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EAN : 9782330135263
Actes Sud (19/08/2020)
3.61/5   98 notes
Résumé :
Alors que tout va plutôt bien pour Alain Conlang, polémiste télévisuel bénin dûment assermenté par l'État et vastement apprécié par la jeunesse, le voilà qui, lors d'un dîner sans relief, lâche une sotte et gratuite réflexion sexiste. L'ennui ? L'alcool ? Le mauvais goût ? Aucune excuse ne tient.
Dans un monde passé à la javel idéologique, le dérapage est de nature à précipiter notre Bartleby du XXIe siècle chez un Kafka décidément inoxydable. Drôle et inqui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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En 1970, Michel Audiard immortalise une époque où « elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause ».

En 2030, Ilan Duran Cohen nous plonge dans une dystopie où « elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, et elle cause surtout pas » car toutes les conversations sont enregistrées, les déplacements filmés, les communications enregistrées, et le moindre propos peut dégrader votre mapping (réputation sociale), mener en justice et condamner à une castration chimique.

Alain Conlang, polémiste employé par une chaine pour commettre « des textes qui ne dérangent pas mais qui apparaissent comme subversifs », fragilisé par l'annonce de la « transition » (mutilation) de son frère Benjamin malgré l'opposition de ses enfants, dérape lors d'un diner et lâche une remarque aussi sotte que misogyne.

Ses « amis » le dénoncent, la justice l'assigne, Alain perd son emploi et attend son procès. Sa nièce Adèle fugue et le rejoint (détournement de mineur). La police les poursuit dans un pays asservi par les écolos et les vegans, où alcool, viande, tabac sont prohibés, la nourriture chichement mesurée (tickets de rationnement), l'obésité interdite, cuisines et salles de bain collectifs, les transports en communs crasseux.

Le moindre écart est verbalisé grâce au progrès de la vidéo surveillance et de l'intelligence artificielle. le politiquement correct imposé avec d'autant plus d'aisance que le débat est interdit.

Le lecteur constate que 2030 c'est 2023 en (à peine) pire est qu'après la vitesse limitée à 80 km/h, le passeport sanitaire, la vignette Crit'air, l'interdiction des casseroles, la vidéo surveillance imposée par les Jeux Olympiques à Paris, la taxe carbone en 2025, nous sommes en bonne voie vers le meilleur des mondes.

Mais l'autre évidence, c'est qu'en niant la différence homme/femme, la différence humain/animal, c'est l'identité qui est niée et que cette fluidité, ces identités provisoires, agiles et réversibles, nous assignent à devenir transgenre, transnational, transculturel, et nous condamnent à ne plus penser et être (Descartes : « cogito ergo sum »). C'est ce que la mère d'Alain constate en se confessant au fil des pages. Fonctionnaire, et donc assujettie contractuellement à servir l'inquisition « décarbonée », elle se révolte intérieurement et partage la rébellion d'Alain et d'Adèle.

Le petit polémiste enchaine au fil des chapitres des scènes tragi-comiques et des contes philosophiques. C'est drôle, ravageur et révoltant.

Mais une série de nouvelles constitue-t-elle un roman ? Là est ma réserve, car l'ensemble m'a semblé manquer de fil directeur, d'architecture et la confession maternelle insérée en tête de chaque chapitre contribue à cette errance.

Comme Alain Conlang, je préfère « être un homme libre dans un monde pollué plutôt qu'un esclave respirant de l'air pur », mais j'entends déjà Benjamin(e) m'asséner « tu pues le facho conservateur et libéral. L'humanité change, frérot. Tu suis ou tu dégages».

Pire mon mapping va encore plus se dégrader 😉
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Actes Sud propose un roman comique et effrayant à la fois.
Pour avoir dit dans un dîner assommant et alors qu'il était un peu éméché : "Je ne supporte pas les bonnes femmes et leur rapport au pouvoir,je ne supporte pas de travailler pour les nanas, c'est toujours un cauchemar"un jeune polémiste télévisuel surtout aimé des jeunes, signe son arrêt de mort sociale.
Nous sommes dans les années 2030. Et à cette époque, tout propos tenu contraire à la pensée dominante est vite dénoncé publiquement, et le lynchage des réseaux sociaux galope.
M. Kundera et Ph Roth ont déjà exploré ce mécanisme( sans réseaux sociaux il est vrai) avec talent.
En 2030 donc il faut des tickets pour chaque chose, plus de viande, plus de sucre, un algorithme surveille tout cela.C'est une joie et un honneur de changer de sexe, plus rien n'est secret.
L'auteur écrit des horreurs jubilatoires. Il expédie le lecteur dans une dizaine d'années, soit, mais il ne m'est hélas jamais venu à l'esprit qu'il pouvait s'agir d'un roman de science fiction...
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Romancier et cinéaste singulier et parfois étonnant dans le début des années 2000 - notamment son deuxième film, La Confusion des genres avec un Pascal Gregory en avocat déboussolé, Ilan Duran Cohen est également un romancier qui a écrit quelques romans remarqués comme "Le Fils de la Sardine "à peu près au meme moment .

Après s'être fait plus discret ces dernieres années, Duran Cohen revient en cette rencontrée littéraire avec un roman d'anticipation certes, mais qui se déroule dans un futur tres proche les années 2030.

Son nouveau roman "Le petit polémiste "est une satire de notre société audiovisuelle où les chroniqueurs et polémistes en tous genres sont légions avec un héros, un certain Alain Colang (un personnage que les fidèles du romancier connaitront car déja présent dans son roman " Mon cas personnel)" , polémiste professionnel , assermenté par l'état, et apprécié de tous, en tout cas, avant de faire le dérapage de trop.

