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Un inédit de Doris Lessing, auteure découverte il y a bien longtemps avec le « Carnet d'or » !!!

Ce texte très court n'en est pas moins dense, et assez douloureux. le prix Nobel de Littérature y raconte son enfance, ses rapports difficiles et houleux avec sa mère, un père qu'elle adorait, mais qui avait été profondément traumatisé par la première guerre.

Ses difficultés de rapport avec cette mère énergique, autoritaire, mais pétrie de conventions, ayant à sa décharge, aussi supporté moult épreuves, ont été telles que la narratrice parle le plus souvent d'elle à la troisième personne… pour mettre à distance… en quelque sorte des rapports complexes, jamais pacifiés…

« Nous parlons sans cesse du fossé entre les générations. Mais fut-il jamais aussi marqué qu'entre la génération de mes parents et la mienne , Ils croyaient que l'Empire britannique était la plus grande puissance au service du bien existant au monde, et que Dieu était aussi de cet avis. Que les blancs étaient supérieurs à tous les hommes d'autres races, et que le peuple anglais était supérieur à tous les autres peuples blancs. Que la minorité blanche dans les colonies était là, avec l'assentiment de Dieu, pour civiliser et faire progresser les indigènes. Ils croyaient au Devoir. Au patriotisme. A l'Amour du travail bien fait. A la pérennité du mariage. A la vie de famille » (p.122)

Ce récit me fait songer à maints égards à un autre texte autobiographique d'une dame, écrasée par la personnalité très forte d'une mère, … je parle de Marguerite Duras, avec ce texte exceptionnel, « Un
Barrage contre le pacifique »…

Doris Lessing raconte… reconnaît son injustice envers sa mère…Mais aussi la nécessité « vitale » de s'affranchir de cette personnalité trop forte et rigide…dans un contexte colonial, de surplus .

« Ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que mes pensées n'ont guère évolué depuis lors. D'un côté, cette pauvre femme n'avait commis d'autre faute que d'avoir connu une série de malheurs, à commencer par la mort de sa mère quand elle avait trois ans, et elle méritait d'être aimée, soutenue, entourée de tendresse. Pourtant je devais la combattre à tout instant, autrement elle n'aurait fait qu'une bouchée de moi. (p.130) »…

De nombreux éléments de cette enfance très riche en émotions , familialement et socialement ( par cette implantation en Rhodésie, dans une société à l'opposé de leur milieu d'origine : l'Angleterre bourgeoise et guindée…)expliquent l'esprit extrême d'indépendance de cet écrivain. Après ce récit… je lirai ou relirai ses textes , avec une autre attention, un regard autre….un texte très court mais qui narre mille choses d'une génération, d'une époque… d'une vision du monde, d'êtres fracassés par la guerre.
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Publié en deux parties en 1984 et 1985 , ce texte est aussi court qu'intense . Doris Lessing se penche "honnêtement" sur le rapport chien-chat qu'elle a entretenu sa vie durant, avec une mère qui ne l'a jamais aimée ou si mal, une mère qui ne rêvait que de vivre selon les statuts imposés par la bourgeoisie victorienne, réceptions, partys, fréquentations sélectes et conversations raffinées...

La vie dans le veld rhodésien entre un mari dépressif , des enfants indisciplinés, n'a guère été à sa convenance. Alors avoir une fille aux moeurs dissolues à ces yeux, divorcée 2 fois, mère de famille, fréquentant des cafres, des étrangers de toutes nationalités, écrivant des livres fort embarrassants et injustes pour les sujets blancs de sa Majesté et refusant son aide poliment et fermement , quelle calamité .....

Si Doris Lessing admet ce que son attitude avait d'agressif, avec le recul elle ne voit pas comment elle aurait pu agir différemment sans se faire "vampiriser" par cette femme certes brillante et courageuse mais d'un autoritarisme redoutable.

