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EAN : 9781091530058
Le Magazine Littéraire (13/02/2013)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Penseur solaire, romancier métaphysique et lyrique, dramaturge politique, journaliste engagé, Albert Camus a été de tous les combats de son temps ; et le temps a souvent montré, outre la valeur de ses oeuvres, la justesse de ses positions. De l'Algérie coloniale aux planches parisiennes, des premiers articles à la lutte contre les totalitarismes, voici l'histoire d'un auteur qui sut, au milieu des tempêtes du XXe siècle, garder son cap : celui d'un humanisme sans di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pourquoi relire une revue 10 ans après ? En me livrant à cet exercice je pensais simplement rafraichir ma mémoire mais entretemps une partie des protagonistes ont disparu, des contemporains d'Albert Camus, qui l'avaient réellement connu, travaillé avec lui, partagé des amours. Et voilà que le texte prend une autre signification, une autre dimension, plus personne ne pourra décrire comme Max-Pol Fouchet, Pascal Pia, Roger Grenier ou Charles Poncet « L'homme Camus ».
La revue est découpée en quatre cahiers :

- Parcours et engagement
- Les oeuvres
- Affinités
- Repères

Pour les raisons citées plus haut ce sont évidemment le premier et le troisième cahier qui m'ont le plus intéressé.

Avec Max-Pol Fouchet on replonge dans l'Alger colonial des années trente la complicité immédiate des deux hommes à travers « Les Iles…un curieux mélange de tendresse et d'ironie » écrit par leur professeur de philosophie Jean Grenier. C'est aussi les premiers engagements politiques de l'un et l'autre mais aussi des discussions au café Fromentin où ils avaient « l'impression d'inventer la littérature ». Les premiers signes de la démarche émergent, le « tu vois il ne répond rien » de Camus montrant le ciel après avoir vu un enfant arabe renversé par une automobile qui ne s'était pas « arrêtée pour si peu ». C'est enfin une amitié liée par un déchirement car Simone H. abandonnera Max-Pol Fouchet pour Camus. La suite est connue mais lire le devenir de ces deux adolescents m'a ému, un témoignage sur la vie dont Camus dira, bien plus tard, dans une lettre à Max-Pol Fouchet « On le dit et on s'en va »
Pascal Pia, qui précise qu'il a été « son compagnon, non son confident » évoque Camus journaliste à Alger républicain avant de l'être à Combat. Pia raconte la rigueur et l'honnêteté du journaliste, notamment lors de sa relation du procès du cheikh El-Okbi. Suivent aussi quelques anecdotes sur le jeu avec la censure et quelques réflexions sur l'ambiguïté même du Journal à travers ses actionnaires.
L'article célèbre « Misère en Kabylie » et son peu de retentissement est évoqué dans l'article d'Alexis Brocas qui le replace dans son contexte historique, à savoir la seconde guerre mondiale qui éclatait trois mois plus tard.
Roger Grenier dans une interview retrace la parcours de Camus au journal Combat, j'en retiendrai surtout l'évocation de sa rigueur et de son esprit d'équipe. Il y a quelques années j'était tombé par hasard chez un bouquiniste sur un petit opuscule écrit par les ouvriers du livre à Combat lors de sa mort qui témoignaient aussi des qualités humaines de l'écrivain. C'est un point clef car des personnages importants ont parfois souligné le côté cassant du personnage. Camus n'a jamais oublié ses origines et la noblesse du monde ouvrier.
Enfin Charles Poncet conclut cette partie par les dessous de l'échec du projet de trêve civile et la réunion du 22 janvier 1956 dont l'échec avait tellement déstabilisé Camus.

Je m'attarderai moins sur les oeuvres car c'est un peu une succession de courts articles sur les grands textes de l'auteur. Roger Grenier y signe un article sur les « Carnets » ouvrant quelques voies sur « le ressort intime » de l'écrivain. Enfin, un entretien avec Olivier Todd et Alain Finkielkraut permet de replacer le « Premier Homme » dans l'oeuvre de Camus, mais aussi de replacer le philosophe dans cet entre-deux qui lui a valu tant de haine de factions diverses, penseur des limites de la révolution et du terrorisme, « penseur de la gratitude envers le monde ».

Dans la troisième et dernière partie de la revue cinq articles s'attachent à retracer les influences de Nietszche, l'amitié avec René Char à travers lequel on peut dire que Camus a découvert la poésie, le débat avec Roland Barthes et un très court texte de Sartre (1 page !) sur Camus.

La revue se clôt par une chronologie et une bibliographie à la date de sa parution.

Un lecture nostalgique pour les lecteurs inconditionnels du prix Nobel.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si Camus publie les feuillet d'Hypnos (1946) dans la collection "Espoir" qu'il dirige chez Gallimard, c'est qu'en effet il considère Char comme la figure accomplie du résistant, de "l'homme révolté". Mais il n'est de vraie révolte que celle qui implique les mots. Comme Camus l'écrira plus tard dans L'Homme révolté (1951) : "Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte." La poésie est forme de résistance. La fulgurance du style exprime le refus de l'abandon au langage commun qui trahit la résignation politique, l'acceptation idéologique. Les mots, s'ils font œuvre de poésie et de philosophie, font aussi œuvre de politique. Ils s'abreuvent à la source d'un logos plénier. (140)
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Char et Camus, promeneurs de Provence, arpenteurs audacieux de la Grèce antique, agissent en "matinaux". Plaçant les combats de l'histoire sous le signe de l'immémorial matin grec, ils ne dissocient pas poésie et résistance, pensée et révolte. Ils œuvrent en faveur d'une lumière d'origine qui, redonnant à la parole sa fulgurante vérité et à la pensée sa forme essentielle de mesure, éclairera à nouveau art et politique. Ils rédigent tous deux un manifeste de la lumière qui lie durablement la révolte et l'espoir : "Au bout de ces ténèbres, une lumière pourtant est inévitable que nous devinons déjà et dont nous avons seulement à lutter pour qu'elle soit" ( L 'Homme révolté). (142)
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Le démocrate est modeste, il sait qu'il ne sait pas tout, il accepte de réfléchir aux arguments de son adversaire. (Camus)
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