Une anthologie de huit nouvelles qui permet de découvrir huit auteurs dont certains ont également publié des romans. Pour les découvrir, il est particulièrement intéressant de lire la postface de Kim Jeong-Yeon - également traductrice - dans laquelle elle présente les thématiques des écrivains coréens qui délaissent les thèmes usuellement traités - le post-colonialisme, le déchirement des deux Corées et l'essor économique bénéfique pour le pays mais ravageur pour l'individu, pour passer à des sujets plus intimistes - la société de consommation, l'expression de ses sentiments, ou l'aspiration à s'exprimer en tant qu'entité individuelle - qui n'est pas chose habituelle en Asie.
La nouvelle "le déménagement", présente un jeune couple séduit par la communication d'une entreprise de déménagement et qui se retrouve plus que maltraité par les employés manutentionnaires, affichant une absence totale de professionnalisme. "Cours papa ? voit une jeune fille s'inventer un père sportif, alors que son absence l'a fait souffrir pendant toute son enfance.
Deux nouvelles que j'ai particulièrement appréciées : l'une est particulièrement émouvante "Au grand magasin Sampung" relate l'amitié de deux jeunes filles avant l'effondrement du grand magasin le 29 juin 1995, très fréquenté par les Séoulites, qui a fait 502 morts et 937 blessés, et qui a révélé la corruption de responsables de la ville, ayant reçu des pots de vin pour fermer les yeux sur les mesures de sécurité insuffisantes, l'autre "J'ai acheté des ballons" est plus intimiste et met en scène une femme de trente sept ans qui revient à Séoul après dix ans en Allemagne où elle enseignait
Nietzsche, qui subit le regard de la société et particulièrement celle de sa famille, qui cherche à la marier mais sa rencontre avec un jeune homme qui a peur de la vie va lui permettre de lui transmettre sa force intérieure.
Séoul vite, vite permet de connaître un peu mieux la société coréenne post-ascension économique, d'en apprendre sur les excès de la société de consommation et sur le besoin, dans la littérature coréenne actuelle, de traiter les sentiments et le ressenti individuel, en orientant les sujets vers l'intime.