Immersion de qualité dans l'intimité des quinze derniers jours de vie de Louis le quatorzième.
Chapitres courts, lignes ciselées, phrases concises, mots calibrés,
Eve de Castro n'en fait jamais trop. L'efficacité et la rigueur gouvernent.
Le roi mène une guerre ultime contre son ennemi de l'intérieur : les régiments de la gangrène l'assaillent par une jambe. Ce roi qui déclare avoir beaucoup dansé, ne dansera plus jamais.
Il n'accepte pas son état: « Nous, Louis, roi qui avons pris les armes pour bouter la bête hors les murs, verrons. » Et nous voyons, un homme qui ne fléchit pas devant la souffrance, qui ne flanche pas devant sa cour et qui ne cède pas devant ses proches. « Je ne suis pas un vieillard, je suis le soleil de ce siècle. »
Toutefois, au fil de ce court roman, nous remarquons que son orgueil s'émousse, le mal gagne. Son besoin de repenti devient fatal. Devant Dieu : « Je ne dois plus vouloir que ce qui plait au seigneur. ». Devant les hommes, « Je n'ai pas seulement fait la guerre par raison d'état, je l'ai aussi faite par goût. » de cela je me repens.
Je n'ai pu m'empêcher une certaine empathie pour ce monarque tyrannique devant le calvaire qu'il endure. « Si j'avais su ce que c'est d'être torturé, est-ce que je l'aurais permis ? »
L'auteure, au travers de l'entourage du roi ; médecins, valets, curés, conjointe, descendants nous éclaircit sur les moeurs et usages de l'époque. Tous les sentiments sont décrits avec émotion, des plus purs et estimables aux plus vils et méprisables.
Durant son agonie, il rencontre également pour une dernière entrevue, son arrière petit-fils, le futur Louis XV âgé de cinq ans, à qui il conseille de ne plus faire la guerre : « C'est la ruine des peuples ». Ce qui, bien entendu, depuis 1715 a été écouté, obéi et entériné comme nous pouvons le constater tous les jours…
Pour ma part, comme toujours, un livre d'Eve de Castro demeure un vrai plaisir de lecture.
Restons donc sur une note réjouissante : « Ce n'est pas une grande affaire que de mourir, si j'avais moins mal ce ne serait pas difficile, pas du tout. »