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EAN : 9791031204635
81 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (07/02/2019)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Témoignage d'une enfance confrontée au sida
" Le 31 janvier 1994, mon père est mort du sida. J'avais quinze ans, lui trente-six. Durant sa courte vie, il a aimé des femmes et des hommes, puis ce mal sournois l'a emporté très vite... "

À travers ses yeux d'enfant puis d'adolescente, Aurélie Le Floch raconte une jeunesse, sa jeunesse, et cette relation père-fille à la fois sensible et pudique. Elle se remémore tout en flashback la joie des vacan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La Feuille Volante n° 1321

Pour te voir cinq minutes encoreAurélie le Floch – Éditions « les ateliers Henry Dougier ».

Tout d'abord je remercie les éditions « Les ateliers Henry Dougier » de m'avoir fait parvenir directement cet ouvrage.

On a beau philosopher sur la mort, parler de la condition humaine, de la brièveté et de la fragilité de la vie, quand elle frappe les proches qu'on a aimés, c'est le vide, le deuil, le sentiment d'injustice. On se sent abandonné de tous, même si bien des gens se pressent autour du cercueil par sympathie ou par convenances et tentent de trouver les mots pour réconforter ceux qui restent. Bientôt, pour eux, l'oubli s'installera parce que la nature humaine est ainsi faite. Il y a peut-être des prises de parole ou peut-être rien, mais chacun, dans son for intérieur, évoque sans la nommer la maladie, le gâchis de mourir à trente-six ans quand on a la vie devant soi et une fille à chérir, la révolte... La cérémonie achevée, la narratrice se retrouve seule avec son chagrin, ses larmes, sa peine. Elle l'évoque avec des mots simples, parce qu'ils ne peuvent être que simples. A l'époque, elle a quinze ans et son père vient de mourir en ce mois de janvier 1994. Pour elle le temps s'est arrêté.

Beaucoup de choses se bousculent dans sa tête à propos de ses parents, des souvenirs, des amours, des épisodes d'une vie qui s'arrête là, des projets qui ne verront jamais leur réalisation alors, pour rendre hommage à cet homme, pour que son souvenir ne se perde pas pour les générations à venir, on sent la nécessité de faire quelque chose, un acte de mémoire, on fixe avec des mots l'histoire de celui qui vient de disparaître, on écrit, même si c'est longtemps après, même si cela peut paraître dérisoire. C'est donc ce que fait Aurélie le Floch dans ce premier ouvrage biographique, rédigé à la première personne. Il lui faut remonter le temps, interroger les proches et les anciens, découvrir et parfois accepter une généalogie compliquée et longtemps cachée, parfois pleine de surprises. de ses parents elle évoque les moments de révolte, de joie quand ils étaient amoureux, ce temps qu'ils auraient voulu voir durer toujours. Leur histoire aurait dû être une belle histoire, mais la vie reprend ses droits, les passions la bouleverse. A l'époque on commençait à divorcer facilement et c'est ce qu'ils ont fait; comme c'est toujours le cas, ce sont les enfants qui en font les frais. Elle a été confiée à sa mère qu'elle n'aime pas et qui multiplie les amants de passage, ne voit son père qu'au rythme du traditionnel « droit de visite », deux mondes qui désormais ne se rencontreront plus. Elle est tiraillée entre l'univers triste et glacé de sa mère et celui de son père associé au travail, à la réussite sociale mais aussi au soleil, à la mer, aux vacances. Elle grandit, s'étonne, se pose des questions sur ce qu'elle voit, sur les amis de son père, un univers essentiellement masculin, sur leurs relations cachées...

Elle l'aimait très fort ce père, l'idéalisait même et dans sa tête il ne pouvait rien lui arriver. Pourtant malgré son jeune âge, malgré la volonté de cet homme et de son entourage de lui cacher son mal, elle entend des mots nouveaux, « système immunitaire défaillant », « séropositivité », « sida », cette maladie venue d'ailleurs, un acronyme, le VIH, et les morts qui se multiplient sans que la médecin y puisse rien. Malgré le sourire fragile de cet homme, l'inévitable n'était pas loin.

