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4,25

sur 2037 notes
Quelle claque ! J'ai été charmée par cette dystopie enivrante, à l'histoire originale et particulièrement passionnante. le prodige est encore plus louable lorsque l'on sait que L'année de grâce est le premier roman de Kim Liggett.

Tierney est une jeune adolescente qui entre dans son année de grâce. Chaque année, pendant un an, des jeunes filles sont obligées de se retirer dans un camp excentré au fin fond de la forêt et de vivre dans des conditions précaires dans le but de retirer toute la magie qui sommeille en elles. A l'issue, toutes celles qui auront surmonté ces épreuves pourront retourner au comté, épouser leurs promis pour celles qui ont été choisies, ou partir travailler pour les autres.

Cette dystopie est extrêmement bien amenée, puisqu'elle permet de pointer du doigt insidieusement des pratiques fâcheuses et de dénoncer une société parfois un peu trop branlante. Ici, les femmes sont clairement asservies et désignées comme le sexe faible. Elles existent et vivent uniquement pour procréer et servir d'esclaves aux hommes. Elles sont choisies par un mari qu'elles n'ont pas voulu, elles sont privées d'éducation, elles doivent se plier aux règles exigées par leurs pères et par le comté, sans jamais avoir leur mot à dire sur les décisions qui sont prises. Enfin, traitées comme des hérésies par des fanatiques religieux, une véritable chasse aux sorcières est mise en place, comme au temps de l'Inquisition. Elles doivent fuir les braconniers, qui attendent patiemment de les capturer pour récupérer leurs organes, soi-disant aphrodisiaques et pleins de vertus.

Tierney, surnommée « Tierney la Terrible » est une femme avant-gardiste et clairvoyante vis-à-vis de la situation dans laquelle elle est. Elle ne croit pas aux histoires de magie et entend convaincre les autres filles du groupe qu'elles ne doivent pas croit tout ce qu'on leur raconte. Malheureusement, instrumentalisées depuis leur plus jeune âge, il est difficile de les convaincre du contraire.

L'année de grâce est un roman assez noir, où la violence est souvent présente. Les tensions apparaissent et s'accentuent entre le groupe de filles, à coup de harcèlement physique et verbal ou de jalousie. Coupées de tout contact avec le reste du monde et en particulier avec le sexe masculin, dit le sexe fort, elles doivent se débrouiller seule pour survivre. Aussi, elles mettent en place des règles absurdes, celles-là même qu'on leur a enseignées depuis leur plus jeune âge et n'hésitent pas à rabaisser, torturer et s'opposer les unes aux autres au lieu de s'entraider. J'ai parfois été touchée et en colère devant le comportement de certaines filles devant d'autres plus faibles, sans voir jamais apparaître ne serait-ce qu'un semblant d'humanité, ou de coeur, tout simplement. Moquées sur leur physique, mise intentionnellement à l'écart, victimes de chantage pour intégrer le groupe… c'est ce qui s'apparente au harcèlement du XXIème siècle, celui dont on entend tant parler dans les médias et qui accroît de jour en jour.

Seules lumières d'espoir dans ce monde bien noir : les fleurs, qui éclosent à intervalles réguliers et contribuent à apporter des messages forts à qui saura les déchiffrer. L'amour apporte également un semblant de luminosité parmi toute cette cruauté. Avant son départ, pendant la cérémonie des voiles, Tierney a été choisie comme femme par son meilleur ami, Michael, alors qu'elle ne le souhaitait pas. Autonome, mais surtout fière d'être libre, de pouvoir décider de sa vie, de son corps et de son destin, elle ne souhaitait pas appartenir à un homme, quel qu'il fût. Enfin, une histoire d'amour inattendue mais particulièrement romantique naîtra sous nos yeux de lecteurs émus.

Beaucoup assimilent ce livre à La servante écarlate de Margaret Atwood, qui dépeint un monde gouverné par des fanatiques religieux dans lequel les femmes sont devenues des esclaves, obligées de procréer sous peine de mourir. La servante écarlate, tout comme L'année de grâce, peuvent être décrits comme des romans féministes, qui nous amènent à réfléchir sur la place de la femme dans notre société, sur les liens qu'elles nouent entre elles ainsi que sur la liberté individuelle et collective qui nous est donnée.

