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EAN : 9782070382378
281 pages
Gallimard (11/04/1990)
3.29/5   188 notes
Résumé :
Onze " faits divers ", d'une banalité tout apparente.
Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H. L. M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Un recueil de nouvelles qui ne remonte pas le moral...
Le Clézio nous livre ici 11 nouvelles basées sur des faits divers : vol, accident, viol, exploitation humaine, faim... Ce n'est pas gai, loin de là. Mais ce qui est particulier ici, c'est que l'auteur arrive à donner une dimension poétique à ces événements, il arrive même parfois à glisser une note d'espoir. Il y a un rythme spécial à ces nouvelles : le décor est planté en prenant tout son temps, puis tout s'accélère avec le drame. Cela donne au tout une ambiance un peu bizarre, que j'ai trouvé encore plus malsaine pour ma part.
Une découverte de l'auteur nobélisé pour ma part. L'appétit est ouvert, je pense que j'y reviendrais.
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Les onze nouvelles de ce recueil, publié en 1982, présentent les préoccupations de l'auteur concernant la solitude urbaine, les invasions de la modernité et les injustices sociales criantes. Ce sont des thèmes qui lui sont chers et que l'on retrouve aussi dans ses romans.

Les faits divers sont racontés de façon très particulière pour moi : l'originalité et l'intérêt viennent de ce que l'auteur crée un climat étrange, presque onirique, qui transcende la réalité souvent violente et lui donne un semblant de douceur. Mais évidemment cela n'empêche pas le lecteur d'être confronté à l'aspect terrible d'histoires au départ banales, et qui plongent dans l'inattendu, souvent sinistre : fugues,blessures, rêves déchirés ...

Certaines nouvelles m'ont davantage plu et particulièrement deux d'entre elle liées par un thème commun: la destruction de lieux aimés par les bulldozers du monde moderne , Annah obsédée par un théâtre abandonné, entre ciel et mer, loin de l'école et d'un quotidien désolant, dans "Orlamonde". Et un garçon devenu un jeune homme qui tombe amoureux d'une maison mystérieuse , " La villa Aurore". J'ai beaucoup aimé la beauté mélancolique dans l'évocation de cet endroit.

Et il y a la musique lancinante de l'auteur, son style limpide et profond à la fois, qui blesse et qui berce.

Néanmoins, je n'ai pas ressenti le même enthousiasme que pour d'autres livres de l'auteur, plusieurs textes m'ont gênée car je n'ai pas eu d'empathie pour les personnages ou n'ont pas suscité d'émotion en moi. Je ne suis pas toujours entrée dans la ronde ...

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Le Clézio ou l'art de se confronter à la réalité…

« Toute ressemblance avec des évènements ayant existé est impossible » (p.239) : je confirme ! Autant de malheurs, ça n'existe pas, non ? Apparemment si. Ce recueil de faits divers est emprunt de désespoir, de détresse, d'accablement,… Ames sensibles s'abstenir. C'est cru et ce n'est pas plus mal.

J'ai adoré et détesté à la fois. Adoré parce que j'aime les romans réalistes et morbides. de ce côté, nous sommes servis. Les faits divers choisis ont tous une connexion, ce n'est pas comme je le pensais au début une suite d'histoires qui n'ont que la souffrance en commun. Non, tous les personnages sont marqués par l'absence pesante d'absence de perspective d'avenir et de but dans la vie. Ils broient du noir et quand la lumière apparaît enfin, ils font le choix de ne pas saisir leur chance. Ils y auraient d'autres solutions mais eux refusent de les voir.

J'ai détesté cette lecture parce que le début La ronde est le plus mauvais des faits divers et même si les suivants sont excellents, j'ai continué à lire en me disant que ce livre ne sert à rien. de plus, c'est vraiment déprimant. Il n'y a pas que des malheurs dans la vie, un peu de gaieté dans ces faits divers aurait fait du bien. La vision pessimiste m'a trop accablée si bien que j'avais la rage contre le monde entier à la fin de ma lecture. Qu'est devenu l'être humain ?

Les faits divers :

Pour la cruauté qui s'en dégage, j'ai adoré Moloch et Ariane. le bébé de la femme accouchant sur la moquette d'un mobile home va certainement devenir la fillette volée dan s une cave de H.L.M.
L'échappé, David et le passeur sont assez dans la même veine. Ce sont des chemins de croix tout simplement.
Orlamonde et un imaginaire. L'esprit d'une petite fille qui fuit mais que les adultes refusent de laisser rêver. Mais contrairement aux autres, je pense qu'il n'est pas trop tard pour elle.
J'ai été attendrie par la villa Aurore et la grande vie. J'y ai trouvé une grande dose de mélancolie. Les deux jeunes filles fugueuses ont l'aire de vouloir échappé à leur passé et destin et c'est triste pour maman Janine. J'ai également eu de la peine pour la dame de la villa Aurore.
Le jeu d'Anne est une histoire triste mais ne m'a pas choquée plus que ça. J'ai bien aimée la description finale de la percussion entre sa voiture et le camion.
Ô voleur, voleur, quelle vie est la tienne ? fait réfléchir. Cette situation pourrait arriver à n'importe lequel d'entre nous. Or, voir ce qu'est prêt à faire cet homme pour protéger sa famille, c'est dur à accepter et excuser mais on le comprend.
La ronde ne sert à rien.

