Les Idées de Céline, de Philippe Alméras – Cet ouvrage, issu d'une thèse d'Etat, est à ce jour le travail le plus fouillé sur les idées de Céline. L'auteur en montre la cohérence, la précocité et la continuité.
Ces idées se résument au racisme biologique et à l'anti-intellectualisme. Le chapitre consacré aux années d'Occupation est à ce titre particulièrement éclairant. Céline a fait croire après la guerre qu'il s'était mis au-dessus de la mêlée, qu'il n'avait été en rien un « collabo ». La recension minutieuse des textes écrits par lui à cette époque – essentiellement des lettres aux journaux comme « Au Pilori » – prouve la continuité de ses convictions. Il est obsédé par les faux « aryens », sympathise avec Jacques Doriot, déplore que tous les Français soient enjuivés « jusqu'à la moelle », subodore que Racine lui-même était Juif (son théâtre n'étant qu’une fougueuse apologie de la juiverie »), vante les mérites scientifiques de « l'admirable savant » Montandon, auteur du manuel « Comment reconnaître le Juif ? », se demande si Pétain est ou non un raciste (« Tout est là »), dénonce dans Vichy « le chef clapier des bourbiers juifs », etc.
De nombreux documents inédits viennent à l'appui de cette démonstration implacable.
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