Philémon fait du cinéma

Quel plaisir nostalgique!

Le titre nous promettra certe d'entrer dans une partie du processus créatif du Cinéma mais avant tout cela, nous goûterons à la vraie nature de ce roman pour ados. "Philémon fait du cinéma" est surtout une histoire familiale.



L'intention ne sera pas sans rappeler, pour les jeunes fans sérivores, le divertissement télé de la famille "Goldbergs" dans sa substance. le réalisateur de la série Adam Goldberg revient sur son enfance comme le fait notre Philémon adulte.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Adam Goldberg enrichit son récit d'anecdotes culturels et familiales tendres et cocasses.

Il transmettra ainsi son plaisir de la réalisation et du cinéma, ne quittant jamais sa caméra, consignant des souvenirs de sa famille qui "pète régulièrement les plomb" et s'aiment profondément, le VHS enregistrera ceci pour la postérité et peut-être les petits-enfants. Avec tout ceci, le jeune héros s'exerce bien entendu pour son futur métier.



On en est un peu là avec Philémon.

Mais sa famille est très clairement moins dysfonctionnelle. C'est une famille ordinaire.

Il nous fait entrer dans son foyer par quelques anecdotes personnelles et nous montre d'emblée la place qu'occupe le cinéma dans sa maison, puis dans son coeur.

Nous nous sentons confortablement chez nous chez eux.

Les souvenirs avec les parents nous parlent, quand ils se chamaillant pour le programme tv du soir, c'est d'un intime, d'un quotidien qui émeut doucement.

Et cela continuera jusqu'aux vacances, en attendant Daphné.



A l'époque où nous sommes renvoyés, correspondant à sa 1ère vraie rencontre avec le Cinéma, Philémon est pré-ado et il est de nouveau envoyé à la campagne chez ses grands-parents.

Daphné est son amie de cavale de chaque vacance.



En attendant Daphné, Philémon tue le temps, il fait tourner les roues de sa bicyclette sur les chemins pour visiter les uns et les autres, il aide aux confitures, il est impatient mais pas encore dégoûté des charmes de la campagne.

Mais cela viendra, il est très lucide, ses adultes n'y trouvent plus les mêmes accroches, pour s'y épanouir et sa propre heure viendra sans doute pour se confondre en mauvaises excuses en grandissant, dédaignant petit à petit la confiture et les balades à bicyclette. Un jour, il sera trop grand pour sauter dans les bouses de vaches et pour débusquer les grenouilles.



C'est d'un ton juste, sur ce simple temps qui passe et nous pousse hors du cocon, cela nous parlera encore une fois beaucoup à tous, c'est certain.



Cette année, Daphné aussi aura grandi.

" Je ne savais plus comment déposer un baiser sur la joue de Daphné...".

Et les choses vont encore évoluer avec l'arrivée d'un tournage de cinéma au village.

Son Pépé est partant pour jouer les figurants, alors pourquoi pas lui?



Nous ne percevons que le meilleur à venir et pourtant le Philémon adulte semble vouloir nous dire qu'il faudra s'attendre au pire...pour Daphné et lui aussi.

Le temps des choses sérieuses est arrivé, il ne sera plus l'heure de se raconter d'histoire et de faire du cinéma.



Les anecdotes autour du tournage seront incroyables et Pépé aura dégoté le rôle de sa vie, si l'on peut dire.

Celui-ci dirait volontiers sans hésiter que le métier d'acteur est surtout un passe-temps très dangereux.



On sourit beaucoup à la lecture, l'auteur nous régale de petites émotions, de films réjouissants de petites et grandes choses.

Le happy end de la Philémon Super Production se montre à la hauteur.

Il ira loin ce petit, diraient ses grands-parents.

Comme chaque été, Philémon passe les vacances chez ses grands-parents, et jouit d'une grande liberté. Avec son amie Daphnée, ils explorent, creusent, jouent, discutent et expérimentent des aventures diverses. Mais cet été, quelque chose a changé. Voilà que Philémon, en retrouvant Daphnée, se fait timide. Il la trouve belle, espère pouvoir sentir encore l'odeur de ses cheveux…
Et pour couronner le tout, voilà qu'une équipe de tournage débarque dans le village, bouleversant les plans des deux amis.
Débute alors un été hors du commun, qui verra naître la passion de Philémon pour le cinéma… Et peut-être sa première histoire d'amour ?

J'ai trouvé ce récit très bien écrit, et très tendre. Il décrit avec beaucoup de justesse les délicieux étés de l'enfance, sur lequel le temps ne semble pas avoir d'emprise. Il nous parle agréablement des premiers émois amoureux, à un âge charnière où ce trouble délicieux flanque le vertige et rend les mains tremblantes.
Les descriptions des scènes de cinéma sont très bien faites, et on donnerait beaucoup pour y assister à notre tour. Il est facile de partager la fascination de Philémon pour ce monde complètement nouveau, qui intrigue autant qu'il fascine.

Je pense que ce roman, destiné aux 8-12 ans, est à privilégier pour des lecteurs assez habiles .
Les descriptions emploient un vocabulaire varié, et quelques allers-retours dans le temps pourraient déstabiliser un peu les tout jeunes lecteurs