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sur 1118 notes
Livre trouvé dans le bac des livres voyageurs de ma gare. Un Goncourt de 2007 (!), un roman d'amour particulier. "Alabama Song », fiction biographique écrite par Gilles Leroy, sur Zelda et Francis Scott Fitzgerald, couple mondain, frivole et futile, des années vingt, qui se sont détruits à trop entretenir la célébrité. Un couple terrible, dévoré par la jalousie et la rivalité, consumé par l'alcool, les drogues et tout ce qui peut être excessif. le livre est écrit à la première personne, le Je de Zelda, qui tout au long du récit se ressent comme la fille du juge et la femme de l'écrivain, sans jamais pouvoir exister par elle-même.. Au cours de la lecture, je me suis interrogée continuellement sur la part de vérité. Beaucoup d'interrogations aussi sur le diagnostic et les procédés de traitements des troubles mentaux au début du siècle. Livre émouvant.
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J'ai souvenir que Robin Williams avait prénommé sa fille Zelda en hommage à son jeu préféré…
Ignorait-il que la princesse tenait elle-même son nom de Zelda Sayre Fitzgerald ? Non, évidemment, mais le clin d'oeil est savoureux…

Princesse Zelda, il te fallait quitter l'Alabama où tu étais née. Tu en étais la reine mais tu avais d'autres rêves, d'autres ambitions, et Scott est arrivé. Tu as donc quitté le giron familial, emprisonnant, pour épouser ce jeune et bel auteur prometteur. Et en ont suivies quelques années de folie et de frasques, de joies souvent alcoolisées, puis de nouveau et insidieusement, la mise en cage. Ton mari est devenu ton geôlier, jaloux, possessif et violent. Ta folie, si séduisante et inspirante, est devenue le prétexte à te mener de clinique en clinique, jusqu'à la camisole chimique.

Princesse Zelda, tu avais pourtant tenté de t'évader par la danse à laquelle tu t'étais adonnée avec passion mais au détriment de ta santé même, par l'écriture mais tout en veillant à ne pas faire d'ombre à ton ombrageux époux, par le dessin mais à condition de ne rester qu'un simple loisir. Tu avais réussi à t'échapper certainement une fois, le temps d'un mois, l'espace d'une passion folle avec un aviateur français. Ces quelques jours te seront bien chers payés…

Tu étais prisonnière d'une époque Zelda. Une de ces « flappers » des années 20 décrites par Scott lui-même, rebelle et extravertie, qui en dansant levait la jambe bien trop haut pour une fille de juge.
Étais-tu réellement une femme diront certains, une vraie ? de celles qui font de bonnes épouses, de bonnes mères... « Ni muse ni soumise », tu étais une artiste dont la volonté d'expression a été brimée, comme beaucoup d'autres, étiquetée comme schizophrène, ton dernier carcan.

O Zelda ! Exubérante, extravagante, excentrique, excessive, extra-ordinaire.
Personne n'est malheureusement venu te sauver, Zelda la Magnifique.

