«
Personae» (The University of Chicago Press, 216 p.) est un (petit) livre de 201 pages de texte, divisé en 10 chapitres, qui commence par un meurtre et donc une enquête policière. Quoi de plus normal pour un roman. Là où cela se complique, c'est que ces chapitres comportent en fait 3 histoires séparées (The Ocean,
Personae, Energias). Entre on a droit à deux extraits des carnets de la détective sur JS
Bach,
Glenn Gould et le silence anti-conspirateur (« aconspiratorial silence » est-il écrit). En plus, il y a deux oraisons funèbres, une histoire sur comment nager hors de la mer et le récit d'une mission suicide dans la jungle. le résultat est que le lecteur sort du livre un peu comme après un cycle complet de machine à laver (propre sur soi, mais un peu fripé). Après étendage et séchage, le résultat est assez surprenant, et l'on en reprendrait bien un tour (un peu comme sur la chenille dans les foires, et maintenant à l'envers).
Reprenons donc. Un colombien Antonio Acre, âgé de 111 ans, est découvert mort dans son appartement. La détective, Helen Tame intervient. Sa formation criminelle est impressionnante. Débutant le piano à 5 ans, elle a une brillante carrière internationale de pianiste jusqu'à 20 ans, puis elle écrit dans « The American Journal of Musical Theory ». Elle a de plus la particularité de se rendre invisible là où elle est, ce qui facilite ses investigations sur les scènes de crime. Dans l'appartement du mort, elle a vite fait de conclure à un crime. Elle récupère donc des pièces à conviction : un rouleau de papier toilette brun annoté, un magazine « TV Guide », également annoté en marge, et une rame de papier écrit de la main de Acre. A noter que ces deux dernières pièces contiennent des histoires, et non seulement des écritures. Par contre le rouleau est devenu un palimpseste de mots qui se sont agglomérés les uns aux autres.
On remixe le tout et on édite. La partie centrale (83 pages) du livre devient alors une pièce de théatre en deux actes entre 7 personnages, d'après les notes trouvées. Avec un
Adam (premier personne plurielle) et un Not-Adam (dernière personne singulière). Tout cela est fort limpide.
Les notes musicales de Tame donnent le ton. On retrouve les thèmes des Variations Goldberg, avec une aria introductive, des variations, et une aria terminale. Voila qui clarifie la lecture (je n'ai pas dit simplifie).
En fait, on retrouve dans «
Personae » les thèmes chers à
Sergio de la Pava. le sens de la pureté, la défense exemplaire pour tous, le crime parfait.