AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 340 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Peut-être un peu trop encensée, la rencontre improbable de Lautréamont et d'un serial killer...

Paru en 2004, ce roman noir "d'époque" d'Hervé le Corre lui valut le Grand Prix du Festival de Cognac. Dans le Paris de 1870, où les ouvriers souffrent sous la botte du capitalisme industriel naissant et de la police impériale aux ordres, un tueur s'inspire des "Chants de Maldoror", qui circulent alors à peine "sous le manteau", pour se lancer dans une série de meurtres effroyables...

"Il pense disparaître, ne plus exister. N'être plus qu'un spectre. Une ombre funeste. Sans autre visage que celui de l'horreur, sans autre forme que celle du mal infligé à ce monde indolent et grossier. Devenir celui qu'on n'ose nommer, à qui on ne pense qu'avec un tressaillement d'effroi. Entrer dans la légende déjà écrite. Il suffit d'en enfoncer la porte. Maldoror est né d'une imagination sublime et bizarre, mais, abandonné par son créateur, tel le monstre infortuné que Frankenstein a banni, il doit exister désormais dans une solitude désemparée et sauvage."

"-Cette affaire ne me plaît pas (...). Cet assassin va nous faire des ennuis, croyez-moi, inspecteur Letamendia. La canaille s'ensauvage, ne redoute plus rien, ni la loi, ni l'échafaud. Vous avez bien vu ce carnaval hideux autour de Troppmann... La populace enivrée, les putains qui s'offraient à la foule, les cousettes envieuses de cette débauche, les ouvriers fraternisant avec les escarpes, lièvres de barricades, gibier de potence, même race au fond, lâches, fuyards, même engeance de destruction, bandits, bandits ! Rappelez-vous cette foule énorme, cette ambiance de foire ! Cette insurrection de poivrots, cette nouba de barbares ! Ils n'apprendront jamais rien que la force, et encore, chaque jour infligée, en punition préventive ! Ça périclite, mon cher... Voilà bien de la démocratie ! On libéralise, on assouplit, on concède des droits... Foutaises ! de l'empire il ne reste que le pire !"

Bon roman, qui exploite habilement un impressionnant travail documentaire pour recréer une crédible atmosphère d'époque et en tirer un récit échevelé, ce polar souffre toutefois de trois faiblesses : un aspect "phraseur" (le narrateur comme les personnages semblent par moments trop soucieux de faire étalage de leur vocabulaire et de leurs connaissances d'époque...), un changement de posture narrative surprenant (l'enquête avec assassin inconnu bascule sans que l'on sache trop pourquoi en reportage aux côtés de l'assassin), et enfin de surprenants changements de caractère chez certains personnages, qui tout à coup ne se ressemblent plus...