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Alabama song, à l'inverse de Accordez-moi cette valse, lu en parallèle, déploie toute la littérarité du personnage de Zelda – forcément. Ce que la protagoniste n'a pu réussir par elle-même, à savoir s'extraire de sa vie et de son objectif pour se peindre comme oeuvre, en gros devenir son propre objet, le romancier distant de cinquante ans y parvient. C'est peut-être encore une question de talent. La Zelda de Leroy ne manque ni de lucidité ni de mots, elle ne s'exprime pas par formules, elle n'est pas spectatrice de sa vie. Elle la subit un peu. Beaucoup. Et le propos est beaucoup plus sombre, puisque beaucoup plus près de la vie réelle du couple star de « l'Âge du Jazz ». Les lieux sont véridiques, et presque tous les noms, de Cocteau à Kiki de Montparnasse. Un seul est dissimulé, mais tellement mal qu'il ne faut pas chercher bien loin le modèle de ce peu flatteur portrait. Zelda éprouvait ainsi une haine farouche pour un dénommé Lewis O'Connor, ami écrivain de son mari, qu'elle soupçonne d'être une folle honteuse, un sale type amoureux de son mari, un opportuniste qui saisira la première occasion pour fustiger son ancien mentor. Je déteste Hemingway, le bonhomme et ses livres, le voir ici bardé de ridicule – et la charge est lourde – m'a bêtement réjouie.
Voilà pour le décor.
Leroy va là où Zelda F. n'a pas osé aller, j'ai l'impression : dans la peinture toute nue du grand homme que n'était pas son mari, et dans l'émotion. Scott Fitzgerald ne tient jamais le premier rôle, dans aucun des deux romans, je ne suis pas sûre qu'il s'agisse non plus d'un « grand roman d'amour » dans un cas comme dans l'autre. Il s'agit surtout de montrer comment le besoin de se faire entendre et l'échec de cette manoeuvre mène à la décomposition, à la perte de soi. C'est le cas de Zelda dont Leroy murmure qu'on l'a rendue folle alors qu'elle n'était que fragile; c'est le cas de Scott Fitzgerald, que l'ingratitude du public et sa propre incapacité à dépasser ses limites ont lentement dégradé. Accordez-moi cette valse montre un mariage sauvé à la rustine, Alabama Song une prison pour deux. À l'instar des protagonistes, leur histoire est extrêmement violente, coléreuse et triste. Elle l'accuse de la tromper avec un homme, il la fait avorter de force. Quelque part dans ce fatras, ils s'aiment, elle l'aimera jusqu'au bout et il prendra soin d'elle, mais ce n'est pas le plus important. Bien sûr, le thème de l'oppression est très présent, la prégnance de l'époux sur sa propriété, son corps, ses écrits (au début de leur mariage, on conseillait à Zelda de signer « Scott Fitzgerald » les quelques textes qu'elle a fait publier, parce que « c'est plus vendeur ». J'aurais adoré.) Mais Zelda reste toujours le centre de l'affaire. Zelda aux mille talents inachevés, qui, plus sage, aurait été plus heureuse. Triste moralité. Son drame n'est pas tant d'avoir été cannibalisée, coupée en tranches puis étiquetée de tout un arsenal de maladies mentales féminines. Il me semble que c'est d'avoir été pleine de vides, de petits espaces nus par lesquels s'engouffrent la folie, la méchanceté, le rejet. L'impossibilité pour la Zelda de Leroy de s'incarner franchement est la clé, elle reste inachevée. Difficile à cerner, pour elle-même en premier lieu. En lui donnant voie/x, le romancier ordonne la figure, ne donne pas tant corps qu'ordre et méthode, un peu. Et Zelda est forcément littéraire parce qu'en attente d'ordre. Je crois.
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Je connaissais bien évidemment Francis Scott Fitzgerald et son "Gatsby le magnifique". J'avais aussi entendu parler de Zelda son épouse, mais voilà tout ! J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce couple et tout particulièrement cette femme. L'histoire d'un amour qui devient très vite pitoyable et dont on suit la déchéance page après page. Je suis passé de l'indifférence, à un attachement à Zelda de plus en plus prononcé, au fur et à mesure de ma lecture. Sa folie est particulièrement bien décrite.
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J'ai acheté ce roman après avoir entendu Gilles Leroy en parler lors d'une rencontre. J'ai lu « Gatsby le magnifique » de Francis Scott Fitzgerald en audio et j'ai vu le film avec di Caprio et j'ai aussi lu une biographie de Fitzgerald « Fitzgerald le désenchanté » et ce que je trouvais intéressant dans ce roman, c'était le fait qu'il ait choisi de parler de l'auteur américain en prenant le point de vue de Zelda, sa femme.

C'est d'ailleurs Zelda qui est la narratrice et le personnage central de ce roman qui raconte sa vie avec Scott depuis leur rencontre en 1918 et leurs amours flamboyantes puis destructrices. Zelda est montrée comme une jeune femme riche et libre qui a du mal à entrer dans le moule et sa rencontre avec Scott est comme un vent de fraicheur pour elle.

Ils commencent une vie commune qui brille de mille feux, ils sont la coqueluche de la « jet set » de l'époque. Fitzgerald devient un écrivain célèbre et reconnu mais Zelda se retrouve à nouveau piégée dans sa propre vie, n'étant pas reconnue pour sa créativité. Sa maladie mentale pèse aussi sur leur vie commune car elle est plusieurs fois internée, ce qu'elle vit comme des séquestrations et les relations entre les époux deviennent très perturbées.

Mêlant des faits réels et de la fiction, Gilles Leroy brosse un tableau où Zelda est considérée comme une personne à part entière et pas juste comme « la femme de… »

J'ai aimé le style , la voix du personnage. Un beau portrait de femme tout en nuances.
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L'auteur s'est coulé dans le personnage, mi réel et mi fictif, de Zelda Fitzgerald. Tout commence en 1918, dans l'Alabama. Scott Fitzgerald y rencontre Zelda, jolie fille de la bonne société sudiste. Ils formeront un couple tout à la fois brillant et pathétique, traversant leur époque en se brûlant les ailes.

