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EAN : 9791025204429
192 pages
François Bourin (01/05/2019)
3.35/5   10 notes
Résumé :
Les bêtes souffrent. Dominées, exploitées et mises à mort par l’industrie des hommes, leurs conditions de vie sont devenues infernales. Pris de pitié, Dieu se laisse convaincre de s’incarner une nouvelle fois. Le temps est venu, aujourd’hui, de se faire poulet, afin de sanctifier la chair de l’animal et d’interdire leur massacre. Après Jésus-Christ, voici Dieu-Denis ! Mais comment un poussin égaré dans une ferme isolée du marais poitevin parviendra-t-il à sauver la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1339 – Mars 2019

Dieu-Denis ou le divin pouletAlexis Legayet – Éditions François Bourin.

Tout d'abord je remercie les éditions François Bourin de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Franck est réveillé un matin au chant du coq, c'est à dire tôt, et lui de pester contre l'animal et de songer à la recette du « coq au vin ». Oui mais voilà, nous sommes dans un pays où tuer les animaux, et donc les gallinacés, est interdit par la loi. Cette interdiction va même jusqu'à les considérer comme des êtres humains, leur mort célébrée avec obsèques et décorum religieux. C'est que, trente ans plus tôt se serait déroulé au sein du Marais poitevin, un remake de l'annonciation, mais limité au monde de la basse-cour ! Croyez-le ou non, Dieu lui-même se serait réincarné en coq et aurait choisi la France pour descendre parmi nous à cause de l'emblème national, sans doute, comme si une fois n'avait pas suffi, même si ça avait un peu mal tourné il y a plus de deux mille ans! Et puis, à part l'intermède de Saint François d'Assise, il n'y a pas d'allusions aux animaux dans les évangiles. Un poussin naquit donc qu'on appela Denis (d'où le titre Dieu-Denis), dans la foulée on refit la Sainte famille, mais version poulailler, et sa mission fut donc de sauver les bêtes comme jadis Jésus sauva les hommes. Restait à se faire connaître, mais nous sommes au XXI° siècle et internet Facebook et You-tube furent sollicités par notre nouveau Messie qui réussit à recruter des apôtres pour porter sa parole, sans oublier les réseaux sociaux, le culte des sondages, les débats télévisés et la complicité flagorneuse des médias. KFC, cette firme qui fait de l'argent sur le massacre de la volaille, fut donc une cible toute trouvée, le message de la filiation divine entre les hommes et les poulets, martelé et avec lui le concept d'égalité et de cannibalisme. Comme il se doit, on nous rejoua, à la manière cocotière, le message et les épisodes évangéliques avec la mort du coq sacrifié non pas sur une croix mais sur une broche puis cuisiné et sa résurrection annoncée par e-mail ! Un tel scénario ne pouvait laisser indifférente la toujours prosélyte Église catholique qui intégra au dogme l'incarnation de Dieu en poulet et se rebaptisa « Dieudenique », avec découvertes de reliques et évolution du message religieux, dans le seul but de reconquérir des fidèles égarés.
Cette nouvelle façon de vivre les choses de la cuisine, dans notre culture largement tournée vers le culinaire, provoqua un mouvement d'idées en faveur des véganes au point que l'ordre public en a été un temps menacé, les spécificités gastronomiques régionales françaises niées, l'économie désorganisée et que les politiques, dans leur traditionnelle chasse aux voix, ne manquèrent pas de s'approprier, On revisita encore une fois la sempiternelle querelle des anciens et des modernes qui déboucha sur une révolution métaphysique juridique et écologiste ! Cette histoire un peu échevelée se termine comme dans un roman policier.
Ma culture et mon éducation ont fait que j'ai abordé ce roman comme une fable philosophique un peu loufoque, une plaisante parabole, mais peut-être pas autant que cela. J'en ai fait une lecture particulière au moment où la religion catholique est contestée à cause des graves manquements de ses ministres du culte et de leur hiérarchie. Elle a tellement mal rempli son rôle que non seulement la plupart des gens s'en détournent, que les églises se vident, que les apostasies se multiplient et, pire sans doute, qu'elle laisse la place à d'autres confessions qui, pour certaines, nous obligent à vivre dans la crainte du terrorisme religieux. Je ne parle pas du monde politique qui, à des fins électorales, est prêt à tout pour engranger des voix. Alors face à cette vie qui est de moins en moins passionnante, il faut rire de tout et pourquoi pas de la religion traditionnelle dont l'enseignement ne doit pas être bien sérieux puisqu'il n'est même pas observé par ceux-là même qui ont la charge de le faire respecter, et dont les dogmes, bien souvent ravalés au rang de « mystères », heurtent pour le moins la raison. Je l'ai donc lu comme une remise en cause du message religieux qui est surtout fondé sur la croyance aveugle dans des affirmations sans le moindre fondement logique, pour la seule raison que cette aspiration vers le sacré est inhérente à l'espèce humaine. Je n'insisterai pas sur la venue du Messie, sorte de parousie tant attendue, l'émergence d'un nouveau dieu parmi tant d'autres. Après tout, la contestation, très en vogue par les temps qui courent, peut également s'appliquer dans ce domaine. En outre, cet ouvrage, sous des dehors humoristiques, nous invite, l'air de rien, à repenser notre rapport aux animaux, ne pas les considérer comme de la nourriture potentielle, ce qui est bien dans l'air du temps actuellement, comme des objets de curiosité ou de massacres ainsi que l'occasion d'une réflexion générale sur notre société, non sans éviter ses traditionnelles contradictions et aussi sur l'espèce humaine. Avec ces quelques pas en absurdie, j'ai songé à l'univers d'Alfred Jarry à celui de Boris Vian, ou peut-être à ce qui menace notre pauvre monde !
©H.L.