Moloch, Ariane et Ô voleur, voleur, quelle vie est la tienne ? sont mes préférés.

J'étais septique après avoir lu l'Africain mais maintenant, je comprends le pour quoi de son prix Nobel. J'approuve !

Et juste comme ça, j'aime beaucoup la photo de couverture d'Harry Gruyaert.
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Ces onze nouvelles de le Clézio nous plongent dans la banalité et la violence des faits divers : accident de voiture, viol, suicide, disparition, fugue, etc… Les personnages y sont seuls, marginalisés, exclus de la société, victimes du monde moderne, anonyme et violent. Pas d'aventures extravagantes dans ces courts récits, juste la réalité pure et dure que beaucoup vivent chaque jour.

La « banalité » que l'on peut lire tous les jours dans le journal ou voir à la télévision est ici accentuée sous la plume de le Clézio. Nul besoin d'avoir recours à de longues descriptions, à des faits extraordinaires. L'ordinaire de ses personnages suffit à lui seul à nous montrer que l'injustice, la solitude et la souffrance humaine sont de tous les jours.
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Rendez-vous en partie manqué pour moi avec Le Clézio. Pas assez sensible à sa sensibilité, apparemment...
Une sensibilité dont ces onze nouvelles ne manquent pourtant pas, loin s'en faut : dans ces "faits divers" qui n'ont rien de banal quoiqu'en dise la quatrième de couv (viol, esclavage, pauvreté, accidents...), le soin et la justesse que met l'auteur à transcrire le réel depuis l'intériorité la plus profonde de ses personnages est admirable, d'autant que cette intériorité est mise en lumière par la morosité et la tristesse des univers oppressants dans lesquels ces personnages évoluent. Trop de noirceur, peut-être.
J'en retiens une (il y a toujours au moins une nouvelle qui vous touche dans un recueil même si on peu apprécié l'ensemble), celle de ce petit garçon esseulé dans la ville qui s'n va voler sur les pas de son grand frère. Si touchante et triste, dans un monde que personne ne rêve d'habiter.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation

Encore aujourd'hui, je la perçois, l'odeur âcre des lauriers, des écorces, des branches cassées qui cuisaient à la chaleur du soleil, l'odeur de la terre rouge. Elle a plus de force que le réel, et la lumière que j'ai amassée à cet instant, dans le jardin, brille encore à l'intérieur de mon corps, plus belle et plus intense que celle du jour.

" Villa Aurore"
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Martine roule devant Titi, elle fonce à travers les rues vides, elle penche tellement son vélomoteur dans les virages que le pédalier racle de sol en envoyant des gerbes d’étincelles. L’air chaud met des larmes dans ses yeux, appuie sur sa bouche et sur ses narines, et elle doit tourner un peu la tête pour respirer. Titi suit à quelques mètres, ses cheveux rouges tirés par le vent, ivre, elle aussi, de vitesse et de l’odeur des gaz. La ronde les emmène loin à travers la ville, puis les ramène lentement, rue par rue, vers l’arrêt d’autobus où attend la dame au sac noir. C’est le mouvement circulaire qui les enivre aussi, le mouvement qui se fait contre le vide des rues, contre le silence des immeubles blancs, contre la lumière cruelle qui les éblouit. La ronde des vélomoteurs creuse un sillon dans le sol indifférent, creuse un appel, et c’est pour cela aussi, pour combler ce vertige, que roule le long des rues le camion bleu et l’autobus vert, afin que s’achève le cercle. (« La ronde »)
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Tayar ne voit plus le soleil qui descend vers la montagne, ni l'ombre qui noie la vallée. La tête appuyée sur la terre, les cheveux balayés par le vent, il est immobile, comme s'il dormait. Pourtant, ses yeux sont ouverts et la sclérotique brille dans la lumière. Il respire lentement, en faisant de grands efforts.
Alors il ne voit pas les hommes qui avancent sur le chemin, entre les murs de pierre sèche. Ils ont des uniformes, et l'un d'eux tient en laisse un grand chien fauve qui flaire les pierres et s'arrête parfois. Les hommes savent où ils vont, guidés par un jeune garçon qui marche devant eux en silence. Ils avancent sur le plateau calcaire, vers la doline déjà prise par l'ombre. Ils ne parlent pas, ils se hâtent et le bruit de leurs bottes dérange un instant le silence de la terre.
Nouvelle "L'échappé"
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"Un jour, je m'en irai, et jamais plus vous ne me reverrez." Il avait dit cela sans forfanterie, mais avec le regard si plein de sombre désespoir que David était allé se cacher dans l'alcôve pour pleurer. C'est toujours terrible de dire ces choses là, et puis de les faire.
(p.256)
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Alors elle m’est apparue, triste, grise, abandonnée, avec ses hautes fenêtres aux volets fermés, et le plâtre taché de rouille et de suie, les stucs rongés par la vieillesse et le malheur. Elle n’avait plus cette couleur légère et nacrée, qui la faisait paraître irréelle autrefois, quand je la guettais entre les branches basses des lauriers. Elle n’avait plus sa couleur d’aurore. Maintenant, elle était d’un blanc-gris sinistre, couleur de maladie et de mort, couleur de bois de cave, et même la lueur douce du crépuscule ne parvenait pas à l’éclairer.
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Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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