L'auteur, et c'est là la force du roman, nous promène d'une époque à l'autre en un va et vient intense. Rien n'est linéaire, dans cette histoire, à l'image de Zelda, jeune fille fantasque gagnée peu à peu par la folie. Et pourtant, le lecteur ne se perd pas dans ces incessants retours en arrière.

C'est avec une profonde empathie que Gilles Leroy raconte la vie tumultueuse et dramatique de son héroïne. Il sait mêler avec talent réalité et fiction d'une vie passionnée.

La construction est rigoureuse et efficace, on ne voit pas les fils de bâti : l'auteur a su mêler des pans de la vie de Zelda à des évènements sortis tout droit de son imagination. Tout cela intimement mêlé donne un récit fluide et maîtrisé.

Il a su se glisser dans le personnage de son héroïne, lui donnant une dimension émotive très forte. Avec le « je », il n'y a que Zelda et le lecteur, ce qui créait une intimité, une ampleur de sentiments. Pas de sensiblerie, mais de la sensibilité et de la compassion dans ce récit à la construction très Stendhalienne.
Le style sied à l'histoire, il est direct, vivant.
L'écriture est limpide
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En se glissant dans la peu de la turbulente Zelda, Gilles Leroy dresse un portrait de femme démunie, délirante, folle d'amour et de souffrance, folle de recherches, d'échecs, de peines et d'obstination.
Une femme désireuse d'une autre vie, la sienne. Ecrasée par le poids du succès de son époux, on découvre une femme pleine d'envies et de désirs déchus. Une vie d'attente, de défaut de reconnaissance, d'amour étouffé. Un brillant hommage à la femme du début du siècle, à ces épouses modèles qui revêtaient souvent une robe trop étriquée pour elles...
Un roman d'imagination, entre faits historiques avérés et désirs d'écrivain, Gilles Leroy dresse, souvent avec lenteur, le portrait d'une femme perdue, enfermée dans ses mensonges et son désir d'avenir.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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C'est par un soir de de juillet 1918, lors d'un bal, que la jeune Zelda Sayre fait la connaissance d'un certain Francis Scott Fitzgerald, jeune soldat en garnison tout près de la ville de Montgomery, en Alabama.
Née de bonne famille, Zelda à une réputation déjà sulfureuse. Elle décide de suivre ce jeune homme que beaucoup autour d'elle jugent prétentieux et quelque peu immature. Elle n'aura cure des avertissements et des menaces des siens et s'envolera rapidement avec son nouvel ami vers New-York. Ils se marieront quelques jours plus tard.

Ici, va commencer une descente aux enfers pour eux.
La grande consommation d'alcool que fait le jeune couple va défaire les maigres illusions qui les ont fait s'unir. La jalousie maladive, la paranoïa de "Scottie", l'emprise sans répit que celui-ci exerce sur sa jeune épouse vont la fragiliser et altérer un peu plus sa santé mentale. Elle fera des années durant de nombreux séjours en hôpital psychiatrique.

Dans un style âpre et percutant,Gilles Leroy livre ici, sous forme romancée, un portrait sans concessions du couple le plus mondain, le plus adulé et frivole des années 20.
Pour le faire, l'auteur va concentrer son regard sur celle qui fut l'égérie de l'écrivain aujourd'hui mondialement connu. Il va lui donner corps et mots dans un récit douloureux et désespéré, presque halluciné de sa vie. le récit d'espoirs et d'un amour déchus, perdus par une femme qui a vécu et aimé passionnément jusqu'à en perdre la raison.
Un livre qui n'est pas dans le registre habituel de mes lectures mais que j'ai trouvé jusqu'au bout
sincère et poignant.

Alabama Song, le titre du roman est emprunté à un texte
de l'écrivain allemand Bertold Brecht figurant dans le recueil Les liturgies domestiques écrit en 1927.
Ce texte a ensuite été adapté par son auteur pour être intégré dans le livret de l'opéra mis en musique par le compositeur Kurt Weill « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » joué pour la première fois en 1930.
The Doors et David Bowie en ont livré beaucoup plus tard une belle version.
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1918, Montgomery, Alabama,

De fringants jeunes hommes venus de tout horizon sont cantonnés à Montgomery dans l'attente de rallier l'Europe. Pour taire leur anxiété, cacher leur peur, oublier l'étau, ils se perdent dans des bals, une insouciance factice, une euphorie pleine de fougue et paradent devant les Belles.

