Une enquête de Brunetti qui n'en est pas une. Brunetti se permet, parce que c'est calme au bureau, d'enquêter sur la mort accidentelle, suicide, d'un homme sourd qu'il voyait de temps en temps chez le nettoyeur du quartier. Moins de repas en famille, moins de grandes discussions, moins de tout dans ce titre. Mais il a quand même éveillé ma curiosité car je voulais finir par comprendre et connaître la vie de cet homme qui n'en fut pas une. La cupidité, la méchanceté, l'indifférence sont au coeur de ce titre. Et , on sent Brunetti, Paola, son épouse, fatigués , dépassés, peut-être vieillis. Ça manquait un brin de rythme mais il reste toujours la Sérénissime et s'y promener est un toujours un grand plaisir.
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Un autre polar vénitien du commissaire Brunetti. On le retrouve avec plaisir, même si c'est la trame est moins dense, sans beaucoup de bouffe ou d'atmosphère qui provoque de douces réminiscences d'un passage dans la sérénissime.
Il ne s'agit pas d'une enquête criminelle à proprement parler, puisque c'est Paola, la femme de Brunetti, qui veut en savoir davantage sur un pauvre garçon aperçu dans le voisinage, un simple décès qualifié d'accident ou de suicide. Ce qu'on découvrira sur le jeune homme sera un bon prétexte pour railler les travers de la bureaucratie du pays.
On s'en douterait au titre, il sera question de parole, de langage, comme pilier essentiel de la culture. La famille Brunetti se préoccupe de la qualité de la grammaire et le commissaire peut même se réjouir d'un subjonctif bien placé ! Ça ne doit pas toujours être évident dans un pays où subsistent de nombreux dialectes. On n'y parle pas seulement l'italien, on peut aussi parler vénitien et chaque région a ses raisons de se sentir supérieure aux autres.
Il sera aussi question de maltraitance et d'éducation. On pourra même se sentir interpellé lorsqu'on évoquera la complicité tacite de tous ceux qui se sont parfois posé des questions sur le sort d'un enfant, mais n'ont jamais osé poser ces questions, et surtout poser les gestes qui auraient pu changer les choses.
Un polar à la trame un peu tiède, sans beaucoup de suspens, mais avec quelques réflexions intéressantes, un roman qui plaira aux fans de Brunetti, mais surement pas le meilleur de la série.
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Il ne se passe rien. Brunetti doit enquêter sur une possible infraction qui menacerait la bru du vice-questeur Patta. Affaire réglée en dix minutes. Alors, à la demande de sa femme, il s'intéresse au cas d'un pauvre sourd-muet, employé dans le pressing où la famille Brunetti porte son linge. le garçon, qui semble s'être suicidé, n'avait aucune existence civile. Accompagné d'une jeune assistante napolitaine (Viannello est vexé et le laisse seul sur cette affaire) , Brunetti enquête, parcourt Venise, se heurte au silence de tous ceux qu'il interroge. Il déjeune chez lui, rentre tôt, écoute les discours écolos de sa femme et de sa fille, boit distraitement son verre de vin. Les employés de la police municipale continuent à vivre leurs petits problème, la signorina Elettra s'aide maintenant des deux mains pour se relever et n'a plus de fleurs dans son bureau. L'automne commence à Venise, la première pluie torrentielle arrive à la fin de l'histoire, trois vendeurs tamouls apparaissent, dont Brunetti "se demandait souvent s'ils étaient lyophilisés et revenaient à la vie à la première goutte d'eau, les mains pleines de parapluies à 5 euros". le train-train de Venise et de sa police, le charme d'une histoire lente et presque sans enjeux, le long des canaux et des ruelles. La conclusion arrive par hasard : une histoire sordide, mesquine et triste. Un livre auquel j'ai mis la note maximale parce qu'il est presque complètement épuré, sans suspens, un peu lent, un peu mélancolique, comme la fin de la belle saison à Venise, comme la fin de la belle saison de la signorina Elettra. Une sonate d'automne.
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Je pensais retrouver un bon polar avec le commissaire Brunetti, et bien non à part les personnages toujours très attachants et le beau Venise rien ne vient, c'est lent. Paola la femme de Brunetti lui demande de se renseigner sur la mort d'un jeune homme qui travaillait au lavoir, un garçon pas comme les autres, calme, qui ne parle à personne à cause de sa surdité, personne ne semble s'en occuper. de rue en rue, de voisinage en voisinage Brunetti comme toujours va tomber sur un secret. Mais lequel……..
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— Donc vous êtes une famille de policiers ? conclut Brunetti avec un sourire.
— Je suppose que oui, dottore. Le frère de Sandro, Luca, est garde-côte.
— Et quelqu’un d’autre encore ?
— Non, monsieur. » Puis Pucetti se ravisa, et sourit : « Ma mère a un berger allemand. Est-ce que ça compte ?
— Je ne pense pas, Pucetti. Sauf s’il a été dressé pour flairer les bombes ou la drogue. »
Le sourire de Pucetti s’élargit. « J’ai bien peur que tout ce qu’il sache flairer, c’est sa pâtée, dottore.
Ils se tournèrent et se regardèrent, forcés de se confronter à l'inévitable : les enfants grandissent et les enfants s'en vont. Lorsque leur téléphone sonnera après minuit, il ne sera plus possible de longer le couloir et d'aller jeter un coup d’œil dans leur chambre pour avoir l'assurance immédiate, concrète, qu'ils y sont. Endormis ou éveillés, en train de lire sous leurs couvertures avec une lampe de poche ; plongés dans le sommeil ; faisant la tête, contents ou mécontents : rien de tout cela n'ayant plus la moindre importance, face à la certitude qu'ils sont bien là, sains et saufs, à la maison.
Les prêtres avaient enseigné, à Brunetti et ses amis, que la gourmandise était l'un des péchés capitaux, mais il n'avait su ce qu'était la gourmandise. Ou plus précisément, même s'il avait saisi que cela signifiait trop manger, il n'avait jamais compris où commençait ce trop. Comment le fait d'avoir envie que sa mère lui resserve des sardines marinées pouvait "pas bien"? Quelle était la sardine qui le ferait passer du stade du plaisir au stade du péché ? Cette subtilité laissa toujours le jeune Brunetti perplexe et lui révéla avec quelle force les prêtres associaient le plaisir au péché ; prise de conscience qui l'eloigna irrémédiablement de la religion.
Les prêtres avaient enseigné, à Brunetti et ses amis, que la gourmandise était l’un des péchés capitaux, mais il n’avait jamais su ce qu’était la gourmandise. Ou, plus précisément, même s’il avait saisi que cela signifiait trop manger, il n’avait jamais compris où commençait ce trop. Comment le fait d’avoir envie que sa mère lui resserve des sardines marinées pouvait être « pas bien » ? Quelle était la sardine qui le ferait passer du stade du plaisir au stade du péché ?
La mort livre la famille au chagrin, puis à la valse apparemment sans fin d'un bureau à l'autre. Prendre les dispositions pour la messe et l'enterrement, obtenir la concession funéraire au cimetière, clôturer les comptes en banque, bloquer le paiement des pensions, annuler la redevance de la télévision, couper la ligne téléphonique, fermer les compteurs d'eau et de gaz, prévenir le facteur. Chacune de ces opérations nécessite au moins une visite au bureau concerné : beaucoup se trouvent à la mairie, mais d'autres à Piazzale Roma ou perdus dans d'autres bastions de l’administration municipale, perdus au diable vauvert.
Donna Leon se dévoile en répondant, avec humour et sincérité, au questionnaire de Proust.