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La première idée qui m'est venue en ouvrant ce roman c'est bien entendu la célèbre chanson du film d'Etienne Chatiliez, La vie est un long fleuve tranquille :

« Jésus reviens, Jésus reviens, Jésus reviens parmi les tiens du haut de la croix, indique-nous le chemin Toi qui le connais si bien. Toute sa vie, il prêchait le bonheur, la paix La bonté, la justice, et le savoir Quand il reviendra, il nous pardonnera Comme il avait fait pour Judas … »

Le père Auberger campé par le merveilleux Patrick Bouchitey est exaucé.

Dieu revient sous la forme d'un frêle gallinacé, non cette fois pour sauver les hommes mais… les poulets et tous les animaux qui souffrent de l'exploitation par l'être humain.

Dieu-Denis est son nom et il va tout mettre en oeuvre, flanqué de 4 jeunes apôtres issus des cités, pour répandre à nouveau sa bonne parole.

Je me suis dit : cette fable philosophique va t'arracher des éclats de rire. Ma foi, oui, le verbe est truculent et le propos irrésistible mais… rapidement, derrière les péripéties de notre joyeux volatile qui découvre Youtube et les réseaux sociaux, s'attaque à KFC, Rungis, les bouchers -charcutiers, la cuisine française et tutti quanti, on perçoit que le message est de ceux qui donnent à réfléchir.

Depuis un certain temps, les mouvements vegans et antispécistes se multiplient et multiplient les actions contre les carnivores et les représentants des métiers de bouche. Dans ce récit on approche avec humour ce que serait notre monde si les humains renonçaient définitivement à la viande mais aussi traitaient avec respect et dans un esprit d'égalité leurs frères animaux. Ainsi, dans le texte, lors de la rédaction de la loi du 8 mai 2045 qui interdit formellement de maltraiter de quelque façon que ce soit les animaux, on s'aperçoit que rien n'est simple : quid des parasites et autres bactéries par exemple ?

On aborde le problème des végétaux, question qui me taraude car de nombreux scientifiques travaillent sur la neurobiologie végétale et commencent à avancer que nos amies les plantes aussi ont une forme d'intelligence et ressentent la peur, la douleur… Nous allons nous retrouver à sucer des cailloux quoi que… nos amis les minéraux sont-ils tous si stupides qu'on veut bien le penser ? Je pousse le trait mais ce roman m'a donné vraiment à réfléchir, je ne livrerai bien sûr pas le fruit de ma réflexion qui ne regarde que moi mais j'avoue que j'ai apprécié ce livre et tout ce qu'il donne à penser.

Mention spéciale pour toutes les références et clins d'oeil qui le rendent savoureux, mention très spéciale au critique gastronomique Bazile Duchemin qui bien entendu rappelle à tous l'excellent Charles Duchemin de L'aile ou la cuisse admirablement joué par notre regretté Louis de Funès.

Un très beau moment de lecture et du grain à moudre pour les semaines et les mois à venir.
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Critique de Marianne Payot, L Express, juin 2019

"Sous l'influence des anges, effrayés par la souffrance des animaux ("Il vous faut éprouver la condition du plus petit d'entre eux... Et que l'humanité, par votre exemple, comprenne..."), Dieu accepte de se personnifier en poulet. Voilà le coq Denis - le fils de Dieu en grec - naissant en France, évidemment, la patrie du gallinacé. Mais comment faire comprendre que l'on est Dieu alors qu'on ne parle pas et qu'on est confiné dans un poulailler du marais poitevin ? le salut viendra de Jordan, un ado boutonneux, qui, lors d'une classe verte, est intrigué par ce coquelet capable de répondre à ses questions par écrit et de pianoter sur son portable. On le serait à moins... Il l'aide à s'enfuir, il est son premier apôtre. Suivront bientôt Pierre, Rachid et Kevin, qui, bluffés par une vidéo concoctée par Dieu-Denis, sont saisis par la puissance insigne de la parole divine. le tout à Pouilly-le-Sec ! Reste à convertir tous les amateurs de viande... A ce stade-là, je vous sens sceptique. Que nenni, lecteurs de peu de foi ! Cette fable d'anticipation iconoclaste est diablement cocasse et subtilement provocante.

