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EAN : 9782267032635
512 pages
Christian Bourgois Editeur (03/09/2020)
3.98/5   90 notes
Résumé :
Un soir de printemps, après avoir quitté le diner dont il est propriétaire, Driss Guerraoui, un Américain d’origine marocaine, est brutalement renversé par une voiture et meurt sur le coup. Le chauffeur du véhicule, lui, prend la fuite. La nouvelle de sa disparition est un choc pour sa famille, et ravive des blessures et des questionnements que tous auraient préféré laisser derrière eux.
Cette mort est-elle un tragique accident de la route, ou faut-il y voir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Comme disait Howard Zinn : « Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs ». Laïla Lalami n'est pas historienne, elle est romancière, et c'est préférable. La fiction s'autorise des propos qu'une science humaine mettra des siècles à valider. Entre temps, la justice a pris la cause des méchants.
« Les autres américains » arrive à un moment opportun, en plein questionnement identitaire. Cette Amérique qui donne sa chance à l'individualité, surtout si elle est blanche. Cette Amérique désormais incapable d'étouffer la voix des plus racistes.
Nora est d'origine marocaine et sa couleur de peau est beaucoup trop sombre pour le petit bled de Californie où ses parents ont tenté leur chance. Au mieux, on la confond avec une mexicaine, au pire, elle se fait traiter de « tête à torchon », surtout après les évènements du 11 septembre, cette date fatidique pour tous les musulmans paisiblement installés aux USA. Cela m'a rappelé le très beau film pakistanais, « Khuda Kay Liye », dans lequel un musicien est dénoncé par un voisin suspicieux.
Le roman est choral et pour une fois ce n'est pas un artifice narratif, c'est une nécessité, car il faut écouter la voix de tous les protagonistes pour comprendre pourquoi le père de Nora se fait renverser devant le restaurant qu'il a mis une vie d'immigré à bâtir. Dans cette petite ville à la « American Beauty » (gens de couleur en plus), névroses et jalousies sont les révélateurs d'un pays divisé. Laïla Lalami excelle dans leur description (exemples, pages 54, 209, 261, 456) et résume par une question la difficulté de vivre aux USA quand on est pas WASP : quelle est ma place ?
Bilan : 🌹🌹
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Ces autres Américains ne sont-ils pas, finalement, ceux qui représentent le plus le peuple états-unien, melting-pot d'origines et de cultures depuis toujours ? Laila Lalami raconte une famille à travers plusieurs points de vue dans ce roman choral qui naît d'un drame, de la mort tragique d'un père. Ses filles, sa femme, l'enquêtrice et bien d'autres racontent des bribes de l'histoire, des bribes de ceux qu'ils croisent sans connaître, reconstituant peu à peu le puzzle pour le lecteur (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/05/19/les-autres-americains-laila-lalami/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Driss Guerraoui, américain d'origine marocaine, est propriétaire d'un diner. Alors qu'il s'apprête à regagner son domicile un soir, il est renversé par une voiture et meurt. le conducteur prend la fuite. La fille cadette de Driss, Nora, ne veut pas croire à un accident et imagine quelque chose de plus sombre, peut-être un crime raciste. Mais si cette mort brutale est un drame pour la famille Guerraoui, elle ouvre aussi des portes vers des secrets et des blessures encore vives.

Laila Lalami donne la parole tour à tour à plusieurs personnages. Les filles et la femme de Driss, l'enquêtrice en charge de l'affaire, un policier qui a connu Nora dans leur jeunesse et qui la retrouve suite à ce drame, le propriétaire du bowling voisin du diner de Driss... Et tous recomposent une histoire personnelle mais aussi une histoire de l'Amérique qui reste hantée par ses fantômes et des réflexes de racisme et de méfiance à l'origine de tensions qui peuvent parfois conduire loin.

Ce roman choral est passionnant et formidablement bien construit. Il alterne les prises de parole et les points de vue de tous les personnages jusqu'à reconstruire entièrement le puzzle de l'intrigue. Au fil du livre on découvre des éléments cachés, des failles, des incompréhensions, des douleurs remontant parfois à l'enfance, des frustrations. le roman interroge à la fois sur les relations familiales mais aussi sur les fondations d'une identité, sur la relation à l'autre qui peut être d'origine, de religion ou de sexe différent. C'est profond et cela amène à se questionner soi-même sur son rapport aux autres. 

Ce roman n'est pas sans me rappeler ce sublime roman de Rusell Banks, de beaux lendemains. Dans la façon de construire le récit mais aussi dans la manière de nous donner à voir le visage d'une société américaine pétrie de contradictions. 

Un vrai coup de coeur en ce qui me concerne.
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Qui sont-ils ces autres américains ?
Driss a fui le régime marocain car il risque d'être emprisonné.Il s'est installé dans une petite ville de Californie avec sa femme, il a racheté un dinner qui, peu à peu, a prospéré, mais un soir en rejoignant sa voiture, après le travail, il est fauché et tué par une voiture.
Ces autres américains, ce sont ses filles, Nora et Salma, sa femme Maryam mais aussi Efrain, mexicain sans papier, témoin de l'accident mais qui n'ose rien dire de peur qu'on le renvoit chez lui ou bien encore Coleman, inspectrice traitée de négresse lors d'un interrogatoire.

✴️A travers les points de vue des différents personnages qui gravitent autour de Driss, Laili Lalami dessine le portrait d'une famille avec ses espoirs, ses rancoeurs, ses tensions et celui d'une société américaine qui a redoublé de racisme après le 11 septembre.


