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4,09

sur 2014 notes
"Fille" c'est Laurence, la jeune soeur de Claude. Deux filles nées à l'aube des années 60 dans une petite famille bourgeoise... Ça jase. Une fille c'est déjà ça mais un garçon c'est mieux. Laurence évoluera dans cette mentalité. La jeune fille comprend très tôt que le masculin l'emporte sur le féminin, que tout ce qui est féminin est négatif, que papa travaille pendant que maman fait la cuisine...

Camille Laurens propose un récit puissant, riche et truffé de sensibilité. La lecture du roman s'entrechoque avec les émotions du lecteur : j'ai été déçu, choqué, heureuse, en colère, froide... Et plus encore.

"Fille" bouleverse, réveille, secoue. Il y a une chose que le roman ne fait pas : laisser indifférent.
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« Pas trop déçus ? Une fille c'est bien aussi. C'est moins malade, ça fait ses nuits plus vite. Et puis… Vous en referez. »
Je fais partie de celles qui ont entendu trois fois ce genre de discours.
Mais pourquoi, au juste, une fille c'est bien « aussi » ?


Dans son nouveau roman, remarquable et intelligent, Camille Laurens s'intéresse de près à la question, à travers la lignée des filles de sa propre famille. Et elle commence par elle.
Comment se construit-on quand on a été acceptée par défaut, ou comme pis-aller ?
Par son sexe, et ce dès la naissance, elle a déçu son propre père. Sa mère aussi a été décevante, dans son « incapacité » à fabriquer des garçons. Inutile d'ajouter que ce père médecin aurait bien eu besoin d'un petit rappel de SVT sur les gamètes.


Puis la petite fille grandit, on lui interdit de fréquenter des garçons avant le mariage évidemment. Mais il faudrait quand même qu'elle se marie avant 25 ans. Un jour, c'est à son tour de devenir maman, avec le lot de pensées inconscientes qu'on lui a transmises. Alors, fille ou garçon ?


L'auteure revient sur une période (les années 60) où le patriarcat régnait en maître, les femmes s'émancipaient à peine, on parlait encore de dot, on votait timidement et la pilule arrivait enfin.
Ou en sommes-nous aujourd'hui ? Parvenons-nous, de génération en génération, à obtenir le respect et la même légitimité que nos homologues masculins ?

Ce livre est beau, poignant et politique, il résonne comme une mise en garde, un rappel sur nos combats, envers les femmes qui oublient parfois ceux des anciennes. Il fait partie des événements littéraires de la rentrée et il est réellement à la hauteur du bruit généré, je vous le recommande.
Camille Laurens ne perd jamais de vue la sincérité de ses émotions, tout est subtilement décortiqué pour vous faire réfléchir sur votre identité et celle des autres.
A lire, immense coup de coeur.
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Un livre qui a la violence d'un coup de poing et qui rappelle la difficulté d'être une fille, puis une femme, encore aujourd'hui dans notre société.
Camille Laurens, au-delà des maux, raconte aussi les mots, déconstruit le langage et interroge sur notre manière de parler. La fille est directement fille de, contrairement au fils qui peut-être également garçon. Puis elle devient femme, la femme de, passant du père au mari, alors que le garçon devient homme et mari. Dans une réflexion profonde sur le langage, sur la vie, sur les relations qui l'ont construite, elle raconte la difficulté de naître femme dans une société où, encore aujourd'hui, le père attend le fils. Des questions et des incompréhensions qui lui apparaissent dès l'enfance, soulignant le poids de l'éducation dans ces considérations.

Un bémol cependant sur l'aspect très binaire du livre qui aurait gagné à aller peut-être sur la fin ou dans une quatrième partie, au-delà de l'opposition femme/homme
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Histoires de filles au début des années soixante, de petites- filles, de femmes, de relations familiales, de sexualité.
Laurence est née fille dans une famille où on cache les histoires de mains baladeuses surtout si c'est l'oncle le cochon. Une famille où le père médecin, est un patriarche, un grossier personnage qui ne connaît rien à l'enfant ni à la femme et leur colle des étiquettes. Une famille où la mère est une Bécassine, sans bouche.

Qui se cache derrière l'étiquette fille, rose bonbon. Qui est Laurence ? "L'eau rance" ? Identique à sa mère, sa grand-mère, sa soeur Claude ?

