Après «
Après la guerre » mon deuxième le Corre.
Écrivain intéressant qui se débrouille bien dans la chasse aux mécréants des temps passés. Un bon coup de Mont Blanc pour décrire une époque révolue deuxième la deuxième moitié du XIX siècle à Paris dans les faubourgs populaires
Une ambiance à la
Charles Dickens dans «
Le Mystère d'Edwin Drood» (repris par
Dan Simmons), mais dans les bas-fond du Paris populaire: c'est une image assez juste et bien décrite. le Corre n'hésite pas, il force le trait un peu académiquement. Image assez convenue mais le formatage fait qu'on ne se lasse pas.
Curieuse référence au conte
De Lautréamont et ses chants de Maldoror, ouvrage assez difficile à saisir, ambigu, ésotérique à souhait, devenu une sorte de bible et fil conducteur du récit.
le meurtrier, ici, semble être une réincarnation de Maldoror ou de «M le Maudit» un chourineur désaxé qui s'en prend à des jeunes hommes blonds, même
Gilles de Rais est invoqué dans le récit c'est dire l'insistance de le Corre sur la noirceur de ses personnages.
le personnage romantique maudit à souhait dans la veine de Faust, Manfred ou Konrad « sociopathes » en leur temps qui évolue dans un climat troublé et insurrectionnel idéal.
Toutefois on a été bien embêté, mais à peine, par l'utilisation de tournures impropres à l'époque dans le parler du prolo (qui n'a pas tellement évolué depuis mis à part les « A plus... ») ainsi que des comportements stéréotypés de cette population ouvrière et « des bas-fonds » véritable caricature de la cour des miracles. On aurait aimé plutôt quelque chose de plus fin mais bon le Corre travaille à la serpette.
Il est amusant de constater que les écrivains, le Corre n'est pas le seul, reproduisent des clichés immuables sur ces populations qu'ils n'ont jamais fréquentés. Ils n' en ont qu'une idée assez confuse et en restent dans le folklorique et le supposé connu.
On a, aussi, été bien embêté , mais un peu, par un personnage, fort au départ car assassin académique par idéal, de se vautrer dans la boucherie gratuite qui apporte trop de «gore» sanguinolent desservant son statut. Même si le personnage monte en puissance meurtrière comme tout bon sociopathe cet excès d'hémoglobine le classe plus dans le vampire que le meurtrier et donc comme Buffy (littérature roman savon) plutôt que Maldoror (littérature classique).
On a été bien embêté (encore un peu ) par les deux amourettes parallèles (trop) même gnangnan, mêmes sévices sur la pauvre femme (enfoncés les Quatennens et Bayou et leurs "comportements de nature à briser la santé morale des femmes") même idylle misérabiliste.
Enfin on regrettera un peu l'accumulation des clichés : pauvreté , ivrognerie, surinage, baston, prostitution et débauche, vent révolutionnaire prolétarien avec introduction des jokers
Louise Michel et
Olympe de Gouges, combats de rues, bêtise atavique du roussin (iles
ici vraiment relous), obséquiosité et carriérisme des cadres policiers, angélisme du policier enquêteur délayée à envie tout au long de ce récit.
le tout un peu trop chargé, un air de déjà-vu. On aurait préféré un clair-obscur, style "la nuit du chasseur", du moins un choix dans ces maux sociétaux par exemple l'amoralisme du tueur et un peu moins d'épopée révolutionnaire qui détourne du suspens
Si ce n'est ces quelques menus détails le reste peut être qualifié de très honorable ouvrage policier qu'il faut lire le soir emmitouflé dans un fauteuil en ayant pris soin d'avoir bien fermé toutes les issues On ne sait jamais Pujols ( que on verrait bien dans la peau de Javier Bardem no country for the old man) rôde peut-être encore!
Un personnage bien terrifiant.