J'avais suivi avec intérêt et amusement les boucles d'oreilles en forme de coeurs en diamants de Madame de. sous la plume de Louise de Vilmorin et surtout devant la caméra de Max Ophüls. Aujourd'hui, je piste avec les personnages de ce roman
le chapeau de Mitterrand, célèbre feutre noir marqué à l'intérieur «
F.M. » en lettres d'or.
Daniel Mercier s'offre un petit luxe en solitaire : un repas de fruits de mer dans une célèbre brasserie parisienne. Il attaque son huître agrémentée de vinaigre à l'échalote (quel gâchis ! cela tue le goût à mon avis!) quand il entend une voix déclarer : « Je l'ai dit à Helmut Kohl la semaine dernière. »
Phrase qui va devenir mythique dans l'esprit de Daniel, et qui, tel un réflexe pavlovien lui reviendra à chaque huître-vinaigre-échalote. Quand le président Mitterrand quitte le restaurant , oubliant sur la banquette son célèbre couvre-chef, Daniel est pris d'une sorte de frénésie incontrôlée : partir vite en emportant l'objet.
Et dès lors, sa vie va changer. Lui, le modeste employé sous les ordres d'un chefaillon, il va convaincre le grand boss de lui donner de grosses responsabilités dans son entreprise et partir réussir sa vie en Normandie. le chapeau a eu un effet quasi magique !
Oublié dans le train Paris-Normandie, ce chapeau va se retrouver sur la tête de Fanny, jeune libraire écrivaine engluée dans une histoire d'amour sans issue. Finie, l'histoire ! le chapeau lui donne la force de dégager l'amant marié et frileux et de repartir vers une nouvelle vie.
Et ainsi de suite : un « nez » en perte de créativité retrouve son génie et crée le parfum des anges. Un bourgeois coincé entre famille et amis encroûtés dans leur confort et leurs idées toutes faites s'abonne à Libé et change de regard sur le monde. le chapeau est une sorte de passeport pour le renouveau, le dépoussiérage, une liberté toute neuve.
Certes, tout cela est un peu cousu de fil blanc, car nous sommes dans les années 1981 et suivantes et un vent de liberté et d'espoir avait soufflé sur la France. La génération Miterrand a cru à la nouvelle ère. Mais le récit est original, enlevé, plein de malice et de fraîcheur, doté d'un épilogue qui nous fait vite redescendre sur terre, la politique reste la politique !