✴️Un premier roman tout en nuances et en finesse qui égratigne le fameux rêve américain (traduction Aurelie Tronchet).
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce magnifique roman polyphonique se déroule aux Etats-Unis de nos jours, dans une petite ville située dans la région du désert de Mojave en Californie.
Un soir de printemps, alors qu'il quitte le restaurant qu'il a mis une vie à construire, Driss Guerraoui est renversé par une voiture qui prend immédiatement la fuite. le seul témoin de l'impact mortel est Efrain, un immigré mexicain, dans le pays illégalement, qui ne veut donc pas avoir affaire aux forces de l'ordre.
La première narratrice de ce livre aux multiples voix est Nora, la fille cadette de Driss, une jeune compositrice de jazz, qui a quitté des études de médecine pour la musique.
Nora veut des réponses. Ce qui ressemble à un accident pourrait-il être un crime de haine ?
La mort de Driss va révéler lentement les ressentiments et les tensions d'une ville, mais aussi des secrets de famille.
Laila Lalami permet à un large éventails d'habitants de la ville de prendre la parole :
on entend les voix de sa soeur Salma, de sa mère, Maryam, de son père lui-même, d'Efrain, de Jeremy, vétéran irakien et ancien camarade de classe, de l'enquêtrice ou encore d'un propriétaire de bowling...
Le roman, raconté sous plusieurs angles différents, offre ainsi une perspective toujours changeante sur les événements.
Ce roman est à la fois une enquête policière passionnante sans piste évidente, une saga familiale, une étude de personnages et une « symphonie poignante sur la douloureuse complexité de la vie en tant qu'immigrants américains ».
Laila Lalami insuffle à son récit une immense empathie et grâce à une prose incisive, détaillée mais concise, elle nous offre un roman puissant et d'une grande intelligence sur la résilience, un portrait émouvant et riche d'une communauté, nous confirmant combien ce pays est divisé. Elle démontre avec brio à quel point le personnel et le politique s'entremêlent dans leurs (nos) vies.
Une lecture qui m'a happée et que je vous recommande vivement !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La semaine suivante, elle est revenue. On a discuté. J'ai appris qu'elle était de San Ysidro, à trois kilomètres au nord de la frontière du Mexique et que jusqu'à peu elle avait travaillé comme barmaid, mais qu'à la suite d'une séparation qui avait mal tourné d'avec un homme avec qui elle était depuis le lycée, elle avait décidé de repartir à zéro. De s'installer dans le désert. D'ouvrir une boutique vintage. Adulte, elle s'était toujours habillée dans les friperies ou dans les boutiques solidaires Goodwill et elle avait fini par apprendre à repérer les vêtements stylés et abordables. "J'ai l'oeil pour ce que les gens ne voient pas", elle a dit. Et je voyais bien qu'elle avait bon goût, à la robe en lin qu'elle portait, au foulard rouge autour du cou, à la montre au bracelet de cuir à son poignet. Mais ce qui m'avait vraiment attiré chez elle, c'était qu'elle avait le sourire facile. (pages 185-186)
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Dans le noir, je l’ai sentie qui suivait du doigt la cicatrice de mon dos ; elle commençait sur mon flanc et remontait en serpentant vers mon épaule, comme un arbre se courbant sous le vent. Elle a fait courir sa main sur la ligne de pointillés noirs qui s’ouvraient encore de temps à autre, recrachant des éclats d’obus. Je savais que le moment viendrait. Je savais qu’elle me poserait des questions sur la guerre ; toutes les femmes avaient qui j’avais été l’avaient fait. Je leur livrais les grandes lignes du temps que j’avais passé en Irak, et elles écarquillaient les yeux d’horreur, elles voulaient m’embrasser pour que je me sente mieux. Ce n’était pas compliqué, ça marchait à tous les coups. Il y avait pourtant quelque chose de faux dans tout ça. Même quand je parvenais à m’accrocher à une femme pendant plus de deux mois, ce qui, dans son regard, disait que j’étais un héros finissait par m’éloigner. Mais Nora ne me regardait pas avec ce type d’émerveillement. Bien avant que je parte faire la guerre, la guerre était venue à elle – une brique lancée dans la vitrine de son père, une injure écrite sur son casier.
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Le plaisir de jouer avec ces musiciens était cependant trop souvent assombri par les expériences en dehors des répétitions. Le premier matin, un agent de la sécurité m’a arrêtée alors que je voulais entrer dans la salle, me demandant de présenter ma pièce d’identité et de lui expliquer ce que je faisais dans le bâtiment. Debout au milieu de la cafétéria, un autre jour, alors que je réfléchissais à ce que j’allais déjeuner, un participant m’a tendu un plateau de vaisselle sale en supposant que je faisais partie du personnel de service. Une autre fois, un critique a discuté avec moi pendant un bon quart d’heure avant que je comprenne qu’il pensait s’adresser à Tahira Khan, une des attachées de presse du festival, une femme avec qui je n’avais en commun que la couleur de la peau.
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Ayant grandi dans cette ville, cela faisait longtemps que j’avais appris que la sauvagerie d’un homme prénommé Mohammed était rarement mise en doute, mais que son humanité restait toujours à prouver.
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Pourquoi les croyants se compliquent-ils le chemin jusqu'au paradis, j'ai pensé, alors qu'il ont tout ça juste devant eux ?
(p.104)
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Videos de Laila Lalami (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laila Lalami
Cette année encore, Gérard Collard et les libraires de la Griffe Noire vous proposent à l'approche des fêtes de fin d'année, plusieurs idées cadeaux sous forme de coffrets :
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COFFRET LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE FORMAT POCHE Taxi Curaçao (Stefan Brijs) - Dévorer le ciel (Paolo Giordano) - Grace (Paul Lynch)
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COFFRET DÉTENTE GRAND FORMAT Les 7 ou 8 morts de Stella Fortuna (Juliet Grames) - Les corps conjugaux (Sophie de Baere) - Les 3 filles du Capitan (Maria Duenas)
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