Une dystopie féministe impactante et émouvante, qui nous propulse dans un univers inédit, où la violence côtoie l'amour, l'asservissement rencontre la liberté, le harcèlement fait front à l'entraide. Un roman qui donne à réfléchir sur la condition de la femme et sa place dans la société : j'ai adoré !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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J'ai l'impression d'aller à contresens des autres critiques, mais l'année de grâce est loin d'être un coup de coeur pour moi. Pas que je me sois ennuyée, mais franchement, le roman empreinte le chemin maintes fois parcouru des dystopies adolescentes sans apporter la moindre originalité à la chose. Alors oui, l'autrice a dépeint un univers un brin différent, mais les personnages stéréotypés, les rebondissement ultra-attendus et l'intrigue prévisible n'aide pas vraiment à s'immerger dans l'histoire. Au point qu'une fois le roman posé après ma première session de lecture, j'ai mis trois semaine à le reprendre.
Le roman est présenté comme un mix entre La servante écarlate et Sa majesté des mouches, et c'est exactement çà, il reprend des éléments des deux romans sans rien ajouter de neuf ou de percutant. Alors j'imagine que pour une ado qui découvre ce livre en ayant lu aucune dystopie, ou très peu, le roman doit marquer, mais pour moi, c'est déjà un peu plus compliqué.
Merci tout de même aux éditions Casterman et à Babélio pour cette lecture.
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Dans cette dystopie loin d'être "fantastique", les adolescentes doivent passer l'année de leur 16 ans en exil, livrées à elle même dans une forêt barricadée. Cette année particulière est pudiquement nommée "l'année de grâce", mais personne ne parle de ce qu'il s'y passe, et les jeunes filles espèrent en revenir, vivantes, survivantes, avec le moins de blessures possible...

C'est une dystopie simple et riche à la fois : de moins en moins manichéenne au fil des pages. Les ennemis ne sont peut-être pas là où on le pense... Les pires dangers ne sont pas ceux auxquels on s'attend le plus. En quatre saisons, les personnages gagnent en folie autant qu'en maturité...
Le roman fait la part belle à "dame nature" : dangereuse et salvatrice par essence ; et il met à mal la nature humaine et ses travers si cruels. Dans cette dystopie féministe, l'autrice met en scène le statut de la femme au sein d'une communauté très fortement patriarcale, dont les principes sont d'une grande violence à l'égard du "sexe faible". Ce dernier inspire tant de crainte aux hommes qu'ils doivent "endiguer leur magie", par tous les moyens, y compris les plus atroces... J'y décèle une certaine représentation du féminisme post mouvement #MeToo.

S'agissant d'un livre "Jeunesse", j'ai été étonnée par les quelques passages plutôt "sanguinolant" et par la violence souvent malsaine, surtout pour un ouvrage à destination d'un public adolescent (indiqué "à partir de 13 ans" par la maison d'édition). La narration est très bien rythmée, le style de Kim Liggett est agréable, à l'exception de certains dialogues un peu poussifs qui manquent de fluidité ou de naturel. Je me suis rapidement plongée dans l'univers mais j'ai mis du temps à m'attacher à Tierney, l'héroïne, malgré son caractère tranché, original, rebel et intelligent.

Mon avis reste tout de même assez mitigé et dans ce style de dystopie, j'ai préféré le passeur de Lois Lowry, qui a plus attisé ma curiosité...
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J'ai un peu tilté au départ, de peur d'être dans un roman de science fiction, parce qu'en règle général, çà n'est pas mon genre de lecture. Mais en faite, j'ai été très vite harponnée par la plume de l'auteure.

On entre dans un monde moyenâgeux, où la femme n'est autre qu'un animal de compagnie, qui n'a aucun droit.
A leurs 16 ans, les jeunes filles du comté envoyées en année de grâce pour évacuer leurs magies. Mais derrière ce camps se cachent bien des horreurs.

J'ai eu l'impression d'être une de ces gamines pendant ma lecture. Perdue et emplie de question. J'ai vécu l'aventure et le cauchemar auprès d'elles. Les épouvantables atrocités qui s'y passent sont dignes d'un thriller. Et d'ailleurs, le suspens y est omniprésent. J'ai eu du mal à lâcher ce roman et à me le sortir du crâne, tout ce que j'aime.

S'il y a des scènes que j'ai vu venir, la fin, elle, était à mille lieux de ce que j'avais pu imaginer !

J'ai adoré le mouvement féministe qui, page après page, se met en route. J'ai aimé le sordide, qui change des romans où tout est beau et rose.
Et la plume de l'auteure, qui est raffinée et grâcieuse m'a définitivement ensorcelée.
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Un bon roman ado avec une histoire un peu vue et revue mais que j'ai tout de même apprécié.
A l'aube de l'âge adulte, des jeunes filles doivent partir un an vivre "l'année de grâce" sur une terre isolée afin de gérer la soi-disant magie qu'elles ont et qui pourraient troubler les hommes.
Thierney, l'héroïne va tout faire pour changer son destin durant cette année et fuir la vie qui lui est toute tracée. Courage, solitude, amour et entraide son au programme.
Un petit bémol pour ma part : j'ai eu dû mal a apprécié l'héroïne qui a un égo surdimensionnée.
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C'est avec appréhension que j'ai ouvert "L'Année de Grâce". Crainte d'être déçue après avoir vu passer tant d'avis enthousiastes, et qu'une fois de plus tous les personnages masculins soient des monstres (ce qui est souvent le cas dans les romans dits "féministes").
Mais Kim Liggett mérite la moyenne de 4,23 étoiles attribuée par les babeliotes : son univers se révèle bien plus complexe et nuancé que ce à quoi je m'attendais.
Sur la couverture, ce roman est comparé (à raison) à "La servante écarlate", "Sa majesté des mouches" et "Hunger Games". J'ai aussi pas mal pensé au film "Le village" pour l'ambiance mortifère, les règles qui semblent arbitraires mais ont une raison cachée et le rôle de la couleur rouge.
Nous découvrons Tierney à la veille de son départ pour la mal-nommée "Année de Grâce", une année que toutes les filles de 16 ans passent dans camp de fortune, sans autre ressources que les leurs. Elles devront survivre et revenir purgées de leur magie.

