La nouvelle BD de Kris, Michalak et Laude est une aventure sportive, sociale menée sur les chapeaux de roue. Dès les premières cases, Kevin saute et virevolte. Il vit pour le Stade Brestois et s'entraîne à rattraper les ballons à tout instant, qu'il s'agisse de poules ou de fruits de mer. Sa passion, aussi aveugle que touchante, amplifie les aspects atypiques du personnage entouré par la bienveillance de sa mère et de ses amis. Kevin va bouleverser l'histoire, la sienne d'abord. Mais également celle du club et de sa ville. Personne ne l'attend. Pourtant, il chamboule tout. Kris, avec humour et beaucoup de tendresse, s'intéresse à ces êtres qui sont à côté des standards de la société et les place au coeur de l'histoire. Ils affrontent, résistent et osent. Ils sont audacieux. Kevin l'est. Sa mère et les intérimaires sur le carreau également. On retrouve ici l'attachement de l'auteur pour des héros du quotidien, pour des gens audacieux animés par une énergie toute puissante.
Cette énergie se repère dans les dessins et le découpage. Kevin, dans les premières pages, vole, glisse sur le sol. Cela se retrouve dans les scènes de matchs, plutôt dans le public auquel Kevin apporte toute sa passion, dans les braquages et dans les nombreux gags qui émaillent le récit. Kevin est habité par des références de héros classiques – Rocky, Rambo ou encore Terminator – et Kris s'amuse à placer des clins d'oeil malicieux (le métier étonnant de la mère de Stallone, par exemple). Il n'oublie pas la comédie française, avec le joli duo de flics pas très doués qui reprennent quelques dialogues de la Grande vadrouille. Michalak, dans les dessins, joue sur la profondeur de champ pour accentuer les gags. Les histoires se chevauchent, les personnages se croisent et ce mouvement d'êtres est très bien mené dans les cases. On sent les courants se confronter (dans l'histoire de braquage) ou se fondre dans une masse joyeuse (les scènes de liesse populaire dans le stade).
La culture populaire, française (les malentendus entre les Bretons et une certaine rivalité territoriale) et américaine, se retrouvent dans cette grande aventure car au-delà du foot, c'est la ville de Brest qui est le territoire visé. Alors une entreprise ferme, des ouvriers et intérimaires sont mis de coté. Les syndicats lâchent les seconds qui décident de sauver leur situation. L'histoire des droits sociaux rejoint celle du gazon. La réalité, sa violence étouffante ne sont jamais loin dans les histoires de Kris. Ici, c'est le terreau d'une certaine folie, d'une libération par l'imaginaire pour des personnages pleins de panache.
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