Zelda Sayre a dix-huit ans. Fille de l'aristocratie du sud, d'un père juge de la Cour Suprême, petite-fille et nièce de sénateurs, elle n'a le droit de se rendre qu'au Country Club. Là-bas, elle y fait la connaissance du lieutenant Fitzgerald. Il a vingt-un ans, a fait ses classes à Princeton, a une prestance charismatique, danse divinement, écrit… il est la figure du héros romantique.

"Il est petit, oui, mais ce défaut de quelques centimètres est compensé par une taille fine que la veste cintrée de l'uniforme souligne, par un front haut et un je-ne-sais-quoi (l'assurance d'être quelqu'un, la foi en soi, le sentiment qu'un destin sans pareil vous appelle), par une allure folle, en fait, qui l'exhausse d'une tête. Les femmes en sont babas et les hommes aussi. Il faudra que je réfléchisse un jour à cette singularité : aucun de ses frères d'armes ne le jalouse ni n'en prend ombrage. Non, c'est comme si les autres hommes acceptaient sa séduction et l'encourageaient…
Autant il me trouble, autant il m'irrite ! Divorce de ton rêve. Tout de suite."

Chaque jour apporte une frénésie de plaisirs et d'exubérance ; la fantaisie que Zelda aspire. Elle a l'optimisme de la jeunesse, la légèreté et l'impudence qui outragent son époque et sa petite ville, Fitzgerald lui apprend à danser le turkey trot et la séduit avec sa délicatesse et ses mots de romancier. Elle se projette à New York, femme d'un grand écrivain célébré, adulé.
Lorsque l'armistice est signé, que les soldats sont démobilisés, elle pressent la fin de leur histoire. Avec lucidité, elle lui offre une flasque en argent où elle fait graver "Ne m'oublie pas." Il part à New-York.

1919, Montgomery est désert, sans moelle. Zelda correspond avec son Goofo, Scott. Leurs lettres se font tour à tour aimantes, piquantes, tièdes et caustiques. Elle le rudoie, le snobe, le charme, lui jure foi et admiration. Elle pense que la jeune naïve d'Alabama ne pourrait se comparer aux étoiles new-yorkaises. Chez elle, elle est reine, héritière d'un passé et de révérences. Ses parents souhaitent qu'elle épouse un garçon de leur milieu, mais elle ne pense qu'à son yankee. Elle essaie de s'abrutir, elle sort, festoie, ne peut l'oublier et rêve de liberté.
Un jour, elle reçoit par la poste un petit paquet dans lequel Scott lui offre une bague, symbole qu'elle s'empresse d'accepter. Il vient la chercher. La famille de Zelda boude le mariage, ignore Scott et renie cette mésalliance. A la cathédrale de Saint-Patrick, Zelda se mariera sans elle.

1920, Dès la première année de leur mariage, l'ennui s'installe, ils se sont fatigués l'un de l'autre. Leur nuit de noces avait sombré dans la torpeur de l'alcool, ils avaient été renvoyés de leur hôtel. Etait-ce un présage ? "L'idole et l'Idéale" se dégradent.
A Westport, Zelda pense que la maison est faite pour le bonheur. Elle le recherche, elle l'attend. Scott est reconnu, il publie, il est aimé, ils font la fête, ils sont des icônes… et partent pour la France. Ils vivent royalement, avec excès et sans sobriété. Il écrit, il boit, il ne la touche plus.

1924, sur la Riviera, à Fréjus, Zelda rencontre un jeune aviateur Jozan. Il est superbe et elle en tombe follement amoureuse. Durant un mois, elle est belle d'aimer. Les gens se retourne sur son passage, la dévisage, boivent sa luminosité et elle croit qu'ils la reniflent, qu'ils sentent son impudeur, son adultère, ses abandons charnels. Elle est simplement voluptueuse dans sa passion et irrésistible. Jozan est l'homme qu'elle veut, celui qui sait l'émouvoir.
Scott ivre de jalousie, de honte, de faiblesse, ne le supporte pas. La voir heureuse et épanouie d'un autre, exacerbe sa violence qu'il assouvit ardemment.

