Après un début très classique reprenant les énièmes mêmes codes (triangle rose cousu sur le veston) je pensais ne pas accrocher à ce roman. Non par desinteret pour le sujet, mais bel et bien parce que je suis persuadée qu'il n'est pas toujours opportun d'utiliser la référence historique (surtout si c'est souvent/ toujours la même) pour illustrer un fait de société. Et puis, peu à peu, sans pour autant être en mesure de m'attacher aux personnages qui demeuraient distants (qu'il s'agisse de Gabrielle ou de ses parents) j'ai plongé dans le récit dont la construction en feedback est attractive. Un roman qui donne à réfléchir face aux manifestations récentes et aux extrémismes montants évidemment. Pour autant, la fin est un peu décevante, car abrupte. Cependant, en ayant l'impression de refermer le livre trop vite, on a une seule envie, en discuter avec son voisin de lecture, ses proches, ses amis, sa famille..;et n'est-ce pas là l'essentiel. Parler de ce qui pourrait arriver, pour en prendre conscience et agir, à temps.
Gabrielle a presque 13 ans. Elle a été adoptée alors qu'elle était bébé par Phil et George, un couple d'homosexuels. Leur vie de famille va basculer en même temps que de nouvelles lois s'installent. Les homosexuels ne sont plus la bienvenue en ville et doivent être rassemblés dans une sorte de ghetto, forcés de porter un losange rose…
Evidemment la thématique de ce roman est très forte (et encore malheureusement très actuelle) et rappelle les pires heures de l'Histoire. C'est un livre très court qui se lit sur l'instant, mais qui du coup ne parvient pas à nous embarquer véritablement. J'ai plus eu une impression d'un coup de gueule lancé, mais qui n'a pas su s'intégrer à une fiction. Les éléments s'enchaînent, on a des retours en arrière mais on n'a pas le temps de saisir les différents instants. D'où mon avis mitigé malgré un sujet très bien traité. Une mention particulière pour la dédicace de l'auteur en préambule, qui est très belle : « Parce que l'amour est de tous les genres-masculin au singulier et féminin au pluriel. »
C'est la volonté de découvrir des auteur.ice.s jeunesse encore jamais lu.e.s qui m'a poussée à emprunter ce très court roman. Je n'en avais jamais entendu parler avant mais parmi les titres de Christophe Léon disponibles à la médiathèque, c'est celui qui m'interpellait le plus. Et quel bon choix !
Encore une fois, un auteur jeunesse prouve qu'il n'est pas nécessaire de s'étaler sur plus de 100 pages pour offrir un contenu efficace, percutant et poignant. A lire, dès que possible !
Tout commence brusquement. Phil et Georges sont au centre de Paris, alors qu'apparemment ils n'en ont pas l'autorisation. Ils ont bravé les interdits pour trouver un cadeau d'anniversaire à leur fille adoptive, la jeune Gabrielle. Comble de malchance, ils ont un accident et leurs gestes “trop affectueux” commencent à attirer l'attention des passants. Ils prennent la fuite, très vite poursuivis par la brigade de surveillance.
De son côté, Gabrielle, seule à la maison, commence à s'inquiéter du retour de ses deux pères. Alors que les temps ne sont plus sûrs, elle craint le pire pour eux.
La construction du récit est intéressante et permet une montée en tension assez efficace. En effet, Christophe Léon choisit de donner la parole à la jeune Gabrielle, 13 ans, et alterne entre chapitres se déroulant dans le présent (l'accident de voiture, l'attente inquiète…) et souvenirs du passé. Ce sont d'ailleurs ces flashbacks du passé qui donnent, petit à petit, l'explication du cheminement jusqu'à la situation présente.
Car dans ce monde qu'on imagine un tout petit peu futuriste (à peine), tout allait bien. La montée de l'intolérance, l'homophobie, l'ostracisme et finalement la dictature, a été progressive. Tant et si bien que les gens n'y croyaient pas… jusqu'au jour où, les personnes homosexuelles ont eu l'obligation de porter un losange rose cousu (j'imagine que vous comprenez facilement la référence) et ont été parquées dans des ghettos à l'extérieur des villes.
J'ai été happée dès le premier chapitre. Clouée à ma chaise par les premières lignes et les messages véhiculés. Curieuse de découvrir les effets de cette montée en puissance de l'intolérance ; impatiente de lire le fin mot de l'histoire. Je ne sais d'ailleurs pas totalement quoi penser de cette dernière mais je retiens surtout les 93 pages précédentes.