J'ai détesté le père qui pense avec son sexe, l'oncle abject, le gynécologue crétin, incompétent, stupide. J'ai trouvé l'histoire bien écrite, avec des mots d'une justesse incroyable, des mots intimes pas toujours faciles à entendre.

La troisième partie tombe tellement vraie qu'elle percute. Une chape de détresse mais aussi une onde de révolte, d'écoeurement m'ont submergée.
C'était trop. Je ne sais pas si ce récit est une autofiction. En tout cas il restera tapi dans un coin de ma tête, pas trop envie qu'il m'envahisse. C'est comme une connaissance inconsciente venue de loin, transmise de mère en fille, un rappel. On se dit qu'on a bien fait de naître un peu plus tard dans un pays où la femme est quelqu'un. Quelqu'une comme un homme, et en même temps unique comme chaque être humain. On se dit que les "Alice" font et feront des merveilles et que les "Tristan" ont des ailes d'anges.

Je remercie Babelio et les Éditions Gallimard pour ce roman de Camille Laurens.
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Dans les années 60, Laurence naît dans une famille patriarcale qui aurait préféré un garçon. A son tour, Laurence met au monde une fille.
Avec justesse et un ton mordant, Camille Laurens interroge sur le genre et l'importance des mots : la langue française dévalorise toujours le féminin (mauvaise fille, vieille fille, grammaire "le masculin l'emporte sur le masculin).
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Une lecture appréciée mais avec des mais.

Surtout un mais : l'auteure parle de la condition féminine, d'être née fille et le mot fille revient comme un leitmotiv, un peu trop je trouve. Laurence cumule toutes les "difficultés" d'être née fille, peut être un peu trop.

Malgré tout, j'ai aimé ce roman, le style d'écriture qui évolue avec l'âge du personnage principal, les petites touches drôles, les questionnements, l'évolution des relations mère fille sur 3 générations...

Un roman sur être née fille quand on vit dans une société au masculin et qui dit bien sa pensée dans l'expression : "une fille, c'est bien aussi".

Certaines choses m'ont énervé, surtout l'attitude du père, d'autres m'ont révolté et certaines m'ont attendri.

Je le conseillerai.
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« Il y a quelques secondes, elle ou il, tout restait possible, la grammaire rêvassait toujours son paysage, à présent on t'a coupé les ailes (quoi d'autre ?), tu es plus seule que Robinson et pourtant, c'est fait, le sort en est jeté avec le placenta, Dieu, né garçon, dit-on, père d'un fils, croit-on, Dieu est un enfant qui joue aux dés : c'est une fille. »

Voilà le point de départ du dernier roman de Camille Laurens : le conditionnement lié à notre sexe de naissance. Et en tant que fille, le constat est affligeant dès le départ pour l'auteure. Née à une époque où il vaut mieux naître garçon, elle remonte le fils de ses réflexions jusqu'au point le plus ancien de sa biographie : sa propre naissance. Au fur et à mesure des pages, nous avançons dans l'Histoire du féminisme aux côtés de Laurence. En parallèle, elle lève le voile sur ces expressions qui pénalisent lourdement le sexe « faible » et avantage celui que l'on qualifie de « fort ». La règle de grammaire qui dit que « le masculin l'emporte sur le féminin » est ici on ne peut plus pointée du doigt !

J'attendais avec impatience ce roman car j'aime beaucoup l'écriture de Camille Laurens. le Covid 19 en a reporté la sortie et j'ai été ravie de pouvoir enfin le lire. Pourtant j'avoue que le début m'a un peu déçue : encore un livre à la sauce « bobo parisien » qui se regarde le nombril et se plaint. Et puis, Laurence est devenue adulte, et ses drames m'ont retourné les tripes…

Bref, encore une fois, Camille Laurens a su me prendre par les sentiments, me faire aimer ses mots, et me serrer le coeur. Etant maman d'un Tristan, les lecteurs et lectrices comprendront mon trouble. Des pages qu'il faut prendre le temps de savourer.

Merci à Babelio pour la Masse Critique Privilège et aux éditions Gallimard pour l'envoi du livre.
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Nous assistons « en direct » à la naissance de Laurence, alors que la religieuse qui fait office de sage-femme fait remarquer qu'il ne s'agit que d'une fille. Or le père de famille, le Dr Barraqué voulait absolument un garçon, que l'aînée soit une fille, passe encore, mais que le scenario se répète, c'est une infamie et en plus la femme d'un de se amis vient d'accoucher d'un garçon, il en est réduit à raser les murs, en sortant de l'hôpital ! Notons au passage que nous sommes en 1959 !

