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3,45

sur 402 notes
Quel est véritablement l'enjeu de ce livre ? Quel est l'enjeu d'un livre qui sur près de ses 335 pages relate par le menu avec certes un incontestable brio, l'Assassinat barbare d'une poignée d'Happy few du showbiz dans une villa de Beverly Hill , par les membres d'une communauté sous influence du psychopathe Charles Manson.
Quel est l'enjeu de ce livre si ce n'est en s'emparant de ce fait divers célébrissime , de régler avec jubilation en définitive le sort et son compte à cette période de remise en cause de l'ordre et des valeurs établies pour ânonner avec tous ces crétins de journalistes que le Summer of Love et le rêve Hippie a pris fin ce soir du 9 Aout 1969, comme si ce mouvement de contestation et son ancrage historique, pouvait se réduire à cette communauté de barges et de zombies clochardisées. Mais l'occasion est trop belle pour tous les promoteurs de ce vent réactionnaire qui souffle aujourd'hui, ceux là même qui décrètent l'indignité de Mai 68 ou la « fin de l'Histoire » ; d'ailleurs Liberati prends un soin particulier éviter de mettre en perspective et de contextualiser les protagonistes et leurs mobiles tant il lui importe qu'ils soient au mépris de leur individualité, les symboles attestés de l'imposture Hippie. Occasion trop belle effectivement pour faire d'une tentative d'expérience de vie alternative le spasme sectaire d'un ramassis de dégénérés, de faire de femmes refusant le destin ancillaire que leur promet une société patriarcale, des hyènes puantes et lubriques. Car en plus de cette jubilation d'un retour à l'ordre ce livre suinte la haine des femmes, des hippies crasseuses et meurtrières, mais aussi celle d'une Sharon Tate victime à la beauté inaccessible. Tel un poignard à double tranchant Liberati nous enjoint dans le même temps à nous repaitre de cette boucherie terminale tant pour le spectacle hideux de la folie à l'oeuvre que pour celui quelque part jubilatoire de cette hyper-bourgeoisie mise à mal. En somme, de la littérature nécrophage qui ne pouvait enfanter qu'un livre abject.
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De toute évidence, Simon Liberati n'a pas choisi un sujet facile. On comprend bien qu'il a le besoin de s'exprimer et d'exorciser des peurs enfantines qui ont, semble-t-il, continuées à le hanter jusqu'à l'âge adulte. Mais il y a aussi un désir de partager cette troublante histoire avec les lecteurs aguerris qui sont prêts à s'embarquer dans cette aventure morbide.

Ce roman est donc avant tout un livre déchirant et difficile. Il faut aimer les détails sordides, le sang, la violence, la description minutieuse de la chair, de la souffrance, de la mort qui envahit tout. Mais aussi l'absence de tabous, avec la drogue qui s'expose - presque comme quelque chose de bien et de normal - , l'alcool qui coule à flots et les orgies. Nous sommes en 1969 dans un Ranch hippie, sous l'emprise d'un monstre, Charles Manson, un gourou qui se prend pour Jésus-Christ et commandite des assassinats injustes, arbitraires et monstrueux. Les lecteurs sensibles, qui n'aiment pas les choses crues, violentes, exposées, et encore moins les romans tirés d'histoires vraies, doivent donc passer leur chemin s'ils ne veulent pas se sentir vraiment mal à l'aise...

Malgré l'envie d'expliquer les choses au lecteur, il est difficile de concevoir de telles horreurs. Leur mode de vie hippie, en respect total de la nature et des animaux, végétariens et sans consommer d'alcool, peut apparaître comme des valeurs idéales, respectables. Si l'on écarte le fait qu'ils passent leur temps à forniquer, à se transmettre des maladies et à consommer des drogues dures à outrance... Les policiers et les journalistes de l'époque ont d'ailleurs mis en avant le fait que les criminelles étaient droguées, comme si c'était une excuse, ce qui n'est absolument pas le cas.

Au final, le lecteur est confronté à un paradoxe. Tantôt, il envierait presque ce mode de vie libre, sans entraves, où seuls les plaisirs primaires comptent, dans ce Ranch au milieu de décors de western visités par les touristes. le partage entre les membres de la communauté, l'affranchissement des lois et l'oisiveté sculpte une sorte de nouvel Eden où tout le monde est sur un pied d'égalité, entre les hommes, les femmes et les enfants issus de ces relations. Mais en face, il y a cette soif de sang que l'on n'arrive pas à s'expliquer, motivée par une haine raciste qui n'est pas sans rappeler Hitler, que Manson vénèrait... On oscille donc sans cesse entre l'admiration et le dégoût.