Plus tard viendront les différentes facettes du travail de deuil, le rapprochement avec Dieu dont on se demande à quoi il sert vraiment dans ces circonstances, les tentatives de résilience, la prière pour ceux qui croient à son pouvoir, le temps qui passe et qui est censé cautériser ce genre de plaie, même s'il n'en est rien,  la difficile réalité qui est celle de l'absence définitive des morts. Reste la mémoire confiée aux mots, le souvenir dont se chargent certains vivants le temps de leur vie, le rituel de la Toussaint qui une fois l'an refleurit les tombes, les larmes et le chagrin qui vous font voir la vie autrement, parce que les morts ne le sont vraiment que lorsque les vivants ne pensent plus à eux.

Aurélie le Floch nous livre ici un récit authentique et bouleversant que, pour des raisons personnelles j'ai lu avec émotion, même si les circonstances pour moi sont bien différentes. La mort fait partie de la vie, en est simplement la fin, elle nous frappe et c'est toujours une épreuve d'autant plus dure que nous vivons en occident comme si elle n'existait pas. Tout au long de ma lecture, j'ai associé ce texte, sans trop savoir pourquoi, à la voix chaude de Jean Ferrat disant à son père qu'il « aurait pu vivre encore un peu ».

Je ne connaissais pas cette collection « une vie, une voix » ni son slogan auquel je souscris « Des vies ordinaires, des voix singulières dessinent notre patrimoine sensible, notre mémoire est commune . Ces récits sont réels. Ces histoires sont la nôtre ». Elle était ordinaire la vie de cet homme, mais elle était aussi unique.

©Hervé GAUTIER – Février 2019. http://hervegautier.e-monsite.com


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Ce livre est court et dense, à la fois. Comme la narratrice, mes parents ont divorcé, alors que j'étais très jeune. Comme elle, je ne voyais pas souvent mon père, mais il était très présent en moi. A la page 33, elle écrit, alors qu'elle rejoint son papa et sa grand-mère, pour les vacances : « dès la sortie du train, je rejoins mon deuxième monde, celui où je peux rire et parler librement ». Au mois d'août, je disais que les vraies vacances commençaient enfin. L'attitude de sa mère me rappelle celle de la mienne, sur certains points, et comme elle, mon refuge était les livres.


Mais, le 31 janvier 1994, le père d'Aurélie le Floch est mort du sida, à l'âge de trente-six ans. L'auteure avait quinze ans. Vingt ans après, elle n'arrive toujours pas à dire la cause du décès de son papa, par peur des réactions. Pour te voir cinq minutes encore lui permet de le faire. Mais c'est aussi et surtout, une déclaration d'amour d'une fille à son père. Ce sont ses souvenirs des moments avec lui, qui ponctuaient ses années d'enfance , au rythme des vacances scolaires, et qui lui apportaient de la lumière et de la joie. Cet homme, c'était ce souffle qui lui permettait d'être elle-même, de libérer sa respiration. C'était le visage rayonnant d'un parent qui regarde son enfant grandir, à distance, et qui se retrouve, parfois, démuni. Ce livre, c'est aussi l'apparition de la maladie, celle qu'on évite de nommer et le choc de la compréhension de ce qu'elle implique. Aurélie raconte la perception qu'elle en a eu, ce qu'elle a compris et ce qu'elle n'a pas appréhendé, en raison de sa jeunesse.
[…]


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Un petit roman de 77 pages, lu en une matinée mais bourré d'émotions très fortes. Aurélie le Floch exorcise avec cet écrit le décès de son pap, mort jeune du sida. Elle dit "merde" à tous ceux devant qui elle s'est tu sur la cause de sa mort, par honte de cette maladie, qui a trop longtemps été un tabou
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« Une vie, une voix » est une nouvelle collection des Ateliers Henry Dougier. Ce sont des vies ordinaires, des voix, des récits de vie réels. Je trouve ce concept original et bien pensé. Ce ne sont pas de longs romans, celui-ci, par exemple, fait un peu plus de soixante-dix pages. Mais ce sont soixante-dix pages de lecture intense et émouvante. On ressent autant que dans un roman plus épais. Un témoignage est toujours intimiste, émotionnellement fort, un recueil de confidences d'une personne que l'on apprend à connaître le temps d'un récit.