Ensuite vient le choix du prénom, mais avait-on vraiment prévu un prénom féminin ? Ce sera donc Laurence (l'aînée a hérité d'un prénom non genré : Claude!)

Ton père va le matin à la mairie déclarer la naissance, la « née-sans ».

Le couple repart donc avec une fille sous le bras, comme un paquet encombrant. le père va briller durant toute l'enfance puis l'adolescence par son absence, son épouse qui a l'importance d'un meuble dans la famille, ne s'en occupera guère plus. Il n'est là que pour régenter, donner des ordres, des règles, formater ses filles en gros, comme il semble avoir formaté sa femme…

Cette lecture n'a pas été une partie de plaisir pour moi, car ce père a déclenché une puissante aversion, et page 158, quand j'ai vu comment il se comportait pendant la grossesse de Laurence, le roman a failli m'échapper des mains : j'aurais eu une Kalachnikov, à portée de main, je l'aurais trucidé… Mais j'ai tenu à terminer ce livre pour voir jusqu'où cela pouvait aller… mentir pour imposer comme gynécologue-obstétricien à sa propre fille, un véritable boucher, et le plaindre parce qu'il a mal géré, alors que c ‘est sa fille la victime … Cela se voyait au début du XXe siècle cf. « Corps et âme » de Maxence van der Mersch, à l'époque des « Mandarins » …

Très vite, Laurence fait ce qu'on attend d'elle, mais elle se réfugie dans les fantasmes, ses rêves sont là pour pallier les manques, les souffrances, car de surcroît, elle n'a rien à attendre de sa soeur, qui la traite aussi mal que le patriarche…

Quoi qu'il en soit, comment se construire, s'épanouir, trouver un sens à sa vie, être une femme, (mais qu'est-ce qu'une femme dans une telle famille?) quand on a grandi dans un tel milieu et aussi, quel couple peut-on former et quelles valeurs transmettre à ses propres enfants ensuite… être une mère, quand on n'a jamais reçu de marques d'affection de la sienne ? Laurence est-elle une femme, une pseudo-femme, un pseudo-homme ? de plus on ne peut pas dire que le nom de famille choisi par l'auteure « Barraqué » puisse être susceptible d'aider…

L'auteure nous livre une scène d'anthologie : quand le père, médecin je le rappelle, tente de leur expliquer la sexualité, l'importance de rester vierge et qui se termine ainsi :

« Bon, en définitive, poursuit le père, ce n'est pas compliqué, résumons-nous : il suffit d'être sages et d'obéir à votre père. Les filles ont leurs règles et elles suivent les règles, c'est tout. »

Camille Laurens nous livre ici une description au vitriol du machisme, et un plaidoyer pour le féminisme style MLF des années soixante-dix… Je suis née presque dix ans avant (le roman se situe en 1959, et je n'ai pas du tout vécu cela : dans la famille naître fille n'était pas un handicap, l'école primaire, puis secondaire était sous le signe de les filles dans une école les garçons de l'autre, certes, mais cela ne nous dérangeait pas. Ce que demandaient les parents, c'était bien travailler à l'école, faire des études, avoir un métier. Bien-sûr, nos mères étaient des femmes au foyer et ne s'épanouissaient pas au mieux mais on ne percevait pas une revanche à prendre à tout prix pour leurs filles…

Je suppose que l'auteure a choisi volontairement, pour illustrer son propos, ce père tout-puissant, méprisant, qui veut tout régenter et elle a réussi à le rendre exécrable, mais à force de le rendre antipathique, on en oublierait presque que la mère ne s'interpose jamais : les filles doivent subir, même si elle sont victimes d'attouchement, elles doivent se taire, c'est forcément de leur faute, et puis c'est connu le grand-oncle a les mains baladeuses …

J'ai remarqué en lisant ce roman, que l'auteure portait un prénom épicène pour reprendre la formule d'Amélie Nothomb et que son nom de famille était aussi une version dérivée de Laurence, et vue la manière dont le père est décrit, son comportement oppresseur oppressant oppressif, j'en déduis qu'il s'agit d'une autofiction … Or l'autofiction n'est pas un « genre », au sens littéraire bien-sûr, que j'affectionne.