Enfin, malgré la justesse de ce roman réaliste, il nous manque le procès qui met sur le devant de la scène les criminelles. le lecteur sait qu'elles ont été arrêtées et reconnues coupables, rendues célèbres par leur sang-froid lord du procès et que leurs témoignages glaçants n'a laissé entrevoir aucun remord. Or, ce procès est totalement absent du roman, en dehors de quelques allusions qui nous permettent de comprendre que les coupables ont bien été punis - Charles Manson est toujours vivant et en prison, alors qu'il a été condamné à la peine de mort. À l'instar du roman lui aussi tiré d'une histoire vraie, "L'audience" d'Oriane Jeancourt Galignani, qui alterne à la perfection le procès, le témoignage des victimes et les flash-backs torrides, le lecteur aurait aimé avoir accès à l'après dans "California Girls".

Malheureusement, ce n'est pas le cas, ce qui donne l'impression d'une boucle qui n'est pas bouclée. le lecteur aurait aimé que l'auteur pousse ses investigations jusqu'au bout, - Simon Liberati possédait déjà beaucoup d'informations justes - afin de rendre totalement justice à Sharon Tate. Cette impression que les choses s'arrêtent là et que la famille des victimes doit vivre encore aujourd'hui avec cette douleur, est désagréable. Rien qu'un épilogue plus explicatif que romancé, qui met en lumière ce que sont devenus les coupables, aurait été une forme convenable de soulagement...
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Un roman très glauque autour d'une série de meurtres dont la victime la plus célèbre fut Sharon Tate, épouse de Roman Polanski. L'écriture rend parfaitement le délire des meurtriers, certes sous l'emprise de drogues, mais bien conscients de leurs actes. Les références au procès des coupables sont documentées et, si on pourrait déplorer que le comportement des meurtriers ne soit pas présenté lors des audiences, la densité de la narration suffit au lecteur pour devenir lui-même juge de ces horreurs.
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Simon Liberati, né en 1960 à Paris, est un journaliste et écrivain français. Après des études de grammaire latine à la Sorbonne, il entre en journalisme, notamment à FHM, Grazia et 20 Ans où il s'occupe de la rubrique horoscope, qu'il avoue inventer, avant d'entamer une carrière d'écrivain. California Girls, son nouveau roman, vient de paraître.
Los Angeles, 8 août 1969. Charles Manson, gourou d'une bande de hippies liés par la drogue et le sexe, envoie une partie de sa « famille » - trois filles et un garçon – commettre un crime, première étape du grand chambardement sensé sauver le monde. La nuit même, sur les hauteurs de Los Angeles, les zombies défoncés tuent cinq fois. Sharon Tate, épouse de Roman Polanski enceinte de huit mois, est laissée pour morte après seize coups de baïonnette. Une des filles, Sadie, inscrit avec le sang de l'actrice le mot PIG sur le mur de la villa avant de rejoindre le ranch qui abrite la Famille.
J'avais dix-sept ans à l'époque des faits, donc assez âgé pour m'en souvenir encore – du moins des échos parvenus jusqu'à nous en France. Si Serge Gainsbourg décréta 1969, année érotique, Eros et Thanatos n'étant jamais très éloignées l'une de l'autre, on peut aussi dire que ce fut l'année qui mit un terme à l'utopie des sixties : en août à L.A. le massacre commis par la bande à Manson et en décembre à Altamont, le tragique festival rock où Meredith Hunter, un black, sera poignardé à mort par des bikers durant la prestation des Rolling Stones. Los Angeles et Altamont, deux villes californiennes… Un an plus tard, John Lennon en fera le constat amer dans sa chanson God (« the dream is over »).
Simon Liberati a donc écrit un roman (c'est écrit sur la couverture) sur ce tragique fait divers. Je ne connais pas les circonstances de sa rédaction, ni comment il a procédé mais il paraît évident à la lecture qu'il s'est appuyé sur une documentation sérieuse, du type rapports de police et procès verbaux d'interrogatoires de témoins autour desquels il a tissé sa partie romanesque. Ce qui induit une très grande précision dans les faits et descriptions macabres. Car disons-le tout suite, c'est épouvantablement atroce ! Et pourtant, par une redoutable technique d'écriture, l'écrivain tient son lecteur en haleine comme dans les meilleurs thrillers : le rythme est soutenu et la précision des détails des crimes (gestes, cris, corps mutilés, odeurs…) cliniquement décrits produit un effet anesthésiant ; le lecteur les yeux écarquillés devant ces scènes d'abattoirs clandestins n'a plus la force de résister et se laisse entrainer jusqu'au fins fonds de l'Enfer.
C'est là la grande force de ce roman et sûrement le but de l'auteur, au-delà de ce drame bien connu et qui ferait vomir n'importe qui d'horreur comme d'indignation, Simon Liberati prouve que ces mêmes gens (donc moi) peuvent aussi être fascinés et dévorer ces pages à vive allure de leur plein gré. Nous touchons là aux peurs extrêmes, celles des crimes « gratuits », le gang ne sait même pas qui sont ses victimes et par contrecoup, ces victimes pourraient être vous ou moi ! Ajoutons à nos peurs un élément supplémentaire, « l'idéologie » tellement débile de Manson qu'elle défie les lois de la compréhension et interdit tout dialogue contradictoire. Etrangement ça me rappelle - bien que dans un autre genre - des horreurs actuelles…
La partie romanesque pure, est fort bien traitée : la puissance psychologique de Charles Manson, petit bonhomme de 1,54m, imposée à ses troupes, leur aveuglement mystique, les délires des uns et des autres, mais aussi leurs souffrances passées les ayant amenés où ils en sont, ou bien l'introduction de noms connus de la Pop Culture dans le récit…
Un très bon roman, troublant et dérangeant à la fois.
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Ce livre aurait pu s'appeler Charlie et ses drôles de dames, tant le diminutif de Charles Manson, Charlie est répété à l'envi, le rendant presque sympathique.

