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EAN : 9782226048288
177 pages
Albin Michel (11/09/1990)
4.22/5   16 notes
Résumé :
4ème de couverture
Sourate, au sens premier du mot, ne signifie rien d'autre que chapitre ou verset. Mais l'usage qu'en firent, avec le Coran, les disciples de Mohammad leur donna aussi à la longue le sens de révélation, voix perçue, voix reçue de l'Homme-dieu qui est en nous. Ici, plus modestement, j'emploie ce mot pour dire que ces textes sont nés de l'écoute attentive -- et souvent émerveillée -- de toutes les voix du monde : voix intérieures d'abord, ave... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La prose de Jacques Lacarrière est généreuse, volubile. J'aime ses récits de voyages. Il parvient à relier entre elles ses expériences multiples, à en extraire le suc, par un vocabulaire étonnamment riche et poétique. Les sourates pour lui sont l'occasion d'exprimer l'écoute attentive des voix du monde, « voix perçues de l'homme-dieu qui est en nous ». Aussi toute expérience est-elle la source d'une sourate. Sourate du désert, sourate du grenier, du village, de l'herbe, du corps, de la rumeur du monde, du silence... Il passe du souvenir de ses voyages en Egypte à la contemplation d'une colline dans son petit village bourguignon De Sacy. Nous convie à une sorte d'élévation révélation de l'éternel en chaque chose. Une écriture jubilatoire, qui dit la richesse de toute expérience, immobile ou mobile, chez soi ou à des milliers de kilomètres de sa maison. A lire pour comprendre que l'essentiel frappe à la porte de toute expérience humaine.
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A l'écoute des voix du monde perçues de prime abord depuis le village bourguignon De Sacy, l'écrivain et poète Jacques Lacarrière élargit son attention à l'environnement immédiat avant de voguer vers l'Egypte, les déserts et revenir à l'espace intérieur, au visage, aux mains. A travers ses sourates (de l'arabe « sura » signifiant « verset » ou « chapitre »), l'auteur, « géographe des brindilles », déploie une spiritualité toute personnelle, révélatrice d'une qualité d'écoute puisant aux sources les plus délicates du monde car « dans l'abîme du minuscule réside aussi le mystère des voix ». L'auteur arrive à faire décoller son propos dès qu'il s'y met en scène, nouant ses souvenirs à ses réflexions, ancrant sa rhétorique dans son vécu à l'exemple de la sourate des Bogomiles relatant l'« hérésie » cathare et bogomile [appelés les Purs en Occitanie et les Amis de Dieu en Bosnie et en Herzégovine] : « […] ces Amis de Dieu constituèrent pendant le Moyen Âge des communautés rurales importantes, rivées à ces terres difficiles, apparemment isolées du monde et ouvertes cependant aux messages gnostiques et libertaires venus d'Anatolie, de Cappadoce et des communautés d'Egypte. » D'une sourate l'autre, le lien se fait par la reprise de la dernière phrase ouvrant un nouveau chapitre, continuant une pensée vagabonde, butant sur l'Egypte, s'insinuant dans l'herbe de la colline De Sacy, une réflexion ourdie de poésie, usant de la litanie comme d'un encensoir pour mieux révéler à la conscience du lecteur la lumière d'une phrase ciselée, riche et concise.
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Une appétence du verbe, un chercheur marcheur autour des civilisations méditerranéennes Antique & Mystique et du petit chemin autour de sa maison et des campagnes. Digne Élu de la Philocalie ce “BonHomme” est un enchanteur qui parcourt les horizons lointains et celui du bout de son nez pour arriver toujours au dépouillement. Une production littéraire et spirituelle abondante et époustouflante pour vivifier la sobriété et la vigilance de l'Âme. Merci le confinement car son oeuvre est riche et j'en ai tout le loisir de le découvrir à petits pas.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Un anachorète qui vivait autrefois dans le désert d'Egypte et dont la vie ascétique exemplaire attirait de nombreux visiteurs, vit venir à lui un jeune moine tout impatient qui lui demanda : " Maître, apprends-moi comment sauver mon âme et gagner mon salut." L'anachorète l'examina puis lui dit : "Avant que je t'enseigne, va d'abord t'installer là-bas, au pied de la colline que tu vois et comptes-en les grains de sable. Après tu reviendras." Le disciple ne revint jamais.
