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EAN : 9782709636544
500 pages
J.-C. Lattès (18/03/2015)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Evolution, dysévolution et nouvelles maladies Dans cet ouvrage qui fera date dans la vulgarisation scientifique, Daniel E. Lieberman nous propose un compte rendu passionnant de la manière dont le corps humain a évolué au fil de millions d'années, tout en aboutissant à ce paradoxe : une augmentation de la longévité, mais une progression des maladies chroniques. L'Histoire du corps humain éclaire d'une lumière inédite les transformations majeures qui ont impulsé des a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Passant le cap d'une histoire de l'évolution qui ne se préoccuperait que du temps passé d'échelle géologique, l'auteur s'interroge sur les problèmes de santé publique à la lumière de l'évolution. Il reprend ainsi le principe de Théodosius Dobzhansky selon lequel « rien n'a de sens en biologie si ce n'est à la lumière de l'évolution ». En reprenant dans la première partie les connaissances jusque 2013 sur l'évolution ancienne de l'homme d'il y a 7 millions d'années à la préhistoire récente (paléolithique récent), il part de l'hypothèse que certaines pathologies - ou tout du moins la progression de leur prévalence - sont liées à une inadéquation entre les manières dont le corps d'Homo sapiens a évolué depuis environ 200 000 ans et les pratiques et environnements de la société contemporaine. Daniel Lieberman a donc découpé son ouvrage en 3 parties : Simiens et humains ; L'agriculture et la révolution industrielle ; le présent, l'avenir.
Comme il le dit lui-même à différentes reprises, les études sur un large éventail de la population actuelle ne permettent pas d'être catégorique sur les liens entre l'évolution de nos aptitudes biomécaniques et intellectuelles et les problèmes de santé publique. Il s'agit donc d'un essai prospectif avançant l'hypothèse de ce qu'il appelle une dysévolution. Il part en effet de l'idée que si l'évolution biologique d'Homo sapiens se poursuit, les innovations culturelles se sont précipitées depuis le paléolithique. Certaines d'entre elles relativement anciennes (agriculture et sédentarité au néolithique) ou récentes (industrialisation, robotisation et tâches quotidiennes dévolues aux machines) impliqueraient des pratiques en contradiction avec ce que notre corps comporte comme transformations réparties sur plusieurs millions d'années d'évolution biologique. Dans certains cas ces évolutions culturelles – comme il les dénomme – seraient nocives pour notre corps. C'est là qu'il y aurait dysévolution. La baisse des activités physiques, l'accès à une nourriture très élaborée (très molle, très sucrée, très salée), les stations assises pérennes ou encore l'emploi de chaussures aux semelles épaisses sont présentées comme autant de phénomènes favorisant la prise de poids (surtout l'accumulation de graisses viscérales) ou les maladies cardiovasculaires ou l'osthéoporose. Biologiste évolutionniste, l'auteur ne prétend pas non plus à être un médecin. Il incite toutefois la médecine à prendre un point de vue évolutionniste dans le traitement des pathologies. L'exemple des antibiotiques est ici intéressant puisque selon lui, les médecins devraient prendre en compte le fait que les antibiotiques en réduisant la flore intestinale nécessitent d'être suivis de la prise de pro-biotique aidant à la reconstitution de cette flore sans laquelle l'humain ne peut tout simplement pas digérer. Au fil des pages cependant, l'auteur donne la primauté de l'évolution culturelle sur l'évolution biologique et c'est là que je reste un peu sceptique. J'ai eu l'impression en effet d'avoir à faire à un Homo sapiens un peu trop fixe. Quand bien même nos cultures sont très contraignantes, la sélection naturelle opère quoiqu'il en soit. Et d'une certaine manière, ses assertions le montrent. De même son étude s'intéresse surtout aux populations occidentales ou industrialisées. Il n'oublie pas pour autant d'autres populations mais il utilise ces références à titre de comparaison (par exemple chasseurs-cueilleurs versus agriculteurs) sans passer le pas vers un point de vue plus décentré sur ces phénomènes. le risque est alors de tomber dans une critique par trop partielle des cultures occidentales. À sa décharge, et comme il le dit lui-même à différentes reprises, si les études sont encore trop lacunaires pour ce qui est de trouver des corrélations régulières entre les pathologies non transmissibles et les habitus culturels occidentaux, le manque d'étude épidémiologique parmi d'autres formes de sociétés est encore plus important.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Selon une autre idée, fondée sur l'hypothèse de la carence visuelle, les lunettes n'empêchent ni n'aggravent la myopie, mais elles peuvent favoriser indirectement d'autres facteurs responsables de la myopie en rendant plus facile, pour les enfants menacés par la myopie, de passer trop d'heures à lire ou à s'adonner à des activités d'intérieur qui fournissent des stimuli visuels insuffisants. Une solution évidente consiste à encourager ces enfants à passer plus de temps dehors. Une autre serait de remplacer les ennuyeuses pages imprimées (comme celle que vous lisez en ce moment) par de passionnants livres électroniques, plus stimulants visuellement, avec de fréquents changements de couleurs et de luminosité qui seraient autant de défis pour des yeux juvéniles. Ne serait-ce pas cool si les livres pour enfants étaient projetés en couleurs dynamiques sur des murs éloignés? Illuminer les environnements intérieurs en augmentant l'intensité lumineuse et en jouant sur la couleur serait peut-être utile aussi.
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La réponse fondamentale à la question de savoir pourquoi tant d'humains contractent aujourd'hui des maladies autrefois rares est qu'un grand nombre de caractères corporels étaient de nature à s'adapter dans les environnements pour lesquels nous avons évolué, mais sont devenus inadaptés dans les environnements modernes que nous avons créés. Cette idée, dite "hypothèse de l'inadéquation" (match/mismatch hypothesis ou MMH), est au centre du domaine émergent de la médecine évolutive, qui applique la biologie évolutive à la santé et à la maladie.
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Il nous manque toutefois le terme qui conviendrait à la boucle de rétroaction délétère qui se crée sur plusieurs générations, lorsqu'au lieu de traiter les causes d'une maladie de l'inadéquation nous transmettons les facteurs environnementaux de toute nature qui la provoquent, ce qui maintient la prévalence de la maladie et quelquefois l'aggrave. Je suis en général opposé aux néologismes, mais je crois que "dysévolution" est un terme approprié et utile parce que, du point de vue du corps, ce processus est une forme nocive (dys) de changement dans le temps (évolution). Je le répète, la dysévolution n'est pas une forme d'évolution biologique, parce que nous ne transmettons pas de MMD [mismatch disease ou maladies de l'inadéquation] directement d'une génération à l'autre. C'est une évolution culturelle, parce que nous transmettons les comportements et les environnements qui les favorisent. (p. 220)
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Une étude de 1958, abondamment commentée, avait établi que les enfants américains myopes avaient un quotient intellectuel (QI) sensiblement plus élevé que les enfants dotés d'une vue normale, et cette corrélation a été depuis reproduite ailleurs dans des lieux comme Singapour, le Danemark et Israël. [...] Et là, je suis sceptique, parce que les enfants qui lisent plus risquent plus de devenir myopes, tout simplement, et il est également possible que les enfants myopes finissent par lire plus et par passer plus de temps à l'intérieur que les enfants à la vue normale parce qu'ils accommodent mal sur les objets éloignés. Dans les deux cas, les enfants myopes lisent plus que les enfants dotés d'une vue normale et donc réussissent mieux les tests de QI, qui favorisent les enfants qui lisent davantage. (p. 411-412)
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