Malgré cette modeste déception, ce roman peut-être trop encensé confirme l'intérêt qu'il y a à suivre ce qu'écrit Hervé le Corre.
Commenter  J’apprécie          121
Après « Après la guerre » mon deuxième le Corre.
Écrivain intéressant qui se débrouille bien dans la chasse aux mécréants des temps passés. Un bon coup de Mont Blanc pour décrire une époque révolue deuxième la deuxième moitié du XIX siècle à Paris dans les faubourgs populaires
Une ambiance à la Charles Dickens dans «Le Mystère d'Edwin Drood» (repris par Dan Simmons), mais dans les bas-fond du Paris populaire: c'est une image assez juste et bien décrite. le Corre n'hésite pas, il force le trait un peu académiquement. Image assez convenue mais le formatage fait qu'on ne se lasse pas.
Curieuse référence au conte De Lautréamont et ses chants de Maldoror, ouvrage assez difficile à saisir, ambigu, ésotérique à souhait, devenu une sorte de bible et fil conducteur du récit.
le meurtrier, ici, semble être une réincarnation de Maldoror ou de «M le Maudit» un chourineur désaxé qui s'en prend à des jeunes hommes blonds, même Gilles de Rais est invoqué dans le récit c'est dire l'insistance de le Corre sur la noirceur de ses personnages.
le personnage romantique maudit à souhait dans la veine de Faust, Manfred ou Konrad « sociopathes » en leur temps qui évolue dans un climat troublé et insurrectionnel idéal.
Toutefois on a été bien embêté, mais à peine, par l'utilisation de tournures impropres à l'époque dans le parler du prolo (qui n'a pas tellement évolué depuis mis à part les « A plus... ») ainsi que des comportements stéréotypés de cette population ouvrière et « des bas-fonds » véritable caricature de la cour des miracles. On aurait aimé plutôt quelque chose de plus fin mais bon le Corre travaille à la serpette.
Il est amusant de constater que les écrivains, le Corre n'est pas le seul, reproduisent des clichés immuables sur ces populations qu'ils n'ont jamais fréquentés. Ils n' en ont qu'une idée assez confuse et en restent dans le folklorique et le supposé connu.
On a, aussi, été bien embêté , mais un peu, par un personnage, fort au départ car assassin académique par idéal, de se vautrer dans la boucherie gratuite qui apporte trop de «gore» sanguinolent desservant son statut. Même si le personnage monte en puissance meurtrière comme tout bon sociopathe cet excès d'hémoglobine le classe plus dans le vampire que le meurtrier et donc comme Buffy (littérature roman savon) plutôt que Maldoror (littérature classique).
On a été bien embêté (encore un peu ) par les deux amourettes parallèles (trop) même gnangnan, mêmes sévices sur la pauvre femme (enfoncés les Quatennens et Bayou et leurs "comportements de nature à briser la santé morale des femmes") même idylle misérabiliste.
Enfin on regrettera un peu l'accumulation des clichés : pauvreté , ivrognerie, surinage, baston, prostitution et débauche, vent révolutionnaire prolétarien avec introduction des jokers Louise Michel et Olympe de Gouges, combats de rues, bêtise atavique du roussin (iles
ici vraiment relous), obséquiosité et carriérisme des cadres policiers, angélisme du policier enquêteur délayée à envie tout au long de ce récit.
le tout un peu trop chargé, un air de déjà-vu. On aurait préféré un clair-obscur, style "la nuit du chasseur", du moins un choix dans ces maux sociétaux par exemple l'amoralisme du tueur et un peu moins d'épopée révolutionnaire qui détourne du suspens
Si ce n'est ces quelques menus détails le reste peut être qualifié de très honorable ouvrage policier qu'il faut lire le soir emmitouflé dans un fauteuil en ayant pris soin d'avoir bien fermé toutes les issues On ne sait jamais Pujols ( que on verrait bien dans la peau de Javier Bardem no country for the old man) rôde peut-être encore!
Un personnage bien terrifiant.
Commenter  J’apprécie          40
Trainant sa charrette derrière lui dans la nuit parisienne, Étienne découvre un cadavre pendu par les pieds à la colonne Vendôme. Il crie pour alerter les alentours et se retrouve face au meurtrier. Il récupère un carnet de celui-ci, mais les policiers arrivés sur place l'emmènent au poste laissant ses affaires abandonnées. Résultat : il est suspecté, a perdu le peu qu'il possédait et le meurtrier court toujours, rêvant de récupérer son bien.