J'aurais aimé découvrir ce texte avant de me plonger il y a fort longtemps dans le carnet d'or.
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Livre autobiographique sur les relations de l'auteure avec sa mère, relations qui n'ont jamais été formidables. Pourtant Doris, adulte, va essayer de comprendre les réactions de sa mère vis à vis d'elle.
Doris n'était pas une enfant facile et s'est révélée être une adolescente tout en rébellion et ce ne sont pas ses deux mariages et ses deux divorces qui ont amélioré le point de vue de sa mère sur sa fille.
Pour cela Doris remonte aux origines de sa famille, une famille bourgeoise emplie de tous les codes de la bourgeoisie anglaise, une façon d'être, de penser, de se comporter, des conventions que sa mère s'évertue à appliquer au fin fond de la Rhodesie du sud (actuel Zimbabwe ), car Doris a grandi dans ce pays loin de son Angleterre natale.
Ses parents emportent dans ce voyage des blessures physiques et psychologiques liées à la première guerre avec un père soldat et une mère infirmière.
Un livre intéressant sur une mère représentant l'empire britannique déclinant et une jeune fille rebelle, libre, représentant une nouvelle génération qui aspire à tout autre chose.
Un rendez vous mère fille manqué, un livre très instructif et très pertinent.
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Dans ce récit autobiographique très sensible, Doris Lessing évoque sa jeunesse dans une famille de la « middle class » britannique du début du 20 ème siècle.
Son père a survécu à la guerre de 1914, mais y a perdu une jambe.
Sa mère est obsédée par le maintien de son statut social et n'a qu'une crainte, qu'elle ou ses enfants vivent une forme de déclassement.
La famille habite d'abord en Perse où le père a un poste important dans le secteur du pétrole ; ensuite direction l'Afrique Australe où Doris va découvrir un monde fabuleux et sera passionnée par la nature africaine.
Le récit est court mais très dense, c'est une évocation très intéressante de la société britannique du début du 20 ème siècle avec ses préjugés, ses duretés et ses hypocrisies.
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Ce récit autobiographique de Doris Lessing qui paraît pour la première fois en France a été écrit au début des années quatre-vingt. de sa naissance en Perse (Iran) en 1919 à la parution de son livre Vaincue par la brousse en 1950, l'auteure raconte trente ans de sa vie ; la rencontre de ses parents, leur origine sociale (sous l'ère Victorienne), les relations conflictuelles qu'elle a toujours entrenues avec sa mère, son impertinence envers le puritanisme, sa liberté, son anticonformisme, son anticolonialisme, ses engagements politiques (adhésion au parti communiste)...
On entrevoit dans ce récit le grand écrivain que sera Doris Lessing, on comprend son cheminement vers l'écriture, son combat contre l'injustice et l'intolérance.
Son père, mutilé de guerre (amputé d'une jambe) rencontre sa future femme sur le front. Issue de la bourgeoisie, elle était devenue infirmière pour s'occuper des autres et surtout pour être aimée, ayant reçue une éducation rigide sans affection. À la fin des hostilités, lui n'a qu'un désir : quitter l'Angleterre au plus vite. Affaibli physiquement, touché moralement, il en veut terriblement au gouvernement anglais. le couple part en Perse où l'attend un poste de directeur dans un grand établissement bancaire. Sa femme est ravie, elle emporte avec elle une malle emplie de robes de soirée.
Mais rapidement, les désillusions de sa mère vont émerger : la déception tout d'abord de donner naissance à une fille, et la toquade de son mari de partir pour l'Afrique... Les voilà dans une ferme (culture de mais et tabac) en pleine brousse entourés par une faune sauvage, vivant dans une ferme décrépite, isolés (les premiers voisins sont à dix kilomètres)... Endettés au bout de cinq ans, lui n'est plus que l'ombre de lui-même – avec une occupation pourtant : la recherche d'or – elle, qui aimait tant parader s'ennuie mortellement. Elle envoie sa fille en pension, que celle-ci quitte de son plein gré à quinze ans, commence à écrire, enchaîne plusieurs petits métiers (qui font honte à sa mère), se marie, a des enfants, divorce, se remarie, donne naissance à un autre enfant, devient communiste,... Inutile de dire que sa mère est outrée de la vie dissolue de sa fille...
Le regard que pose Doris Lessing sur son histoire et sur sa mère en particulier est empli de sincérité, ce qui rend ce livre très émouvant. Au commencement du récit, elle utilise les mots de « colère » et « pitié » quand elle parle de sa mère. Au fur et à mesure, au gré des souvenirs d'enfance, et avec ses yeux d'adultes, elle apporte des nuances, elle comprend que celle-ci avait eu une vie douloureuse. Cet affrontement mère-fille est d'autant plus poignant que l'oeuvre de l'auteure sera marquée par cette relation tumultueuse.

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L'impertinence de Doris Lessing lui aura sauvé la vie en lui permettant de construire son destin.
C'est ici le schéma précis de ce qui aura su donner son élan à tous les combats de sa vie.
Elle aura du s'opposer aux volontés d'une mère prise dans la toile meurtrière de l'esprit de sa classe, .
Elle aura assisté aux délires d'un père traumatisé par la guerre, qui courrait après une chimère aurifère.
Elle aura supporté le poids d'une société colonialiste.
Regard sur cette société blanche britannique implantée en Afrique noire durant l'entredeux guerre. Société qui avait quitté l'Europe non pas pour construire un nouveau monde, mais pour permettre à leurs valeurs de survivre.
On comprend les mouvements qui ont saisi une partie de leurs enfants à l'issue de la seconde guerre mondiale : anticolonialisme, féminisme, anticonformisme, communisme, antiracisme.
Sur une pointe de tendresse nostalgique, le trait est vif , rapide et extrêmement pertinent.

