J'ai reçu, dans le cadre d'une opération Masse Critique, le livre Forts dans la faiblesse au sous-titre explicite : Au coeur de la non-violence évangélique.
Dominique Lang, par le petit bout de la lorgnette chrétienne qui fait voir grand et ouvre sur l'universalité, traite de la violence qui a habité et habite notre monde et montre comment l'on pourrait la contrecarrer à l'éclairage de l'évangile. le Christ donc, mais pas seulement, d'autres personnes aussi, des contemporains, indiquent des chemins, comme le penseur
Jacques Ellul, le pasteur
Martin Luther King, la résistante Noëlla Rouget, l'objecteur de conscience
Franz Jägerstätter, le pape François, d'autres encore.
Quatre parties dans cet ouvrage qui s'opposent et se répondent : violences - non violence, puissances - sans puissance.
Notre monde, de tout temps, a été et est encore soumis à des vagues de violence. Quelles réactions, quelles attitudes, avons-nous et devrions-nous avoir face à la violence ?
Jésus-Christ invite à aimer nos ennemis et clame au sein des Béatitudes : "Heureux les artisans de paix". le nazaréen indique donc une démarche qui demande humilité mais qui revêt une importance décisive.
Il y a différentes manières d'être artisan de paix.
Martin Luther King choisira la non-violence active en mobilisant autour de lui.
Jacques Ellul invitera à toujours se mettre du côté des vaincus, "le côté de ceux qui bataillent avec le réel en bons artisans de paix". La résistante Noëlla Rouget demandera de surseoir la peine de mort requise pour son bourreau nazi par une peine de prison afin de lui donner l'occasion de prendre conscience de ses actes et "ranimer la petite flamme humaine qui doit tout de même bien subsister en lui". Quant à l'autrichien Franz Jägerstätte, il refusera de se soumettre à la folie nazi et fera le choix de la désobéissance civile ; il sera béatifié vingt ans plus tard. le pape François prône la non-violence comme "style d'une politique de paix" et, dans son message pour la journée mondiale de la paix du 1er janvier 2017, il forme le voeu : ”Depuis le niveau local et quotidien jusqu'à celui de l'ordre mondial, puisse la non-violence devenir le style caractéristique de nos décisions, de nos relations, de nos actions, de la politique sous toutes ses formes !"
Si la non-violence de l'artisan de paix est réponse à la violence, à la puissance, la sans-puissance ne l'est pas exactement. Ellul préfère la "non-puissance", affirmant que "choisir la non-puissance n'est pas une passivité, c'est choisir un style de vie qui a dépassé le besoin de puissance, c'est justement dépouiller le destin de ce qu'il a d'implacable : on déjoue les forces par la non-puissance".
Qui mieux que Jésus incarne la non-puissance d'un Dieu Tout-Puissant. le Christ "qui était Dieu a renoncé au rang qui l'égalait à Dieu” dit Saint Paul. Un Dieu qui s'abaisse pour élever, pour sauver l'humanité. Un Dieu qui, en se faisant homme, expose sa puissance de vie à la puissance de mort des hommes. Il ouvre une voie nouvelle : "Tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé”.
Cet ouvrage apporte des éléments de réflexion sur la violence et la puissance, et offre des pistes d'action pour y remédier sous un éclairage évangélique lumineux et salutaire.
Reste à chacun de se situer dans ce monde, en commençant par celui qui l'entoure. A chacun de s'interroger, dans sa façon de chaque instant d'être ou de réagir devant l'évènement : suis‐je violent ou non-violent ? Puissant ou non-puissant ? Artisan de discorde ou artisan de paix ?
Pour devenir artisan de paix
Dominique Lang précise : "Il y a un patient travail à faire… C'est le processus du geste quotidien répétitif qui, à force d'entraînement, devient naturel et évident".
Je ne peux résister à citer l'extrait de la lettre
De Saint Paul aux Corinthiens d'où
Dominique Lang a tiré le titre de son ouvrage : "Mais le Seigneur m'a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C'est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C'est pourquoi j'accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort."
Pour finir, une remarque. Si ce livre a été qualifié par Babelio de "religieux", il parlera à tout homme et toute femme de bonne volonté. Ce serait faire violence que de refuser de lire cet ouvrage sous prétexte qu'il est écrit par un religieux et par conséquent ne s'adresserait qu'à des cathos bon teint. Aurait-on oublié, dans notre société aux racines judéo-chrétiennes, que catholique signifie universel et que le message évangélique s'adresse à tous ?
Je remercie Babelio qui, par l'envoi de ce livre, montre son esprit d'ouverture. Un merci également aux éditions Salvator, une maison d'édition qui fait le choix délibéré d'éclairer les questions fondamentales au travers de livres de qualité sur la culture et la foi chrétienne.