La police de 1870 a des méthodes expéditives : tout ce qui est pauvre est suspect et dangereux. Un inspecteur basque, Letamendia, tient pourtant à attraper le vrai coupable avec des méthodes plus sérieuses. En parallèle, le meurtrier voue une fascination sans borne pour l'écrivain Isidore Ducasse, plus connu sous le pseudonyme du comte De Lautréamont. Il cherche à reproduire les crimes décrits dans Les chants de Maldoror. Vous y ajoutez une prostituée mère-fille et une orpheline en quête d'amour et vous avez tous les ingrédients pour un feuilleton à suspense.
Et c'est toute l'ambiguïté de ce roman : l'auteur y décrit une réalité sociale très crue, misère, prostitution, alcoolisme, violence, corruption et fin de règne, le tout agrémenté d'un vocabulaire d'époque (que l'on retrouve aussi chez Jean Vautrin, Tardi ou Patrick Pécherot). Avec également des rappels historiques ; nous sommes quelques mois avant la Commune et les mouvements ouvriers se développent, tout comme la réaction violente des autorités. Mais l'intrigue policière, avec un tueur en série psychopathe est trop peu crédible pour illustrer les propos de l'auteur.
Si le livre se lit facilement, il perd en profondeur de par ces grosses ficelles. du même auteur, j'ai nettement préféré Après la guerre, plus solide au niveau de l'énigme.
Commenter  J’apprécie          40
Je ne connaissais pas Hervé le Corre avant la lecture de ce roman . L'atmosphère et le décor ( Paris en 1870 , juste avant la chute du Second Empire ) sont bien rendus . La police est sur les dents , à la recherche d'un assassin sanguinaire , un tueur en série qui nargue la maréchaussée . L'inspecteur Letamandia est à sa poursuite , dans les quartiers et faubourgs où vivent ouvriers , petits artisans et filles de joie ; tous ces gens pauvres souhaitant la fin de l'Empire et l'avènement de la République . C'est plus un roman historique qu'un policier . On ne peut nier les qualités d'écrivain de cet auteur mais j'ai trouvé pas mal de longueurs : peu de dialogues et de longues descriptions . Mes goûts allant plutôt vers un style plus concis , j'ai trouvé certaines pages un peu longuettes et je regrette que l'intrigue policière soit souvent mise au second plan , derrière la peinture sociologique et historique .
Commenter  J’apprécie          30
Après avoir lu "Après la guerre", je ne retrouve pas autant de passion dans la lecture de ce roman qui vire au beau milieu de style et les préoccupations des personnages ne semblent plus cohérentes. Par ailleurs, je ne sais pas pourquoi mais j'ai buté sur " le réveil qui sonne..." Ça m'a permis d'apprendre comment les ouvriers se réveillaient en 1870 ( grâce au coq, en campagne, ou un veilleur crieur en ville") mais certainement pas avec un réveil qui était hors des cordons de leur bourse. Néanmoins je trouve que ce livre mérite le détour.
Commenter  J’apprécie          30
Roman policier noir historique plutôt original !Un tueur en série sévit à Paris, fin du 19ème siècle. L'occasion de plonger dans un univers peu exploré, en compagnie des petits travailleurs venus de Province. La violence du récit est servie par un style incisif. Fan de policiers et romans noirs (Ellroy, Bunker entre autres), je n'ai pas été déçue et vous le recommande !!
Commenter  J’apprécie          10
un roman qui commence bien avec une atmosphère lourde et une très bonne description de cette époque du XIX° siècle, mais dans le dernier quart çà part un peu de travers, ainsi l'auteur ne nous explique pas pourquoi l'assassin met un tourteau dans la gorge des victimes, et nous ne comprenons pas également les retrouvailles de l'enfant et de sa mère dans le bordel; c'est incompréhensible, ça arrive là on ne sait pas comment ni pourquoi!!!
Commenter  J’apprécie          10
J'ai pris plusieurs'jours pour la lecture de ce roman qui m'a laissé, je dois dire, sur ma faim. A la dernière page tous les éléments de l'intrigue ne sont pas dévoilés et l'auteur semble vouloir se débarrasser de tous ses personnages en quelques lignes lapidaires. Néanmoins l'écriture, trés classique, manie les métaphores avec une véritable dextérité et on ne s'en lasse pas ! On lui pardonnerait presque de garder pour lui un des secrets de l'assassin (la présence des crabes dans la gorge des victimes ?. Un ouvrage très bien écrit, des personnages attachants et un rendu réaliste de la seconde moitié du 19éme siècle, il n'en faut pas plus pour un bon moment de lecture !
Commenter  J’apprécie          11



Lecteurs (728) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}