Ce roman est assez pessimiste sur les rapports humains que ce soit entre hommes et femmes (les uns usant de tous les stratagèmes imaginables pour contrôler les autres) ou entre femmes elles-mêmes (jalousie et cruauté font bon ménage). Cette vision initiale est assez clichée, mais elle garde toute sa pertinence au vu de ce qui se passe dans certains pays. Et évidemment elle évolue en cours de route.
Car, heureusement, certains personnages ne se laissent pas entraîner dans ce tourbillon d'obscurantisme et luttent chacun à leur manière pour faire changer cette société sclérosée.
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Une très bonne dystopie, très symbolique qui met en scène une jeune fille, Tierney, qui vient d'avoir 16 ans.
Dans son "monde", les individus de sexe féminin ont une place très définie et des rites de passage tout au long de leur vie. L'arrivée des règles est marquée par une cérémonie, leurs jeunes filles (toutes coiffées avec une tresse, dégageant leur visage et donc les empêchant de cacher quelque chose) doivent alors porter un ruban blanc.
A 16 ans, comme Tierney, elles changent pour un ruban rouge, l'arrivée dans l'âge adulte. Elles sont donc exclues de la communauté pendant un an, l'année de grâce, pendant laquelle elles vont pouvoir se débarrasser de leur magie innée, néfaste et à l'origine du péché originel.
Avant de partir les hommes en situation de se marier donnent un voile à la future épouse choisie, après une soirée de négociations entre hommes.
Où est le libre arbitre? Qu'en est-il de l'opinion, de l'identité de ces femmes?
Pour la plupart, elles se conforment à ce qu'attend la société d'elles. Tierney est un peu à part ... élevée certes dans la tradition, son père lui a permis d'apprendre à se débrouiller dans la nature ... Aurait-il préféré avoir un fils?
C'est ce que Tierney a toujours pensé, jusqu'à ce qu'elle arrive sur l'île de l'exil et qu'elle comprenne ce qui l'attend pendant un an.
C'est un roman fluide, qui se lit très bien, avec le personnage de Tierney qui est très attachant : courageuse et volontaire, mais également réfléchie et pragmatique, elle est très inspirante dans sa manière de faire face aux différents événements sur l'île.

Une très bonne lecture!
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Coup de ❤
L'autrice aborde de manière originale et subtile, la condition des femmes, des jeunes filles.
Un monde sous le joug du patriarcat et où le sexe "faible " fait peur aux hommes.
Cette année de grâce qui met en avant cette ambiguïté que les femmes ont entre elles. D'un côté amitié, solidarité, entraide et d'un autre, jalousie, médisance. Parce qu'il faut bien l'admettre, la pire ennemie d'une femme est une autre femme, et derrière ça.... des hommes qui s'en délectent, mais heureusement pas tous. Certains étant même de véritables alliés.
Une dystopie addictive, très bien écrite.
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COUP DE COeUR
Pour résumé ce roman, je dirais que c'est la rencontre du monde de la servante écarlate et de celui de Hunger games à la sauce ado.
C'est très bien écrit, prenant et on a du mal à le lâcher. Je me suis dis à plusieurs reprises "Aller encore un chapitre".
Nous suivons Tierney qui va devoir affronter son année de grâce comme toutes celles qui ont seize ans. Elles vont se retrouver livrer à elles-mêmes dans un camp sommaire au milieu de la nature pour se débarrasser de leur magie qui attire les hommes et la jalousie des femmes. Toute fille née dans la communauté doit s'y soumettre. Mais attention, si l'une d'elle se fait attraper par les braconniers, que son corps n'est pas retrouvé ou que sa mort est indigne ce sont ses soeurs qui subiront le châtiment et seront exclues de la communauté.

Ce roman nous entraîne sur le chemin de ces filles conditionnées par une société patriarcale où la femme représente l'impureté, que tout les maux de la société sont leurs fautes. C'est parfois glaçant, obsédant car on veut savoir la fin et l'histoire est captivante.
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J'avais vu passer des critiques pour le moins mitigées sur ce livre YA, mais la couverture, le titre et le thème m'attiraient, je me suis donc lancée. C'est un genre que j'affectionne particulièrement et suis plutôt arrangeante dans ce cas-là.
Et je n'ai pas du tout été déçue. Ce livre m'a beaucoup plu. J'y ai trouvé un soupçon de Sa Majesté des Mouches et un zeste de la Servante écarlate.
Alors certes, il y a certainement des choses négatives à relever, mais au final j'ai apprécié ma lecture et n'ai pas vu le temps passer. Finalement dès lors que je passe un bon moment avec un bouquin, ça me suffit.
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