Aurélie le Floch nous parle de son père. Elle l'a perdu très jeune, puisqu'il est mort alors qu'elle n'avait que quinze ans. Ses parents ont divorcé alors qu'elle était fort jeune, sa mère ayant découvert que son père avait un amoureux secret. C'est sa mère aussi qui aura la garde de la petite fille, celle-ci ne voyant son père qu'aux vacances. C'est très difficile à vivre pour elle, comme pour tout enfant de divorces, elle est particulièrement attachée à son père. Il est l'opposé de sa mère, solaire, lumineux, enjoué, la vie n'est pas triste avec lui. Elle va ainsi vivre toute son enfance partagée entre ces deux mondes opposés et différents. Jusqu'aux débuts de la maladie de son père où il faudra qu'elle accepte l'inévitable.

Aurélie nous parle avec beaucoup d'amour et de pudeur de son père, de sa relation avec lui, de tous ses souvenirs qu'elle a pu engrangés pendant le peu qu'elle a vécu avec lui. Elle évoque cette maladie qu'est le Sida, on est au début des années 90, les médicaments comme ceux de maintenant n'existent toujours pas, on parle beaucoup de ce fléau, on le stigmatise, on le cache. Je me souviens de ces années. On n'en parlait pas, on avait honte, on montrait du doigt, les personnes malades se terraient dans le silence. Les traitements ont évolué de nos jours, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut oublier cette maladie et toujours rester sur ses gardes.

Et bien sûr, à part cette particularité, je me suis reconnue dans l'auteure. J'ai perdu mon père plus vieille qu'elle, mais c'est une déchirure atroce, un manque de chaque jour impossible à combler. Et ça, Aurélie le Floch en parle tellement bien. de tout ce qu'il lui a apporté pendant son enfance, de ses racines, de ses vacances avec lui, des jeux, des rires, des pleurs. Tout ce qui fait que l'on garde un être cher dans son coeur. le roman commence par l'enterrement de son père, et on ressent toute la peine de la jeune femme. J'ai vécu à travers ces lignes l'enterrement de mon propre père, les phrases qui sont dites, celles qui ne sont pas dites, les regards, la descente du cercueil dans le caveau. Bien sûr que c'est triste, mais c'est en même temps un magnifique message d'amour et d'espoir, un hommage à ce père avec qui elle n'a pas réalisé tous ses projets, parti trop tôt mais qu'elle garde dans son coeur.

C'est bien écrit, c'est fluide, l'emploi du « je » pour la narration fait que l'on rentre encore plus dans la tête de l'auteure, dans ses pensées, dans son intimité. On ressent encore plus ses sentiments, on se met encore plus à sa place et on vit chaque moment de sa vie avec elle. C'est une adulte qui nous parle de son père, et en même temps, elle a très bien retranscrit chaque émotion qu'elle avait eu enfant, avec toute l'innocence et la pureté du regard que l'on a à cet âge. Dommage que certains le perdent une fois adulte... J'ai lu ce livre en un après-midi, bien sûr parce qu'il est court, aussi, mais surtout parce qu'une fois commencé, je me suis retrouvée dans un autre monde avec l'auteure et que je ne voulais pas m'arrêter de la regarder vivre avec son père. Quel bel hommage...

Ce roman est une très bonne lecture, émouvante, bouleversante qui fait encore plus aimer la vie. Profiter de chaque instant et des personnes qu'on aime est l'essentiel, afin de ne pas avoir de regrets. Un très beau témoignage que je vous recommande, une très belle leçon de vie. Et aussi une belle collection que je vous invite à découvrir, qui promet de bons moments de lecture, intenses et inoubliables.
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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Encore une couverture minimaliste mais qui retient le noyau essentiel de ce qui reste en suspens, au moment où l'on termine le livre.. Aurélie le Floch nous livre un récit personnel, très intime au sujet tabou – encore en 2019. Son père est décédé du sida en 1994, triste époque de l'éclosion de cette maladie très vite jugée de « maladie des pédés.. » Comme elle le dit si bien, il y a encore trop peu de personnes avec lesquelles elle peut parler librement du décès de son père sans craindre de réaction épouvantée ou indélicate.