C'est une lecture qui dénonce évidemment, mais qui questionne aussi sur l'installation progressive de systèmes totalitaires. C'est souvent invisible au début, c'est progressif et quand enfin on se réveille, il est trop tard.
Je salue l'intelligence du texte de Christophe Léon qui, comme je le disais en introduction, n'a pas besoin de longs discours pour toucher au but. 94 pages suffisent à révolter le lecteur et je l'espère, à lui faire prendre conscience !
Je referme ce livre et je reste mitigée. J'ai adoré le fait qu'il s'agisse d'un roman d'anticipation qui malheureusement nous paraît tout à fait plausible et assez proche si on ne se réveille pas. Alors, nous sommes encore assez loin des ghettos où seraient parqués les homosexuels mais il ne faut pas oublier que les manifestations contre le mariage pour tous existent encore même s'il y a un essoufflement du mouvement (heureusement d'ailleurs !).
Après, c'est plutôt le traitement de l'histoire et l'écriture qui ont fait que je n'ai pas réussi à pleinement entrer dans l'histoire, à éprouver une réelle sympathie pour les personnages. Les deux personnages principaux me faisaient un peu trop penser aux artistes Pierre et Gilles (dans le roman, Georges et Phil). Il y a peut-être un peu trop de bons sentiments et surtout beaucoup d'éléments qui sont attendus.
Je m'attendais peut-être à quelque chose de plus percutant d'où une petite déception mais la lecture de ce court roman reste cependant nécessaire.
Résumé : Quinze ans après leur mariage en 2013, les deux pères adoptifs de Gabrielle, 13 ans, sont cantonnés ainsi que d'autres familles homoparentales dans une ville de banlieue parisienne suite à l'évolution des mentalités vers toujours plus d'intolérance. Identifiés par un triangle rose, traqués par une brigade spéciale, leur vie est un calvaire. Victimes d'un accident de la route, ils n'ont nulle part où aller.
Mon avis : Ce roman d'anticipation est construit autour d'un sujet d'actualité, le mariage homosexuel avec ou sans adoption, en envisageant le pire scénario possible. L'auteur y fait le parallèle avec les ghettos juifs de 1940, le losange rose symbolisant l'étoile jaune. Il est vrai que la description de cette nouvelle société est très réussie. Et je pense que Christophe Léon a voulu interpellé sur la difficulté d'être homosexuel encore aujourd'hui et les dangers réels qui les guettent. Cependant, le roman est assez difficile à suivre à cause des nombreux zooms arrière et la fin me semble un peu bâclée. Certes on comprend que les parents et Gabrielle se retrouvent mais l'auteur nous laisse imaginer ce que pourrait être leur avenir. C'est peut-être volontaire mais on reste avec une impression de non-conclusion. de plus, la couverture n'est pas très attirante et le titre pas représentatif.
Peut-être pour faire réfléchir à partir de 12 ans
- et puis je suis une négresse !
(....)
- Écoute, avait dit George, si tu es une négresse, alors nous sommes, Phil et moi, des blanchettes. En tout cas , ce ne sont pas de beaux mots dont on ne peut se vanter, et ceux qui les utilisent sont des personnes qui ne se respectent pas elle-mêmes.
( p 28)
- T'es trop pessimiste, objecte Phil. Nous ne sommes pas dans la France de 1940, tout de même !
- Non, et c'est pire ! Aujourd'hui, nous voyons l'Histoire se répéter et personne ne lève le petit doigt.
- Ce que veut dire George, Gabrielle, c'est que l'amour n'a ni sexe ni couleur de peau, avait enchaîné Phil, un chouïa moraliste. Les gens qui défilent dans la rue on tort. L'amour ne se décide pas, ni la préférence amoureuse. George et moi, nous nous aimons, nous t'aimons et notre amour est aussi légitime que celui de nos voisins, de nos amis ou de n'importe qui. Il n'y a pas à rougir de ce que l'on est - jamais.
Quand une femme me tirera de sous mon lit, qu’elle me demandera de me taire et que je me défendrai comme une tigresse, la première image que je verrai, lorsqu’elle aura avec l’aide d’un homme réussi à me dénicher de ma cachette, sera l’HOMMOT qui recouvre un pan de mur de ma chambre et que nous avons fait entrer en fraude dans le ghetto, les autres ayant été détruits par les autorités.
Dans les premiers temps, de nombreuses personnes, quand elles parlaient du ghetto, faisaient référence à un camp de concentration, mais bientôt il fut interdit d’employer ces termes. L’appellation officielle était : « Centre de rétention administrative et prophylaxie familiale.
Où habitent les personnages du livre ?