1925, Zelda écrit et les périodes relatées se confondent. Des années 1920, on passe à celles de 1940. Scott la punit en la séparant de leur fille et en l'exilant dans une clinique en Suisse. Il la déserte, épave tremblante et haineuse. Les blouses blanches disent qu'elle est schizophrène. Les traitements l'abrutissent, mais elle se rappelle avant. Avant, elle profitait pleinement sur la côte Estérel, sur les plages camarguaises, dans les eaux enflammées, entre les ailes protectrices de son pilote français. Elle se souvient et les images sont des baumes. Alors, elle se met à écrire et à peindre. Elle va retrouver son amour sur des toiles. Elle exulte de pouvoir jeter toutes ses pensées obsédantes qui la font mourir. Elle reconnaît dans ses traits et ses mots, l'odeur, la force et la chaleur de son amant.
Mais trahison suprême, Scott lui vole son travail. Il est comme un microbe qui lui grignote sa vie…

La Belle du Sud se raconte, jusqu'à son retour à Montgomery, jusqu'à la mort du "prince désarmant", jusqu'à ses quarante-sept ans.

Gilles Leroy a eu avec cette biographie romancée le prix Goncourt.

Il s'est faufilé dans l'esprit de Zelda pour nous rendre une version de ce couple mythique. Ils se sont aimés, ils se sont détruits. La haine flirtait avec l'admiration et l'amour connut des mutations ; passion, souffrance, déchirement, dégoût, compassion, fraternité, mais jamais d'indifférence. Zelda et Scott étaient des enfants précoces, ils ont dévoré leur vie très rapidement.
Fitzgerald a connu le succès avec son premier roman "L'envers du Paradis" et a embarquée Zelda pour l'Europe, avec leur fille née en 1921. Ils ont été les acteurs d'une "génération perdue", avides, gourmands, jouisseurs, où l'alcool fut la plus exigeante des maîtresses, bien plus que l'écriture, détruisant leur couple et reléguant Zelda dans une folie imposée. Dans ses divagations, ses démences, Zelda devient artiste. Elle écrit, elle peint, elle avoue et dérange Scott qui s'accapare ses rédactions et veut la brider. Rien de mieux que des électrochocs pour la ligoter.
L'auteur explique à la fin de son roman qu'il est difficile, voire impossible, de vivre avec un écrivain. L'un des deux jalouse l'autre…
"(…) je songe à celui qui m'aimait si mal.
J'avais vingt ans (…) pour me décourager d'écrire, peut-être, ou pour que la fusion fût parfaite, il me faisait lire ses auteurs préférés, William Faulkner, puis Carson MacCullers, "des monuments, disait-il, des génies absolus", sans comprendre qu'il me faisait rencontrer là deux oeuvres définitives dans ma vie d'homme, et je songeais, moi : Deux aînés, deux repères, deux êtres à qui ressembler, deux oeuvres qui, loin de m'écraser, me donnaient des ailes nouvelles et, par une étrange ironie, exaltaient mon désir d'écrire au lieu de l'éteindre.
C'est lui encore qui, par une nuit d'étoiles, sur le pont d'un ferry en route vers Capri, me confia son admiration pour un couple hors norme, les Fitzgerald. Mais, si brillant qu'il fût, l'homme jaloux ne comprenait pas cette évidence : l'histoire de Scott et Zelda était là pour l'édifier, lui, pour lui souffler que nul ne maîtrise les tempéraments – pas plus que les orages, le vent ou la foudre : personne, ni les psychiatres ni les climatologues. Encore moins les amants ombrageux."

J'ai aimé cette lecture, une histoire, ses personnages, la composition des mots, la poésie, l'époque de l'entre deux guerres. J'ai aimé m'attarder entre quelques pages, faire des recherches et m'immerger dans cette Amérique romantique, folle et dépressive, en quête d'affranchissement.

Un superbe roman qui j'espère vous plaira.
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Quand Zelda, "Belle du Sud", rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Gilles Leroy s'est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister...

“Il faut lire ‘Alabama Song' comme un roman et non comme une biographie de Zelda Fitzgerald en tant que personnage historique.” écrit l'auteur. Et pourtant... Raconté à la première personne du singulier, le roman réussit à nous faire littéralement croire que nous lisons le véritable journal de Zelda.

Ce livre ne fait pas l'unanimité... pour ma part, je l'ai aimé, j'ai trouvé ce livre très fort : sur le fond et l'approche très originale de Gilles Leroy bien sûr ; mais surtout, quel style !
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