ville est aux mains des bolcheviques depuis février 1919, et la guerre civile fait rage dans toute la région entre les troupes de l'indépendantiste ukrainien Petlioura, l'armée blanche de Denikine et les anarchistes de Makhno. Une situation qui ne semble plus autant effrayer un Samson armé et prêt à faire respecter la loi. À commencer par lancer une vaste enquête pour déloger les deux soldats magouilleurs de l'Armée rouge qui ont pris leurs quartiers chez lui, aidé en cela par son oreille coupée qui le renseigne où qu'elle se trouve de ce qui se trame…

Andreï Kourkov raconte avoir eu l'idée de ce roman après que l'on lui avait confié des archives de la Tcheka de la période 1919 à Kiev. Et je dois dire que le résultat est instructif et réjouissant, même s'il est désarmant de voir que l'histoire se répète et que l'Ukraine est de nouveau en proie à l'agression de son grand voisin russe.
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Andreï Kourkov possède un sens inné de conteur très humaniste, son écriture est pleine d'humour parfois acerbe, drôle et pleine de tendresse.
C'est toujours avec plaisir que l'on plonge dans la lecture de ses romans.
L'oreille de Kiev ne déroge pas à la règle, on se laisse porter par ce thriller policier historique teinté d'un peu de surnaturel.
Andreï Kourkov inscrit généralement ses romans dans les espoirs et les dérives de la société post-soviétique.
Avec l'oreille de Kiev, le compte à rebours se trouve de l'autre côté puisque nous le roman se situe en 1919 au début de l'ère soviétique.
Nous sommes à Kiev, en 1919, c'est le chaos politique entre le pouvoir communiste qui essaie de se mettre en place encore menacé par les cosaques et le mouvement anarchiste.
C'est au coeur de ce chaos que l'histoire de notre jeune héros : Samson nous est contée.
Lors d'un combat de rue, les cosaques sabrent son père qui en meurt et lui s'en sort avec une oreille coupée.
Cette oreille coupée devient son handicap et sa force, il conserve le bout coupé dans une petite boîte de bonbons . Ce bout d'oreille en moins va augmenter son ouïe prodigieusement puisqu'elle lui permet d'entendre à travers les murs.
On est pas loin de l'ambiance magnétique du maître et Marguerite de Boulgakov.
Notre pauvre ami, se retrouve orphelin et désoeuvré, il se décide à rentrer dans la milice et devient enquêteur de vols d'argenterie.
A partir de là, Andreï Kourkov nous plonge avec suspens et brio dans une enquête aux rebondissements multiples et savoureux.
Réellement, on passe un très bon moment de lecture et de détente avec ce roman dont je vous recommande la lecture.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
23 janvier 2023
À l’automne 2019, soit juste avant le début de la pandémie, une femme, amie d’amis, est venue porter à Kourkov une boîte en carton remplie de documents datant de 1919, tous produits par la Tchéka, la police politique bolchévique. Oui, incroyable, mais vrai.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
21 octobre 2022
Andreï Kourkov allie l’absurde à l’ordinaire, le comique au sordide. L’époque de L’Oreille de Kiev, il est vrai, s’y prête à merveille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
A l'idée du nouveau pouvoir Samson esquissa un sourire amer. Quand le pouvoir était unique, si ancien qu'il fût, la vie paraissait sans attraits, sans mystère et banale. Et il était banal aussi de la décrier, bien qu'alors, même au début de la Guerre mondiale, les difficultés, comparées à ce qui s'était produit ensuite, ne fussent que de simples contrariétés. Mais le vieux pouvoir tsariste s'était écroulé et à sa place en étaient venus d'autres, de moindre envergure, qui s'étaient succédé à grand renfort de fusillades et de haine. La vie n'avait retrouvé un semblant de paix qu'au temps de la garnison allemande et du hetman(1) invisible, mais cette accalmie s'était achevée par la terrible explosion du dépôt d'artillerie de Zverinets et des incendies qui avaient laissé des centaines de cadavres et des milliers de mutilés et de sans-abri.
À cette époque, en juin 1918, l'air de Kiev laissait un goût sur la langue et titillait les narines d'une odeur de poudre brûlée. 30

(1) Allusion au chef de l'éphémère «Hetmanat», Pavlo Skoropačsk (1873-1945). Le Hetmanat, créé en avril 1918 à la suite d'un coup d'État soutenu par l'armée allemande, fut renversé en novembre 1918 par Simon Petlioura et remplacé par un Directoire, chassé à son tour par les bolcheviks en février 1919.
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Quand il sortit dans la rue, botté et vêtu de cuir, il n’était plus du tout celui qu’il avait coutume d’être vêtu avec son manteau de lycéen et ses bottines anglaises. Son dos un peu voûté, que plus personne ne lui reprochait à la maison, s’était redressé de lui-même, tendu sous la veste comme la corde d’un arc. Les bottes réclamaient une démarche particulière, et cette démarche lui était venue toute seule, comme si ses jambes savaient comment se mouvoir selon la manière dont elles étaient chaussées.
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Nadejda éclata de rire.
" Papa, si on avait plus de temps, on pourrait aussi bien calculer de manière statistique combien il y a de menteurs à Kiev ! Moi, à dire vrai, ce qui m'a le plus étonnée, c'est que notre ville compte des rues intelligentes et des rues bêtes !
-Comment ça ? demanda Samson, incrédule.
(...)-C'est tout à fait normal ! Lui dit Nadejda.Les gens instruits, apparemment, aiment emménager à côté
d'autres gens instruits,et les illettrés à côté d'autres illettrés. C'est ainsi qu'on obtient ici une rue intelligente, et là une rue bête.
- Allons, pas tant de condescendance ! dit Lioudmila, désapprouvant les conclusions de sa fille.Un illettré n'est pas forcément sot.
On peut toujours apprendre à lire et à écrire. Acquérir de l'esprit, en revanche, c'est une autre affaire !"
( p.194)
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Samson alla à la porte et actionna plusieurs fois l'interrupteur. Il suivit des yeux le fil torsadé qui grimpait le long du mur jusqu'au plafonnier. L'ampoule brillait à peine. Dehors, le ciel était toujours gris et maussade, comme pour réprimer son allant et altérer sa fraîche disposition d'esprit. Le souvenir lui revint de la nuit passée, durant laquelle il avait dormi pour la première fois dans le lit de ses parents. Qui plus est au côté de Nadejda. Ils songea à elle avec reconnaissance, il se rappela comme elle l'avait câliné, bercé, rassuré de manière toute maternelle. Quoique non : elle l'avait fait à sa manière à elle, avec ses gestes de jeune fille. Et peut-être avait-elle entendu son murmure à travers son sommeil ? Peut-être l'avait-elle entendu en rêve ? Comment aurait-elle pu ne pas l'entendre du tout !
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Sa main à cette pensée se porta à son oreille coupée, ses doigts en caressèrent la cicatrice. Elle resterait à jamais.
« À jamais ? Non, il faut trouver quelque chose ! Je suis monstrueux sans oreille ! »
Il entra dans le bureau de son père et sortit la boîte à bonbons de la bibliothèque. Il voulut l’ouvrir, mais se ravisa. Il avait peur. Peur de voir un fragment de lui-même desséché, recroquevillé comme une feuille morte. Il se contenta de tapoter le couvercle du bout du doigt et d’écouter. Et il s’aperçut que cette oreille détachée de lui n’avait rien perdu de son étonnant pouvoir : celui de tout entendre et de transmettre ce qu’elle entendait à son oreille interne.
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