L'auteur décrit bien les filles paumées, dont les prénoms m'ont complètement échappé, comme si elles étaient interchangeables : toutes s'habillent avec les frusques de tout le monde ; ne se lavent pas ; marchent pieds nus et se nourrissent avec des restes trouvés dans les poubelles.

Ajoutez la musique des Beatles de l'album blanc en toile de fond ; un ventriloque qui ne pense qu'à forniquer pour s'attacher ses filles, et vous aurez une belle brochette de cinglés.

Même lors du fameux meurtre qui a défrayé la chronique, ces pauvres bougres sont perdus : l'une ne parvient pas à serrer des liens ; tous sont obligés de s'y reprendre à plusieurs fois pour mettre à mort leurs victimes. Même la victime la plus médiatique est déshumanisée qui réagit « comme une poupée » avec une voix « IBM » (sic).

En quelques phrases, l'auteur nous présente les coupables, retraçant leur passé et pourquoi ils ont finalement atterri dans les griffes de Manson.

Une lecture éclairante sur une certaine dérive des jeunes filles dans les années 70.

L'image que je retiendrai :

Celle des pieds coupées des filles, à force de marcher pieds nus. Coupures qui ne se referment jamais.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2291
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Si je vous dis: Famille , Hippies, Californie, vous pensez soleil, amour et paix? Biiiip! Raté…
Ici point d'amour si ce n'est celui de fanatiques hypnotisées par un gourou démoniaque, point de paix mais le Helter Skelter et du soleil on n'en a que la brûlure…
California Girl de Simon Liberati est une plongée de 36h dans la psyché et le dysfonctionnement des « filles » de Charles Manson
Une lecture éprouvante tant est incompréhensible la logique de cet homme qui se prend pour Dieu.
Un roman qui donne à réfléchir en ces temps de polarisation des croyances et des discours…
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Ce roman traite les 3 jours sanglants de l'expédition des adeptes de Charlie Manson. On pénètre l'intimité de "La Famille" pour explorer l'emprise du gourou sur ses adeptes, pour les amener aux actes ignobles de cet été 1969. On peut apprécier l'examen du fonctionnement de la famille, mais personnellement je regrette les multiples détails sanglants. le roman aurait gagné à suggérer cette violence, plutôt qu'en la détaillant. J'ai également été déçu de ne pas avoir plus d'informations sur la suite de ces trois jours qui ont marqué le tournant de la période hippies et notamment sur les procès. Dans le même style j'ai largement préféré "Tout tout de suite" de Morgan Sportes sur la dissection de l'affaire du gang des barbares.
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Deuxième livre que je lis inspiré de la "Famille Manson" après The Girls d'Emma Cline. Simon Liberati adopte une tout autre approche, plus réaliste et bien plus crue centrée sur les meurtres qui ont été commis et les protagonistes réels de cette affaire.