Egypte ou Bourgogne, sable ou herbe, on trouve toujours autour de soi de quoi occuper son besoin d'infini. Nous parlerons plus tard de l'Egypte et du sable. Puisqu'elle est à ma porte, devant ma fenêtre, commençons par cette colline et commençons par l'herbe. Car, autant le redire pour que tout cela soit clair, tant que je ne connaîtrai pas l'herbe de cette colline, il me parait vain, stérile et inutile d'aller ruminer le monde.
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Dans l'île de Patmos, en Grèce, j'ai habité longtemps une pièce nue, d'une blancheur immaculée et donnant sur la mer . Aux murs rien ou presque rien : une icône, une veilleuse, une photographie . Je rêve depuis ce temps d'un tel dépouillement pour l'écriture . Je rêve de murs chaulés et nus, d'une immaculée construction qui serait la vierge matrice d'un livre-dieu toujours ressuscité . Je hais les entassements d'objets hétéroclites, tous les capharnaüm de la mémoire, le fouillis étalé au grand jour des chambres funéraires de notre esprit . La méditation, la réflexion n'ont besoin que du vide intérieur, de l'absence, de la nudité des désirs .
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A présent je voyage pour désapprendre. Me déprendre de moi. Non plus être gravide mais me remplir de vide. Idiot qui, tant d'années, a cru te mieux connaître en rencontrant les étrangers alors que le seul but avouable du voyage est de devenir l'étranger de soi-même!
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je reprends ma citation, interrompue par un caprice de mon ordi :
" Mais je n'envisage pas pour autant de proposer ici une philosophie herbacée de la vie . Bien que l'herbe ait beaucoup de choses à nous dire . Sans elle toute vie terrestre et animale eût été impossible . Elle est la cellule de base du grand parti des herbivores . Sans elle, pas de carnivores, pas d'évolution, ni d'histoire naturelle ni d'aventure humaine . Herbe et Histoire sont les deux et irrécusables témoins du cheminement hominien . Nulle transcendance en nous sans sa dérisoire ascension . Nulle permanence sans sa précarité . Et nulle méditation sans sa verte assomption . Herbivores, carnivores, ruminants, digérants, nomades, sédentaires, nous sommes tous des enfants de l'herbe ."
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A présent je voyage pour désapprendre. Me déprendre de moi. Non plus être gravide mais me remplir de vide. Idiot, qui tant d'années a cru te mieux connaître en rencontrant les étrangers alors que le seul but avouable du voyage est de devenir l'étranger de soi-même !
Un jour qu'il s'approchait des portes de Bagdad, le père de Djellal-ud-din Rûmi fut arrêté par les sentinelles du sultan.
-- D'où viens-tu ? Où vas-tu ? lui demandèrent-t-elles .
-- Je vais de Dieu à Dieu. Je viens de nulle part et je ne vais nulle part, répondit Baha-ud-din.
Admirable réponse. Je n'en vois aucune autre à faire lors de tout vrai voyage. Mais qui l'acceptera en un monde où tout est fiché, enregistré, où nos désirs sont cadastrés ?
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Videos de Jacques Lacarrière (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Lacarrière
Bruno Doucey lit un extrait du recueil "grécité", de Yannis Ritsos, reproduit dans notre livre spécial dix ans "Un bateau nommé poésie". Nous avons publié "grécité" en 2014, en bilingue grec/français, dans la traduction de Jacques Lacarrière.
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