Dans cette société où le classement social- le mapping- impose ses choix au gré d'algorithme forcément aléatoires, Conlang se voit délaissé de tous les cotés, que ce soient les proches ou les , professionnels .

Totalement désavoué et surtout menacé d'une sentence judiciaire terrifiante- la castratation chimique, Conlang va tenter de s'en sortir.

Une plume au vitriol pour attaquer au scalpel la bien pensance étatique , le retour d'un Ilan Duran Cohen en grande forme . On se dit que son roman d'anticipation ressemble quand même bien à la réalité de l'époque !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans une futur pas si loin que ça, Alain Colong est polémiste dans l'audiovisuel.
Lors d'un dîner, un peu ivre, il lance une phrase sexiste.
C'est le début de graves ennuis pour lui.
Son procès est programmé.
En effet, tout dans cette société est réglementé, surveillé.
Plus de place pour la moindre liberté.
Caméras, mapping draconien, algorithmes, délation.......
plus aucune place pour une identité proche.
C'est un roman bien écrit, une satire kafkaïenne,
S'il y a beaucoup d'humour, on ne peut s'empêcher d'avoir froid dans le dos.
Certes on n'en est pas là, mais une à une nos libertés s'amenuisent et on entre dans un système réglementé qui n'augure rien de bon.
A tel point que j'ai cru par moments ne pas pouvoir poursuivre ma lecture.
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Quel roman déstabilisant décriant un futur vers lequel nous pourrions nous diriger si la société est poussée dans certains extrêmes.
Dans la lignée de 1984 de Georges ORWELL, nous nous retrouvons dans les années 2030.
Depuis de nombreuses années, le gouvernement exerce un large contrôle pour respecter certains préceptes que se soit en matière d'écologie, animale, d'idéaux d'égalité des sexes ou encore religieux. de plus en plus de nouvelles règles ou taxes sont mises en place, et, si les individus manquent à celles-ci leur "mapping" se verra impacté.
Lors d'un diner trop arrosé, Alain Conlang, polémiste télévisuel mais adoré des plus jeunes va, sur le ton de la plaisanterie faire une réflexion sexiste de mauvais goût. Il n'en faut pas plus pour être dénoncé. A partir de là la vie d'Alain Conlang va prendre un nouveau tournant dans l'attente de son futur procès...

Ce roman satirique pousse parfois certaines idées et concepts à l'extrême mais il a le mérite de pousser à la réflexion...

Challenge MULTI-DEFIS 2021_05
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je croise un groupe de jeunes gens magnifiques qui chantent leur joie. La loi interdisant la construction de cuisines et de salles de bains privées dans tous les appartements neufs vient de passer. Comme leurs parents, comme nos vaillants députés trentenaires, ces jeunes n'ont connu que la colocarion. Ils ont toujours partagé leurs dépendances. Les nouveaux immeubles auront donc en sous-sol des salles de bains, des WC et des cuisines communes, chaque citoyen est encouragé à éduquer avec amabilité mais responsabilité son voisin en cas d'attitude non appropriée à la vérité écologique. Il paraît qu'ils feront bientôt passer la loi interdisant les appartements de plus de cinquante mètres carrés, il faut répartir équitablement les surfaces habitables autorisées. Le prix de l'ancien va encore augmenter.
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Une vache errante a failli m'écraser. Depuis la loi sur le respect du libre arbitre animal, elles se baladent à leur guise dans Paris, seuls les chiens sauvages ont le droit de les mordre. Les vieilles dames ne sortent plus pour effectuer leur promenade quotidienne, voir du monde, s'élargir l'horizon, prendre l'air tout simplement. Trop dangereux. On préfère le bien-être des chiens à celui de nos vieillards qui ont fait tant de mal à la planète.
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Nous étions une trentaine de polémistes asser-mentés par l’État, reconnus d’utilité publique, on nous donnait une carte, une licence pour exercer, il ne fallait pas la perdre, elle était difficile à récu-pérer. La perdre était perçu comme une négligence et un irrespect de la fonction sacrée, nous servions la démocratie, notre carte en était la preuve irréfutable..
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J'ai toujours cru que je t'avais raté. Les premiers de classe sont des crétins séparés du monde, tellement obsédés par eux-mêmes, par leurs concours qu'ils aiment réussir et par ces ascensions sans fin qui les enivrent et les obsèdent. J'ai mis soixante-deux ans à réaliser que la bonté est la seule vraie beauté.
Bébé cactus, tu es mon soleil, tu es notre homme.
Prends le relais.
Je t'aime.
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Je crains qu'à mon contact, ma nièce ne sombre dans une incapacité chronique à s'adapter à son environnement, celui dans lequel elle est née et qui me fait tant horreur Elle est quand même la petite-fille d'un mannequin intellectuellement limité qui a plaqué la société car elle lui interdisait de conduire ses Mercedes à moteur à explosion qu'il adorait plus que nous. Une nièce à explosion.
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Videos de Ilan Duran Cohen (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ilan Duran Cohen
« C'est une farce, un roman d'anticipation, qui se déroule dans une dizaine d'années. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que ce n'est pas tant de l'anticipation que ça, que je suis rattrapé par la réalité et les événements. Tout commence pour mon héros dans un dîner où il glisse, il chute : il dit une phrase un peu sexiste, complètement idiote, complètement sotte et à partir de là, tout son quotidien, sa vie, vont être chamboulés... » Ilan Duran Cohen
Plus d'informations sur le roman : https://rentree.actes-sud.fr/
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