Tout sonne juste dans cette réflexion imagée sur notre rapport aux animaux et au véganisme, qui applique joyeusement les méthodes modernes de marketing à la propagande sacrée. Alexandre Legayet est critique d'art et professeur de philo au lycée. On adorerait être l'un de ses élèves."
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Tout d'abord, je tiens à dire que je suis toujours aussi fan du papier utilisé pour les couvertures, épais et granuleux, j'adore ! Bravo aux Editions François Bourin pour ce détail qui fini un livre à la perfection et qui en fait un très chouette Objet.. Concernant la photo cette fois… elle représente pour moi, une de mes plus grosses phobies – derrière la baleine, j'ai nommé la poule – elle n'en reste pas moins vraiment jolie, la couverture, pas le poulet hein.. Presque que je l'encadrerai au dessus de mon lit. Quoi que.

Pour en revenir au roman d'Alexis Legayet ; quel drôle de livre ! Cette fable burlesque nous poussera à la réflexion sur l'élevage intensif et l'abattage inhumain des bêtes – notamment des poulets. Dieu, outré par la souffrance que nous, humains, faisons subir aux poules, décide de revenir sur Terre, réincarné en poulet fermier ; il compte bien nous faire réfléchir à notre façon de consommer. Afin d'avoir un minimum de crédibilité, Dieu-Denis – c'est son ptit nom – doit trouver des Apôtres qui parleront pour lui : c'est ainsi qu'il embarquera Jordan, Rachid, Pierre et Kevin, 4 petits gars banlieusard mais bien déterminés à faire entendre sa voix – au poulet, enfin non, à Dieu. Une nouvelle ère est née, le Dieudenisme catholique et son nouvel Evangile.

S'en suit une lutte acharnée, faite de vidéos propagandes sur yOuTOube et de banderoles à la parole de Dieu-Denis. A l'aide de situations utopiques et cocasses, l'ère du Veganisme approche, le simple fait de penser à un pilon de poulet tandoori est passible de prison ; Kfc et ses acolytes vont en prendre pour leur grade..

C'est à l'aide d'une plume incisive, drôle, un brin provocatrice et bordée de réflexions sur une modernisation de l'Eglise et du Vatican, de la morale et la dignité animale, qu'Alexis Legayet envoi un gros coup de poing dans la fourmilière de la malbouffe.

Que l'on soit chrétien ou athée, Dieu-Denis ou le divin poulet est une Ôde à la poule et à toute la cause animale.

Drôle, burlesque et vraiment décalé ce livre ne va pas plaire à tout le monde mais pour être honnête, si les vidéos choc ne nous font toujours pas réagir, peut être que Dieu-Denis, lui, oui.

Amen,
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Alexis Legayet, dans ce roman, a imaginé la réincarnation de Dieu dans un poulet dans le but de sauver la cause animale et de mener l'humanité vers un véganisme et un respect de la liberté des bêtes. Imaginez alors Dieu dans le corps d'un coquelet de ferme, se débattant bec et plumes pour faire entendre sa voix. L'idée complètement farfelue donne lieu a des situations très cocasses et prend forcément des allures de farce loufoque. Mais sous couvert d'absurde, Alexis Legayet en profite pour interroger notre rapport aux animaux. En imaginant une société où le véganisme devient un devoir et [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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critiques presse (1)
Lexpress
27 juin 2019
Cette fable d'anticipation iconoclaste est diablement cocasse et subtilement provocante.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A dix ans, alors qu'il se trouvait face à une tête de veau persillée, il eut la révélation de sa vocation et écrivit son premier poème. Il lui sembla que son langage avait en charge de dire et d'épouser cette expérience de transsubstantiation de la chair par laquelle, bien plus tard il définirait la cuisson délicate de la viande, passant du cru au cuit.
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L’élévation morale de notre humanité réduisait le champ du rire comme peau de chagrin.
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Videos de Alexis Legayet (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexis Legayet
Divin Poulet adaptation du roman d’Alexis Legayet “Dieu-Denis ou le divin poulet” (éd. François-Bourin)
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