Astrid Shriqui Garain
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De Doris Lessing, j'ai lu Les grand-mères dont j'ai un souvenir très flou (c'est une histoire de femmes âgées qui couchent avec le fils de l'autre mais qu'en dire d'autre ?!) et j'ai échoué sur le carnet d'or. Alors j'ai tenté ce court récit autobiographique en espérant que découvrir l'autrice par ce biais relancerait une envie d'explorer son oeuvre et même de rouvrir le carnet d'or... Et je crois que j'ai trouvé ce qui me déplait : une froideur et une sorte de suffisance (quelque chose que je ressens ainsi en tout cas) qui m'enlèvent toute empathie... Je n'aime pas quand elle parle d'elle à la 3e personne, je n'aime pas le regard qu'elle porte sur la vie, avec un air de "moi j'ai tout compris" alors qu'elle me parait tellement paumée...
Filles impertinentes (quel mauvais titre...) est l'histoire d'une mère et d'une fille qui ne se comprennent pas. S'il n'y avait le témoignage d'une époque - l'Empire britannique entre les 2 guerres mondiales du XXe siècle - je n'y aurais trouvé aucun intérêt.
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Eblouissante et clairvoyante Doris Lessing quand elle dissèque les "ressentis": les siens et ceux de sa mère essentiellement. Ce livre écrit dans les années quatre-vingt, qui vient seulement d'être publié en français, est un récit de la jeunesse de l'auteure et de sa relation - tumultueuse - avec sa mère. Une enfance originale, d'abord en Perse puis en Afrique, auprès de parents qui n'attendent pas du tout la même chose de la vie: le père, un ancien combattant de la première guerre mondiale, au cours de laquelle il a perdu une jambe et a été soigné par sa future femme, est tout le contraire du mondain; c'est un homme qui a une importante vie intérieure, une grande largesse de vue et d'esprit, mais finalement aucun sens pratique; comme beaucoup de ses compatriotes, il lui était impossible de revivre en Angleterre après la fin de la guerre. La mère, Emily Maude, est issue de la grande bourgeoisie anglaise: "Ma mère était le produit d'un lieu et d'un temps: Londres, la Grande-Bretagne, l'Empire britannique". Elle était très intelligente et plutôt rebelle dans sa jeunesse, elle décida par exemple de faire des études d'infirmière contre l'avis de son père; et on retrouvera cette attitude plus tard, mais de sa part à elle et contre ce que veut faire sa fille. Elle aime les belles tenues, les mondanités, rêve d'une vie dans la société londonienne. Enceinte, elle attendait un garçon et ce fut ... Doris. le petit frère, Harry né deux ans et demi plus tard, fut lui, passionnément aimé; "Le vrai problème, c'était qu'elle n'avait pas d'affinité avec moi. Ce n'était pas sa faute. Je ne puis imaginer quelqu'un moins capable que moi de lui plaire. Mais elle ne l'aurait jamais reconnu. Une mère aime son enfant, un enfant aime sa mère - un point c'est tout !" Une ferme loin de tout en Rhodésie, un mari affaibli, de plus en plus malade qui s'obsède sur la recherche de l'or au lieu de travailler à sa ferme, des enfants qui ne souhaitent rien tant que courir dans la jungle comme des petits sauvages ... D. Lessing reconnaît à sa mère une force et un courage hors du commun pour lutter contre tout ce que la vie lui fait endurer; c'est ce qui est aussi très intéressant dans ce récit, le regard de l'adulte qui éclaire et adoucit les souvenirs de l'enfant; "A présent, je comprends très bien son état d'esprit. Elle souffrait de ce mal fréquent chez les gens arrivés au milieu de leur vie, qui ont l'impression que tout leur échappe. Il lui semblait qu'elle ne pouvait rien saisir ni retenir." Et jusqu'à la fin de la vie de sa mère, D. Lessing vécut d'une façon qui l'ulcérait et qu'elle croyait destinée à la blesser. C'est un récit sans concession que nous livre Doris Lessing qui prend clairement sa part de responsabilité dans l'échec de cette relation; comme le constat d'une impossibilité dès le départ qu'il puisse y avoir jamais entente entre elles deux.

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Après la femme qui fuit d'Anaïs Barbeau-Lavalette et Ailleurs de Richard Russo, je termine mon cycle «Tout sur ma mère» avec Doris Lessing. Termine car j'ai beau essayer (mais vraiment plein de fois) Doris Lessing, je suis souvent déçue. Bonnes idées mais au final pas grand choses dans les pages.
Là c'est un peu pareil, des relations familiales complexes esquissées et une enfance à la ferme africaine (où comme le dit l'auteur, voir le roman de Karen Blixen) (c'est vrai après tout, pourquoi se forcer).
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"Filles impertinentes" est un récit autobiographique de l'auteur Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007. Elle y raconte la vie de ses parents en Afrique du sud, la vie de sa mère en particulier, et des relations très difficiles qui existent entre elles, mère et fille.

L'auteur écrit avec assez de recul et d'intelligence pour bien cerner la personnalité de sa mère et nous la présenter dans toute sa complexité et sa souffrance de femme courageuse mais incomprise, en butte avec la vie et ses coups durs. L'écriture reste pourtant très détachée, plutôt froide et impersonnelle. La fille exprime quelques regrets, elle a même de l'admiration et un peu de pitié pour sa mère, mais il n'y a pas d'amour. Au contraire, Doris Lessing explique très bien tout ce qu'elle a fait pour rompre les liens d'avec sa mère, et lui faire comprendre qu'elle était indésirable.

Et l'histoire des blessures familiales ne s'arrêtera sans doute pas là, puisque le livre nous apprend que Doris Lessing a elle-même abandonné les deux enfants de son premier mariage.
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