Le fil rouge de cette étude biographique : les voyages
De Stendhal et leur compte rendu dans les fragments autobiographiques ou dans les lettres.
A mes yeux, les chapitres consacrés aux séjours en Italie sont trop morcelés : on a droit à de nombreux allers retours entre les épisodes du voyage et leurs échos dans les fragments autobiographiques.
Heureusement, les pages dédiées aux séjours à Vienne, en Angleterre et à la campagne de Russie me semblent beaucoup plus cohérents et donc plus vivants.
A part ça, deux points qui me chiffonnent :
- L'overdose d'anecdotes, portraits et conjectures autour des flirts et autres amourettes
- le biographe est épris par
Stendhal, au lieu de garder une distance
Extraits
Au sujet de l'épisode de Vienne :
« Splendide d'allegro, de débraillé, « d'inattendu » magique est ce récit de voyage à travers l'horreur que vient soudain distraire un regard, un élan de tendresse ou de comique, cette errance de bohème glouton mais diligent, attaché à son seul bonheur d'être. Sous nos yeux, ce Chérubin fessu et mafflu se construit, se bat comme on bat une crème, l'oeil égrillard, la main leste, l'appétit féroce, toujours avide d'épinards, de côtes de boeuf flambées et de pommes de terre au four. Mais brave, oui, brave, et le coeur généreux [ ]. Dans ce torrent de la guerre, on croirait voir se couler en roucoulant un faune en quête à la fois de nymphes et d'Argonautes… » P 50
Un extrait des notes d'Henri Beyle, toujours à Vienne :
« Par prudence, je n'écrirai rien :
a) Sur les événements militaires
b) Sur les relations politiques avec l'Allemagne, et surtout la Prusse assez bête pour ne pas attaquer
c) Sur les relations de Dominique [c'est de lui qu'il parle ainsi] avec le plus grand des hommes »
Et le commentaire du biographe :
« On s'en voudrait de se gausser d'un écrivain si digne d'affection, mais cette prudence affichée à propos de questions politiques ou militaires qu'il n'est pas en mesure de connaître, et de ses relations avec Napoléon – qu'il ne put, au mieux, que croiser ou apercevoir – relève tout simplement du bluff… » P46
Hé oui,
Stendhal – maître du bluff