Le conte / A
Docile
à souffle court,
essaie l’oubli.
Et pourtant
la profonde, l’inapaisable
respiration…
Le jour finit.
Il s’échappe,
terrasse le vol,
course lointaine.
Jusqu’où
la nuit sera-t-elle
sans horizon, sans
terre ?
Loin se fraie
un corps de boussole.
L’aiguille attise, tu traces
les pôles silencieux.
Nos mains s’éloignent
Nos mains s’éloignent
du cœur de l’arbre,
une conque nouvelle
née de la caresse féconde
fait entendre cette voix
– ni la tienne ni la mienne.
Dans un autre âge vivait l’obstacle,
rien ne l’éloigne, le poème
l’engendre et le transforme.
Ce que nous entendons désormais
dépasse la cime.
Pour le mesurer, il faut
compter trois nuages, une ombre
sans terme.
Le conte / C
Le conte
a rendez-vous.
À l’instant se voue.
Le serment appelle
la hâte
docile.
Partir, aller à la rencontre,
être fidèles
à la voix aimée,
la voix inconnue.
Le conte / B
J’accours
(j’attendais l’instant des ailes).
Alors cent ans, exaucés.
Le sommeil attendait.
Un baiser (loin).
Un siècle, mille ans,
une minute,
tout le temps
que tu rêves, tu voles.
(Même en tombant.)