J'ai apprécié le travail de recherche réalisé par l'auteur pour retransmettre au plus proche les événements et pour mettre en place toute cette atmosphère sordide. Il semble se plonger dans la tête de plusieurs personnages, ce qui est intéressant mais que je n'ai pas toujours trouvé très pertinent selon le personnage choisi. Certaines scènes m'ont parues un peu trop extérieures à l'histoire. J'aurais préféré qu'il s'intéresse un peu à la psychologie des protagonistes, même si ce n'est peut-être pas plus mal qu'il n'ait pas cherché à nous faire ressentir quoi que ce soit pour les personnes qui ont commis ces actes atroces ni à expliquer leurs gestes.

J'ai plutôt apprécié l'écriture de Simon Liberati, même si j'ai trouvé son style un peu inégal : parfois très vivant et à d'autres moments assez plat.
Un des points qui m'a vraiment dérangée en revanche, c'est cette impression d'avoir l'appréciation personnelle de l'auteur sur chacune des personnes impliquées, et en particulier les femmes. J'ai eu la sensation qu'il trouvait Sadie séduisante et Katie répugnante notamment. Sachant qu'elles sont réelles, j'ai trouvé ces descriptions assez perturbantes.



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Une descente dans l'univers glaçant des adeptes de "Charles Manson. Avec les derniers meurtres de masses perpétrés par cette secte. le détachement des bourreaux, la folie de leur gourou. California Girls couvre trente-six heures de la vie de la Famille Manson au moment où elle passe à l'acte.
Un roman qui nous absorbe dans un voile visqueux dont il est difficile de sortir.
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J'étais curieuse de lire au sujet de la folie meurtrière de la « Famille » Manson en 1969 puisque je n'avais pas une grande connaissance de ce tragique évènement. Je dois dire que ce roman de Simon Liberati nous informe assez bien sur ce qu'a pu être la vie et les mentalités des « filles » de Charles Manson, gourou adulé. Même si je n'ai pas été absolument emportée, j'ai tout de même apprécié cette lecture.

L'auteur nous décrit les faits avec beaucoup de distance, d'une façon presque clinique. Peut-être est-ce cela qui m'a empêchée de plonger davantage dans le récit et au coeur de cette époque hippie dont le meurtre de Sharon Tate, alors enceinte de huit mois de Roman Polanski, a marqué un bien malheureux tournant. On sait à peu près ce qu'il va se passer (s'il on n'a pas déjà planché sur le sujet comme c'était le cas pour moi) mais on espère pourtant jusqu'au bout que ces jeunes drogués, ensorcelés d'une certaine façon, épargnent au moins cette jeune femme bientôt maman. Les faits sont terribles. On se demande comment de si jeunes personnes aient pu commettre de tels actes. le roman tourne surtout autour des jeunes filles, parfois âgées de seulement 16 ans, ayant déjà eu un enfant pour certaines, étant les maîtresses de « Charlie », droguées à longueur de temps, dont l'hygiène déplorable leur offrait multiples maladies. de temps à autre, leur innocence et leur naïveté ressortent du récit, mais leurs actes implacables les ramènent brutalement et rapidement à leur rôle de meurtrières. Tels des robots manipulés par leur Maître, elles lacèrent leurs proies, les insultent, les saignent comme des cochons. Une grande froideur envahit le texte et sa lecture est ahurissante.

Nous suivons ces jeunes gens sur quelques jours. Il n'y a pas vraiment de fil conducteur, on passe d'un acte à l'autre, d'un lieu à un autre. J'aurai préféré que le récit soit concentré sur le meurtre de Sharon Tate et de ses amis, avec un vrai développement de la psychologie des personnages. Cela aurait été très intéressant d'entrer profondément dans la tête de ces jeunes meurtriers. Malgré tout, l'auteur a réussi à romancer ces faits très naturellement, ce qui nous offre une lecture fluide.

Grâce à ce roman, nous mettons un pied dans la secte de Manson et ce que l'on découvre n'est vraiment pas beau à lire. La distance imposée par l'auteur a rendu ma lecture moins édifiante, mais j'ai tout de même apprécié en savoir plus à ce sujet. Un roman à découvrir donc !
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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