L'auteure présente une description de l'hystérie au XIXe siècle à la Salpêtrière qui est très réductrice aussi… et n'oublions pas que l'hystérie existe aussi chez l'homme, mais cette « maladie » a été littéralement explosée : histrionisme c'est plus adapté aux hommes Ah ! Ah !

J'ai ressenti un profond malaise durant cette lecture, et je ne suis pas convaincue… d'ailleurs j'ai eu un mal fou à rédiger cette chronique (et sans lire les autres chroniques pour rester au plus près de mon ressenti), que j'ai dû refaire trois fois et qui ne me convient toujours pas en fait …

Je trouve par contre que Camille Laurens maîtrise très bien la langue et joue avec les mots, les associations d'idées, (l'opposition garce-garçon par exemple) Lacan aurait peut-être apprécié. Je n'ai lu que « celle que vous croyez » de Camille Laurens et il m'a laissé un meilleur souvenir. Par contre, je sens que celui-ci va me hanter quelques temps…

Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de l'auteure…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Fille c'est l'histoire de la femme. Un roman construit autour d'une lignée ( de filles) et un mot ( fille). Tout commence par la naissance de Laurence, deuxième fille du couple. Peu à peu se dessine les personnages de la mère, grand-mère, arrière grand-mère et soeur. Toutes ces vies, bien imparfaites qui nous sont contées. Imparfaites car filles évidemment. Ah ces mâles si fiers de leur particularité. Mention spéciale au père, médecin, de la nouvelle née, un macho avec ses blagues pourries que je connaissais toutes.
Ce livre se lit très rapidement, tant on est happés par tous ces destins. Ce roman n'est pas un plaidoyer féministe mais il nous interpelle avec justesse sur le sens des mots. L'acceptation d'un fait qui semble immuable. Et l'on se dit que la nouvelle génération est peut-être un espoir.
Un roman qui nous entraîne dans une cette histoire d'un sexe et qui interroge. La parole de l'auteure est libre, elle raconte les fantasmes de son héroïne, nous dit la douleur, la peur, les larmes mais aussi le courage et le culot. Malgré tout j'ai trouvé que ces femmes étaient écrasées par l'autre sexe. Sauf l'aïeule, fille mère....
Une belle idée que ce roman, à la fois histoire familiale et questionnement sur le fait d'être femme.
Merci à babelio et à Gallimard pour cet envoi qui m'a permis de lire ce livre. Une très belle découverte.
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Un grand merci à Babélio et aux éditions Gallimard, sans qui je serais sans doute passée à côté de cet ouvrage par manque d'audace. Je l'ai lu presque d'une traite, et il m'a littéralement scotché pour sa langue, si travaillée, cousue presque de manière infinie de ″jeux″ de mots Cela donne à ce roman -sans aucun doute teinté de vécu- son côté trash dénué de la vulgarité, et le rend si sensible.

Laurence est la seconde fille d'un couple des années 60 dont le père médecin aurait tant voulu un garçon…Oui, mais voilà, dans ce domaine, depuis que l'humanité est l'humanité, on ne choisit pas ; Fille ou garçon, Dame Nature décide !

″Vous avez des enfants ? ″ demande-t-on au père ; ″Non, j'ai deux filles. ″ répondra-t-il ! L'ambiance familiale est posée. le père voulait un garçon ; une seconde fille pourquoi faire ?

Laurence, est la seconde fille après Claude (notez le prénom épicène), et après un garçon mort très tôt après la naissance.

Laurence apprend à se construire, dans sa vie de fille, de jeune femme, puis de mère avec ce bagage-là.

Camille Laurence raconte -se raconte -la métamorphose Laurence, sa façon de s'approprier sa féminité et de la transmettre.

Tout repose d'une part dans la construction, et en particulier le fait que l'auteur joue avec les narrateurs ; tantôt elle use du je, du elle, et du tu, plus déstabilisant, mais si provocateur et prompt à interpeller le lecteur.

Ensuite, c'est la langue, le style qui, pour ma part m'a impressionné, réjoui (parfois), éblouie (souvent), et donc globalement scotché ; ce qui chez moi n'est pas si courant puisque je suis plus sensible à l'histoire qu'à la manière de la présenter.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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