Dans ce roman, elle raconte son avant-être, les années d'amours passionnelles des adultes, des secrets de famille quelquefois mal cachés et qui une fois mis en lumière, ‘cataclysment' les utopiques vies maintes fois rêvées et tracées.

On découvre sa tendre enfance, son adolescence, ses doutes, ses questionnements, ses certitudes, son mal-être. Au divorce de ses parents, elle se baladera contre son gré entre deux mondes bien distincts. le monde de sa mère, froid, dans lequel elle ne trouve pas sa place, rempli d'humiliations répétées, quand sa mère ne l'oublie pas à la sortie de la piscine… de l'autre, ce trop peu avec son père qu'elle ne voit que lorsqu'il exerce son droit de visite : une vie de lumière et de chaleur, un monde où règne l'amour, un monde où on l'aime « trop ».. Un monde où elle existe et elle vit.

En grandissant, ce qu'Aurélie préfère, ce sont les été à Rennes : ses « Endless Summer », tous les étés se ressemblent mais elle ne s'en lasse jamais : la joie, les copains de papa, la plage, la chaleur, la liberté, toujours.. D'ailleurs, les copains de papa, c'est vers 10 ou 11 ans qu'elle rentre enfin dans les secrets de la plage, qu'elle a enfin le droit d'aller se balader avec lui et découvrir son cercle d'amis si proches.

Le rapport à la maladie n'arrive qu'en fin de roman en fait, le dernier quart : son père l'a quitté 1 an après l'annonce de la maladie, quand l'entourage ose enfin parler, avouer. Tous ces mois dans l'ignorance, certainement pour la protéger mais où les vrais mots lui arrivent comme des certitudes en cours d'éducation sexuelle.. Ces derniers mois perdus, ces quelques minutes qu'elle aurait voulues – encore avec lui.

Malgré un sujet dur de ce roman, elle y met quelques petites touches d'humour, héritage évident du tempérament de son cher père.. Par la plume, le vocabulaire lors de certaines situations « Ils savent y faire, les gars » et l'épisode de la douche lorsque Daniel habite en cachette chez Françoise !

Ce roman, bien que ‘simple » tranche de vie personnelle au départ, soulève aussi des sujets – que je partage pour beaucoup : l'éducation, la vision de la vie que l'on donne à nos enfants, les sujets ou discutions que l'on aborde avec eux, forment indéniablement les adultes de demain. Les aléas de la vie, parfois cruelle soulèvent eux aussi des interrogations et des réflexions avancées sur l'existence, la mort, la sexualité, les relations amoureuses.

Ce qui se dégage évidement de ce témoignage, c'est tout l'amour que cette jeune fille à pour son père, toute cette adoration pour son rayon de soleil et de vie et pour les valeurs qu'il lui a inculqué : le travail malgré tout, la réussite et le gout des choses bien faites, mais aussi la liberté de vivre dans la joie et l'amour.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J’ai toujours vu mon père épanoui, assumant son attirance pour des femmes comme pour des hommes.. {…} Ayant grandi entourée d’hommes qui aimaient les hommes, je ne soupçonne pas que ces amours là puissent poser problème à certains ; aussi fou que cela puisse paraitre, je n’ai jamais encore été confrontée à cette forme d’intolérance..
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Les jugements faciles sont bien là, et je suis convaincue qu’une pleine tolérance n’est possible que si l’on a appris dès l’enfance qu’il existe mille façons de vivre..
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{...} C'est que les plus rigolos sont aussi les plus tristes, leur humour flamboyant est tout ce qu'ils ont trouvé pour tenir à distance la dégueulasserie de la vie.
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De toute façon, tu sais, dans le fond, on est toujours seul...
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Pour penser à mon père, je n’avais besoin de rien d’autre que de vivre.
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